Médiation (Couples ou Familles) : comment notre récit nous enferme et nous empêche de sortir d’un conflit ?
Si l’on reste fixé.e sur son récit, la médiation n’est pas possible. Si l’on ne peut pas entendre que l’histoire ne s’est pas tout à fait passée comme cela, on reste « coincé.e » dans cette vision et cette représentation, sans jamais rejoindre celle de l’autre. Et le conflit perdure. Tout est alors bloqué par le récit.
Le récit, c’est l’histoire que nous nous racontons et que nous racontons à nos proches. Mais ce récit est-il bien le reflet de ce qui nous arrive ? Et si nous nous trompions ? Et si la réalité était (très) différente de ce récit ? Ce récit fait alors écran entre nous et cette « réalité ». Il nous enferme et nous empêche de sortir des rôles que ce récit a dessinés. Empêchant toute sortie du conflit. Comment faire avec ce récit ? Mon récit, le récit de l’autre, et tout ce que nous avons envie de nous raconter pour justifier que nous avons bien « raison ». Comment le processus de médiation peut (ou non) nous permettre de dépasser ces récits pour sortir d’un conflit?
Le récit enferme mais il soutient notre identité
Le récit fige notre histoire. Il répète indéfiniment le même point de vue. Le récit, comme notre mémoire, sont essentiels car c’est avec eux que nous définissons notre identité. Souvenez-vous des films dans lesquels les héros sont amnésiques. Ils perdent leur identité. Ils ne savent plus qui ils sont.
Modifier notre récit peut nous ouvrir à la compréhension de l’autre
Au contraire, regarder ce qui s’est passé, enquêter, interroger, écouter, être traversé par la parole de l’autre, déplace le regard.
Comment cela a commencé, quels ont été les moments importants, les glissements, les ruptures, les drames, les accidents, les joies, les victoires, les célébrations ? Avons-nous retenu les mêmes moments dans le déroulé de notre histoire ? Car l’histoire est toujours différente selon le personnage qui la raconte, alors même que l’évènement raconté a été vécu par les mêmes personnes. Le Quator d’Alexandrie, le roman de Lawrence Durell, raconte la même histoire, du point de vue de quatre personnages différents. Et ce n’est clairement pas le même récit.
La médiation cherche à déplacer les points de vue
La médiation permet précisément les déplacements de point de vue. L’idée est de se mettre « un peu », ou plus intensivement, « à la place de l’autre ». Ce qui change nécessairement le récit. L’histoire bouge et nous pouvons reprendre notre place, nos responsabilités.
Si l’on reste fixé.e sur son récit, la médiation n’est pas possible. Si l’on ne peut pas entendre que l’histoire ne s’est pas tout à fait passée comme cela, on reste « coincé.e » dans cette vision et cette représentation, sans jamais rejoindre celle de l’autre. Et le conflit perdure. Tout est alors bloqué par le récit.
Le récit est donc à la fois ce qui nous structure et nous permet de « tenir » debout. Et ce qui peut alimenter la violence de nos conflits. Violence contre l’autre. Mais aussi violence contre nous-mêmes car notre déni nous enferme et nous empêche la délivrance, la sortie du conflit. La médiation ne fait pas de miracle : le processus s’appuie sur chacun des acteurs du conflit, en essayant de créer du mouvement. Réactualiser nos récits est l’une des étapes les plus difficiles et les plus libératrices d’un processus de médiation.
Couples-Médiation : A quoi sert vraiment une médiation lors d’une séparation?
Une séparation, un divorce, nécessitent des prises de décisions rationnelles (concernant entre autres les enfants si l’on en a, l’argent, le patrimoine, etc). Mais une séparation s’accompagne aussi de perturbations émotionnelles parfois puissantes. On parle même de « pics de tension émotionnelle »
Une séparation, un divorce, nécessitent des prises de décisions rationnelles (concernant entre autres les enfants si l’on en a, l’argent, le patrimoine, etc). Mais une séparation s’accompagne aussi de perturbations émotionnelles parfois puissantes. On parle même de « pics de tension émotionnelle » lors de l’annonce de la séparation, lors de la séparation physique, quand l’autre conjoint s’installe avec quelqu’un d’autre, quand les enfants vivent des évènements importants (ils sont diplômés, ils se marient,…).
Si les conflits sont violents, on rumine, on est anxieux, et parfois, on est tellement sidéré.e que l’on n’arrive même plus à travailler.
Une médiation permet de traiter avec l’aide d’un tiers ces deux aspects : ce qui est rationnel et qui relève de solutions accessibles, que l’on va essayer de définir. Et ce qui est émotionnel et qui relève d’erreurs d’interprétations, ou d’un sentiment de ne pouvoir agir sur la situation, qui nous plongent alternativement dans la colère ou dans la tristesse.
Séparation : les décisions rationnelles
Les décisions rationnelles : en médiation, il ne s’agit pas de défendre ses intérêts (ce que fera très bien un avocat), mais de faire entendre à l’autre pourquoi on a telle ou telle demande, pourquoi on est tellement « accroché.e » à une solution plutôt qu’à une autre. Progressivement, on va pouvoir dessiner des modes d’organisation, des solutions financières, qui sont celles qui nous conviennent le mieux. Ce n’est pas de la négociation, c’est plus subtile. Avec l’aide du médiateur, vous arrivez à déplacer votre point de vue et même parfois, à vous mettre à la place de l’autre. Et ce n’est pas rien.
Séparation : les conséquences émotionnelles
Quant au processus émotionnel, il s’agit de respecter le fait que vous n’en êtes pas forcément au même stade. L’un.e a par exemple mûrement réfléchi, imaginé la séparation depuis des semaines ou des mois. Pendant que l’autre vient de recevoir la nouvelle et n’a parfois rien vu venir. Les états émotionnels de l’un et de l’autre sont différents. Il ne s’agit pas de faire « l’autopsie » du couple. Il s’agit de s’occuper de l’état émotionnel de chacun : comment gérer cette tristesse ? Comment vivre sans le soutien de l’autre ? Comment accepter que nos enfants prennent parti pour l’un.e, contre l’autre ? Peut-on regarder ce qui se passe pour nous sans accuser l’autre ?
Traiter des émotions revient à élaborer (pouvoir regarder, puis dessiner) la séparation émotionnelle, le processus psychique qui va permettre de s’éloigner de l’autre.
Reconstruire notre identité
Nous ne sommes plus les mêmes qu’avant notre rencontre. Nous nous sommes construits un nouveau « Moi » dans cette relation. Quelqu’en soit la durée, nous avons formulé des espérances, des rêves, des projets, des attentes, ensemble. Que nous avons perdus. Qui sommes-nous aujourd’hui, sans l’autre?
Il nous faut calmer nos peurs, notre douleur, notre colère, notre culpabilité, notre honte pour pouvoir nous regarder et redevenir « autonome ». Passer du « nous » au « je ».
Une séparation est traversée comme une perte, et, nous l’avons déjà dit (https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ), comme un deuil. Deuil d’autant plus difficile que cette perte résulte d’une décision et que l’autre n’est pas mort.
Il est malheureusement indispensable de regarder ces peurs, ces douleurs, cette colère, cette culpabilité et cette honte pour les adoucir. Vous avez peur de quoi ? Est-ce que cette peur résonne sur une peur beaucoup plus ancienne ? Si oui, laquelle ? Allez regarder.
Résultat
Quand le processus de médiation peut se réaliser, notre vision change. Notre monde intérieur, nos croyances ne pourront plus jamais être les mêmes. Notre rapport au monde non plus. …
A la fin du processus de médiation, si l’on arrive à s’accorder sur les conséquences de notre séparation, on y gagne :
- la fin de nos ruminations, et donc des journées plus paisibles et des nuits reposantes.
- de la sécurité car on peut enfin se projeter dans le futur avec des certitudes. On sait ce qui va se passer. Comment cela va se passer. On n’est plus dans l’attente d’un dénouement et de ses décisions corolaires.
- de la disponibilité car on n’est plus obsédé.e par notre conflit.
- de la liberté car on n’est plus dépendant.e de l’autre (le conflit alimente une sorte de dépendance à l’autre). C’est une légèreté nouvelle. Plus jamais on a le cœur qui s’accélère parce que l’on reçoit un mail, de l’autre (ou de votre avocat).
- de l’espace car progressivement, on pense un peu moins à l’autre.
La fin d’un conflit ouvre une période de re-pos et ce que l’on dit moins souvent, on retrouve aussi de la joie (oui de la joie !). C’est tout ce que l’on peut souhaiter.
Couple : après une séparation, comment donner du sens à cette rupture ?
Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.
Il arrive que l’on mette très longtemps « à s’en remettre ». L’expression française est magnifique[1] . « S’en remettre » : comme si pour digérer une séparation, il fallait s’abandonner, renoncer à comprendre, lâcher prise. Mais comment faire ? On aimerait donner du sens à une rupture, transformer cet évènement pour en faire quelque chose (le fameux « pourquoi ? »). Pour arrêter de ruminer, pour guérir de nos regrets, pour vivre à nouveau comme avant ? Comment passer à autre chose et en sortir peut-être plus proche de ce que nous sommes ?
Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. ( Nous vous avons déjà proposé deux articles sur ce sujet, qui viendront compléter celui-ci si cela vous concerne https://www.mediations-paris.fr/blog/couples-comment-se-remettre-dune-rupture-dun-divorce-ou-dun-chagrin-damour et https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ). Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer un peu plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.
1. Allez d’abord chercher les besoins qui étaient satisfaits dans cette relation : essayez de vous souvenir du début de cette histoire d’amour. Qu’est-ce qui vous a attiré ? Vous êtes tombée.e amoureux.se de quoi ? Vous aviez l’impression que vos attentes étaient remplies ? Vous vous sentiez ?....( reconnu.e, soutenu.e, fort.e, courageux.se, accepté.e, en paix, en sécurité, ….etc. A vous de compléter. Ne vous arrêtez pas si vous avez encore des idées qui arrivent. Prenez tout votre temps pour regarder).
2. A contrario, essayez de faire la liste de tout ce qui n’allait pas. Qu’est-ce que cela provoquait en vous ? (de la colère, de la tristesse, de la peur, …. ?). Qu’est-ce que cela provoque en vous maintenant, quand vous y repensez ?
3. Regardez bien ces frustrations ? Ces besoins non satisfaits ? Ces attentes refoulées ? Depuis combien de temps sont-elles là ? Est-ce qu’elles datent vraiment de cette dernière rupture ? Ou est-ce qu’elles étaient là bien avant?
