Couple : Qu’est-ce qui va ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Comment faire le contrôle technique et évaluer la bonne santé de son couple ? Conseils.
Certains couples se posent continuellement la question. Est-ce que nous sommes « normaux » ou pas ? Mais comment savoir ? Comment faire son « bilan de couple » ? Je reste ou je pars ? Je vous propose quelques points pour faire vous-mêmes votre « contrôle technique » de couple. Et évaluer l’état de votre relation.
Certains couples se posent continuellement la question. Par définition, on peut difficilement savoir comment cela se passe chez les autres. Est-ce que nous sommes « normaux » ou pas ? Nous sentons que cela ne va pas, nous voudrions que ce soit mieux ou, ce n’est pas ce que nous attendions.
Mais comment savoir ? Comment faire son « bilan de couple » ? Je reste ou je pars ? Je vous propose quelques points pour faire vous-mêmes votre « contrôle technique » de couple. Et évaluer l’état de votre relation.
Il y au moins une dizaine de facteurs à vérifier. Je vous propose de suivre un chercheur américain, Edward Waring, qui a bien étudié le sujet de l’intimité. Les américains ont du temps et de l’argent pour quantifier (mesurer) nos comportements alors qu’en Europe, nous nous contentons souvent de donner notre avis et d’émettre des jugements.
Edward Waring a décortiqué la problématique de l’intimité et du couple et nous propose d’évaluer neuf points pour juger si notre histoire mérite ou non de continuer:
1. Notre capacité à résoudre nos conflits.
Tous les couples traversent des conflits. Mais comment cela se passe chez nous quand nous ne sommes pas d’accord ? Est-ce que nous arrivons à gérer ou est-ce que cela se termine toujours mal ?
2. Notre capacité à exprimer nos sentiments (l’un envers l’autre).
Sommes-nous capables de manifester notre affection, de dire que nous sommes attachés l’un à l’autre ? Que nous tenons l’un à l’autre ? Ou est-ce que ce n’est jamais explicite ? Pouvons-nous montrer ouvertement nos sentiments? ( Quel est notre « langage de l’amour », comme le décrit Gary Chapman https://www.mediations-paris.fr/blog/couple-les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ).
3. Notre cohésion, notre engagement.
Avons-nous le sentiment d’être engagés l’un vis-à-vis de l’autre ? Ou est-ce difficile ? Gardons-nous « une distance de sécurité » qui nous empêche de nous engager dans la relation? Sentons-nous cette distance chez l’autre ? Attention car cette problématique est souvent symétrique (la peur de s’engager de l’un alimente la peur de l’autre, qui se désengage alors aussi).
4. Notre sexualité.
Un couple heureux est souvent un couple dont la vie sexuelle est épanouie. C’est en tous cas ce que nous racontent le cinéma et les romans. Et nous ? Nous arrivons à communiquer nos besoins ? Nos besoins sont comblés ? Ou loin d’être comblés ?
5. Notre identité, notre estime de soi au sein de notre couple.
Est-ce notre couple me donne confiance en moi ? Mon.ma conjoint.e me soutient-il.elle ? Me donne une sécurité qui me permet de grandir, de m’affirmer, de me réaliser ? Ou au contraire, est-ce que mon.a conjoint.e diminue mon estime de moi-même ?
6. Notre compatibilité.
Dans quelle mesure sommes-nous capables de travailler ensemble, de jouer ensemble, de conduire un projet ensemble ? On est ici dans le registre de la collaboration. Sommes-nous compatibles pour résoudre des problèmes ensemble, par exemple ? Ou nous sommes-nous spécialisés chacun sur la résolution de certains sujets ?
7. Notre autonomie par rapport à nos familles d’origine.
Avons-nous réussi à nous libérer de nos familles d’origine ? Et si nous sommes un peu plus âgés, de nos obligations vis-à-vis de nos propres enfants ? Sommes-nous autonomes ? Où en sommes-nous ?
8. Notre communication.
C’est souvent la partie émergée de l’Iceberg. Tous les couples croient qu’ils ont « des problèmes de communication ». Si Edward Waring n’en parle qu’à la fin, c’est souvent parce que ce sont surtout les sept points précédents qui sont réellement en jeu. Il vous faut néanmoins aborder cette question.
