Médiation Familiale Isabelle Jordan Médiation Familiale Isabelle Jordan

« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.

En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…

…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.

 

Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.

Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

 

Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.

 

Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.

 

Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.

( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.

 

Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .

Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem ) 

La joie est une lame, par Adélaïde Bon

 

Quentin,

Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.

Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.

J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?

Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ? 

Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition. 

Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.

Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.

Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.

 

Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.

 

Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin. 

Je ne sais plus comment t’aimer.

Laetitia

Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.

 

 

 

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Est-ce que je vis avec un ou une pervers narcissique ? Comment les reconnaître?

Ce qualificatif (« pervers narcissique ») est tellement fréquent, que l’on peut se demander si il est juste, s’il n’est pas la justification expéditive des conflits et des ruptures. On entend aussi l’autre être traité de « personnalité toxique ».

C’est une question que j’entends au moins une fois par semaine. Parfois, ce n’est plus une question, mais une affirmation. Ce qualificatif (« pervers narcissique ») est tellement fréquent, que l’on peut se demander si il est juste, s’il n’est pas la justification expéditive des conflits et des ruptures. On entend aussi l’autre être traité de « personnalité toxique ». De nombreux livres ont été publiés sur le sujet. Ils donnent une définition assez précise des contours psychologiques et comportementaux de ces personnes. Je ne suis pas psychiatre, et vous ne l’êtes sans doute pas non plus. Je ne me sens donc pas du tout habilitée à déterminer si telle ou telle personne est ou non un ou une « pervers narcissique ». Sans oublier, qu’il y a beaucoup d’autres maladies psychiatriques susceptibles de causer des comportements proches. Par prudence, je parlerai donc ici de personne « émotionnellement instable ». Mais je sais aussi à quel point il est douloureux de vivre avec ce type de personnalité. Je vous propose donc de vous arrêter sur les signaux d’alerte. Les signes qui peuvent laisser supposer que vous êtes en danger. Ou qu’il est inutile de vous épuiser à tenter d’améliorer une situation qui ne dépend plus de vous, depuis longtemps. Et qu’il faut vous faire aider.

 

L’un des ouvrages les plus intéressants sur le sujet est celui de Joe Navarro sur les Personnalités toxiques (*). Joe Navarro est un ancien profiler du FBI.

Pour son livre, il a d’abord interrogé des « victimes » ayant réellement vécu avec des personnalités dangereuses. Voici tous les mots qu’il a listés (dans son chapitre 2) pour les qualifier :

 

« fâché (énervé), amer, chaotique, collant, se plaignant( râleur-râleuse), confus, contrôlant, critique, cruel, dangereux, trompeur, délirant, déshumanisant, exigeant, dégradant, dénigrant, déroutant, désespéré, destructeur, dépressif, déconnecté, désorganisé, inquiétant, épuisant, faisant des drames, dysfonctionnel, émotif, envieux, imprévisible, exaspérant, explosif, suscitant la peur, effrayant, frustré, frustrant, hystérique, déséquilibré, impossible, impulsif, inapproprié (en décalage avec la situation), incohérent, irrationnel, irritable, irritant, lunatique, malveillant, malin, masochiste, méchant, maussade, morbide, rempli de rage, rancunier, sarcastique, effrayant, en ébullition, étouffant, suicidaire, capricieux, tempétueux, tendu, menaçant, fatiguant, tourmenté, tornade, naufrage, orageux, turbulent, indifférent, rancunnier, impitoyable, malheureux, dérangé, déraisonnable, peu fiable, instable, méfiant, triste, vengeur, vindicatif, violent, instable, remonté. »

 

Joe Navarro précise qu’il ne s’agit pas d’attraper un ou deux termes de cette liste pour « condamner » un individu. Chacun peut un jour être de mauvaise humeur. En revanche, dans la mesure où c’est bien de cette façon qu’ils ont été décrits par leurs « victimes », si votre conjoint-e présente constamment ces formes de comportements, alors oui, vous vivez probablement avec quelqu’un qui a besoin d’aide. Et vous, vous vivez sans aucun doute un enfer.

 

Son instabilité, par exemple, vous entraîne dans une vigilance permanente : quand vous rentrez chez vous le soir, après une journée de travail, vous pouvez passer en une minute d’une situation agréable et affectueuse à une éruption d’injures et de reproches, sans que vous ne compreniez ce qui a été la cause de ce changement brutal. Vous ne pouvez jamais vous détendre. Vous « marchez sur des œufs » tout le temps, juste pour « survivre ». Pire, vous faites tout votre possible pour faire plaisir à l’autre, dans le but d’échapper à ces épisodes ou d’améliorer la situation. Et cela ne fonctionne jamais. Ce n’est jamais assez bien, jamais. Pour l’autre, c’est vous le problème, pas lui.

 

Pourquoi avez-vous été attiré-e par ce personnage ? Pourquoi êtes-vous encore si attaché-e ? Pourquoi restez-vous dans cette situation ? Vous avez sans doute été touché-e par sa vulnérabilité, vous avez peut-être pensé qu’avec toute votre bienveillance, il ou elle allait pouvoir changer. Vous avez généreusement cru que vous pourriez « réparer » quelque chose. Malheureusement, seuls des professionnels formés pour traiter ces cas peuvent éventuellement interagir avec eux. Vous sortirez peut-être traumatisé-e, abîmé-e, de cette relation et il est donc indispensable que vous alliez, vous, chercher une aide psychologique pour vous réparer!

Et si vous êtes victime de violence, appelez le 3919 pour qu’ils vous aident à trouver un abri.

 

Si vous avez un doute, Joe Navarro a aussi listé les 20 « signes » suivants (*). Des comportements et des situations qui, mis bout-à-bout, dessinent un quotidien dont vous n’êtes absolument pas responsable. Et qui vous fait terriblement souffrir.

 

1.    Explose dans des colères noires sans proportion avec les circonstances ou les évènements.

2.    Depuis que vous êtes en couple, vous êtes moins heureuse (heureux), moins sûr de vous et plus inquiet-e.

3.    La meilleure description de votre relation est que ce sont des montagnes russes.

4.    Votre conjoint ne se rend absolument pas compte des conséquences de ses paroles ou de son comportement, que ce soit auprès de ses proches, de sa famille, ou de gens plus éloignés.

5.    Il (ou elle) a parfois des comportements complètement décalés par rapport au contexte social : il (ou elle) va faire un scandale dans un lieu public, ou il va parler de façon familière à quelqu’un qu’il (ou elle) ne connait pas, par exemple.

6.    Il peut s’effondrer, ou se mettre en colère, pour un rien, si un stress minuscule se présente. (On ne compte plus les épisodes observés lorsqu’il ou elle conduit).

7.    Une dispute, une discussion peut durer des heures, ou même des jours, alors qu’elle aurait du s’arrêter au bout de quelques minutes.

8.    Il (ou elle) saisit la moindre occasion pour se déchaîner ou s’en prendre à quelqu’un.

9.    Il (ou elle) se retrouve fréquemment entraîné dans des conflits, des disputes ou même des bagarres physiques.

10. Il (ou elle) n’a aucune barrière et est tout le temps en train de discuter, d’argumenter ou de crier sur les gens, y compris des gens qu’il (ou elle) ne connait pas. Il peut même se disputer avec son médecin.

11.Vous n’êtes jamais détendu-e, sans défense, relax, en présence de cette personne.

12. Les plus proches (vous, ses enfants, sa famille, ses amis) sont tout le temps en train de vérifier « comment ça va » ? De « prendre la température ».

13.Les autres le ou la décrivent comme lunatique, imprévisible et il (ou elle) est connu-e comme capable de briser des objets ou d’en lancer, même quand ce ne sont pas les siens.

14.Vous dit régulièrement qu’il vous pardonne. Mais il (ou elle) ne pardonne jamais et vous « ressert » ses reproches à la moindre dispute, même longtemps après.

15. Est irritable et a un seuil de frustration très bas. Autrement dit : ne supporte pas le « non ». Il faut toujours lui dire « oui ou d’accord ».

16. Est incapable d’empathie, de s’occuper des autres, ou d’affection. Mais il (ou elle) en demande sans arrêt.

17.Vous évitez de lui parler ou de faire certaines choses, de peur de ses réactions. Vous avez peur qu’il (ou elle) vous fasse souffrir.

18.Vous vous sentez piége-é.

19. Cherche à humilier les autres pour les « punir » ou pour se sentir supérieur.

20. Quand il (ou elle) se déchaîne, c’est au-delà de la colère, c’est de la rage. Et parfois, cela fait peur.

 

Pardon pour ce tableau épouvantable. Encore une fois, nous ne sommes pas en train de parler d’épisodes isolés ou ponctuels, qui peuvent arriver à n’importe qui. Si vous reconnaissez dans cette liste plus d’une dizaine d’exemples que vous vivez à répétition, alors oui, vous cohabitez sans doute avec une personne « émotionnellement instable ». Vous avez tous les deux besoin de l’aide de très bons professionnels. Dans votre cas, c’est une question de survie. Vous n’avez aucune obligation à rester dans un rôle de victime qui ne peut que s’aggraver.

 

Et pour ceux qui ont la chance de réaliser ici que leur quotidien est loin de ces descriptions, vous comprendrez pourquoi il est délicat de généraliser ce mot « valise » de « pervers narcissique ». Par respect pour les victimes de ceux ou de celles qui le sont vraiment.

 

 

(*) Dangerous Personalities, Joe Navarro :  « Un ancien Profiler du FBI vous explique comment identifier et comment vous protéger des personnalités dangereuses », Editions Rodale. En anglais. Non traduit.

 

Numéro d’urgence 3919, pour les femmes victimes de violence (et pour leurs enfants, bien sûr).

 

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Couple: Trois conseils pour les maris qui ne veulent pas se faire larguer par leur femme

En France, 75% des divorces sont demandés par les femmes. A première vue, cela signifierait que 75% des femmes sont malheureuses dans leur mariage ou leur couple. Alors Messieurs, que pourriez-vous faire pour éviter ces plaintes ? Voici quelques observations inspirées par les reproches souvent formulés par vos épouses.

En France, 75% des divorces sont demandés par les femmes. On observe quasiment les mêmes chiffres en Angleterre ou aux Etats-Unis. A première vue, cela signifierait que 75% des femmes sont malheureuses dans leur mariage. Alors Messieurs, que pourriez-vous faire pour éviter ces plaintes ? Voici quelques observations inspirées par les reproches souvent formulés par vos épouses. Nous vous prions de nous excuser par avance de la trivialité de ces observations.

 

Premier enseignement : les femmes disent qu’elles ne quittent pas leur mari à la suite d’une action « criminelle » précise mais après une accumulation de petits « délits » quotidiens et régulièrement répétés au sein du couple.

 

Jean-Paul Kauffmann a écrit un très bon ouvrage sur « les agacements », dans lequel il décrit ces phénomènes, qui énervent l’un tandis que l’autre ne comprend (même) pas le problème. Nous vous renvoyons à ce merveilleux livre si vous avez envie d’approfondir la question et ses multiples exemples ( voir notre précédent article sur ce livre: https://www.mediations-paris.fr/blog/quand-vous-vous-disputez-tout-le-temps-pour-des-details-des-agacements-sont-sans-doute-la-cause-de-vos-conflits-que-faire ). Ce que signifie cette notion de « petits délits », c’est cette impression répétée de ne pas être reconnue dans ses sentiments, ni dans l’expression de ces sentiments. Au lieu de vous justifier ou de rester indifférent aux demandes de votre épouse, le premier conseil consisterait à vous arrêter et à discuter ensemble du pourquoi:

 

- « Pourquoi t’énerves-tu parce que je bois une bière en regardant la télé quand je rentre du bureau ? » (un peu caricatural, pardon !).