4. Qu’est-ce qui dans l’attitude de votre amoureux.se (avant la séparation) vous a fait le plus souffrir ? Essayez de mettre des mots sur ce qui vous faisait tellement mal (son mépris ? son absence ? son silence ? sa distance ? ses contrôles ? ses demandes ? ses critiques ? ....)
5. Pour transformer tout cela, essayez d’imaginer un symbole. Essayez de le dessiner. Un symbole qui pourrait représenter ces besoins qui n’ont pas été comblés (un personnage- adulte ou enfant-, un animal, une forme, ce que vous voulez. Ne réfléchissez pas trop, attrapez la première image qui se propose). Un peu comme dans un « rêve éveillé ».
6. Aujourd’hui comment pourriez-vous vous occuper vous-mêmes des besoins que vous avez identifiés ?
7. Regardez tranquillement le symbole que vous avez choisi. Il vous donnera peut-être des indications. Y-a-t’-il des demandes précises que vous voudriez formuler à d’autres personnes que votre ex ? (à votre patron, à vos collègues de travail, à vos enfants, à vos frères et sœurs, à vos parents ?). Y a-t-il quelque chose que vous voudriez définitivement changer dans votre vie ?
Ces réflexions ne sont pas simples mais elles ouvrent réellement une nouvelle compréhension de cette histoire de couple passée. Mais aussi, de ce que nous pouvons en faire ici et maintenant. Souvent, en arrivant à la dernière question, on se dit « Plus jamais cela ! C’est fini ». Vous pourrez regarder cette rupture différemment. Vous la subirez moins car vous comprendrez progressivement qu’elle vous a peut-être rendu un énorme service. Celui d’écouter (enfin !) et de formuler vos besoins, pour qu’ils soient entendus. En décalant votre regard, vous transformerez cette séparation et cette rupture ouvrira peut-être une période beaucoup plus heureuse. Après cette séparation, vous vous connaissez mieux et vous connaissez mieux vos besoins et vos limites. Ce n’est pas rien, même si le prix à payer vous a paru très élevé (et que vous vous en seriez bien passé) !
[1] (en anglais, c’est une autre idée : « to recover », comme si il fallait mettre une couverture par-dessus ?).
Médiation : comment discuter (négocier) avec des personnes difficiles ?
Dans un conflit, on est aussi une personne difficile pour l’autre. Puisque l’on n’est pas du même avis. Mais tout est une question de dose. Quels sont les indices qui permettent d’identifier que vous êtes en face d’une « personne difficile » ? Comment peut-on discuter avec quelqu’un comme cela ? Comment peut-on même imaginer de négocier quelque chose avec une telle personne ?
Parfois, malgré toute notre bonne volonté, nous sommes pris dans un conflit avec l’impression que tout est de la faute de l’autre. Que nous n’avons jamais rencontré quelqu’un d’aussi désagréable : manipulateur.trice, tétu.e, arrogant.e, qui cherche la bagarre, qui cherche à écraser les autres, qui veut toujours avoir raison…et, cerise sur le gâteau, qui n’écoute et qui n’entend rien. Sans oublier la qualification suprême, la palme d’or : « c’est un.e pervers.e narcissique ».
Comment peut-on discuter avec quelqu’un comme cela ? Comment peut-on même imaginer de négocier quelque chose avec une telle personne ? Je vais essayer de vous donner quelques pistes, même si parfois, la meilleure stratégie consiste à laisser tomber (spoiler !).
Première étape : identifier à qui vous avez à faire
Dans un conflit, on est aussi une personne difficile pour l’autre. Puisque l’on n’est pas du même avis. Mais tout est une question de dose. Quels sont les indices qui permettent d’identifier que vous êtes en face d’une « personne difficile » ?
- Aucune coopération n’est possible. Il n’y a jamais aucun sujet sur lequel le conflit diminue. La porte est complètement fermée. Vous avez tous les torts. Point. Et c’est parfois très argumenté, au nom d’une vérité intangible soutenue par une autorité intouchable.
- Cette personne manifeste clairement qu’elle ne vous donnera pas ce que vous lui demandez. C’est un vrai refus, total, sans aucune nuance ni réserve. Point.
- Vous estimez que les propositions de cette personne sont insultantes pour vous.
- Il y a un décalage important entre votre état émotionnel et l’état rationnel apparent de la personne avec laquelle vous tentez de discuter.
- Cette personne est totalement imprévisible.
- Il se peut que cette personne soit violente : qu’il ou elle crie, qu’il ou elle essaie de vous forcer à faire quelque chose, voir, on ne vous le souhaite pas, s’en prenne à vous physiquement.
- Vous en arrivez à vous demander si vos pensées, vos demandes, vos arguments sont fondés ou pas. Vous doutez de votre propre raison. Cela vous plonge dans la rage ou la tristesse.
Chacune de ces sept propositions est un « avertissement », une zone d’alerte qui vous permet probablement de dire que vous êtes face à une personne difficile. Mais tout n’est pas perdu. Il existe quelques pistes pour tenter de discuter, voir, de négocier.
Deuxième étape : adapter votre approche, discuter en vous accrochant très précisément à vos « points de prise ».
Avec une « personne difficile », commencez par diminuer l’intensité de votre état émotionnel et considérez que vous allez escalader une falaise. Il va vous falloir suivre une voie bien précise et rester concentré.e. Une respiration calme et un ton de voix calme diminuera mécaniquement l’excitation (intellectuelle ou physique) de l’autre. Il ou elle aura moins peur, ou sera moins en colère face à quelqu’un qui a lui-même calmé sa peur et sa colère. C’est un effet miroir (bien connu). (Alors que la phrase « calmez-vous » les rendra encore plus agressif puisque c’est une demande, une emprise sur leur débordement, une limite insupportable).
- Il vous faut d’abord l’écouter. L’écouter activement, sans reformuler (Cela ne sert à rien. Il ou elle ne s’entend pas). Écoutez-le ou écoutez-la jusqu’à ce qu’il ou elle ait terminé. Vous n’imaginez pas l’effet que cette séquence aura sur vous.
- Si vous arrivez à en placer une, donnez-lui de l’importance. Accentuez tout ce que vous pouvez pour lui donner l’impression que c’est lui ou que c’est elle qui est important. N’oubliez jamais qu’une personne difficile est quelqu’un qui au fond a une très mauvaise image de soi-même (c’est scientifique). Vous pouvez ici vous risquer à la « reformulation » ( de ses propos) si vous pensez que cela nourrit son impression que vous le ou la comprenez.
- En cas de mauvaise foi avérée, d’affirmations choquantes, voir absurdes, revenez à une sorte d’introspection, de question : « Comment cette demande (que vous faites) peut-être reçue ? » (question que vous posez à la personne difficile). « Quel impact cette affirmation peut-elle avoir sur cette médiation- ou sur cette négociation ? ». « Dites m’en un peu plus : qu’en pensez-vous, au fond de vous ? ». Ceci est une tentative pour aller chercher ce qu’il peut y avoir de positif, de « raisonné », dans cette personne-difficile.
- Ce que je pratique personnellement, aussi, c’est de formuler une proposition aussi absurde. Je dis absolument n’importe quoi. Et tout le monde se retrouve enfermé dans la même bulle. Plus personne ne contrôle rien. La personne difficile peut alors parfois perdre pied.
- Enfin, si rien ne fonctionne, il faut accepter de laisser tomber, de s’arrêter. Accepter qu’aucune discussion n’est possible. Que vous avez essayé, mais qu’il n’y aura aucun accord, pour l’instant. Et peut-être, sortir d’un tête à tête et vous adjoindre d’autres personnes pour reprendre la discussion plus tard. En évitant à tous prix de lui faire perdre la face. Il faut lui laisser l’impression qu’il a gagné toutes les victoires car dans le cas contraire, il est fort probable que la revanche se jouera très prochainement.
Quoiqu’il arrive pendant cette discussion, si vous arrivez à rester calme et à garder fermement vos positions, essayez toujours de comprendre son point de vue (ce n’est pas facile, je sais !). Vous arriverez peut-être à préparer pour la prochaine discussion des points sur lesquels vous pourrez répondre positivement …et une solution à laquelle il pourra difficilement dire non. En revanche, je crois qu’il est naïf d’attendre d’eux du respect et la reconnaissance de vos valeurs. Vous les trouverez ailleurs….auprès d’autres personnes, moins difficiles.
Couples: comment se remettre d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour?
On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison.
La douleur de la séparation peut être aussi forte et intense que la force avec laquelle vous vous êtes aimés. Votre cœur est brisé. Comment passer de ce chagrin à un « voyage » qui vous répare et qui vous redonne confiance en vous ? Le processus est difficile et peut prendre du temps.
Chaque personne a son propre chemin pour se guérir d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour
La recette n’est pas la même pour tout le monde. Chacun réagit comme il peut. On en voit qui se plongent immédiatement dans une autre relation (amoureuse) pour ne surtout pas traverser l’expérience de la rupture. D’autres, qui ont besoin de plusieurs années pour retrouver le goût des autres.
Donc le premier pas consiste à vous écoutez. Respectez votre rythme et vos envies. Au fonds, votre corps sait ce qu’il vous faut.
Faire quelque chose de vos émotions
Vous êtes en colère, ou terriblement triste. Ou vous alternez entre les deux. La confusion est le propre de cette période. Vous avez perdu tous vos repères. Et toutes vos croyances : on entend souvent des phrases comme « je croyais que… » ou au contraire « jamais je n’aurais cru…. ». Renverser ses croyances est une expérience très déstabilisante. Vous pouvez vous sentir « brisé » (« brisée »), fatigué (e), amer, acide, frustré (e), impuissant (e), gelé (e), …
Vos émotions sont précisément là pour vous faire bouger. Cette crise vous « bouscule » et va déboucher sur une autre vie. A condition de transformer ces émotions : parlez-en, partagez les avec vos proches. Ne restez pas seuls. C’est le moment de voir vos amis et d’aller chercher du soutien auprès des membres bienveillants de votre famille. Il y en a ! Parler de votre douleur vous aidera à nommer les choses.
Et si vous le pouvez, dessinez, écrivez, chantez, jouez de la musique…exprimez-vous ! Cela devrait vous aider à « transformer » ces douleurs.
Attention : si vous ressassez sans fin, si vous ne dormez plus, si l’angoisse vous empêche d’aller travailler, si vous avez envie de mourir, allez chercher l’aide d’un médecin (un psychiatre ou votre médecin généraliste, par exemple). Il faut parfois l’aide d’un médicament quand notre cerveau a été tellement blessé qu’il ne retrouve plus ses capacités d’adaptation « naturelle ». Une rupture est un véritable choc, pour notre « cœur » et donc pour notre cerveau. Parfois la douleur est trop forte : on ne peut pas s’en sortir tout seul.