Est-ce que nous partageons, est-ce que nous échangeons sur nos croyances, nos valeurs, nos pensées, nos sentiments, nos états d’âme ? Ou est-ce que nous vivons ces sujets en parallèle, sans jamais vraiment connaître le point de vue de l’autre. Comment gérons-nous nos désaccords ?
9. Notre désirabilité.
Est-ce que nous désirons l’autre, inconditionnellement ? Est-ce que nous aimons qu’il.elle nous désire, inconditionnellement ? Est-ce que nous croyons à ce désir ? Est-ce que nous l’accueillons ? Il ne s’agit pas seulement du désir sexuel mais surtout du désir d’être avec l’autre.
Personne ne peut sentir à votre place si votre couple est en bonne santé ou non. Vos amis ou votre famille ne sont pas nécessairement les meilleurs conseils. J’espère que ces neuf questions vous aideront à y voir un peu plus clair. Elles méritent d’être posées souvent. Et si vous y arrivez, vous pouvez même essayer de vous les poser ensemble. Regardez aussi celles qui vous paraissent faciles, sans problèmes. Et celles qui au contraire, sont lourdes et vous attristent. C’est sur celles-ci que vous aurez peut-être un travail à faire pour améliorer votre relation. Car vous l’avez déjà compris, la santé d’un couple ne dépend pas seulement de l’état de sa relation romantique. C’est un engagement qui a besoin d’être reconfirmé. Souvent. Et l’évaluation de votre couple dépendra de vos envies d’aller éclairer toutes ces zones, parfois cachées. Seuls ou avec l’aide d’un professionnel, si c’est trop difficile.
D’après les résultats de E.M. Waring, University of West Ontario, 1981, 1984) : WIQ= Waring Intimacy Questionnaire: 90 questions auto-adressées, qui permettent d’associer des scores à chacun de ces points de « contrôle ».
Couples: comment se remettre d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour?
On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison.
La douleur de la séparation peut être aussi forte et intense que la force avec laquelle vous vous êtes aimés. Votre cœur est brisé. Comment passer de ce chagrin à un « voyage » qui vous répare et qui vous redonne confiance en vous ? Le processus est difficile et peut prendre du temps.
Chaque personne a son propre chemin pour se guérir d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour
La recette n’est pas la même pour tout le monde. Chacun réagit comme il peut. On en voit qui se plongent immédiatement dans une autre relation (amoureuse) pour ne surtout pas traverser l’expérience de la rupture. D’autres, qui ont besoin de plusieurs années pour retrouver le goût des autres.
Donc le premier pas consiste à vous écoutez. Respectez votre rythme et vos envies. Au fonds, votre corps sait ce qu’il vous faut.
Faire quelque chose de vos émotions
Vous êtes en colère, ou terriblement triste. Ou vous alternez entre les deux. La confusion est le propre de cette période. Vous avez perdu tous vos repères. Et toutes vos croyances : on entend souvent des phrases comme « je croyais que… » ou au contraire « jamais je n’aurais cru…. ». Renverser ses croyances est une expérience très déstabilisante. Vous pouvez vous sentir « brisé » (« brisée »), fatigué (e), amer, acide, frustré (e), impuissant (e), gelé (e), …
Vos émotions sont précisément là pour vous faire bouger. Cette crise vous « bouscule » et va déboucher sur une autre vie. A condition de transformer ces émotions : parlez-en, partagez les avec vos proches. Ne restez pas seuls. C’est le moment de voir vos amis et d’aller chercher du soutien auprès des membres bienveillants de votre famille. Il y en a ! Parler de votre douleur vous aidera à nommer les choses.
Et si vous le pouvez, dessinez, écrivez, chantez, jouez de la musique…exprimez-vous ! Cela devrait vous aider à « transformer » ces douleurs.