- « Parce que moi aussi je rentre du boulot, parce que moi aussi je suis crevée, et que j’aimerais de l’aide. De l’aide pour vérifier les devoirs de nos enfants, donner les bains, raconter une histoire, préparer et ranger le dîner ».

 

De l’extérieur, cela a l’air presque mathématique. Et pourtant ? Et pourtant, certaines épouses partent faute d’avoir été entendues ou écoutées. Donc premier enseignement : écouter votre femme et surtout, entendez ses sentiments et ses émotions (épuisement, colère, frustration, manque de reconnaissance, injustice, etc).

 

Deuxième enseignement sur lequel nous avons presque honte de nous pencher : les tâches domestiques et les responsabilités du quotidien reposent majoritairement sur les femmes et il arrive un moment où quitter leur mari allègent leur « charge mentale ».

 

No comment. Vous voyez ce qu’il vous reste à faire, même si cela ne vous arrange pas.

 

Troisième enseignement pour les couples: certains maris mènent une vie parallèle, ont leur propres loisirs avec leurs copains et passent très peu de temps avec leur femme et leur famille.

 

Ce sujet est moins simple qu’il n’y paraît : il contient un paradoxe. Car les femmes évoquent aussi leur vision patriarcale du masculin. Elles rêvent d’un homme protecteur et d’une épaule solide sur laquelle se reposer, voir, d’un homme qui leur assure (encore !) une position sociale sécurisante et prospère. Elles sont encore majoritaires, même quand elles sont cadres et gagnent bien leur vie, à laisser leur mari gérer l’argent de la famille et remplir la déclaration d’impôts du foyer. Certains hommes sont donc tiraillés entre l’envie de bien faire (s’intéresser à la vie de leur femme, être attentionné, aidant, compatissant) et la nécessité de garder les attributs « franchement » masculins qu’ils revendiquaient avant de vivre en couple. D’où leur souhait de s’échapper pour des soirées foot (pardon !) ou des réunions d’anciens élèves. Nous entrons là dans une zone complexe du mariage. Un endroit dans lequel les demandes ne sont pas toujours cohérentes, explicites et où l’écoute des besoins des uns et des autres est particulièrement critique.

 

En résumé, si vous ne voulez pas être surpris par une « demande en divorce » que vous n’avez pas souhaitée, écoutez les signaux, car il y en a toujours. Rappelez-vous que chacun d’entre vous, y compris vos enfants, aspire à sa part de bonheur et d’accomplissement personnel. Que ce qui était vrai et attendu de vous il y a un an, six mois, une semaine, évolue chaque jour et peut être remis en question à tout moment. Car la principale caractéristique des unions modernes est qu’elles ne dépendent que des membres du couple et ne bénéficient d’aucun autre soutien que de celui que ces deux adultes veulent bien s’offrir et offrir à leur projet commun. Avec sans doute, beaucoup d’humilité et de tolérance car aucun d’entre nous n’est parfait.

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Quand vous vous disputez tout le temps pour des détails: des agacements sont sans doute la cause de vos conflits. Que faire ?

Les « pics émotionnels » déclenchés par les agacements peuvent être tellement violents qu’ils entrainent une « confusion des sentiments ». Kaufmann évoque des témoignages dans lesquels les agacés ne savent même plus s’ils ont envie de continuer à vivre l’un avec l’autre. Ils auraient sans doute intérêt à déposer leurs agacements devant un tiers pour faire le tri. Encore une fois, l’agacement est un symptôme et selon la façon dont il surgit, il révèle l’intensité de la maladie. L’agacement est-il ponctuel ou permanent ? Provoque-t-il de l’indignation ou de la fureur ? Une frustration fugace ou installée ? Comme le poison, tout est une question de dose.

Les agacements sont malheureusement des “Tue-l’-amour” que l’on découvre souvent quand on “s’installe” ensemble. Jean-Claude Kaufmann a écrit un formidable livre sur le sujet et plutôt que de le paraphraser, je vous propose de vous retranscrire ce qu’il en dit. En vous recommandant bien sûr la lecture de cet ouvrage si le sujet vous intéresse. Jean-Claude Kaufmann est un homme qui a de l’humour. Son livre sur les Agacements ressemble à une promesse de légèreté et d’amusements. Quoi de plus drôle en effet que d’aller regarder par le trou de la serrure pour voir comment s’en sortent les autres. Jean-Claude Kaufmann est un « spécialiste du quotidien et du couple ». On peut donc lui faire confiance. Après avoir traversé quelques chapitres, l’ambiance n’est pas si riante. On aborde les ombres de la colère, de la tristesse, des irritations, des indignations, des fureurs, des forces centrifuges qui éloignent les partenaires. Qui les transforment en adversaires. Je rêvais de comédie. Les Agacements sont un drame : « sous les rires gisent les vraies colères ».[1]

Les agacements des débuts ont un rôle positif de réglage

Jean-Claude Kaufmann n’est pas le premier à nous expliquer que les deux membres d’un couple sont au départ deux étrangers. Dans son livre, il reprend ce principe en faisant une distinction entre les agacements qui opèrent au début de l’histoire d’un couple et ceux qui le traversent plus tard. Pour lui, les agacements des débuts ont un rôle positif de réglage et de mise en route du « système » du couple : « Les premières années d’un couple sont rythmées par les agacements qui définissent la mise en place progressive du système ménager »[2]. Car le conflit déclenche des explications, des partages d’expérience, des mises au point qui entrainent une action. Les agacements ne sont ici rien de plus que l’irruption de deux « théories  concurrentes » [3]. « Rien de plus normal que d’être agacé dans un couple, y compris quand les relations sont bonnes. Car l’agacement s’inscrit en son centre même, le fonctionnement conjugal reposant sur des associations de contraire qui produisent des dissonances ».[4]

 

On pourrait donc croire que rien de tout cela n’est grave. Jean-Claude Kaufmann introduit doucement son sujet : pour lui, les agacements résultent d’une dissonance. Dissonance entre soi et soi, parfois. Quand la réalité est différente de ce que l’on voudrait qu’elle soit. Et plus souvent, dissonance entre soi et l’autre. Car un couple, ce sont deux histoires, deux empreintes familiales, deux « éthiques », deux visions, deux systèmes de croyances qui doivent s’accorder. Et les « évènements minuscules » qui déclenchent les agacements sont révélateurs des « enjeux relationnels ». Autrement dit, ils sont le signe de nos résistances. L’autre est un « étranger ». Une part de nous s’efface et s’adapte pour laisser une chance au couple. Une autre renonce à disparaître. L’agacement s’inscrit donc au cœur de la définition de l’identité, voire, de l’intégrité.

 

Il est très intéressant de découvrir que les agacements sont modernes. Dans un système traditionnel, les rôles de chacun étant parfaitement définis (la position hiérarchique des hommes et des femmes, par exemple), les « réglages » sont prédéfinis. Dans le couple moderne, dans lequel s’unissent deux individus qui revendiquent l’égalité, ou tout au moins, l’équité, il faut inventer le quotidien. En théorie, tout est possible et rien n’est interdit. Les agacements sont donc générateurs de décisions, de changements et parfois, ils se résolvent en installant une répartition complémentaire des sujets, recréant deux zones bien délimitées qui ne se mélangent pas. Ainsi, comme le montre Kaufmann, l’organisé du couple prendra en charge l’organisation des week-ends et des vacances. Ou encore, le conducteur habile ( autoproclamé) prendra systématiquement le volant lors des déplacements. « L’agacement (…) est avec la fatigue mentale l’un des prix à payer de la liberté individuelle, prix dont nous découvrons l’ampleur aujourd’hui ».[5]

Ce qui se cache dans les agacements

L’intérêt du livre est de révéler tout ce qui se cache dans les agacements. De montrer qu’il ne faut pas s’arrêter au geste théâtral de la colère ou des bouderies. Qu’il s’agit bien de concilier deux visions du monde, deux humus familiaux, deux systèmes culturels, des rythmes, des attachements, des références qui par essence divergent et qu’il faut faire cohabiter puisque l’on a décidé de vivre ensemble. C’est là le principal enseignement du livre. L’agacement est universel. Il touche tout le monde et contrairement aux apparences, il relève du « soi », du « je », et non du « nous ». Les agacements nous offrent une occasion de travailler sur nos représentations. Ce qui est bien au cœur du processus de la fabrication du couple.

 

On peut se laisser déborder par la frustration et la colère. Mais on peut aussi s’arrêter pour tenter de démêler ce qui peut l’être : une femme qui a tout le temps froid ( dans la chambre commune ou dans la voiture) a peut-être une système circulatoire différent et des raisons biologiques d’avoir froid. Un homme « radin » a peut-être peur de l’avenir. Ou encore, a reçu une éducation qui l’oblige à se projeter dans des projets long terme et à penser « patrimoine » alors que son conjoint ignore même la signification du concept. Quelle est la part de l’héritage de chacun dans son rapport à l’autre ? L’héritage n’étant pas ici compris comme des valeurs matérielles mais comme les valeurs tout court, que chacun transporte. Un homme (ou une femme) absents a peut-être du mal à régler sa distance par rapport à l’autre. Il ou elle a peut-être des peurs liées à des histoires d’amour anciennes qui l’empêchent de fusionner dans son nouveau couple. Kaufmann nous incite à aller chercher ce qui est sous la surface. A dépasser le « pic émotionnel ». On peut espérer que si l’agacé donne un sens au geste qui l’agace, il sera moins touché. Et qu’il sera au moins déchargé du doute qui l’assaille quand le sujet d’agacement se répète à l’infini : « il (ou elle) le fait exprès » ? « Pour me provoquer » ? 

 

L’agacement joue son rôle « défoulatoire »

Kaufmann souligne ce que les agacements révèlent du fonctionnement de la famille. Il décrit ainsi comment les agacements sont résolus ( il utilise une métaphore poétique « d’évaporation », par exemple). Car si le couple sort victorieusement de l’agacement, il en ressort a priori renforcé. L’agacement joue son rôle « défoulatoire » et libère l’agacé de ce qu’il n’arrive pas à refouler. Si en revanche, les agacements conduisent à une accumulation de frustrations, de reproches et de désirs de vengeance, on parle de « tue-l’-amour » et il faut alors « la magie de l’amour » pour les dépasser. A moins que l’un des protagonistes ait tout simplement déjà fui, ce qui est une méthode d’évitement parmi d’autres. 

 

Les « pics émotionnels » déclenchés par les agacements peuvent être tellement violents qu’ils entrainent une « confusion des sentiments ». Kaufmann évoque des témoignages dans lesquels les agacés ne savent même plus s’ils ont envie de continuer à vivre l’un avec l’autre. Ils auraient sans doute intérêt à déposer leurs agacements devant un tiers pour faire le tri. Encore une fois, l’agacement est un symptôme et selon la façon dont il surgit, il révèle l’intensité de la maladie. L’agacement est-il ponctuel ou permanent ? Provoque-t-il de l’indignation ou de la fureur ? Une frustration fugace ou installée ? Comme le poison, tout est une question de dose.