S’accrocher au présent
Arrêtez de tourner en boucle dans votre passé. Essayez de vous plonger dans vos sensations présentes. Vous ancrer dans le présent vous permettra de sortir des limites dans lesquelles vous enferme votre expérience passée.
Tous les moyens sont bons : toute forme d’exercice physique vous ramènera dans le temps présent de votre corps. Et sans aller nécessairement méditer (ce qui est excellent ! c’est prouvé ! Car la médiation diminue l’activité du système nerveux sympathique, celui du stress et de l’action-agitation), une activité manuelle qui vous plaît vous obligera aussi à vous concentrer sur ce qui se passe ici et maintenant.
Ce sont deux pistes de joie et de réconfort très efficaces.
Vous valez quoi hors de cette ancienne relation ?
Quel que soit la durée du couple qui vient de se dissoudre, cela fait quelque temps que vous vous pensez en « nous » plutôt qu’en « je ».
Mais qui êtes-vous vraiment, hors de cette relation ?
Retrouver votre essence propre, vos qualités, vos compétences vous connectera à nouveau à l’amour, en passant d’abord par l’amour de vous-même. Quels sont vos rêves ? Vos projets ? Comment pouvez-vous les réaliser ? Comment parvenir à votre but ? Vous allez sans doute découvrir que vos capacités sont bien plus étendues que vous ne le pensiez. Vos limites vont soudain s’ouvrir. Vous allez progressivement aimer la nouvelle personne que vous êtes en train de devenir. Ce qui est le vrai premier pas vers la possibilité d’aimer quelqu’un d’autre.
On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison. Et il n’y a que vous pour sentir quand vous les passez, successivement. Un jour, vous vous réveillerez et rien n’aura plus jamais le même goût qu’avant. C’est ce que je vous souhaite.
Couple: Est-ce bien raisonnable d’envoyer des nudes?
Cet échange est intime. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message (nudes) ?
Aujourd’hui, tout passe par nos téléphones portables. Il y a peu de risque qu’un historien retrouve nos photos et nos messages dans 265 ans. Mais dans deux ans, dix ans, vingt ans ?
Nos téléphones font partie de notre intimité. Nous ne les partageons pas, ou rarement. D’ailleurs, dès que quelqu’un a quelque chose à cacher, il ou elle prend un deuxième portable, pour isoler de façon plus certaine ce qu’il veut cacher. Mais à qui appartiennent nos messages ? Nos photos ? Dont ces images parfois très intimes, comme les nudes, que nous avons envoyées dans l’euphorie d’un désir.
Si nous nous séparons
Il n’est plus question de partager des albums photos puisqu’il n’y a plus d’albums et que toutes nos photos sont dans nos téléphones ou sur le Cloud. Ce qui veut dire que nous gardons chacun une partie de l’autre. Que les traces intimes du couple nous appartiennent, et que l’on peut en faire ce que l’on veut.
Alors avant d’envoyer un nude, un message « personnel », vous êtes-vous posé cette question : cet échange est intime, fait partie de notre intimité. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message ?
Car son effacement ne sera pas « négociable ».
Les mots d’amour sont des trésors, oui, mais qui peuvent être partagés, diffusés très largement. Notre intimité moderne est très fragile, elle n’offre aucune sécurité de ce côté-là.
Alors posez vous la question avant d’envoyer vos précieux messages, ou vos photos intimes et votre nudité (nude). Quelles sont vos limites ? Que pouvez-vous échanger dans vos précieux téléphones portables ?
(d’après l’article du Monde en date du 7 Novembre, Des lettres d’amour, jamais ouvertes depuis 265 ans, dévoilent leur contenu, par Florence Rosier)
Couples, familles : pourquoi il est si difficile de préparer sa succession?
Parler de succession est souvent tabou car l’héritage est la conséquence de la mort de quelqu’un. Quand c’est celle de quelqu’un d’autre, cela va, et encore. Mais accepter de parler de sa propre mort ? Pour certains, cela fait beaucoup trop peur. Alors ils se cachent derrière des affirmations de principe. On n’en parle pas. Il n’y a pas de sujet. Il est interdit d’y penser.
Non, ce n’est pas la Série télévisée qui nous a inspirés. Et pourtant, si vous avez regardé les cinq saisons, vous avez, comme nous, pu observer combien il est difficile pour certains de préparer sa succession. Que ce soit pour un couple, entre ses deux membres, ou dans une famille, dans les transmissions inter-générationnelles, c’est parfois très compliqué. Pourquoi ?
Pour transmettre : il faut accepter l’idée de lâcher quelque chose
Il est parfois difficile de lâcher, de laisser partir.
Certains se sont battus pour monter une entreprise, ou la défendre s’ils en avaient eux-mêmes hérité. D’autres ont eu de la chance, ils ont rencontré les bonnes personnes au bon moment, ou ils ont des intuitions heureuses. Comment accepter de donner tout cela ? Même si l’on est très vieux, ce n’est parfois pas encore le moment. C’est trop tôt. Mais sera-t-on jamais prêt?
Il faut un peu de détachement, une dose de distance et accepter la notion bouddhiste de l’impermanence : « de toutes façons, cela ne peut pas durer, cela va évoluer, changer, et souvent, se terminer ».
Ou tout simplement, aimer l’autre au point de lui offrir tout ou partie de ce que nous avons. Avec ou sans limite.
Que ce soit pour son conjoint (dit survivant, ce qui est assez moche il faut bien le dire) ou pour ses enfants, le don généreux, ou l’idée du don, si c’est pour plus tard, demande courage et « lâcher-prise ». Mais quand nous donnons, nous leur laissons aussi une partie de nous-mêmes. Nous leur offrons une trace, une empreinte. Ne serait-ce que le don que nous leur avons fait. Personne n’a rien pris. C’est notre volonté seule qui aura défini l’héritage, si nous acceptons de le préparer.
Pour hériter, il faut que quelqu’un meurt
Mais la principale difficulté est ailleurs. Parler de succession est souvent tabou car l’héritage est la conséquence de la mort de quelqu’un. Quand c’est celle de quelqu’un d’autre, cela va, et encore. Mais accepter de parler de sa propre mort ? Pour certains, cela fait beaucoup trop peur.
Alors ils se cachent derrière des affirmations de principe. On n’en parle pas. Il n’y a pas de sujet. Il est interdit d’y penser. Celui qui ose risque d’être exclu.
Comme si ne pas évoquer ce qui se passera après notre mort garantissait notre immortalité.
Comme la série (Succession) en témoigne, et comme nous le montrent tous les jours les cas que nous entendons, nous ne sommes pas (encore) immortels. Nous ne saurions que conseiller à chacun d’entre nous de réfléchir et de préparer sa succession. Mieux c’est préparé, moins nos héritiers auront des raisons de se dresser les uns contre les autres. Notre plus beau cadeau, ce ne seront pas des maisons, des bijoux ou des petites cuillères (selon nos moyens), ce sera de leur permettre de rester des frères et sœurs, des demi, des quarts de frères et soeurs, qui arrivent à vivre ensemble. Sans parler des belles-mères, ou des beaux-pères, que l’on oublie si souvent quand il s’agit d’organiser une succession et qui se rappellent alors douloureusement. Rupert Murdoch a annoncé à 92 ans qu’il allait se remarier pour la cinquième fois. Il se dit que c’est sa famille qui a servi de modèle pour la série. Même si nous sommes beaucoup moins riches, je crois que nous n’avons pas vraiment envie de leur ressembler.
Couples, séparations : nous n’avons pas les mêmes valeurs?
Il est clair que la question des valeurs est au centre des relations, et du couple en particulier. L’identité parfaite n’existe pas. Mais il faut sans doute une dose de valeur commune pour s’entendre. C’est par le respect de ces valeurs que passe le respect de l’autre, tout simplement. Et c’est autour de ces valeurs que les trahisons sont les plus douloureuses.
Et alors ? La question des valeurs, des croyances, est clé dans nos relations. Nous aimons ceux qui nous ressemblent. Nous trouvons cela plus simple et plus sécurisant (nous allons voir pourquoi). A l’inverse, il est tellement difficile de communiquer avec quelqu’un qui n’est pas d’accord avec nos fondamentaux. Alors comment cela se passe dans notre couple ? Comment faire si nous n’avons pas les mêmes valeurs ?
On ne parle pas d’agacements. On parle de vraies divergences de « fonds »
Nos valeurs constituent les bases de nos « idéologies », de notre vision du monde : on parle ici de nos valeurs spirituelles, politiques, sociales. Le climat, l’avortement, le mariage gay, la PMA, la fiscalité, le bio, la santé…On ne parle pas ici de nos comportements et de nos gestes quotidiens (voir à ce propos notre article sur les agacements https://www.mediations-paris.fr/blog/quand-vous-vous-disputez-tout-le-temps-pour-des-details-des-agacements-sont-sans-doute-la-cause-de-vos-conflits-que-faire ). Souvenez-vous des débats autour de la vaccination contre le COVID par exemple.
Nos valeurs définissent nos interdits et notre définition de ce qui est « normal »
Nos valeurs, nos convictions dirigent nos choix, nos comportements, notre rapport avec notre conjoint, nos enfants et avec le monde extérieur. Elles créent des attentes et justifient notre exigence de loyauté, d’engagement, de sincérité, de fidélité…de ce que nous appellerons « honnêteté ». Avoir les mêmes valeurs est confortable. Cela nous « conforte » (justement !) dans le fait que nous avons raison et que notre vision du monde est la bonne. Cela nous rassure aussi sur la fiabilité de notre amoureux(se). Si il ou elle a les mêmes croyances que moi, je peux compter sur lui (sur elle). « Je me sens en sécurité » car je perçois sa loyauté (à mes valeurs, donc à moi). Si nous sommes fusionnels, cette convergence de valeurs rend l’autre parfait.
Que faire en cas de désaccord sur nos valeurs ?
Tout est une question de dose. Et de l’importance du sujet sur lequel porte notre désaccord.
Si c’est non négociable, si vous ne pouvez vivre avec quelqu’un qui ne partage pas « cette » valeur, vous feriez mieux de partir en courant, en espérant que vous vous en êtes aperçu après quelques jours et non pas après quelques années. Par exemple, je ne vois pas comment vous pourriez vivre avec un (ou une) radin (radine) si la générosité est pour vous une valeur essentielle. Cela va être compliqué.