Attention : si vous ressassez sans fin, si vous ne dormez plus, si l’angoisse vous empêche d’aller travailler, si vous avez envie de mourir, allez chercher l’aide d’un médecin (un psychiatre ou votre médecin généraliste, par exemple). Il faut parfois l’aide d’un médicament quand notre cerveau a été tellement blessé qu’il ne retrouve plus ses capacités d’adaptation « naturelle ». Une rupture est un véritable choc, pour notre « cœur » et donc pour notre cerveau. Parfois la douleur est trop forte : on ne peut pas s’en sortir tout seul.
S’accrocher au présent
Arrêtez de tourner en boucle dans votre passé. Essayez de vous plonger dans vos sensations présentes. Vous ancrer dans le présent vous permettra de sortir des limites dans lesquelles vous enferme votre expérience passée.
Tous les moyens sont bons : toute forme d’exercice physique vous ramènera dans le temps présent de votre corps. Et sans aller nécessairement méditer (ce qui est excellent ! c’est prouvé ! Car la médiation diminue l’activité du système nerveux sympathique, celui du stress et de l’action-agitation), une activité manuelle qui vous plaît vous obligera aussi à vous concentrer sur ce qui se passe ici et maintenant.
Ce sont deux pistes de joie et de réconfort très efficaces.
Vous valez quoi hors de cette ancienne relation ?
Quel que soit la durée du couple qui vient de se dissoudre, cela fait quelque temps que vous vous pensez en « nous » plutôt qu’en « je ».
Mais qui êtes-vous vraiment, hors de cette relation ?
Retrouver votre essence propre, vos qualités, vos compétences vous connectera à nouveau à l’amour, en passant d’abord par l’amour de vous-même. Quels sont vos rêves ? Vos projets ? Comment pouvez-vous les réaliser ? Comment parvenir à votre but ? Vous allez sans doute découvrir que vos capacités sont bien plus étendues que vous ne le pensiez. Vos limites vont soudain s’ouvrir. Vous allez progressivement aimer la nouvelle personne que vous êtes en train de devenir. Ce qui est le vrai premier pas vers la possibilité d’aimer quelqu’un d’autre.
On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison. Et il n’y a que vous pour sentir quand vous les passez, successivement. Un jour, vous vous réveillerez et rien n’aura plus jamais le même goût qu’avant. C’est ce que je vous souhaite.
Couples : Se dire Merci. Ou les bienfaits de la gratitude.
En disant « Merci » vous renforcez votre lien, vous prenez soin de l’autre. Vous améliorez votre amitié, votre relation...et votre santé physique et mentale. C’est prouvé (*). « Merci » offre à l’autre de la reconnaissance, du soutien, une validation, de la proximité, de la connexion, de la solidarité. « Merci » vous focalise sur qui va bien, sur le versant positif de votre vie commune. « Merci » est une sorte de filtre, qui change votre perspective.
Cela a l’air tellement simple que vous vous pourriez vous croire dans un manuel de savoir-vivre du siècle précédent. « Merci ». Derrière ce mot, vous pouvez exprimer tout ce que vous aimez chez votre amoureux-amoureuse : votre admiration, votre affection, votre attention pour l’autre. Votre respect.
En disant « Merci » vous renforcez votre lien, vous prenez soin de l’autre.
Vous améliorez votre amitié, votre relation...et votre santé physique et mentale. C’est prouvé (*).
« Merci » offre à l’autre de la reconnaissance, du soutien, une validation, de la proximité, de la connexion, de la solidarité. « Merci » vous focalise sur qui va bien, sur le versant positif de votre vie commune. « Merci » est une sorte de filtre, qui change votre perspective.
A l’inverse, ne jamais remercier l’autre, c’est faire comme si il ou elle était transparent, comme si ses actions n’avaient aucune importance pour vous. A long terme, cela crée de la frustration, de la colère et « des problèmes de communication ».