 

Ce livre est loin d’être une pièce de théâtre comique. Même si Kaufmann essaie dans sa dernière partie de montrer quelles sont les portes de sorties, les agacements sont effectivement les armes de la « guerre  des couples » évoquée dans le sous-titre du livre. C’est assez terrifiant. Et donne une vision pessimiste de la conjugalité. A l’inverse, cela présage d’un travail en profondeur qui pourrait s’établir lors d’une médiation familiale, en aidant les couples à comprendre ce qui est réellement en jeu lorsqu’ils réagissent aux micro évènements qui les dérangent. De regarder les « enjeux »  relationnels soulevés au lieu de s’arrêter à l’émotion provoquée. Avec le risque que la simple évocation d’un agacement ne réactive le contexte batailleur des protagonistes lors de leurs tentatives de réconciliation. Car au fonds, la question reste toujours de comprendre comment a pu s’unir ce qui n’était au départ qu’une somme de  différences. Kaufmann parle de « pulsions amoureuses » et souligne que « la fabrication du conjugal est d’une étonnante complexité »[6]

 https://livre.fnac.com/a1914624/Jean-Claude-Kaufmann-Agacements-les-petites-guerres-du-couple

 

 



[1] Page 401 dans la version électronique /1137 pages

[2] Page 88 de la version électronique /1137 pages

[3] Page 155 de la version électronique/1137 pages

[4] Pages 387 de la version électronique/1137 page

[5] Page 949 de la version électronique /1137

[6] Page 230 de la version électronique/1137

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Pourquoi aller voir un médiateur familial lors d’un divorce ou d’une séparation?

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». La médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, en la vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

On sait tous quand et comment nos histoires d’amour ont commencé. On se souvient du premier regard, du premier jour et de ceux qui ont suivi. Puis des grands évènements que nous avons traversés ensemble. En revanche, notre mémoire est beaucoup plus floue quand il s’agit de reconstituer la fin d’une histoire d’amour. Sauf quand elle s’est terminée par un drame, une déchirure qui vient séparer nos vies et nos identités communes.

Que nos séparations résultent d’une coupure nette, bien dessinée, ou d’une rupture qui s’est infiltrée progressivement dans nos vies, nous sommes dans une douleur physique et morale qui nous anesthésie, qui nous empêche de dormir, de travailler, de manger et parfois de vivre, car notre vie semble interrompue, arrêtée. C’est là que nous avons besoin d’une aide extérieure.

Qu’est-ce qu’un médiateur familial peut faire pour vous au moment d’un divorce ou d’une séparation ?

Si la séparation résulte d’une rupture franche, d’une trahison ou du brusque départ de l’autre, nous sommes dans l’expérience du rejet et de l’abandon. Nos représentations du monde, nos croyances, sont bouleversées.  Nos certitudes, nos représentations de nous-mêmes aussi. Le médiateur n’a pas de baguette magique et ne va évidemment pas réparer cette déchirure. Mais parler à un tiers, entendre l’autre (le conjoint) raconter ce qui s’est passé, peut aider à reconstruire, à changer de vie, de corps, de modèle. Nous avons été arrachés à quelque chose. Un regard extérieur peut nous aider à nous retrouver, à trouver les appuis sur lesquels il nous reste encore un peu de force (physique ou morale) pour « passer à autre chose ». Quelle est notre vie sans ce couple, sans la présence de l’autre, sans sa protection ? Comment réorganiser notre vie professionnelle, l’espace dans lequel nous habitons, la façon dont nous nous occupons de nos enfants ? Car une rupture peut aussi être l’occasion de nous révéler, de nous ouvrir à une nouvelle façon de vivre et d’être. Le processus de la médiation peut nous aider à supporter ces expériences et à trouver par nous-mêmes, avec le soutien du médiateur, qui nous sommes hors de notre couple.

Parler avec un médiateur familial peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé

Si la séparation résulte d’une usure insidieuse, d’un ennui qui s’est installé sans que l’on se souvienne vraiment comment et depuis quand on ne se parle plus, on ne se touche plus et on ne « vit » plus vraiment ensemble, chacun peut être traversé par la colère, la tristesse ou le refus. Refus d’une solitude insupportable. Refus de la liberté nouvelle de l’autre. Refus là aussi, d’une forme d’abandon. Ce qui est difficile, c’est la discontinuité. Quelque chose s’arrête. Mais quoi exactement ? Parler avec un médiateur peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé. On ne parle pas ici d’acceptation du principe de la rupture, mais du mouvement qui permet de sortir de l’évitement et qui permet ainsi à chacun de reprendre sa part de responsabilité. Aller voir un médiateur au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de sortir de la sidération, de la désolation et de « renaître » autrement. 

 

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». J’ai l’impression que ces deux voies sont incertaines : la médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, de confiance dans notre vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

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Couple: pour démarrer une bonne dispute, dites que « ce n’est pas de votre faute ». C’est infaillible.

Vous êtes indigné(e ), voir, dans une colère noire. Mais « ce n’est pas de votre faute ». Le coupable c’est « l’autre ». Le problème est que cette posture, tellement naturelle et tellement courante, peut faire de gros dégâts dans nos relations. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se joue ? Peut-on arrêter le processus quand une grosse dispute se profile ?

« Ce n’est pas de ma faute »

« Je ne comprends pas comment on en est arrivé là, je n’ai rien fait de mal (variation : j’ai tout fait pour que cela fonctionne, tout) ».

Vous êtes indigné(e ), voir, dans une colère noire. Mais « ce n’est pas de votre faute ». Le coupable c’est « l’autre ». Car cela ne peut pas être « la faute de personne ». Le problème est que cette posture, tellement naturelle et tellement courante, peut faire de gros dégâts dans nos relations et notre couple. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se joue ? Peut-on arrêter le processus quand une grosse dispute se profile ?

Vous avez besoin de vous défendre: attention à l’escalade

Cela commence par l’impression désagréable d’être attaqué-e. Vous entendez une phrase et vous trouvez cela injuste. Vous vous sentez incompris-e. Vous avez donc besoin de vous défendre. Vous commencez à vous justifier. Vous voulez démontrer que vous avez raison et que l’autre a tort (de vous dire cela, de le penser, de le souligner). Mais plus vous vous justifiez, plus vous alimentez le conflit et plus la dispute a de chance  de s’envenimer. Chacun empile ses arguments, les uns après les autres, pour démontrer qu’il a raison. 

 

Si rien n’arrête cette escalade, cela peut être très violent. Nous savons tous qu’une grosse dispute peut laisser des traces. Qu’il est difficile d’oublier certaines phrases, certaines injures mêmes. Et qu’après ce genre d’ épisode, nous sommes vidés de notre énergie et dans une grande tristesse. Alors à quoi bon ? 

Voici le mode d’emploi et quelques étapes pour calmer le débat

Pour éviter de vous laisser entraîner dans ce mouvement, il y a quelques portes de sorties. D’abord pour réguler nos émotions. Puis pour arriver à entendre l’autre et à se faire entendre. Voici quelques étapes du mode d’emploi :

 

- D’abord se calmer. Se calmer vraiment. Une émotion dure dix minutes. Alors si vous vous sentez attaqué-e, avant de réagir, en exprimant votre colère ou des sanglots, écartez-vous, quittez la pièce, sortez et allez respirer. De longues respirations. Ou faites des mouvements. Ou marchez. C’est tout bête, oui. Et nous le faisons presque par réflexe quand nous poussons de longs soupirs d’exaspération. Ces soupirs vont réveiller le système parasympathique. Et baisser notre niveau de « réponse » : notre rythme cardiaque diminue, notre respiration se calme et devient de plus en plus longue, les rougeurs de notre peau diminuent. Encore mieux, si vous vous sentez mieux, après ces dix minutes, vous pouvez revenir respirer dans les bras de votre partenaire. Vous respirerez ensemble et pourrez reprendre la discussion.

 

Lâcher l’idée et la nécessité d’avoir raison. Ce réflexe est un poison pour le couple. Si vous renoncez à convaincre l’autre, à argumenter, ce genre de discussion s’arrêtera tout de suite.

 

Rusez : si vous vous rendez compte que vous êtes en train de « monter dans les tours », que rien ne va vous arrêter et que vous allez vous faire très très mal, mettez-vous d’accord avant, quand c’est calme, et décidez ensemble d’un code, d’un mot ou d’une phrase « magique », qui sera un signal d’alerte et un bouton de secours. Si l’un de vous prononce le mot (ou la phrase), vous savez que c’est « Arrêt sur image ». Que vous devez tout de suite vous arrêter et mettre fin à la discussion. C’est une méthode qui vous rappellera votre enfance, car les enfants font cela très fréquemment, mais elle a le mérite d’être simple et efficace. Avec un peu d’humour, cela vous aidera beaucoup.

 

Reconnaissez votre part de responsabilité. Même si elle est minuscule : « Oui je ne t’ai pas soutenu-e dans cette discussion avec ma mère, quand nous avons dîné chez mes parents », « oui, je ne t’ai pas remercié-e », …Pas de « MAIS ». Si vous introduisez un « mais », vous vous réengagez dans la justification, et donc dans le conflit et la dispute.

Car quand vous reconnaissez un part de responsabilité, vous entrouvrez la capacité de l’autre à vous écouter, et même, à vous entendre. Et vous pourrez lui montrer une piste d’explication (et non de justification). Mieux encore, reconnaître votre part va vous donner un tout petit peu de distance et peut-être vous permettre de sortir d’une éventuelle erreur d’interprétation. Car l’objectif de l’autre était-il bien de vous attaquer ? D’appuyer là où vous vous sentez si mal ? L’autre est-il vraiment responsable de votre réaction ?

 

- Parfois notre voix, notre intonation, sont perçues comme « accusatrices » alors que ce n’était pas notre intention. Quand nous sommes fatigués, irritables, attention à notre façon de communiquer. Encore une fois, le bon moyen d’éviter d’élever la voix ou de prononcer des phrases malheureuses, c’est de ralentir. De faire des pauses. Un silence de quelques secondes ne posera pas de problèmes, en tous cas moins qu’une injonction interprétée comme un reproche ou une accusation.

 

- Et si vos paroles dépassent vos pensées, réparez ! Revenez vers l’autre pour « amender », corriger ce que vous avez dit. Manifestez des regrets sincères, si vous avez des regrets : « je regrette déjà ce que j’ai dit », « ce n’est pas ce que je voulais dire », « je te demande pardon »….

 

Car personne d’autre que nous n’est responsable de notre comportement. Si nous percevons une simple phrase comme une attaque, c’est que cette phrase nous touche, qu’elle vient heurter une « blessure » qui nous appartient. La même phrase n’aura peut-être aucun effet sur quelqu’un d’autre. C’est donc bien à nous de commencer par nous guérir, par aller regarder nos zones sensibles. Moins nous en aurons, plus nous serons en capacité d’entendre les mots des autres, juste pour ce qu’ils sont. Il ne sera plus question, alors, d’avoir raison et d’écraser l’autre à tous prix pour sauver notre orgueil. C’est cela que l’on appelle la Communication non violente, qui ouvre la fin du conflit et permet de retrouver de la confiance, de la bienveillance. Et qui nous permet de réduire la distance avec l’autre pour retrouver son intimité et prendre soin de notre couple . Personne ne dit que c’est facile ! 

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Mon amoureux(se) est-il « la bonne personne » ? L’ai-je bien choisi ?

Aujourd’hui, c’est La question centrale : celle qui présuppose qu’il existe quelque part La bonne personne, celle qui remplira toutes les promesses et avec laquelle le bonheur conjugal est garanti. Le but d’une existence serait de la trouver. Et nos échecs signifieraient tout simplement que « ce n’était pas la bonne personne ».