En revanche, des écarts sont inévitables. Vous n’avez pas la même histoire, vous venez de familles différentes, qui ont modelé vos certitudes. Vous ne trouverez jamais quelqu’un qui a 100% de ses valeurs identiques aux vôtres.
Donc avant tout, faites le tri et posez-vous la question, quand vous vous surprenez en désaccord : est-ce essentiel, important ou peu important pour vous ?
Et si ces désaccords touchent un point important, mais non essentiel, négociable donc:
- Évitez de débattre car cela ne sert à rien. Vous resterez l’un et l’autre sur vos positions puisqu’une croyance n’est pas discutable. Vous avez tous les deux raison. Donc stop ! Tout débat est inutile. Arrêtez-vous avant de créer un conflit.
- Reconnaissez vos émotions. Où cette remise en question de vos valeurs vous touche-t’-elle ? Vous avez peur de créer de la distance avec l’autre (parce que la fusion vous rassure) ? Vous êtes effondré (e ), parce que ne pas être d’ accord avec vous, c’est ne plus vous soutenir ? Vous vous sentez rejeté (e ) ? Allez au bout de votre sensation. Regardez la, traversez la pour en faire quelque chose, et éventuellement la partager avec votre conjoint.
Car non, l’autre n’est pas fou. Nous ne le reconnaissons plus, mais il a ses bonnes raisons d’agir de cette façon.
- Accueillez l’autre dans sa différence. Respectez le. C’est ce qu’il y a de plus difficile mais c’est ici que se situe le cœur de l’expérience du couple. Vous vivez cette différence comme une trahison. Peut-être que l’acceptation de cette différence vous permettra de la dépasser.
C’est l’une des principales difficultés que nous traversons au moment d’une séparation
Car c’est le moment de la désillusion. On croyait être d’accord, en accord, sur telle ou telle valeur. Mais l’autre piétine tout ce qui est essentiel pour nous. A commencer par cette promesse que nous nous étions faite de faire couple, et peut-être d’élever nos enfants...ensemble. L’autre part, ou nous partons, et nous réalisons que nos visions n’étaient pas du tout les mêmes.
C’est là aussi une bonne raison de s’effondrer. Car ces croyances, ces valeurs (et donc ces promesses, ces engagements) sont notre structure. Ce sont les fondations sur lesquelles la personne que nous croyons être se repose. Si elles sont réduites en miette, qui sommes-nous ? Comment avons-nous pu nous tromper?
Il est clair que la question des valeurs est au centre des relations, et du couple en particulier. L’identité parfaite n’existe pas. Mais il faut sans doute une dose de valeur commune pour s’entendre. C’est par le respect de ces valeurs que passe le respect de l’autre, tout simplement. Et c’est autour de ces valeurs que les trahisons sont les plus douloureuses.
Famille recomposée et Succession : comment la Médiation Familiale peut-elle vous aider ?
…Une médiation familiale permet une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, et ce processus prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle).
Qui dit famille recomposée dit demi-frère ou demi-sœur. Et le « demi » signifie que l’on n’a pas la même mère ou le même père. Et alors ? Alors, lorsqu’un parent décède, on règle les comptes autour de l’héritage. Et si les épisodes familiaux précédents n’ont pas été « réglés », les conflits éclatent. Voici quelques pistes pour éclairer comment la Médiation Familiale peut aider à sortir d’un conflit familial lors d’une succession dans une famille « recomposée ».
Première étape de cette médiation familiale: “refaire l’histoire”
La première étape consiste à « refaire l’histoire ». Quels sont les « arbres généalogiques » des uns et des autres ? Quelle est l’histoire des demi-frères ou demi-sœurs ? Ont-ils gardé des contacts avec leurs pères ou leurs mères ? Comment s’est passé leur arrivée dans la nouvelle famille ? Quelle est a été la réaction de l’amoureux ou de l’amoureuse de leur parent? Comment s’est passé l’arrivée des enfants de ce nouveau couple?
La grande peur des enfants d’un couple passé est que leur nouveau frère ou leur nouvelle sœur « annule et remplace » la famille précédente. Ils ont une peur immense que leur père ou leur mère les aime moins que ce nouvel enfant. Ils conjuguent la peur de l’abandon, la colère contre cette nouveauté ou contre eux-mêmes de ne pas accepter ce nouveau bébé, et la peur d’être rejeté, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la peur de l’abandon, et qui va activer des sentiments d’injustice, justifiés ou pas. Car le nouveau couple constitué par leur parent et le beau-parent aura nécessairement une façon différente d’accueillir un nouvel enfant.
Cinquante ans plus tard, quand ces enfants se retrouvent chez leur notaire pour découvrir ce que leur a réservé la succession de leur parent décédé, ce sont toutes ces peurs qui ressurgissent. Avec un mélange de sentiments très enfantins pour tout ce qui n’a pas été « réglé » et de violence très adulte pour revendiquer des compensations aux injustices perçues et intériorisées depuis tant d’années.
Un exemple de succession compliquée dans une famille “recomposée”
La Médiation Familiale aborde ces conflits en éclairant, en nommant ce qui a été caché, ce qui n’a pas été dit. Voici l’histoire de deux dames de cinquante ans dont la mère de l’une, le père de l’autre, s’étaient mariés quand elles avaient l’une et l’autre neuf ans. Elles étaient presque « jumelles » en âge. La fille du Monsieur a été complètement rejetée par la nouvelle femme de son père. Au point qu’elle ne pouvait lui rendre visite et séjourner avec lui dans sa nouvelle famille. La fille de la dame a été adoptée (adoption simple) par le Monsieur. Vous imaginez le résultat ? Le sentiment d’injustice ressenti par la première ? Peut-être aussi de culpabilité car elle a pu croire que c’était « de sa faute ». Quasiment irréductible. On comprend que les discussions chez le notaire autour de leur héritage aient été impossibles.
La Médiation Familiale peut tenter d’éclairer pour l’une comme pour l’autre ce qui s’est passé.
Peut-être que le Monsieur avait une peur élevée d’échouer dans son nouveau couple et qu’il voulait tout mettre en œuvre pour faire plaisir à sa nouvelle femme ? Peut-être qu’il a lui-même une histoire familiale qui l’a poussé à prendre en charge cette petite fille pour « réparer » une histoire dans laquelle un père (son père, son grand-père ?) n’avait pas « assumé » sa paternité vis-à-vis d’un enfant? Sans penser que cela pourrait enlever quelque chose à sa première fille.
Peut-être que la femme de ce monsieur avait peur qu’il reste en lien avec la mère de sa fille et qu’elle a préféré l’écarter pour éviter ce risque?
Ces deux petites filles, quand elles avaient neuf ans, ont été traversées par leurs peurs sans pouvoir donner du sens à tout cela. Pour celle qui a été exclue, son père n’a jamais eu le moindre geste ou le moindre mot de « reconnaissance » et la succession vient réappuyer sur ces sentiments de rejet. La Médiation Familiale peut leur permettre de rendre à leur parent ce qui leur appartient et dont elles n’étaient pas responsables. Et de se parler alors comme deux adultes de cinquante ans.
Ce n’est pas facile. Mais c’est très utile. D’abord pour gagner du temps car une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, est un processus qui prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle). Ensuite parce qu’un conflit consomme de l’énergie et de l’argent, alors qu’un accord volontaire apaisera durablement chacun des protagonistes de cette histoire familiale. On voit chaque jour des réconciliations miraculeuses dans les Cabinets des médiateurs familiaux !
« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)
Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.
Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.
En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…
…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.
Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.
Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.
Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.
Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.
Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.
Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.
( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.
Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .
Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem )
La joie est une lame, par Adélaïde Bon
Quentin,
Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.
Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.
J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?
Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ?
Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition.
Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.
Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.
Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.
Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.
Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin.
Je ne sais plus comment t’aimer.
Laetitia
Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.
Couple: Trois conseils pour les maris qui ne veulent pas se faire larguer par leur femme
En France, 75% des divorces sont demandés par les femmes. A première vue, cela signifierait que 75% des femmes sont malheureuses dans leur mariage ou leur couple. Alors Messieurs, que pourriez-vous faire pour éviter ces plaintes ? Voici quelques observations inspirées par les reproches souvent formulés par vos épouses.
En France, 75% des divorces sont demandés par les femmes. On observe quasiment les mêmes chiffres en Angleterre ou aux Etats-Unis. A première vue, cela signifierait que 75% des femmes sont malheureuses dans leur mariage. Alors Messieurs, que pourriez-vous faire pour éviter ces plaintes ? Voici quelques observations inspirées par les reproches souvent formulés par vos épouses. Nous vous prions de nous excuser par avance de la trivialité de ces observations.
Premier enseignement : les femmes disent qu’elles ne quittent pas leur mari à la suite d’une action « criminelle » précise mais après une accumulation de petits « délits » quotidiens et régulièrement répétés au sein du couple.
Jean-Paul Kauffmann a écrit un très bon ouvrage sur « les agacements », dans lequel il décrit ces phénomènes, qui énervent l’un tandis que l’autre ne comprend (même) pas le problème. Nous vous renvoyons à ce merveilleux livre si vous avez envie d’approfondir la question et ses multiples exemples ( voir notre précédent article sur ce livre: https://www.mediations-paris.fr/blog/quand-vous-vous-disputez-tout-le-temps-pour-des-details-des-agacements-sont-sans-doute-la-cause-de-vos-conflits-que-faire ). Ce que signifie cette notion de « petits délits », c’est cette impression répétée de ne pas être reconnue dans ses sentiments, ni dans l’expression de ces sentiments. Au lieu de vous justifier ou de rester indifférent aux demandes de votre épouse, le premier conseil consisterait à vous arrêter et à discuter ensemble du pourquoi:
- « Pourquoi t’énerves-tu parce que je bois une bière en regardant la télé quand je rentre du bureau ? » (un peu caricatural, pardon !).
- « Parce que moi aussi je rentre du boulot, parce que moi aussi je suis crevée, et que j’aimerais de l’aide. De l’aide pour vérifier les devoirs de nos enfants, donner les bains, raconter une histoire, préparer et ranger le dîner ».
De l’extérieur, cela a l’air presque mathématique. Et pourtant ? Et pourtant, certaines épouses partent faute d’avoir été entendues ou écoutées. Donc premier enseignement : écouter votre femme et surtout, entendez ses sentiments et ses émotions (épuisement, colère, frustration, manque de reconnaissance, injustice, etc).