En disant « Merci », vous réglez vos dettes invisibles (**)
- Merci de m’écouter avec autant d’attention
- Merci de me consoler et de me soutenir dans ce deuil
- Merci d’être là
- Merci pour ta gaité
- Merci pour ta transparence et ton honnêteté vis-à-vis de moi
- Merci pour ta compréhension
- Merci pour ton soutien inconditionnel
- Merci pour ta patience
- Merci pour ta tolérance
- Merci d’avoir fait la cuisine pour mes amis, pour ma famille
- Merci d’avoir passé du temps avec mon père, avec ma mère, mes frères ou mes sœurs
- Merci de t’être occupé(e) du jardin, de la cave, du chien, du chat,…
- Merci d’avoir organisé de si belles vacances
- Merci d’être une mère, un père, extraordinaire pour nos enfants
- …
Vous pouvez remercier chaque fois que votre amoureux ou votre amoureuse s’est donné la peine de vous faire plaisir, de poser volontairement une action qui vous est consciemment dédiée. Vous vérifierez au passage que votre amoureux-amoureuse est capable de recevoir ce « Merci ». Il n’y rien de plus blessant que les « de rien » ou « il ne fallait pas ».
Ou vous pouvez choisir un moment dédié, le dimanche matin, le soir quand vous vous couchez.
Vous pouvez aussi vous écrire une lettre : au début de chaque année, vous pouvez vous remercier pour tout ce qui vous a fait du bien. C’est la saison, pensez-y.
Ce n’est pas réservé au couple. Vous pouvez élargir. Remercier constitue une forme de don. Vous pouvez offrir un Merci à vos enfants, vos parents, vos amis, vos collègues. Peut-être que l’on ne se remercie jamais assez.
(*) Étude réalisée par Paul Mills, de l’Université de Californie
(**) concept développé par Nicole Prieur dans Petits règlements de compte en famille, Albin Michel
Sommes-nous tous des dépendants affectifs ?
Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu.
La réponse est oui ! En tous cas, nous avons tous été des dépendants affectifs puisque c’est le propre de l’enfant que d’être dépendant des adultes, et que l’un des besoins fondamentaux de l’enfant est de se sentir aimé. De recevoir des réponses quand il cherche du lien et plonge ses yeux dans les yeux de ceux qui s’occupent de lui. La dépendance affective nous concerne donc tous, dans notre enfance. Mais on en parle beaucoup dans le monde adulte. Là, c’est plus compliqué.
En théorie, nous avons grandi et devrions être « autonomes » pour assouvir nos besoins. Pour certains, cela reste très compliqué. Mais qu’est-ce que la dépendance affective pour un adulte ? Vous reconnaissez-vous ?
Attention à l’abus de langage : on parle de dépendance affective, mais est-ce vraiment de la dépendance ?
La compulsion et la dépendance ont été définies par les psychologues (*) et sont décrites selon trois critères :
- La répétition compulsive de l’activité (donc juste une fois, ou de temps en temps, ce n’est pas de la dépendance).
- Sa persistance, même si elle a des conséquences négatives (sur la santé physique ou sur l’état psychique).
- L’obsession, le fait d’y consacrer toutes ses pensées (et parfois, toutes ses actions).
Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu. Et qui par peur de perdre le lien avec l’autre, sont prêts à tout : ils fuient les conflits et sont toujours d’accord avec l’autre, n’écoutent pas leurs propres besoins et dépassent même souvent leurs limites, pour maintenir la relation coûte que coûte. Quand ils sont débordés par la peur et l’angoisse de perdre l’autre, ils peuvent être agressifs et violents, ou partir dans des élaborations presque délirantes, des solutions « magiques » (« on va faire le tour du monde, et tous nos problèmes disparaitront”. Mais vous, vous pouvez partir faire le tour du monde ?).
Donc ce n’est pas tout à fait comme une addiction, mais si c’est une situation systématique, qui est tout le temps présente et que vous (ou votre partenaire) mouline en permanence, rumine des peurs et des reproches, cela ressemble à une forme de dépendance. Et si cela vous mine, vous rend malheureux-se (parfois, très malheureuse), c’est bien cela.
Dans un monde idéal, un adulte est indépendant et autonome.
Que se passe-t-il pour le dépendant affectif ?
La dépendance affective crée deux situations :
- La personne ne s’accorde aucune valeur et a incessamment besoin de la validation de l’autre pour se prouver qu’elle peut agir et qu’elle a une place. Les commentaires de l’autre, ses jugements, ont valeur de vérité.