C’est une question moderne, que l’on ne se posait pas vraiment avant les années 60 et l’apparition d’une injonction au bonheur qui inclut la vie de couple. Aujourd’hui, c’est La question centrale : celle qui présuppose qu’il existe quelque part La bonne personne, celle qui remplira toutes les promesses et avec laquelle le bonheur conjugal est garanti. Le but d’une existence serait de la trouver. Et nos échecs signifieraient tout simplement que « ce n’était pas la bonne personne ».

 

Personnellement, j’avoue que je ne suis pas tout à fait certaine que cette personne existe. L’humanité compte plus de sept milliards d’habitants. Il est donc hautement probable qu’il y en a plus d’un ou plus d’une avec lequel nous pourrions vivre en bonne harmonie. Et affirmer qu’il existe quelque part une personne qui serait notre « moitié perdue », selon le concept platonicien, suppose que nous serions dans un état, une humeur et des besoins permanents, qui ne changent jamais, et que notre « bon » conjoint connaitrait également cette forme de stabilité. Rien ne me parait plus éloigné de la réalité. Il me semble que nous sommes d’avantage dans une évolution permanente et que le principe même de la vie de couple réside dans une adaptabilité constante.

 

Il reste que notre aspiration au « bonheur » est universelle. Je poserais donc la question de façon différente : peut-être qu’il serait bon de faire son « bilan de couple » sur la base de critères mesurables et de s’arrêter sur notre épanouissement réel plutôt que sur des attentes idéales (et parfois inaccessibles). 

La philosophe Martha Nussbaum nous propose dix points pour évaluer notre bonheur. Et vous, pouvez-vous évaluer votre bonheur dans votre couple?

La philosophe Martha Nussbaum, enseignante à l’Université de Chicago, a travaillé avec le Prix Nobel d’économie Amartya Sen sur la notion de bonheur. Leur idée était de ne pas s’arrêter aux critères économiques de richesse d’un état (le fameux Produit Intérieur Brut) pour évaluer le bonheur d’un pays. 

 

Martha Nussbaum a décrit dix « Capabilities » centrales qui garantissent à un citoyen que sa vie est digne d’être vécue. Il me semble que de regarder ces dix « possibilités », ces dix indices de la dignité humaine, au travers de l’expérience du couple, donne une idée assez précise de notre « bonheur » dans cette vie conjugale. Car si des Prix Nobel utilisent ces dix « Possibilités » pour évaluer le bonheur de l’humanité, il me semble intéressant de les regarder à l’échelle de notre vie quotidienne, de vie « en couple ».

 

Voici donc ces dix « capabilities » et ce que l’on peut en dire lorsqu’il s’agit d’évaluer notre vie….

 

1.    La vie : « être dans la possibilité de vivre une vie humaine d’une durée normale, ne pas mourir prématurément, et vivre une vie qui vaut d’être vécue ». On est ici dans un besoin « basique ». Le couple ne peut être un lieu de risque ou de violence qui raccourcisse la vie de l’un de ses membres. No comment. Sans évoquer ces extrêmes, le couple devrait nous rendre « vivants ». Ce que nous ressentons bien au début d’une nouvelle histoire, ou lorsque nous nous retrouvons après quelques jours d’absence. Une vraie sensation de joie, qui est proche de cette jubilation d’être vivant. Cette sensation devrait durer. Se sentir « vivant » est un excellent indice de notre qualité de vie.

 

2.    La santé physique : « être dans la possibilité d’avoir une bonne santé, y compris sa santé reproductive. Être bien nourri(e), être protégé, abrité ». Là aussi, Martha Nussbaum évoque des besoins « basiques », fondamentaux. Qu’il est bon de rappeler. En droit français, les époux se doivent « secours ». Martha Nussbaum rappelle ce devoir moral de se soutenir physiquement. Est-ce que votre conjoint vous permet de vous occuper de vous ? Est-ce que vous avez du temps et de l’espace pour vous occuper de vous ? 

 

3.    L’intégrité physique : « être capable de bouger librement d’un lieu à un autre. D’être protégé contre des attaques violentes, incluant des attaques sexuelles ou des violences domestiques. Avoir la possibilité de satisfaire ses besoins sexuels et de faire des choix en matière de reproduction ». Au-delà de l’intégrité du corps, qui semble être non négociable, cela signifie que le couple est un espace de respect des limites de chacun. Qui sont différentes d’un couple à l’autre. Mais qui doivent être explicites, sous peine d’être (parfois involontairement) dépassées. L’autre ne peut pas deviner quelles sont nos limites. C’est aussi le droit, la possibilité d’être touché, d’être enlacé, d’être accueilli physiquement par l’autre.

 

4.  Les Sens, l’imagination et les pensées : « être capable d’utiliser tous ses sens, d’imaginer, de penser et de raisonner- et de faire tout cela de façon vraiment humaine, en étant informé et éduqué, entre autre et sans limite en ayant accès à la littérature, aux bases des mathématiques et des sciences. Avoir la possibilité d’utiliser son imagination et ses pensées pour produire des travaux ou des évènements de son choix, qu’ils soient religieux, littéraires, musicaux ou autres. Dans une véritable liberté d’expression, qu’elle soit politique, religieuse ou artistique. Avoir la possibilité de vivre des expériences agréables et d’éviter les douleurs inutiles. » Quand on regarde l’histoire de l’art et le nombre de femmes qui ont renoncé à toute création pour laisser leur conjoint prendre la lumière, on comprend la pertinence de cette quatrième « possibilité ». Cette « capacité » rejoint la question des jeux de pouvoir dans le couple. Des effacements. Des renoncements. Des exigences non négociables. Des désirs de contrôle. Et par conséquence, du droit à la liberté.

 

5.    Les Émotions : « Avoir la possibilité de s’attacher à des gens, à des objets, en dehors de soi. La possibilité d’aimer ceux qui nous aiment et qui s’occupent de nous. A contrario, ne pas en être empêché par la peur ou l’anxiété ». Quelle liberté, quel espace y a-t’-il hors du couple (on y revient)? Quelle confiance s’accorde t’-on ? Quel risque est-on prêt à prendre ? Quelle distance s’autorise-t’-on ? Ce chapitre est celui du droit à une forme de sécurité. La sécurité de pouvoir être soi.

 

6.    Un raisonnement pratique : « Avoir la possibilité de faire la part entre le bien et ce qui ne l’est pas, d’engager une réflexion critique sur la façon d’organiser sa vie (ce qui est garanti par ce que l’on appelle la liberté de conscience et de pratiquer sa religion) ». Quelle est notre tolérance ? L’autre a-t’-il la liberté de penser différemment ? D’avoir d’autres croyances ? Parfois d’autres valeurs, d’autres pratiques, d’autres rituels ? 

 

7.    L’Affiliation : « Avoir la possibilité de vivre avec d’autres, de les considérer, d’être en interaction sociale avec eux, d’être capable de se mettre à leur place et de les comprendre (ce qui signifie que les institutions protègent et garantissent ces affiliations, garantissent la liberté de se réunir et de tenir des discours « politiques »). 

Avoir suffisamment de bases sociales pour avoir confiance en soi et ne jamais être humilié. Être traité avec respect, en toute égalité avec les autres, sans discriminations basées sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique, la caste, la religion ou l’origine. » Cette possibilité « d’affiliation » rejoint les questions qui précèdent. Sur un champ moins spirituel, plus social. Des soirées foot entre copains jusqu’aux possibilités de choisir son travail. 

 

8.    Les Autres espèces : « Avoir la possibilité de vivre et de respecter des animaux, des plantes et la nature en général ». Pas si anecdotique dans les couples ! Certains couples fusionnels ont partagé leur passion pour un jardin, ou pour des animaux dit « de compagnie ».

 

9.    Le Jeu : « Avoir la possibilité de jouer, de s’amuser et de se distraire avec des activités choisies ». Besoin essentiel, très souvent rempli dans les premiers mois, juste après nos rencontres. Zone très fragile car souvent, elle disparaît mécaniquement des priorités quotidiennes. Les couples évoquent « des problèmes de communication », alors qu’ils ont tout simplement perdu cet espace, ce temps, pour s’amuser ensemble. 

 

10. Le contrôle de son environnement : « Politique, avec la possibilité de choisir qui gouverne, la possibilité de se réunir et de s’exprimer librement. Matériel, avec la possibilité de posséder quelque chose (que ce soit une terre ou des objets usuels), d’avoir un accès à la propriété de façon égale par rapport à d’autres, de pouvoir travailler et de choisir d’y rester ou d’en partir, en étant respecté et reconnu par les autres ». Dans le couple, ce serait le droit de garder un espace à soi. Un espace de pensée, d’opinions, et un espace matériel. Le contraire d’une fusion permanente et illimitée, qui est parfois exigée par un membre du couple, ou par les deux. Par idéal ou par volonté de contrôler l’autre. 

 

Martha Nussbaum est une philosophe « politique ». Elle se situe à l’intersection de la psychologie, de la sociologie et du champ juridique, pour redéfinir ce que pourrait être une organisation démocratique. Platon et les Lumières méritent effectivement d’être revisités.

 Pour finir, elle précise que « Le plus important que si vous considérez les items de cette liste comme des opportunités de choix (ou des opportunités choisies) plus que des activités en tant que telles, alors vous permettez une grande liberté et une grande fluidité. Si quelqu’un n’est pas intéressé par une activité, si cela ne reflète pas le sens qu’il désire donner à sa vie, alors, ce n’est pas grave, ils ne l’exercera pas. L’approche des « capabilities » est une sorte de « welfarisme » avec de multiples entrées mais plus que tout, ce sont des opportunités de choix et de liberté plus que des choses que l’on doit faire.» (*)

 

Au-delà de cette démarche politique, les textes de Martha Nussbaum dessinent un nouveau contexte culturel et idéologique. Et le couple est une entité dépendante du contexte culturel et religieux. Nous construisons notre couple à l’intérieur d’une culture et souvent, d’un humus religieux. Martha Nussbaum prépare sans doute un nouveau futur, comme les philosophes des Lumières ont préparé les Révolutions. A un moment où nous ne savons plus très bien ce que nous voulons, sa démarche est très inspirante pour évaluer notre « système de couple », notre vie affective et familiale. 

 

 

 

(*) Texte original de Martha Nusbaum en anglais : 

"More importantly is that if you make the items on the list, opportunities for choice rather than the activities themselves, then you allow a lot of freedom and flexibility. If somebody doesn't like one activity, if that doesn't express what makes their life meaningful, well, they just won't use that one. 

The capability approach is a kind of welfarism with multiple parts but more of them are freedoms or opportunities for choice, rather than being things you are required to do. So the way we would assess the society is to ask what space is for choice, what freedoms in some crucial areas it has opened up for its citizens."

 

 

 

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Divorce, Séparation : Combien de temps faut-il pour s’en remettre?

C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux.

C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux. Que ce soit pour celui qui est quitté ou pour celui qui prend la décision de partir. 

 

Les chagrins d’amour sont très bien décrits dans la littérature, au cinéma et plus récemment, dans les séries que nous regardons. Il n’y a pas d’âge. Des enfants sont parfois désespérés quand leur ami(-e) les quittent pour un (ou une) autre. Et des personnes très âgées rencontrent exactement les mêmes difficultés. Quand on est dedans, on a l’impression que cette douleur ne s’arrêtera jamais. Que l’on n'en sortira pas. Que jamais plus on ne retrouvera la capacité d’aimer quelqu’un d’autre. Et pourtant ! 