Deuxième enseignement sur lequel nous avons presque honte de nous pencher : les tâches domestiques et les responsabilités du quotidien reposent majoritairement sur les femmes et il arrive un moment où quitter leur mari allègent leur « charge mentale ».
No comment. Vous voyez ce qu’il vous reste à faire, même si cela ne vous arrange pas.
Troisième enseignement pour les couples: certains maris mènent une vie parallèle, ont leur propres loisirs avec leurs copains et passent très peu de temps avec leur femme et leur famille.
Ce sujet est moins simple qu’il n’y paraît : il contient un paradoxe. Car les femmes évoquent aussi leur vision patriarcale du masculin. Elles rêvent d’un homme protecteur et d’une épaule solide sur laquelle se reposer, voir, d’un homme qui leur assure (encore !) une position sociale sécurisante et prospère. Elles sont encore majoritaires, même quand elles sont cadres et gagnent bien leur vie, à laisser leur mari gérer l’argent de la famille et remplir la déclaration d’impôts du foyer. Certains hommes sont donc tiraillés entre l’envie de bien faire (s’intéresser à la vie de leur femme, être attentionné, aidant, compatissant) et la nécessité de garder les attributs « franchement » masculins qu’ils revendiquaient avant de vivre en couple. D’où leur souhait de s’échapper pour des soirées foot (pardon !) ou des réunions d’anciens élèves. Nous entrons là dans une zone complexe du mariage. Un endroit dans lequel les demandes ne sont pas toujours cohérentes, explicites et où l’écoute des besoins des uns et des autres est particulièrement critique.
En résumé, si vous ne voulez pas être surpris par une « demande en divorce » que vous n’avez pas souhaitée, écoutez les signaux, car il y en a toujours. Rappelez-vous que chacun d’entre vous, y compris vos enfants, aspire à sa part de bonheur et d’accomplissement personnel. Que ce qui était vrai et attendu de vous il y a un an, six mois, une semaine, évolue chaque jour et peut être remis en question à tout moment. Car la principale caractéristique des unions modernes est qu’elles ne dépendent que des membres du couple et ne bénéficient d’aucun autre soutien que de celui que ces deux adultes veulent bien s’offrir et offrir à leur projet commun. Avec sans doute, beaucoup d’humilité et de tolérance car aucun d’entre nous n’est parfait.
Quand vous vous disputez tout le temps pour des détails: des agacements sont sans doute la cause de vos conflits. Que faire ?
Les « pics émotionnels » déclenchés par les agacements peuvent être tellement violents qu’ils entrainent une « confusion des sentiments ». Kaufmann évoque des témoignages dans lesquels les agacés ne savent même plus s’ils ont envie de continuer à vivre l’un avec l’autre. Ils auraient sans doute intérêt à déposer leurs agacements devant un tiers pour faire le tri. Encore une fois, l’agacement est un symptôme et selon la façon dont il surgit, il révèle l’intensité de la maladie. L’agacement est-il ponctuel ou permanent ? Provoque-t-il de l’indignation ou de la fureur ? Une frustration fugace ou installée ? Comme le poison, tout est une question de dose.
Les agacements sont malheureusement des “Tue-l’-amour” que l’on découvre souvent quand on “s’installe” ensemble. Jean-Claude Kaufmann a écrit un formidable livre sur le sujet et plutôt que de le paraphraser, je vous propose de vous retranscrire ce qu’il en dit. En vous recommandant bien sûr la lecture de cet ouvrage si le sujet vous intéresse. Jean-Claude Kaufmann est un homme qui a de l’humour. Son livre sur les Agacements ressemble à une promesse de légèreté et d’amusements. Quoi de plus drôle en effet que d’aller regarder par le trou de la serrure pour voir comment s’en sortent les autres. Jean-Claude Kaufmann est un « spécialiste du quotidien et du couple ». On peut donc lui faire confiance. Après avoir traversé quelques chapitres, l’ambiance n’est pas si riante. On aborde les ombres de la colère, de la tristesse, des irritations, des indignations, des fureurs, des forces centrifuges qui éloignent les partenaires. Qui les transforment en adversaires. Je rêvais de comédie. Les Agacements sont un drame : « sous les rires gisent les vraies colères ».[1]
Les agacements des débuts ont un rôle positif de réglage
Jean-Claude Kaufmann n’est pas le premier à nous expliquer que les deux membres d’un couple sont au départ deux étrangers. Dans son livre, il reprend ce principe en faisant une distinction entre les agacements qui opèrent au début de l’histoire d’un couple et ceux qui le traversent plus tard. Pour lui, les agacements des débuts ont un rôle positif de réglage et de mise en route du « système » du couple : « Les premières années d’un couple sont rythmées par les agacements qui définissent la mise en place progressive du système ménager »[2]. Car le conflit déclenche des explications, des partages d’expérience, des mises au point qui entrainent une action. Les agacements ne sont ici rien de plus que l’irruption de deux « théories concurrentes » [3]. « Rien de plus normal que d’être agacé dans un couple, y compris quand les relations sont bonnes. Car l’agacement s’inscrit en son centre même, le fonctionnement conjugal reposant sur des associations de contraire qui produisent des dissonances ».[4]
On pourrait donc croire que rien de tout cela n’est grave. Jean-Claude Kaufmann introduit doucement son sujet : pour lui, les agacements résultent d’une dissonance. Dissonance entre soi et soi, parfois. Quand la réalité est différente de ce que l’on voudrait qu’elle soit. Et plus souvent, dissonance entre soi et l’autre. Car un couple, ce sont deux histoires, deux empreintes familiales, deux « éthiques », deux visions, deux systèmes de croyances qui doivent s’accorder. Et les « évènements minuscules » qui déclenchent les agacements sont révélateurs des « enjeux relationnels ». Autrement dit, ils sont le signe de nos résistances. L’autre est un « étranger ». Une part de nous s’efface et s’adapte pour laisser une chance au couple. Une autre renonce à disparaître. L’agacement s’inscrit donc au cœur de la définition de l’identité, voire, de l’intégrité.
Il est très intéressant de découvrir que les agacements sont modernes. Dans un système traditionnel, les rôles de chacun étant parfaitement définis (la position hiérarchique des hommes et des femmes, par exemple), les « réglages » sont prédéfinis. Dans le couple moderne, dans lequel s’unissent deux individus qui revendiquent l’égalité, ou tout au moins, l’équité, il faut inventer le quotidien. En théorie, tout est possible et rien n’est interdit. Les agacements sont donc générateurs de décisions, de changements et parfois, ils se résolvent en installant une répartition complémentaire des sujets, recréant deux zones bien délimitées qui ne se mélangent pas. Ainsi, comme le montre Kaufmann, l’organisé du couple prendra en charge l’organisation des week-ends et des vacances. Ou encore, le conducteur habile ( autoproclamé) prendra systématiquement le volant lors des déplacements. « L’agacement (…) est avec la fatigue mentale l’un des prix à payer de la liberté individuelle, prix dont nous découvrons l’ampleur aujourd’hui ».[5]
Ce qui se cache dans les agacements
L’intérêt du livre est de révéler tout ce qui se cache dans les agacements. De montrer qu’il ne faut pas s’arrêter au geste théâtral de la colère ou des bouderies. Qu’il s’agit bien de concilier deux visions du monde, deux humus familiaux, deux systèmes culturels, des rythmes, des attachements, des références qui par essence divergent et qu’il faut faire cohabiter puisque l’on a décidé de vivre ensemble. C’est là le principal enseignement du livre. L’agacement est universel. Il touche tout le monde et contrairement aux apparences, il relève du « soi », du « je », et non du « nous ». Les agacements nous offrent une occasion de travailler sur nos représentations. Ce qui est bien au cœur du processus de la fabrication du couple.
On peut se laisser déborder par la frustration et la colère. Mais on peut aussi s’arrêter pour tenter de démêler ce qui peut l’être : une femme qui a tout le temps froid ( dans la chambre commune ou dans la voiture) a peut-être une système circulatoire différent et des raisons biologiques d’avoir froid. Un homme « radin » a peut-être peur de l’avenir. Ou encore, a reçu une éducation qui l’oblige à se projeter dans des projets long terme et à penser « patrimoine » alors que son conjoint ignore même la signification du concept. Quelle est la part de l’héritage de chacun dans son rapport à l’autre ? L’héritage n’étant pas ici compris comme des valeurs matérielles mais comme les valeurs tout court, que chacun transporte. Un homme (ou une femme) absents a peut-être du mal à régler sa distance par rapport à l’autre. Il ou elle a peut-être des peurs liées à des histoires d’amour anciennes qui l’empêchent de fusionner dans son nouveau couple. Kaufmann nous incite à aller chercher ce qui est sous la surface. A dépasser le « pic émotionnel ». On peut espérer que si l’agacé donne un sens au geste qui l’agace, il sera moins touché. Et qu’il sera au moins déchargé du doute qui l’assaille quand le sujet d’agacement se répète à l’infini : « il (ou elle) le fait exprès » ? « Pour me provoquer » ?
L’agacement joue son rôle « défoulatoire »
Kaufmann souligne ce que les agacements révèlent du fonctionnement de la famille. Il décrit ainsi comment les agacements sont résolus ( il utilise une métaphore poétique « d’évaporation », par exemple). Car si le couple sort victorieusement de l’agacement, il en ressort a priori renforcé. L’agacement joue son rôle « défoulatoire » et libère l’agacé de ce qu’il n’arrive pas à refouler. Si en revanche, les agacements conduisent à une accumulation de frustrations, de reproches et de désirs de vengeance, on parle de « tue-l’-amour » et il faut alors « la magie de l’amour » pour les dépasser. A moins que l’un des protagonistes ait tout simplement déjà fui, ce qui est une méthode d’évitement parmi d’autres.
Les « pics émotionnels » déclenchés par les agacements peuvent être tellement violents qu’ils entrainent une « confusion des sentiments ». Kaufmann évoque des témoignages dans lesquels les agacés ne savent même plus s’ils ont envie de continuer à vivre l’un avec l’autre. Ils auraient sans doute intérêt à déposer leurs agacements devant un tiers pour faire le tri. Encore une fois, l’agacement est un symptôme et selon la façon dont il surgit, il révèle l’intensité de la maladie. L’agacement est-il ponctuel ou permanent ? Provoque-t-il de l’indignation ou de la fureur ? Une frustration fugace ou installée ? Comme le poison, tout est une question de dose.