La courbe du deuil expliquée par une psychologue (Elisabeth Kubler-Ross)

Une psychologue suisse, Elisabeth Kübler-Ross (née en 1926, à Zürich) a beaucoup travaillé sur « les derniers instants de la vie ». Elle en a dégagé une théorie du deuil qui est aujourd’hui appliquée à tous les « chocs » qu’un individu peut subir. Et une séparation, un divorce, constituent un vrai choc. Voilà ce qu’elle en dit (dans son livre On death and Dying, 1969, Sur le chagrin et le deuil).

 

Dans le langage courant, un deuil se définit comme l’étape qui suit la mort de quelqu’un. Elisabeth Kübler-Ross élargit cette notion pour inclure toutes les pertes que chacun d’entre nous peut subir : perte d’un travail, perte d’une maison, perte de son conjoint ou de son amoureux, perte de son pays pour ceux qui doivent partir. Pour elle, le deuil est le cheminement universel que nous expérimentons lorsque nous sommes (brutalement) confrontés au choc d’une disparition.

Les 5 étapes après un choc, un grand chagrin ou une perte

D’après elle, nous traversons alors cinq étapes :

Le déni : « ce n’est pas possible, il va revenir », « ils vont revenir sur leur décision, ils ne peuvent pas me faire cela », etc. Le déni est essentiel. Il nous permet de rester debout, de faire face aux premiers effets du choc. 

La colère : une fois que l’on a compris que la perte était réelle, nous sommes en rage. Nous dénonçons l’injustice, le mauvais comportement, l’irresponsabilité. Tout y passe. Le chagrin et les peurs de ce qui va se passer sont tels, que l’on préfère les recouvrir d’une bonne dose d’agressivité.

Le marchandage/ la négociation : nous nous sentons tellement impuissants qu’une part de nous-même essaie de reprendre un peu de contrôle. Nous échafaudons des scenarios. « Si je perds dix kilos, ou si j’arrête de fumer, elle va changer d’avis », « je vais me rapprocher de son meilleur ami, cela va le rendre dingue », comme si nos actions pouvaient changer le cours des choses.

La dépression, la tristesse : qui sont inévitables. Il arrive un moment où nous sommes submergés par la tristesse. Nous la traversons. Certains d’entre nous sont pétrifiés. Ne mangent plus. Ne parlent plus. Ne sortent plus. Laisser cette tristesse s’exprimer peut aussi être une libération. 

L’acceptation : quand nous ne sommes plus ni tristes ni en colère, et que nous sentons moins la douleur, nous pouvons commencer à regarder la réalité. Accepter ne signifie pas « être d’accord », car la plupart des chocs que nous rencontrons sont par principe « inacceptables ». Accepter signifie accepter de regarder les faits, de regarder l’autre, la succession d’évènements. Juste tels qu’ils sont. C’est la dernière étape du « deuil ». 

 

Plus tard, Elisabeth Kübler-Ross a ajouté l’étape du pardon. Pardon à soi-même quand on a été dévoré par la culpabilité. Pardon à l’autre quand c’est un autre qui a été l’auteur de cette violence (la violence de la perte). Parfois, cela va même jusqu’à la reconnaissance d’un « cadeau caché » : « je n’aurais jamais repris ces études si… », « je n’aurais jamais imaginé que j’étais capable de … ». L’ultime étape étant celle de la sérénité. De la capacité à penser ou à raconter l’évènement sans être débordé par l’émotion.

 

Dans la réalité, ces étapes prennent du temps. Et tous ne les passent pas dans cet ordre. Parfois, la tristesse précède la colère. L’important, c’est de repérer que chacun de ces états est normal. Que tout le monde passe par là. 

 

Quant à notre question initiale : après un divorce, une séparation, combien de temps cela prend ? Il n’y a malheureusement pas de réponse. Certains mettent des années. D’autres moins. Ce qui est certain en revanche, c’est que ceux qui reforment un couple très rapidement (on en a vu qui se remettaient en couple une semaine après leur séparation !) ne se donnent pas le temps de digérer l’évènement. On ne peut pas franchir ces cinq étapes en quelques jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles ces « nouveaux » couples rencontrent (souvent) des difficultés et ne durent eux-mêmes pas très longtemps. Sans parler des enfants et des membres du premier cercle, qui eux aussi doivent « faire leur deuil » et ne suivent pas forcément tous le même rythme. Alors soyons patients, même si c’est très difficile. Et optimistes, car on en sort, sans aucun doute !

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L’amour? L’amitié? Et s’il nous fallait les deux pour vivre ensemble?

Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami”. Formulé comme cela, cela paraît assez simple.

Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami” (ou sa meilleure amie, bien sûr). Formulé comme cela, cela paraît assez simple.

Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”

Nous avons tous un ou une “meilleure amie”. Nous le (la) visualisons très bien. Cette amitié a toujours été présente dans notre vie. Même si cela n’a pas toujours été la même personne. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”. C’est en notre meilleur(e) ami(e) que nous plaçons notre confiance. Nous pouvons tout lui dire, sans être jugé(e). Nous vivons ses joies et ses chagrins comme si c’était les nôtres. Nous aimons la même musique, nous avons souvent les mêmes loisirs, nous avons partagé plein d’expériences ensemble. C’est auprès de notre meilleur(e) ami(e) que nous nous réfugions si nous avons besoin de soutien et de réconfort. De conseils, souvent.

Swamidji Prajnanpad souligne l’écart minuscule qu’il y a entre l’amour et l’amitié. C’est une indication précieuse pour nous lorsque nous perdons “le contact” avec notre conjoint. Revenir à l’amitié, c’est un peu plus facile. Dans un article précédent, je vous ai parlé de Gary Chapman et des 5 langages de l’amour (https://www.mediations-paris.fr/blog/les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ). Les conseils de Gary Chapman rejoignent cette thématique de l’amitié. Même si nous avons de multiples attentes, ou croyances, sur l’amour et plus particulièrement sur notre conjoint, revenir à la notion toute simple de l’amitié est un premier mouvement concret et extrêmement réparateur.

Lettre d’Albert Camus à son ami René Char

Et si vous avez besoin d’explications, je vous propose cette lettre extraordinaire d’Albert Camus à son ami René Char (poète). Chaque mot est une leçon d’amitié:

17 septembre 1957

Cher René,

Je suis en Normandie avec mes enfants, près de Paris en somme, et encore plus près de vous par le cœur. Le temps ne sépare, il n’est lâche que pour les séparés — Sinon, il est fleuve, qui porte, du même mouvement. Nous nous ressemblons beaucoup et je sais qu’il arrive qu’on ait envie de « disparaître », de n’être rien en somme. Mais vous disparaîtriez pendant dix ans que vous retrouveriez en moi la même amitié, aussi jeune qu’il y a des années quand je vous ai découvert en même temps que votre œuvre. Et je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il en est de même pour vous, à mon égard. Quoi qu’il en soit, je voudrais que vous vous sentiez toujours libre et d’une liberté confiante, avec moi.

Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime. À la fin, on mourrait de chagrin, littéralement. Et il faut que nous vivions, que nous trouvions les mots, l’élan, la réflexion qui fondent une joie, la joie. Mais c’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.

Je rentre dans une semaine. Je n’ai rien fait pendant cet été, sur lequel je comptais, beaucoup, pourtant. Et cette stérilité, cette insensibilité subite et durable m’affectent beaucoup. Si vous êtes libre à la fin de la semaine prochaine (jeudi ou vendredi, le temps de me retourner) déjeunons ou dînons. Un mot dans ma boîte et ce sera convenu. Je me réjouis du fond du cœur, de vous revoir.

Votre ami

Albert Camus

Alors même si aujourd’hui nous nous écrivons plus de SMS que de lettres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…..

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Couple:Comment réussir votre premier rendez-vous (amoureux)?

Un jour, un homme m’a dit : « quand j’y vais, je me dis que si ce n’est pas celle-là, ce n’est pas grave, il y en a 40 000 autres. C’est ce que me dit le site : qu’il y a 40 000 femmes qui correspondent à celle que je recherche ». J’ai trouvé que c’était un peu cynique mais finalement très dédramatisant. En effet, si cela ne colle pas, cela n’a aucune importance. Ce n’est pas un examen. Vous n’allez pas rater votre vie parce que ce rendez-vous n’a pas de suite.

Si on se dit que le but n’est pas d’être jugé, alors le but n’est pas non plus de juger (jauger) l’autre. Chacun fait ce qu’il peut.

En voilà une drôle de question. On dirait une recette, dans un vieux magazine. L’idée de traiter de ce sujet m’est venue après m’être retrouvée plusieurs fois installée seule dans un café (je pense en particulier Aux Éditeurs, à l’Odéon, qui doit être un grand classique pour ce genre de circonstances) et rejointe, à la table voisine, par un couple qui s’était vraisemblablement rencontré sur un site et qui se voyait pour la première fois. J’avais beau ne tendre aucune oreille, les tables des cafés parisiens sont tellement collées qu’il était difficile de ne pas participer. Plutôt que de rester dans une posture de simple curiosité, je me suis dit que j’allais leur donner mon avis. Silencieusement, et sur ce blog. Profitez-en.

Une rencontre n’est pas un examen. Personne ne rate quoique ce soit.

La première musique que l’on entend dans leur voix, c’est celle de la peur. Une petite pellicule d’appréhension qui raidit les corps et qui fait trembler les voix. Et c’est bien normal. Première leçon donc, pour réussir son premier rendez-vous : essayer de ne pas se mettre dans la posture de celui (de celle) qui va être jugé-e. Facile à dire. Mais ce n’est pas un examen. Un jour, un homme m’a dit : « quand j’y vais, je me dis que si ce n’est pas celle-là, ce n’est pas grave, il y en a 40 000 autres. C’est ce que me dit le site : qu’il y a 40 000 femmes qui correspondent à celle que je recherche ». J’ai trouvé que c’était un peu cynique mais finalement très dédramatisant. En effet, si cela ne colle pas, cela n’a aucune importance. Ce n’est pas un examen. Vous n’allez pas rater votre vie parce que ce rendez-vous n’a pas de suite.

Si on se dit que le but n’est pas d’être jugé, alors le but n’est pas non plus de juger (jauger) l’autre. Chacun fait ce qu’il peut. Écouter, observer, rester dans le présent, laisser faire

Écouter, observer, être dans le moment présent, laisser faire

Deuxième leçon : être là, dans le moment présent, pour sentir si l’on est « en harmonie ». Pas pour cocher des cases dans une Checklist. Écouter. Observer. Laisser de la place à l’inconnu, se laisser surprendre. D’accord, vous pouvez, en écoutant, sentir si vous avez le même sens de l’humour, si vous êtes d’accord ou non sur des grandes questions morales, religieuses ou politiques qui vous tiennent à cœur, vous raconter vos parcours et mesurer vos différences ou vos affinités en terme d’expériences, de goûts musicaux. Et le mouvement se fera tout seul. Vous vous sentirez «en connexion », ou pas. Très rapidement.

Rester soi-même

Troisième leçon : être soi-même. A quoi bon montrer à l’autre ce que nous croyons qu’il voudrait voir de nous. Nous n’en savons strictement rien. Ce n’est donc pas la peine de mettre une mini-jupe si vous vivez en jeans. Ou de raconter que vous adorez les voyages si vous détestez cela. Autant être dans une forme de vérité dès le départ. Cela fait gagner du temps. Si vous fumez, vous n’allez pas sortir votre première cigarette après le troisième rendez-vous ? Peut-être que votre « date », qui ne supporte pas la cigarette, vous aura donné envie d’arrêter et que vous l’aurez décidé pour lui faire plaisir. Sinon, si vous fumez en « cachette », il s’en apercevra très vite. C’est pareil pour tout. Si vous êtes ultra timide, ce n’est pas la peine d’en faire des tonnes. Et si vous êtes un séducteur ou une séductrice, pourquoi ne pas l’annoncer ? Vous êtes unique. L’autre est unique aussi. Vous êtes là pour entendre et faire entendre vos identités respectives. 

 

Quand les couples sont en difficulté, l’un ou l’autre dit souvent qu’il veut « être aimé pour lui-même ». Pas pour l’image que l’autre « projette » sur lui. Mais si au départ, au moment où la relation s’est construite, vous vous êtes sur-adapté pour ressembler à la personne que vous croyez que l’autre voulait que vous soyez, qui est responsable de cet écart ? Tout le monde est perdant dans ce petit jeu. 

Inventer pour vous la meilleure façon de “faire connaissance”. Il n’y a pas que le premier, ou le dernier verre

Quatrième leçon : il faut un peu de temps pour construire de la confiance. Alors peut-être qu’un premier rendez-vous ne suffira pas. Pourquoi rester sur le même format et vous enfermer dans un tête-à-tête autour d’un café ? Peut-être serez-vous tous les deux plus à l’aise d’aller faire un peu de sport ensemble, de marcher ou même, de vous retrouver à plusieurs, avec vos amis par exemple. Vous aurez moins peur. Et vos amis seront sans doute de bons conseils. Si le format du « premier verre » est classique, rien n’empêche d’inventer d’autres formules. Surtout si cela rend les choses plus faciles et vous permet de « faire connaissance ».

 

Enfin, nous avons tous besoin d’être respectés. Respecter l’autre c’est avoir le courage d’être honnête et de dire les choses, même si l’on ne se reverra pas. Alors pas de « ghosting » : le silence, après une première rencontre, est d’une violence inouïe pour l’autre. Il peut tout imaginer et cela enlève toute confiance en soi. On peut dire à quelqu’un que l’on n’a pas ressenti l’envie de le revoir sans le rejeter. Recevoir un SMS tel que : « Merci pour ce café. J’ai été heureuse de te rencontrer mais je ne crois pas que nous soyons vraiment de même nature. Tu es une personne très intéressante et je te souhaite beaucoup de succès dans tes prochaines rencontres. Amicalement. » n’est pas blessant. Et à l’inverse, avoir ressenti une attirance et recevoir un message qui annonce « J’ai vraiment envie de te revoir » nous remplit de joie et augmente notre niveau d’endorphines. Et les endorphines, c’est le signe que quelque chose vient de commencer.

Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l’autre”. Boris Cyrulnik

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Couple: On arrête ou on continue ?

On arrête ? On continue ? Tout le monde s’est posé la question un jour. Cette question est aussi le titre d’un livre écrit par Robert Neuburger, éminent thérapeute de couples (français). Il l’a empruntée à un couple d’amis qui pendant plus de soixante ans, s’est posé « rituellement », ensemble, cette question pour ne laisser aucune problématique en suspens.

On arrête ? On continue ? Tout le monde s’est posé la question un jour. Cette question est aussi le titre d’un livre écrit par Robert Neuburger, éminent thérapeute de couples (français). Il l’a empruntée à un couple d’amis (l’écrivain Dominique Desanti et son mari Jean Toussaint-Desanti) qui pendant plus de soixante ans, s’est posé « rituellement », ensemble, cette question pour ne laisser aucune problématique en suspens.

Faire son “bilan de couple”

Robert Neuberger propose dans son livre de faire « son bilan de couple ». Ses questions sont pertinentes : « Quelle place la relation que vous entretenez avec votre partenaire tient-elle dans votre vie ? », « et réciproquement, quelle place pensez-vous occuper dans la vie de votre partenaire ? », « Comment communiquez-vous ? », « Votre couple vous apporte-t’-il de la sécurité (dans votre sexualité, sur le plan financier, sur le plan affectif, ou sur d’autres plans) ? », « Qu’est-ce qui est mis en commun dans votre couple ? », « Avez-vous le sentiment que vous accordez suffisamment de temps à votre couple ? », etc.

 

La démarche est intéressante, certes. Mais personnellement, je ne crois pas du tout qu’il soit possible de faire son bilan de couple seuls. Cela ressemble aux tests que l’on trouve dans les magazines et auxquels on répond distraitement en vacances, sur la plage. Toutes ces questions sont pertinentes et valent la peine que l’on s’y arrête.

 

Ce qui me paraît difficile, c’est de faire la part des choses seuls. Car la réponse à cette question : « on continue ou on arrête ? » n’est pas rationnelle. Il ne suffit pas de prendre un papier et de remplir les colonnes «pour » et les colonnes « contre ». Ou alors, vous risquez quelques nuits sans sommeil.

Attention aux malentendus et aux erreurs d’interprétation

Sans aller jusqu’à parler d’inconscient, les raisons qui nous ont poussé vers l’autre ne sont pas toujours claires. Et nous le sentons bien. Cet homme, cette femme, est exactement l’inverse de tout ce que nous avions imaginé. Et pourtant, nous l’aimons sincèrement. Se poser toutes ces questions est très sain mais les réponses ne doivent pas être trop « superficielles ». Y répondre avec l’aide d’un tiers, neutre, me parait indispensable pour démêler les « ressorts cachés ». Car quand les colonnes « on arrête » sont remplies, il ne s’agit parfois que de grands malentendus. D’empreintes de nos familles d’origine et de fidélités encombrantes par exemple. De croyances qui nous aveuglent et nous conduisent à des constructions, des interprétations fausses. Idem quand à l’inverse, nous remplissons rationnellement la colonne « on continue », sans écouter nos émotions qui vont dans la direction contraire. Et que c’est par attachement à des représentations qui nous arrangent qu’ « on continue ».

 

Donc faire son bilan de couple oui, bien sûr. Mais attention, s’il y a des dissonances, n’hésitez pas à vous faire aider et à le faire avec l’aide d’un tiers. Ce sera beaucoup plus sécurisant.

Robert Neuberger “On arrête?…on continue?” Faire son bilan de couple, chez Payot, www.payot-rivages.fr

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Couples, familles: Pourquoi le conflit fait si mal ?

Le conflit nous confronte à la violence humaine, la moins acceptable de toutes. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu.

Le conflit nous confronte à la violence humaine. La moins acceptable de toutes les violences. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu. La violence du conflit efface notre capacité à écouter, à accueillir l’autre. Nous le refusons. Tout en nous fait barrière, alors que cet homme, cette femme, ce frère, cette sœur, nous l’avons sincèrement aimé-e. Le conflit nous enferme dans le mépris, la haine, l’humiliation, la peur, la tristesse, la vengeance et parfois même, la destruction. À la fin, il nous renvoie à notre impuissance car rien ne nous permet de sortir de cette escalade : « A toute action est toujours opposée une réaction égale », selon le principe physique établi par Newton en 1687.

 

La médiation (familiale, mais aussi la médiation, en général) permet de trouver une voie de sortie, même quand cela parait impossible.

 

« Diverse grilles d’analyse des conflits ont été élaborées. Certains auteurs les regroupent sous trois grands ensembles : les conflits de valeurs, qui touchent, au plus profond de l’individu, à son système de croyances ; les conflits d’intérêts, qui mettent en jeu le pouvoir, les sentiments, l’appartenance ; et les conflits de besoins relatifs à des objets » nous dit Claire Denis, dans son livre La médiatrice et le conflit dans la famille, aux Éditions ERES (page 51).

 

Nous ne pouvons pas résumer en quelques mots toutes les techniques utilisées par un médiateur, mais il s’agit bien d’accompagner les participants pour revisiter leurs croyances (ainsi que leurs attentes ou leurs déception vis-à-vis de ces croyances), leurs « intérêts » (leurs buts, leurs objectifs, leurs motivations, même si le mot « intérêt » est plus général) et enfin, leurs besoins relatifs aux objets en jeux.  

Le conflit se dissout

En quelques séances, parce que la discussion a lieu en présence d’un tiers neutre, indépendant et impartial (qui ne prend parti ni pour l’un ni pour l’autre), le conflit se dissout et tout le monde sort progressivement des échanges « symétriques » sans arrêt réalimentés. 

 

En résumé, c’est parce que chacun est traversé par la parole de l’autre qu’il peut enfin l’entendre. C’est pour cela que l’on appelle cela de la « médiation ». 

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La thérapie de couple racontée par Michelle Obama

Dans son livre Devenir (Éditions Fayard et Livre de Poche, 2018), Michelle Obama raconte son expérience de la thérapie de couple. A trente-huit ans, après la naissance de ses deux filles, elle voyait sa frustration augmenter et « se manifester souvent et intensément » (on apprécie l’euphémisme).

Dans son livre Devenir (Éditions Fayard et Livre de Poche, 2018), Michelle Obama raconte son expérience de la thérapie de couple. A trente-huit ans, après la naissance de ses deux filles, elle voyait sa frustration augmenter et « se manifester souvent et intensément » (on apprécie l’euphémisme). Son frère Craig avait vu « son mariage se désagréger lentement et douloureusement ». Michelle Obama voulait protéger son couple et son mariage. On l’écoute :

« Nous nous aimions profondément, Barack et moi, mais c’était comme si au cœur de notre relation s’était formé un nœud que nous étions incapables de démêler ».

 « Et voici la grande découverte que j’ai faite en matière de Conseil Conjugal : il n’y a pas eu de validation. Mr W. n’a pas pris parti. Quand il a été question de nos dissensions, il n’a à aucun moment accordé sa voix à l’un ou l’autre d’entre nous. En revanche, il s’est montré plein d’empathie, il nous a écoutés patiemment, nous guidant doucement l’un et l’autre à travers le dédale de nos sentiments, retirant délicatement nos armes de nos plaies. Il nous rappelait à l’ordre quand notre côté juriste menaçait de l’emporter, et nous posait des questions subtiles destinées à nous faire réfléchir sérieusement aux raisons pour lesquelles nous éprouvions tel ou tel sentiment. Peu à peu, au fil de longues heures de discussion, le fil a commencé à se desserrer. Chaque fois que nous sortions de son cabinet, Barack et moi, nous nous sentions un peu plus proches l’un de l’autre. »

No comment. On connait la suite.

 In Devenir, traduit de l’anglais par Odile Demange et Isabelle Taudière, Editions Fayard, publié en 2018  page 375 dans l’édition en Livre de Poche

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Pourquoi certaines familles se déchirent lors d’une succession ? 

Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ». 

Dans notre vie, nous sommes en relation : avec nous-mêmes, avec les autres et avec « le monde ». Nos proches, notre famille, sont à l’intersection de plusieurs « sphères ». Un frère, une sœur, c’est une part de nous, ou en tous cas, la frontière est fine. Nous nous ressemblons physiquement, nous avons parfois la même voix, les mêmes expressions, souvent les mêmes valeurs (pas toujours). Nous avons souvent vécu les mêmes expériences, enfants, même si là aussi, nous pouvons en avoir des souvenirs totalement divergents (c’est nous qui construisons notre réalité, nous passons notre temps à interpréter ce que nous appelons la réalité). Nous avons surtout (souvent) les mêmes parents, les mêmes grands-parents, la même famille proche. La même Histoire. 