Ce livre est loin d’être une pièce de théâtre comique. Même si Kaufmann essaie dans sa dernière partie de montrer quelles sont les portes de sorties, les agacements sont effectivement les armes de la « guerre des couples » évoquée dans le sous-titre du livre. C’est assez terrifiant. Et donne une vision pessimiste de la conjugalité. A l’inverse, cela présage d’un travail en profondeur qui pourrait s’établir lors d’une médiation familiale, en aidant les couples à comprendre ce qui est réellement en jeu lorsqu’ils réagissent aux micro évènements qui les dérangent. De regarder les « enjeux » relationnels soulevés au lieu de s’arrêter à l’émotion provoquée. Avec le risque que la simple évocation d’un agacement ne réactive le contexte batailleur des protagonistes lors de leurs tentatives de réconciliation. Car au fonds, la question reste toujours de comprendre comment a pu s’unir ce qui n’était au départ qu’une somme de différences. Kaufmann parle de « pulsions amoureuses » et souligne que « la fabrication du conjugal est d’une étonnante complexité »[6].
https://livre.fnac.com/a1914624/Jean-Claude-Kaufmann-Agacements-les-petites-guerres-du-couple
[1] Page 401 dans la version électronique /1137 pages
[2] Page 88 de la version électronique /1137 pages
[3] Page 155 de la version électronique/1137 pages
[4] Pages 387 de la version électronique/1137 page
[5] Page 949 de la version électronique /1137
[6] Page 230 de la version électronique/1137
Pourquoi aller voir un médiateur familial lors d’un divorce ou d’une séparation?
Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». La médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, en la vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.
On sait tous quand et comment nos histoires d’amour ont commencé. On se souvient du premier regard, du premier jour et de ceux qui ont suivi. Puis des grands évènements que nous avons traversés ensemble. En revanche, notre mémoire est beaucoup plus floue quand il s’agit de reconstituer la fin d’une histoire d’amour. Sauf quand elle s’est terminée par un drame, une déchirure qui vient séparer nos vies et nos identités communes.
Que nos séparations résultent d’une coupure nette, bien dessinée, ou d’une rupture qui s’est infiltrée progressivement dans nos vies, nous sommes dans une douleur physique et morale qui nous anesthésie, qui nous empêche de dormir, de travailler, de manger et parfois de vivre, car notre vie semble interrompue, arrêtée. C’est là que nous avons besoin d’une aide extérieure.
Qu’est-ce qu’un médiateur familial peut faire pour vous au moment d’un divorce ou d’une séparation ?
Si la séparation résulte d’une rupture franche, d’une trahison ou du brusque départ de l’autre, nous sommes dans l’expérience du rejet et de l’abandon. Nos représentations du monde, nos croyances, sont bouleversées. Nos certitudes, nos représentations de nous-mêmes aussi. Le médiateur n’a pas de baguette magique et ne va évidemment pas réparer cette déchirure. Mais parler à un tiers, entendre l’autre (le conjoint) raconter ce qui s’est passé, peut aider à reconstruire, à changer de vie, de corps, de modèle. Nous avons été arrachés à quelque chose. Un regard extérieur peut nous aider à nous retrouver, à trouver les appuis sur lesquels il nous reste encore un peu de force (physique ou morale) pour « passer à autre chose ». Quelle est notre vie sans ce couple, sans la présence de l’autre, sans sa protection ? Comment réorganiser notre vie professionnelle, l’espace dans lequel nous habitons, la façon dont nous nous occupons de nos enfants ? Car une rupture peut aussi être l’occasion de nous révéler, de nous ouvrir à une nouvelle façon de vivre et d’être. Le processus de la médiation peut nous aider à supporter ces expériences et à trouver par nous-mêmes, avec le soutien du médiateur, qui nous sommes hors de notre couple.
Parler avec un médiateur familial peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé
Si la séparation résulte d’une usure insidieuse, d’un ennui qui s’est installé sans que l’on se souvienne vraiment comment et depuis quand on ne se parle plus, on ne se touche plus et on ne « vit » plus vraiment ensemble, chacun peut être traversé par la colère, la tristesse ou le refus. Refus d’une solitude insupportable. Refus de la liberté nouvelle de l’autre. Refus là aussi, d’une forme d’abandon. Ce qui est difficile, c’est la discontinuité. Quelque chose s’arrête. Mais quoi exactement ? Parler avec un médiateur peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé. On ne parle pas ici d’acceptation du principe de la rupture, mais du mouvement qui permet de sortir de l’évitement et qui permet ainsi à chacun de reprendre sa part de responsabilité. Aller voir un médiateur au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de sortir de la sidération, de la désolation et de « renaître » autrement.
Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». J’ai l’impression que ces deux voies sont incertaines : la médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, de confiance dans notre vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.
Couple: pour démarrer une bonne dispute, dites que « ce n’est pas de votre faute ». C’est infaillible.
Vous êtes indigné(e ), voir, dans une colère noire. Mais « ce n’est pas de votre faute ». Le coupable c’est « l’autre ». Le problème est que cette posture, tellement naturelle et tellement courante, peut faire de gros dégâts dans nos relations. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se joue ? Peut-on arrêter le processus quand une grosse dispute se profile ?
« Ce n’est pas de ma faute »
« Je ne comprends pas comment on en est arrivé là, je n’ai rien fait de mal (variation : j’ai tout fait pour que cela fonctionne, tout) ».
Vous êtes indigné(e ), voir, dans une colère noire. Mais « ce n’est pas de votre faute ». Le coupable c’est « l’autre ». Car cela ne peut pas être « la faute de personne ». Le problème est que cette posture, tellement naturelle et tellement courante, peut faire de gros dégâts dans nos relations et notre couple. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se joue ? Peut-on arrêter le processus quand une grosse dispute se profile ?
Vous avez besoin de vous défendre: attention à l’escalade
Cela commence par l’impression désagréable d’être attaqué-e. Vous entendez une phrase et vous trouvez cela injuste. Vous vous sentez incompris-e. Vous avez donc besoin de vous défendre. Vous commencez à vous justifier. Vous voulez démontrer que vous avez raison et que l’autre a tort (de vous dire cela, de le penser, de le souligner). Mais plus vous vous justifiez, plus vous alimentez le conflit et plus la dispute a de chance de s’envenimer. Chacun empile ses arguments, les uns après les autres, pour démontrer qu’il a raison.
Si rien n’arrête cette escalade, cela peut être très violent. Nous savons tous qu’une grosse dispute peut laisser des traces. Qu’il est difficile d’oublier certaines phrases, certaines injures mêmes. Et qu’après ce genre d’ épisode, nous sommes vidés de notre énergie et dans une grande tristesse. Alors à quoi bon ?
Voici le mode d’emploi et quelques étapes pour calmer le débat
Pour éviter de vous laisser entraîner dans ce mouvement, il y a quelques portes de sorties. D’abord pour réguler nos émotions. Puis pour arriver à entendre l’autre et à se faire entendre. Voici quelques étapes du mode d’emploi :
- D’abord se calmer. Se calmer vraiment. Une émotion dure dix minutes. Alors si vous vous sentez attaqué-e, avant de réagir, en exprimant votre colère ou des sanglots, écartez-vous, quittez la pièce, sortez et allez respirer. De longues respirations. Ou faites des mouvements. Ou marchez. C’est tout bête, oui. Et nous le faisons presque par réflexe quand nous poussons de longs soupirs d’exaspération. Ces soupirs vont réveiller le système parasympathique. Et baisser notre niveau de « réponse » : notre rythme cardiaque diminue, notre respiration se calme et devient de plus en plus longue, les rougeurs de notre peau diminuent. Encore mieux, si vous vous sentez mieux, après ces dix minutes, vous pouvez revenir respirer dans les bras de votre partenaire. Vous respirerez ensemble et pourrez reprendre la discussion.
- Lâcher l’idée et la nécessité d’avoir raison. Ce réflexe est un poison pour le couple. Si vous renoncez à convaincre l’autre, à argumenter, ce genre de discussion s’arrêtera tout de suite.
- Rusez : si vous vous rendez compte que vous êtes en train de « monter dans les tours », que rien ne va vous arrêter et que vous allez vous faire très très mal, mettez-vous d’accord avant, quand c’est calme, et décidez ensemble d’un code, d’un mot ou d’une phrase « magique », qui sera un signal d’alerte et un bouton de secours. Si l’un de vous prononce le mot (ou la phrase), vous savez que c’est « Arrêt sur image ». Que vous devez tout de suite vous arrêter et mettre fin à la discussion. C’est une méthode qui vous rappellera votre enfance, car les enfants font cela très fréquemment, mais elle a le mérite d’être simple et efficace. Avec un peu d’humour, cela vous aidera beaucoup.
- Reconnaissez votre part de responsabilité. Même si elle est minuscule : « Oui je ne t’ai pas soutenu-e dans cette discussion avec ma mère, quand nous avons dîné chez mes parents », « oui, je ne t’ai pas remercié-e », …Pas de « MAIS ». Si vous introduisez un « mais », vous vous réengagez dans la justification, et donc dans le conflit et la dispute.
Car quand vous reconnaissez un part de responsabilité, vous entrouvrez la capacité de l’autre à vous écouter, et même, à vous entendre. Et vous pourrez lui montrer une piste d’explication (et non de justification). Mieux encore, reconnaître votre part va vous donner un tout petit peu de distance et peut-être vous permettre de sortir d’une éventuelle erreur d’interprétation. Car l’objectif de l’autre était-il bien de vous attaquer ? D’appuyer là où vous vous sentez si mal ? L’autre est-il vraiment responsable de votre réaction ?
- Parfois notre voix, notre intonation, sont perçues comme « accusatrices » alors que ce n’était pas notre intention. Quand nous sommes fatigués, irritables, attention à notre façon de communiquer. Encore une fois, le bon moyen d’éviter d’élever la voix ou de prononcer des phrases malheureuses, c’est de ralentir. De faire des pauses. Un silence de quelques secondes ne posera pas de problèmes, en tous cas moins qu’une injonction interprétée comme un reproche ou une accusation.
- Et si vos paroles dépassent vos pensées, réparez ! Revenez vers l’autre pour « amender », corriger ce que vous avez dit. Manifestez des regrets sincères, si vous avez des regrets : « je regrette déjà ce que j’ai dit », « ce n’est pas ce que je voulais dire », « je te demande pardon »….