Dans une famille, chacun tient son rôle, parfois défini de façon fixe

Hors une famille, c’est un milieu en équilibre. Chacun a son rôle, parfois défini de façon fixe. L’un va être celui qui protège les autres, qui les prend en charge. L’autre va être celui qui commande, qui exige, et qui parfois, sanctionne. Un autre va systématiquement prendre le rôle du messager : parler pour les autres. Ou les faire rire, en adoptant systématiquement la posture du Clown de la famille. Autrement dit, une famille est un groupe « ordonné », car chacun d’entre nous a trouvé le meilleur moyen de s’adapter pour vivre, ou survivre, dans cette « maison ». 

Notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité

Lorsque nous grandissons, vieillissons, nous avons l’impressions de changer et de prendre de l’autonomie. Mais il suffit souvent d’un bon repas de famille pour que tout se remette en place. Pensez à vos déjeuners du dimanche et aux fameuses fêtes de Noël (ou d’autres fêtes, pour ceux qui ne fêtent pas Noël). L’ « autorégulation » se réinstalle immédiatement. Car notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité.

 

Lorsque nos parents disparaissent et que nous nous retrouvons en situation de transmettre et de recevoir les biens et les objets des générations qui nous ont précédés, nous expérimentons une « explosion » de ce système. Le décès de nos parents modifie tout l’équilibre. Les rôles de chacun sont remis en question : vous êtes adulte et vous en avez assez que personne ne vous laisse jamais parler. Ou vous êtes adulte et vous en avez assez de toujours prendre en charge les corvées. Ou vous êtes adulte et vous ne tolérez pas que vos frères et sœurs ne fassent pas ce que vous leur demandez. Alors que jusqu’ici, cela s’était toujours passé comme cela, et très bien passé comme cela.

Le décès de nos parents ouvre un moment de rééquilibrage qui passe par des changements des rôles de chacun

Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. Parfois il y a des résistances vis-à-vis des ces changements: on “règle” des comptes. Les biens matériels sont utilisés pour manifester ces résistances. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « Je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ». 

La Médiation familiale peut être d’une grande aide

Pour sortir de ces conflits, la Médiation familiale peut être d’une très grande aide car avant de traiter des sujets matériels, le Médiateur peut vous aider à redessiner l’identité de chacun. Comme il est et non pas tel que l’on voudrait qu’il soit ou tel qu’on l’imagine sous le prisme d’une sur-adaptation au système construit par nos parents et nos fratries. Cela peut être très rapide. Car dès qu’un membre du système bouge, tout le monde bouge. Et cela peut être un vrai soulagement pour tout le monde. Chacun est enfin reconnu pour ce qu’il est.

 

Plutôt que de se battre pendant des années entre un notaire qui n’est pas habilité à trouver des solutions dans un tel conflit (un notaire est là pour « acter » une succession, il n’est pas un négociateur) et un système judiciaire très long et assez coûteux, le recours à un médiateur familial peut permettre à chacun d’exprimer ses besoins et d’être écouté grâce à l’intervention d’un tiers (un tiers neutre, impartial, bienveillant et qui respecte une totale confidentialité). Les non-dits vont pouvoir être formulés. Les frustrations et les erreurs d’interprétation vont pouvoir être partagées. Le sentiment d’injustice pourra diminuer. Souvent, cela suffit pour dénouer des situations qui résultent tout simplement d’un désir de vérité, de sincérité et d’un désir de “re-connaissance”.

 

Cela nécessite d’être encore en lien pour pouvoir s’asseoir autour d’une table chez le médiateur familial (le médiateur peut envoyer un courrier pour inviter d’autres membres de la fratrie à participer quand il est sollicité par un membre de cette fratrie). Et d’être en capacité de bouger, d’accepter les changements inhérents au fait que votre famille ne sera plus jamais la même.

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Les signes que vous traversez une vraie « Crise de Couple »

Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair. Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce.

John M. Gottman est l’auteur du livre Les couples heureux ont leurs secrets (aux Éditions Pocket). C’est un psychologue qui travaille depuis 1972 sur les couples. Son livre est passionnant.

 

Dans ce livre, et à travers toutes les études qu’il cite (américaines, bien sûr), il indique par exemple que « dans 80% des cas, les divorcés estiment que leur mariage a échoué parce que leur partenaire, en s’éloignant progressivement d’eux, a détruit leur complicité. Ou encore, parce qu’ils ne se sentaient plus aimés ni appréciés. Seuls 20 à 27% des couples citaient l’infidélité comme une cause même partielle de divorce ».

 

Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce. Ce chapitre (c’est au début du livre) nous a bien entendu interpellé. Voici ce qu’il décrit.

 

Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair.

 

Premier Cavalier : la critique

 

On ne parle pas ici d’un reproche ponctuel, sur un fait précis et circonscrit. On parle d’une critique énoncée sur la personnalité de l’autre, une critique qui généralise. Par exemple :

            - « Tu m’as laissé la voiture avec un réservoir vide. On a été en retard à l’école » , qui est un reproche et témoigne d’une certaine tristesse ou d’une certaine colère, selon le ton utilisé (reproche).

Et –«  C’est incroyable. Tu le fais exprès ! Tu ne peux jamais faire le plein de cette voiture. C’est toujours moi qui m’y colle. Quand vas-tu une fois te bouger pour aller à la Station-Service. C’est quand même pas compliqué ! Ce n’est pas surhumain ce que je te demande ? ». (critique).

 

La critique constante conduit directement au

 

Deuxième Cavalier : le mépris

 

Quand la critique s’accompagne de sarcasmes, de ricanements, de cynisme, de moqueries, de paroles humiliantes, de gestes d’exaspération et/ou de dégoût, le conflit risque de s’aggraver.

 

Le mépris s’accompagne en général de ruminations et de sentiments très négatifs. Il rend difficile les tentatives de rapprochement.

 

Troisième Cavalier : l’attitude défensive

 

Gottman dit que ses études montre que l’approche consistant à essayer de se défendre face aux critiques ne sert à rien. Cela nourrit le conflit. Cela alimente  les escalades verbales. Et en général, celui qui formule ses critiques reste sur ses positions.

 

Quatrième Cavalier : la dérobade

 

Malheureusement face aux critiques, au mépris et aux disputes, il est fréquent que l’un des deux membres du couple « laisse tomber », lâche l’affaire. Il se lève, abandonne la discussion et quitte la table ou la pièce. Il ou elle voyage de plus en plus, rentre de plus en plus tard de son travail. Il arrive même qu’il ou elle joue l’indifférence. Qu’il ne fasse même plus semblant d’écouter, même quand la conversation est relativement calme et neutre. Il ne peut plus faire face à tant de négativité et il se protège « passivement ». Certains (certaines) sont dans un tel état de choc, qu’ils se désinvestissent totalement de la relation. Pour ne plus souffrir. A ce stade, quand les autres cavaliers sont déjà passés, la séparation est généralement inéluctable. Et Gottman nous apprend que dans 80% des couples, c’est le mari qui se dérobe.

 

J’espère que cet article ne vous aura pas trop déprimé. Il a le mérite de montrer, une fois de plus, qu’il faut beaucoup de détermination, de courage, de capacité à écouter un point de vue différent, de supporter une façon de faire différente, pour être longtemps heureux en couple. Pour contrer dès qu’il se profile le premier Cavalier, la critique, et ne pas laisser les conflits évoluer dramatiquement vers des situations difficiles à corriger. C’est tout l’intérêt d’aller discuter avec un tiers et de chercher de l’aide à l’extérieur pour opérer quelques changements. Car Gottman parle aussi des secrets des couples qui durent….et des “sept lois de la réussite” de ces couples (qui durent). A suivre….(nous en reparlerons).

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Qui aime-t’-on vraiment quand on aime ? L’autre ?

Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble. Ou que nous aimions dans l’autre ce que nous aimerions être, montrer au monde. Notre meilleure partie. Certains vont même jusqu’à dire que nous aimerions dans l’autre nos pires défauts, ceux que nous ne voulons pas montrer, ce qui nous permet de les « maintenir » à l’extérieur et de rejeter les critiques sur l’autre, alors que c’est cette part de nous-mêmes que nous détestons. Compliqué, mais bon à savoir.

« Je suis Toi, et Tu es moi ; en T’adorant je m’adore moi-même et en m’adorant c’est Toi que j’adore ».

Toute la question posée par ces mots tient dans un mot : Moi. Suis-je engagé(e) dans un amour égoïste ? L’amour de moi ? Ou l’égoïsme a-t’-il disparu ? et l’Amant et l’Aimé ne font ils qu’un ?

 

Personne ne peut prétendre répondre à cette question pour l’autre. Mais nous devons tous nous y arrêter. En essayant d’être honnête. 

Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble

Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble. Ou que nous aimions dans l’autre ce que nous aimerions être, montrer au monde. Notre meilleure partie. Certains vont même jusqu’à dire que nous aimerions dans l’autre nos pires défauts, ceux que nous ne voulons pas montrer, ce qui nous permet de les « maintenir » à l’extérieur et de rejeter les critiques sur l’autre, alors que c’est cette part de nous-mêmes que nous détestons. Compliqué, mais bon à savoir.

Nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est

Les signes d’alerte sont assez simples : « nous ne nous disputons jamais » ou « nous nous disputons tout le temps », sont les deux faces du même phénomène. Nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est. Nous ne voyons que ce que nous voulons voir. Car il est quasiment impossible de vivre auprès de quelqu’un et de ne jamais être en désaccord. Ou de vivre avec quelqu’un et de ne jamais être d’accord avec lui ou elle.

 

Avant de parler d’unions parfaite, il est bon de s’arrêter sur cette question. Elle devrait nous conduire à mieux écouter, regarder et accepter l’autre. Tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons.

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Comment être plus “aimable” pour son conjoint ?

Il arrive que nous nous sentions “coupables”, que nous soyons systématiquement dans l’inconfort quand nous parlons à notre conjoint. Nous sommes parfaitement sereins avec nos amis, mais pas dans notre couple. Plutôt que de chercher des explications compliquées, il ya une méthode très simple pour sortir de ce cercle vicieux.

Vous êtes plein(e) de bonne volonté. Vous aimez votre conjoint(e). Et pourtant, une petite musique chante en vous vous dites que vous pourriez mieux faire. Vous avez régulièrement l’impression que ce n’était pas comme cela qu’il fallait agir, que vous n’auriez pas du dire cela, et vous vous sentez coupable.

1ère étape : regarder les faits

Rien que les faits. Sans les interpréter avec ce prisme de culpabilité. Est-ce vraiment si grave. Si ce n’était pas vous, pas votre conjoint, et que vous regardiez la scène dans une série, est-ce que vous trouveriez cela si choquant ?

2 ème étape : Faites un point sur ce qui vous fait du bien à vous 

Avant de penser à votre relation. Est-ce que vous dormez assez ? Est-ce que vous vous respectez ? Est-ce que vous faites ce que vous aimez par exemple, ou est-ce que vous faites tout le temps les choses « pour faire plaisir » ? Est-ce que vous avez un projet à vous, rien qu’à vous ? Cela va de : lire le dernier Prix Goncourt ? Passer du temps au téléphone avec votre meilleure amie, à qui vous n’avez pas parlé depuis des semaines ou des mois ? Prendre un bain au lieu de courir sous des douches de trois minutes. Pourquoi ? Parce quelqu’un qui respecte son rythme et ses envies va bien. Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est une sorte d’hygiène de vie qui facilite la vie avec les autres. Quelqu’un qui va bien respecte les autres, leur offre de la bienveillance. Et la bienveillance est la clé de tout.