Car personne d’autre que nous n’est responsable de notre comportement. Si nous percevons une simple phrase comme une attaque, c’est que cette phrase nous touche, qu’elle vient heurter une « blessure » qui nous appartient. La même phrase n’aura peut-être aucun effet sur quelqu’un d’autre. C’est donc bien à nous de commencer par nous guérir, par aller regarder nos zones sensibles. Moins nous en aurons, plus nous serons en capacité d’entendre les mots des autres, juste pour ce qu’ils sont. Il ne sera plus question, alors, d’avoir raison et d’écraser l’autre à tous prix pour sauver notre orgueil. C’est cela que l’on appelle la Communication non violente, qui ouvre la fin du conflit et permet de retrouver de la confiance, de la bienveillance. Et qui nous permet de réduire la distance avec l’autre pour retrouver son intimité et prendre soin de notre couple . Personne ne dit que c’est facile !
Divorce, Séparation : Combien de temps faut-il pour s’en remettre?
C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux.
C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux. Que ce soit pour celui qui est quitté ou pour celui qui prend la décision de partir.
Les chagrins d’amour sont très bien décrits dans la littérature, au cinéma et plus récemment, dans les séries que nous regardons. Il n’y a pas d’âge. Des enfants sont parfois désespérés quand leur ami(-e) les quittent pour un (ou une) autre. Et des personnes très âgées rencontrent exactement les mêmes difficultés. Quand on est dedans, on a l’impression que cette douleur ne s’arrêtera jamais. Que l’on n'en sortira pas. Que jamais plus on ne retrouvera la capacité d’aimer quelqu’un d’autre. Et pourtant !
La courbe du deuil expliquée par une psychologue (Elisabeth Kubler-Ross)
Une psychologue suisse, Elisabeth Kübler-Ross (née en 1926, à Zürich) a beaucoup travaillé sur « les derniers instants de la vie ». Elle en a dégagé une théorie du deuil qui est aujourd’hui appliquée à tous les « chocs » qu’un individu peut subir. Et une séparation, un divorce, constituent un vrai choc. Voilà ce qu’elle en dit (dans son livre On death and Dying, 1969, Sur le chagrin et le deuil).
Dans le langage courant, un deuil se définit comme l’étape qui suit la mort de quelqu’un. Elisabeth Kübler-Ross élargit cette notion pour inclure toutes les pertes que chacun d’entre nous peut subir : perte d’un travail, perte d’une maison, perte de son conjoint ou de son amoureux, perte de son pays pour ceux qui doivent partir. Pour elle, le deuil est le cheminement universel que nous expérimentons lorsque nous sommes (brutalement) confrontés au choc d’une disparition.
Les 5 étapes après un choc, un grand chagrin ou une perte
D’après elle, nous traversons alors cinq étapes :
- Le déni : « ce n’est pas possible, il va revenir », « ils vont revenir sur leur décision, ils ne peuvent pas me faire cela », etc. Le déni est essentiel. Il nous permet de rester debout, de faire face aux premiers effets du choc.
- La colère : une fois que l’on a compris que la perte était réelle, nous sommes en rage. Nous dénonçons l’injustice, le mauvais comportement, l’irresponsabilité. Tout y passe. Le chagrin et les peurs de ce qui va se passer sont tels, que l’on préfère les recouvrir d’une bonne dose d’agressivité.
- Le marchandage/ la négociation : nous nous sentons tellement impuissants qu’une part de nous-même essaie de reprendre un peu de contrôle. Nous échafaudons des scenarios. « Si je perds dix kilos, ou si j’arrête de fumer, elle va changer d’avis », « je vais me rapprocher de son meilleur ami, cela va le rendre dingue », comme si nos actions pouvaient changer le cours des choses.
- La dépression, la tristesse : qui sont inévitables. Il arrive un moment où nous sommes submergés par la tristesse. Nous la traversons. Certains d’entre nous sont pétrifiés. Ne mangent plus. Ne parlent plus. Ne sortent plus. Laisser cette tristesse s’exprimer peut aussi être une libération.
- L’acceptation : quand nous ne sommes plus ni tristes ni en colère, et que nous sentons moins la douleur, nous pouvons commencer à regarder la réalité. Accepter ne signifie pas « être d’accord », car la plupart des chocs que nous rencontrons sont par principe « inacceptables ». Accepter signifie accepter de regarder les faits, de regarder l’autre, la succession d’évènements. Juste tels qu’ils sont. C’est la dernière étape du « deuil ».
Plus tard, Elisabeth Kübler-Ross a ajouté l’étape du pardon. Pardon à soi-même quand on a été dévoré par la culpabilité. Pardon à l’autre quand c’est un autre qui a été l’auteur de cette violence (la violence de la perte). Parfois, cela va même jusqu’à la reconnaissance d’un « cadeau caché » : « je n’aurais jamais repris ces études si… », « je n’aurais jamais imaginé que j’étais capable de … ». L’ultime étape étant celle de la sérénité. De la capacité à penser ou à raconter l’évènement sans être débordé par l’émotion.
Dans la réalité, ces étapes prennent du temps. Et tous ne les passent pas dans cet ordre. Parfois, la tristesse précède la colère. L’important, c’est de repérer que chacun de ces états est normal. Que tout le monde passe par là.
Quant à notre question initiale : après un divorce, une séparation, combien de temps cela prend ? Il n’y a malheureusement pas de réponse. Certains mettent des années. D’autres moins. Ce qui est certain en revanche, c’est que ceux qui reforment un couple très rapidement (on en a vu qui se remettaient en couple une semaine après leur séparation !) ne se donnent pas le temps de digérer l’évènement. On ne peut pas franchir ces cinq étapes en quelques jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles ces « nouveaux » couples rencontrent (souvent) des difficultés et ne durent eux-mêmes pas très longtemps. Sans parler des enfants et des membres du premier cercle, qui eux aussi doivent « faire leur deuil » et ne suivent pas forcément tous le même rythme. Alors soyons patients, même si c’est très difficile. Et optimistes, car on en sort, sans aucun doute !
Couples, familles: Pourquoi le conflit fait si mal ?
Le conflit nous confronte à la violence humaine, la moins acceptable de toutes. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu.
Le conflit nous confronte à la violence humaine. La moins acceptable de toutes les violences. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu. La violence du conflit efface notre capacité à écouter, à accueillir l’autre. Nous le refusons. Tout en nous fait barrière, alors que cet homme, cette femme, ce frère, cette sœur, nous l’avons sincèrement aimé-e. Le conflit nous enferme dans le mépris, la haine, l’humiliation, la peur, la tristesse, la vengeance et parfois même, la destruction. À la fin, il nous renvoie à notre impuissance car rien ne nous permet de sortir de cette escalade : « A toute action est toujours opposée une réaction égale », selon le principe physique établi par Newton en 1687.
La médiation (familiale, mais aussi la médiation, en général) permet de trouver une voie de sortie, même quand cela parait impossible.
« Diverse grilles d’analyse des conflits ont été élaborées. Certains auteurs les regroupent sous trois grands ensembles : les conflits de valeurs, qui touchent, au plus profond de l’individu, à son système de croyances ; les conflits d’intérêts, qui mettent en jeu le pouvoir, les sentiments, l’appartenance ; et les conflits de besoins relatifs à des objets » nous dit Claire Denis, dans son livre La médiatrice et le conflit dans la famille, aux Éditions ERES (page 51).
Nous ne pouvons pas résumer en quelques mots toutes les techniques utilisées par un médiateur, mais il s’agit bien d’accompagner les participants pour revisiter leurs croyances (ainsi que leurs attentes ou leurs déception vis-à-vis de ces croyances), leurs « intérêts » (leurs buts, leurs objectifs, leurs motivations, même si le mot « intérêt » est plus général) et enfin, leurs besoins relatifs aux objets en jeux.
Le conflit se dissout
En quelques séances, parce que la discussion a lieu en présence d’un tiers neutre, indépendant et impartial (qui ne prend parti ni pour l’un ni pour l’autre), le conflit se dissout et tout le monde sort progressivement des échanges « symétriques » sans arrêt réalimentés.
En résumé, c’est parce que chacun est traversé par la parole de l’autre qu’il peut enfin l’entendre. C’est pour cela que l’on appelle cela de la « médiation ».
Pourquoi certaines familles se déchirent lors d’une succession ?
Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ».
Dans notre vie, nous sommes en relation : avec nous-mêmes, avec les autres et avec « le monde ». Nos proches, notre famille, sont à l’intersection de plusieurs « sphères ». Un frère, une sœur, c’est une part de nous, ou en tous cas, la frontière est fine. Nous nous ressemblons physiquement, nous avons parfois la même voix, les mêmes expressions, souvent les mêmes valeurs (pas toujours). Nous avons souvent vécu les mêmes expériences, enfants, même si là aussi, nous pouvons en avoir des souvenirs totalement divergents (c’est nous qui construisons notre réalité, nous passons notre temps à interpréter ce que nous appelons la réalité). Nous avons surtout (souvent) les mêmes parents, les mêmes grands-parents, la même famille proche. La même Histoire.
Dans une famille, chacun tient son rôle, parfois défini de façon fixe
Hors une famille, c’est un milieu en équilibre. Chacun a son rôle, parfois défini de façon fixe. L’un va être celui qui protège les autres, qui les prend en charge. L’autre va être celui qui commande, qui exige, et qui parfois, sanctionne. Un autre va systématiquement prendre le rôle du messager : parler pour les autres. Ou les faire rire, en adoptant systématiquement la posture du Clown de la famille. Autrement dit, une famille est un groupe « ordonné », car chacun d’entre nous a trouvé le meilleur moyen de s’adapter pour vivre, ou survivre, dans cette « maison ».
Notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité
Lorsque nous grandissons, vieillissons, nous avons l’impressions de changer et de prendre de l’autonomie. Mais il suffit souvent d’un bon repas de famille pour que tout se remette en place. Pensez à vos déjeuners du dimanche et aux fameuses fêtes de Noël (ou d’autres fêtes, pour ceux qui ne fêtent pas Noël). L’ « autorégulation » se réinstalle immédiatement. Car notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité.
Lorsque nos parents disparaissent et que nous nous retrouvons en situation de transmettre et de recevoir les biens et les objets des générations qui nous ont précédés, nous expérimentons une « explosion » de ce système. Le décès de nos parents modifie tout l’équilibre. Les rôles de chacun sont remis en question : vous êtes adulte et vous en avez assez que personne ne vous laisse jamais parler. Ou vous êtes adulte et vous en avez assez de toujours prendre en charge les corvées. Ou vous êtes adulte et vous ne tolérez pas que vos frères et sœurs ne fassent pas ce que vous leur demandez. Alors que jusqu’ici, cela s’était toujours passé comme cela, et très bien passé comme cela.
Le décès de nos parents ouvre un moment de rééquilibrage qui passe par des changements des rôles de chacun
Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. Parfois il y a des résistances vis-à-vis des ces changements: on “règle” des comptes. Les biens matériels sont utilisés pour manifester ces résistances. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « Je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ».
La Médiation familiale peut être d’une grande aide
Pour sortir de ces conflits, la Médiation familiale peut être d’une très grande aide car avant de traiter des sujets matériels, le Médiateur peut vous aider à redessiner l’identité de chacun. Comme il est et non pas tel que l’on voudrait qu’il soit ou tel qu’on l’imagine sous le prisme d’une sur-adaptation au système construit par nos parents et nos fratries. Cela peut être très rapide. Car dès qu’un membre du système bouge, tout le monde bouge. Et cela peut être un vrai soulagement pour tout le monde. Chacun est enfin reconnu pour ce qu’il est.
Plutôt que de se battre pendant des années entre un notaire qui n’est pas habilité à trouver des solutions dans un tel conflit (un notaire est là pour « acter » une succession, il n’est pas un négociateur) et un système judiciaire très long et assez coûteux, le recours à un médiateur familial peut permettre à chacun d’exprimer ses besoins et d’être écouté grâce à l’intervention d’un tiers (un tiers neutre, impartial, bienveillant et qui respecte une totale confidentialité). Les non-dits vont pouvoir être formulés. Les frustrations et les erreurs d’interprétation vont pouvoir être partagées. Le sentiment d’injustice pourra diminuer. Souvent, cela suffit pour dénouer des situations qui résultent tout simplement d’un désir de vérité, de sincérité et d’un désir de “re-connaissance”.
Cela nécessite d’être encore en lien pour pouvoir s’asseoir autour d’une table chez le médiateur familial (le médiateur peut envoyer un courrier pour inviter d’autres membres de la fratrie à participer quand il est sollicité par un membre de cette fratrie). Et d’être en capacité de bouger, d’accepter les changements inhérents au fait que votre famille ne sera plus jamais la même.
Comment être de « bons parents » ?
Cette question est un peu absurde car elle signifierait qu’il y a une norme du « bon parent ». Mais c’est malheureusement souvent comme cela que les pères et les mères, voire les grands-parents, abordent la question.
Cette question est un peu absurde car elle signifierait qu’il y a une norme du « bon parent ». Mais c’est malheureusement souvent comme cela que les pères et les mères, voire les grands-parents, abordent la question.
Pour commencer, il y a autant de « bons parents » que de parents. Les anthropologues ont trouvé des dizaines de formules familiales dans le monde et dans l’histoire. Il faut donc se rappeler que dans le monde occidental, la norme est aujourd’hui qu’une famille est « nucléaire », c’est-à-dire constituée d’un père, d’une mère, et d’enfants. Mais cela n’a pas toujours été comme cela et ce n’est encore pas comme cela partout. De plus, c’est en train d’évoluer à toute vitesse. Donc ne vous inquiétez pas, rien n’est « normal » ou « anormal ». C’est « votre » famille.
Il reste que certains enfants réagissent mal à certaines situations (je ne parle pas de situations de violence ou de pathologies psychiatriques graves, bien sûr. Celles-ci relèvent de la médecine et de la justice. Ces enfants doivent être protégés en urgence et pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance). Ils s’isolent : ils refusent de communiquer et s’enferment au choix dans les jeux vidéos ou (osons le dire), la cigarette ou le cannabis. Ils sont tristes, irritables ou agressifs. Ils refusent les changements d’organisation du quotidien que vous leur proposez. Ils peuvent avoir peur de l’avenir. Ils peuvent avoir des difficultés pour s’endormir, voire ne plus avoir envie de dormir.
Vous êtes désemparés et vous vous disputez entre vous sur la «bonne » réaction. On a entendu des pères secouer leurs enfants et leur demander un peu fermement de s’habiller et de sortir pour partir à l’école. Quand certaines mères auraient été tentées d’attendre que cela passe…Là encore, si seulement l’un des deux avait raison, et l’autre tort, ce serait plus simple.
Le site www.clepsy.fr est une mine d’informations pour les parents qui cherchent des conseils
Je ne vais pas vous offrir ici un manuel de recettes et de psychologie car il existe : l’Hôpital Robert Debré et ses merveilleuses équipes ont ouvert un site : www.clepsy.fr vraiment bien fait. Vous y trouverez des fiches pratiques sur tous les sujets. Au-delà de leur contenu, vraiment très pédagogique et pratique, cela vous donnera l’occasion de discuter avec votre conjoint, calmement, et autour de propositions validées par des psy expérimentés.
Ma préférée, car elle convient aussi parfaitement aux adultes, c’est celle qui propose des « outils pour s’apaiser » aux enfants: https://www.clepsy.fr/quelques-idees-pour-sapaiser-un-outil-pratique-a-destination-des-enfants-et-des-adultes-qui-les-accompagnent/
Partagez les avec les grands-parents de vos enfants. Elles feront du bien à tout le monde.
Il existe aussi en Angleterre un programme extraordinaire de soutien à la parentalité, qui existe depuis plus de trente-cinq ans : le Positive Parenting Program (Triple P). Qui est traduit en français sur des sites canadiens (https://cbpp-pcpe.phac-aspc.gc.ca/fr/interventions/triple-p-positive-parenting-program/ ).
Les cinq pistes qui fonctionnent pour presque tous les parents et pour presque tous les enfants
En résumé, ils indiquent cinq pistes autour des quelles vous pouvez travailler en tant que parents :
- Donner, redonner, en permanence, de la sécurité à vos enfants. C’est le besoin fondamental de l’enfance : de la sécurité.
- Créer un environnement d’apprentissage positif
- Donner un cadre, une « discipline » stable
- Avoir des attentes réalistes
- Prendre soin de soi en tant que parents
Sur ce dernier point, que vous soyez des parents séparés ou qui vivez ensemble, votre enfant a besoin que vous vous souteniez mutuellement et que vous communiquiez. Si vous n’y arrivez pas, allez voir un médiateur familial ou faites vous aider. Votre enfant n’est pas en capacité de l’exprimer, mais c’est un pilier fondamental de sa santé.
Couples: comment faire quand on n’est pas d’accord avec son partenaire?
A quelle conception du monde cela nous renvoie ? Comment se sent-on quand notre partenaire nous dit Non, voir, se détourne de nous, s’éloigne ? Qu’est-ce que cela réveille en moi ? Le conflit est inhérent à la relation, donc au couple. Cela peut même permettre à la relation de progresser. Cela participe d’un « réglage » : nous ne sommes pas d’accord mais nous nous expliquons sur cette divergence. Nous partageons nos points de vue, nous échangeons, nous précisons nos croyances, nos visions du monde, nos opinions.
A quelle conception du monde cela nous renvoie ? Comment se sent-on quand notre partenaire nous dit “Non”, voir, se détourne de nous, s’éloigne ? Qu’est-ce que cela réveille en moi ?
Le conflit est inhérent à la relation, donc au couple. Cela peut même permettre à la relation de progresser. Cela participe d’un « réglage » : nous ne sommes pas d’accord mais nous nous expliquons sur cette divergence. Nous partageons nos points de vue, nous échangeons, nous précisons nos croyances, nos visions du monde, nos opinions. Et nous avançons.
Accepter d’affronter la différence, c’est accepter d’être en relation.
Ce n’est pas la différence qui est un problème, c’est la façon dont nous la gérons. Si nous avons l’impression d’être écrasé par la parole de l’autre, il n’y a pas d’échange. Si nous décidons de nous taire, de nous retirer de la discussion, il n’y a pas d’échange non plus. Accepter d’affronter la différence, c’est accepter d’être en relation.
C’est souvent difficile. En particulier sur des sujets qui touchent à nos valeurs. L’éducation de nos enfants par exemple. Car toucher à nos valeurs, c’est toucher à notre identité et à l’idée que l’on se fait de notre partenaire : je l’aime, il m’aime, donc nous sommes forcément « pareils ». Le désaccord nous éloigne, il nous fait sortir de la fusion. Si nous sommes fusionnels (si notre conception du couple est que nous devons nous fondre l’un dans l’autre), c’est insupportable.
La seule façon de dépasser ces désaccords, avant qu’ils ne deviennent vraiment destructeurs, c’est d’essayer de changer de point de vue. D’écouter le besoin de l’autre, ses motivations, son histoire, tout ce qui peut permettre de se rapprocher de lui. Et de tirer le fil de ce qui est commun. On peut être totalement en désaccord sur la façon de gérer un adolescent par exemple, mais se retrouver sur l’inquiétude de veiller sur sa sécurité par exemple.
Ne pas être d’accord sur tout n’est pas un signe annonciateur de l’échec d’une relation ou d’un couple
En résumé, dans un couple, ne pas être d’accord sur tout n’est pas un signe annonciateur de l’échec d’une relation. Vous pouvez dire à vos enfants que ce n’est pas parce que vous criez que votre relation est en danger. Mais un désaccord est exigeant et vient modifier notre rapport à l’autre. Il est urgent de s’en occuper, tout en respectant les limites de chacun, avec patience et bienveillance. A l’inverse, faire comme si de rien n’était, les “cacher sous le tapis”, fait courir le risque d’une dangereuse accumulation. Ce ne sont pas les désaccords qui sont délétères pour le couple, c’est leur accumulation.
Divorcer: est-ce vraiment ce que nous voulons?
Divorcer: est-ce vraiment ce que nous voulons? Parfois nos paroles dépassent nos pensées. Sommes-nous certains d’avoir vraiment pris cette décision?
Pour certains, ce mot désigne le pire. Pour d’autres, ce n’est rien. Quoique l’on pense ou que l’on en dise, un divorce marque des changements radicaux.
Fiona Shackleton, avocate anglaise qui défendit à l’époque le Prince Charles lors de son divorce, dit que “le divorce est soit une torture lente, soit une torture rapide”. Mais elle emploie bien le mot de torture.
Alors avant de décider de divorcer, sommes-nous certains d’avoir tout tenté pour réparer ou consolider notre couple ? Quel est le prix du fait de pouvoir, ou de ne plus pouvoir, lire une histoire à ses enfants quand ils se couchent le soir ? Est-ce que nous avons bien mesuré ce à quoi nous sommes prêts à renoncer, en renonçant l’un à l’autre? “Est-ce que vous détestez votre conjoint plus que vous n’aimez vos enfants ? Nos enfants ne sont pas des enfants très longtemps. Vous les aimez vos enfants ? Alors essayez de jouer le long terme. Essayez d’améliorer votre relation avant de tout envoyer balader”. (Fiona Shackleton, toujours).