3 ème étape : Garder en tête que rien n’est grave

(pardon! rien n’est « toujours » grave. Il y a des évènements graves, bien sûr). Si vous arrivez à garder un peu d’humour, à ne pas vous jeter tout de suite sur une « réaction » à ce que l’autre vient de vous dire, votre vie sera tellement plus légère. C’est exactement comme cela que nous vivons les premiers moments dans un couple. Souvenez-vous. Quand vous veniez de vous rencontrer, vous riiez beaucoup. Si vous arrivez à garder cette joie, cette gaité, vous ne serez plus touchés par la culpabilité. Puisque “ce n’est pas très grave”.

 

En résumé, plutôt que de s’encombrer avec des pensées coupables sur ce qui vient de se passer, demandez-vous pourquoi vous avez réagi comme cela. Et qu’est-ce que l’autre voulait dire, réellement ? Cela s’appelle « écouter ses besoins ». Et c’est la clé de la vie en couple.

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Médiation Familiale, Thérapie de Couple, quelle est la différence ? Comment les distinguer ?

La Médiation Familiale et la Thérapie de Couple sont des démarches très différentes, même si elles peuvent avoir quelques points communs.

La Médiation Familiale et la Thérapie de Couple sont des démarches très différentes, même si elles peuvent avoir quelques points communs.

La Médiation Familiale est une démarche qui vise à résoudre les conflits.

C’est une méthode qui a d’abord été introduite au Canada, avec des résultats spectaculaires. En séance de médiation, on est focalisé sur le présent et sur la recherche de solutions très concrètes : le médiateur est un tiers neutre qui n’a aucun parti pris, ni pour l’un, ni pour l’autre (on parle d’impartialité au sens où il ne défend aucune des parties, contrairement à un avocat, qui défend l’intérêt de son « client »). Le médiateur n’est pas là pour juger si une demande est plus légitime qu’une autre : le médiateur vous aide à trouver la meilleure solution pour VOUS et pour votre famille. La Médiation Familiale croit en votre compétence pour trouver la meilleure solution qui conviendra à votre vie future et à celle de vos enfants. Les discussions sont confidentielles. En médiation vous êtes donc en terrain neutre pour fixer ensemble les réponses à des questions qui provoquent des conflits entre vous, avec l’aide du médiateur, qui est formé pour conduire ces entretiens.

 

En thérapie, on va naviguer entre le passé, le présent et le futur.

En thérapie, on cherche à comprendre, on interroge les causalités

On décortique (un peu !) les systèmes de relation. Le but étant de provoquer un changement pour adoucir vos difficultés. Un changement qui résulte de votre compréhension de ce qui se passe dans votre couple ou dans votre famille. Là aussi, c’est parce que vous avez cette compétence à vous comprendre que vous allez trouver la solution à votre problème. Un thérapeute ou un coach (comme un médiateur familial) n’ont pas de pouvoirs magiques. C’est vous qui allez évoluer grâce à la compréhension de vos émotions, de vos réactions et de vos comportements. En présence d’un tiers et avec votre conjoint-e. Une thérapie de couple aide à reformuler auprès de l’autre et à entendre de l’autre quelles sont vos attentes, vos valeurs mais surtout, vos réactions émotionnelles (qu’est-ce qui vous touche et pourquoi cela vous touche autant) et vos ressentis. En général, on y trouve des solutions très simples à des problèmes qui avaient l’air compliqués. En toute sécurité car vous êtes accompagnés par un tiers formé pour accompagner vos discussions.

 

Il reste deux points communs à ces deux démarches : la médiation comme la thérapie impliquent de se retrouver ensemble dans un même lieu (sauf quand on est en visio, bien sûr), dans une relative intimité puisqu’il y a peu de personnes en présence. Et elles passent toutes les deux (la médiation et la thérapie), par la parole, par le langage. C’est le langage qui construit quelque chose de nouveau (idéalement, de la confiance). Dans tous les cas, vous êtes indépendants et libres : c’est vous qui trouvez vos solutions. Personne n’est là pour vous dire quoi penser et comment agir.

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Comment être de « bons parents » ?

Cette question est un peu absurde car elle signifierait qu’il y a une norme du « bon parent ». Mais c’est malheureusement souvent comme cela que les pères et les mères, voire les grands-parents, abordent la question.

Cette question est un peu absurde car elle signifierait qu’il y a une norme du « bon parent ». Mais c’est malheureusement souvent comme cela que les pères et les mères, voire les grands-parents, abordent la question.

 

Pour commencer, il y a autant de « bons parents » que de parents. Les anthropologues ont trouvé des dizaines de formules familiales dans le monde et dans l’histoire. Il faut donc se rappeler que dans le monde occidental, la norme est aujourd’hui qu’une famille est « nucléaire », c’est-à-dire constituée d’un père, d’une mère, et d’enfants. Mais cela n’a pas toujours été comme cela et ce n’est encore pas comme cela partout. De plus, c’est en train d’évoluer à toute vitesse. Donc ne vous inquiétez pas, rien n’est « normal » ou « anormal ». C’est « votre » famille.

 

Il reste que certains enfants réagissent mal à certaines situations (je ne parle pas de situations de violence ou de pathologies psychiatriques graves, bien sûr. Celles-ci relèvent de la médecine et de la justice. Ces enfants doivent être protégés en urgence et pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance). Ils s’isolent : ils refusent de communiquer et s’enferment au choix dans les jeux vidéos ou (osons le dire), la cigarette ou le cannabis. Ils sont tristes, irritables ou agressifs. Ils refusent les changements d’organisation du quotidien que vous leur proposez. Ils peuvent avoir peur de l’avenir. Ils peuvent avoir des difficultés pour s’endormir, voire ne plus avoir envie de dormir.

 

Vous êtes désemparés et vous vous disputez entre vous sur la «bonne » réaction. On a entendu des pères secouer leurs enfants et leur demander un peu fermement de s’habiller et de sortir pour partir à l’école. Quand certaines mères auraient été tentées d’attendre que cela passe…Là encore, si seulement l’un des deux avait raison, et l’autre tort, ce serait plus simple.

Le site www.clepsy.fr est une mine d’informations pour les parents qui cherchent des conseils

Je ne vais pas vous offrir ici un manuel de recettes et de psychologie car il existe : l’Hôpital Robert Debré et ses merveilleuses équipes ont ouvert un site : www.clepsy.fr vraiment bien fait. Vous y trouverez des fiches pratiques sur tous les sujets. Au-delà de leur contenu, vraiment très pédagogique et pratique, cela vous donnera l’occasion de discuter avec votre conjoint, calmement, et autour de propositions validées par des psy expérimentés.

 

Ma préférée, car elle convient aussi parfaitement aux adultes, c’est celle qui propose des « outils pour s’apaiser » aux enfants: https://www.clepsy.fr/quelques-idees-pour-sapaiser-un-outil-pratique-a-destination-des-enfants-et-des-adultes-qui-les-accompagnent/

 

Partagez les avec les grands-parents de vos enfants. Elles feront du bien à tout le monde.

Il existe aussi en Angleterre un programme extraordinaire de soutien à la parentalité, qui existe depuis plus de trente-cinq ans : le Positive Parenting Program (Triple P). Qui est traduit en français sur des sites canadiens (https://cbpp-pcpe.phac-aspc.gc.ca/fr/interventions/triple-p-positive-parenting-program/ ).

Les cinq pistes qui fonctionnent pour presque tous les parents et pour presque tous les enfants

En résumé, ils indiquent cinq pistes autour des quelles vous pouvez travailler en tant que parents :

- Donner, redonner, en permanence, de la sécurité à vos enfants. C’est le besoin fondamental de l’enfance : de la sécurité.

- Créer un environnement d’apprentissage positif

- Donner un cadre, une « discipline » stable

- Avoir des attentes réalistes

- Prendre soin de soi en tant que parents

 

Sur ce dernier point, que vous soyez des parents séparés ou qui vivez ensemble, votre enfant a besoin que vous vous souteniez mutuellement et que vous communiquiez. Si vous n’y arrivez pas, allez voir un médiateur familial ou faites vous aider. Votre enfant n’est pas en capacité de l’exprimer, mais c’est un pilier fondamental de sa santé.

 

 

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Médiation Familiale, Séparation Isabelle Jordan Médiation Familiale, Séparation Isabelle Jordan

Couples: comment faire quand on n’est pas d’accord avec son partenaire?

A quelle conception du monde cela nous renvoie ? Comment se sent-on quand notre partenaire nous dit Non, voir, se détourne de nous, s’éloigne ? Qu’est-ce que cela réveille en moi ? Le conflit est inhérent à la relation, donc au couple. Cela peut même permettre à la relation de progresser. Cela participe d’un « réglage » : nous ne sommes pas d’accord mais nous nous expliquons sur cette divergence. Nous partageons nos points de vue, nous échangeons, nous précisons nos croyances, nos visions du monde, nos opinions.

A quelle conception du monde cela nous renvoie ? Comment se sent-on quand notre partenaire nous dit “Non”, voir, se détourne de nous, s’éloigne ? Qu’est-ce que cela réveille en moi ?

Le conflit est inhérent à la relation, donc au couple. Cela peut même permettre à la relation de progresser. Cela participe d’un « réglage » : nous ne sommes pas d’accord mais nous nous expliquons sur cette divergence. Nous partageons nos points de vue, nous échangeons, nous précisons nos croyances, nos visions du monde, nos opinions. Et nous avançons.

Accepter d’affronter la différence, c’est accepter d’être en relation. 

Ce n’est pas la différence qui est un problème, c’est la façon dont nous la gérons. Si nous avons l’impression d’être écrasé par la parole de l’autre, il n’y a pas d’échange. Si nous décidons de nous taire, de nous retirer de la discussion, il n’y a pas d’échange non plus. Accepter d’affronter la différence, c’est accepter d’être en relation. 

C’est souvent difficile. En particulier sur des sujets qui touchent à nos valeurs. L’éducation de nos enfants par exemple. Car toucher à nos valeurs, c’est toucher à notre identité et à l’idée que l’on se fait de notre partenaire : je l’aime, il m’aime, donc nous sommes forcément « pareils ». Le désaccord nous éloigne, il nous fait sortir de la fusion. Si nous sommes fusionnels (si notre conception du couple est que nous devons nous fondre l’un dans l’autre), c’est insupportable.

La seule façon de dépasser ces désaccords, avant qu’ils ne deviennent vraiment destructeurs, c’est d’essayer de changer de point de vue. D’écouter le besoin de l’autre, ses motivations, son histoire, tout ce qui peut permettre de se rapprocher de lui. Et de tirer le fil de ce qui est commun. On peut être totalement en désaccord sur la façon de gérer un adolescent par exemple, mais se retrouver sur l’inquiétude de veiller sur sa sécurité par exemple.

Ne pas être d’accord sur tout n’est pas un signe annonciateur de l’échec d’une relation ou d’un couple

En résumé, dans un couple, ne pas être d’accord sur tout n’est pas un signe annonciateur de l’échec d’une relation. Vous pouvez dire à vos enfants que ce n’est pas parce que vous criez que votre relation est en danger. Mais un désaccord est exigeant et vient modifier notre rapport à l’autre. Il est urgent de s’en occuper, tout en respectant les limites de chacun, avec patience et bienveillance. A l’inverse, faire comme si de rien n’était, les “cacher sous le tapis”, fait courir le risque d’une dangereuse accumulation. Ce ne sont pas les désaccords qui sont délétères pour le couple, c’est leur accumulation.

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