- La personne confond ses besoins, tournés vers l’intérieur, vers soi, et ses désirs, tournés vers l’extérieur de soi, vers l’autre.
Par exemple, « J’ai besoin d’un hug », car cela me rassure et calme mes angoisses, mes peurs, ma sensation de vide. L’autre est à mon service vs
« J’ai furieusement envie de t’embrasser », qui est un élan de désir vers l’autre, qui me plait et qui m’attire pour tout ce qu’il (elle) est.
Face au dépendant affectif, le partenaire n’en fait jamais assez. Il (elle) est toujours trop loin. Il peut se sentir impuissant puisqu’il n’arrive pas à calmer l’angoisse de celui (ou celle) qu’il (elle) aime. Et souvent, il peut avoir l’impression d’être envahi-e par l’autre, débordé-e par ses demandes.
D’où vient cette dépendance affective ?
Vous l’avez compris : au tout début de notre vie nous étions tous en dépendance absolue de l’affection des adultes qui nous entouraient et qui s’occupaient de nous. Lors du développement de l’enfant, de son adolescence et du passage à l’âge adulte, nous passons progressivement de cet état de dépendance (pour remplir tous nos besoins) à l’autonomie et à l’indépendance (tout est relatif !).
Mais parfois, cela ne se passe pas comme prévu.
Des enfants séparés de leur mère, des enfants soumis à des critiques constantes, des enfants élevés par des parents rigides et exigeants, ou des professeurs cassants, peuvent expérimenter de grandes fragilités. Qui seront portées longtemps par le futur adulte. Avec pour conséquence cette incapacité à supporter la distance de l’être aimé et à rechercher un attachement fusionnel pour combler tous leurs manques et répondre à tous leurs besoins. À s’interdire de dire non, de marquer des limites, d’exprimer ses propres opinions, de peur de se retrouver seul.
Comment cela se termine ?
Un dépendant affectif trouve rarement son bonheur. Il est pris dans un cercle vicieux.
Plus nous suivons le jugement de l’autre, plus nous nous adaptons et plus nous nous alignons sur ses désirs, plus nous nous éloignons de nous-mêmes, de nos vrais besoins. Ce qui nous plonge dans la tristesse, la culpabilité, et parfois, des pensées « parano ». Et plus nous pouvons croire, encore et encore, que notre douleur va s’arrêter grâce à « l’amour » d’un autre.
Mais sortir de ce cercle (vicieux), c’est souvent se retrouver seul. Le dépendant affectif crée exactement l’inverse de ce qu’il désire : ses demandes débordantes et sa façon de se sur-adapter finissent par faire fuir son partenaire. Ce qui renforcera ses peurs et ses douleurs. Et sa croyance en laquelle il (elle) ne mérite pas d’être aimé-e et il (elle) ne peut compter sur personne.
Il (elle) finit toujours déçu-e.
Tout ceci n’est pas très réjouissant, mais on peut sortir de la dépendance affective.
Soit en choisissant avec un tout petit peu plus de discernement son partenaire. Pour éviter tous ceux et celles qui pourraient alimenter notre mauvaise image de nous-mêmes.
Soit en nous guérissant de nos manques. En guérissant vraiment, car sinon, on pourrait courir le risque de remplacer une dépendance par une autre, attention ! (on connait tellement de rechute dans la cigarette ou dans l’alcool après une rupture amoureuse. Cet arbre-là cache la forêt de la dépendance affective).
Oui, on peut guérir de la dépendance affective ! Je vous raconte comment dans un prochain post….
(*) Goodman, 1990 , entre autres
Couple: Est-ce bien raisonnable d’envoyer des nudes?
Cet échange est intime. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message (nudes) ?
Aujourd’hui, tout passe par nos téléphones portables. Il y a peu de risque qu’un historien retrouve nos photos et nos messages dans 265 ans. Mais dans deux ans, dix ans, vingt ans ?
Nos téléphones font partie de notre intimité. Nous ne les partageons pas, ou rarement. D’ailleurs, dès que quelqu’un a quelque chose à cacher, il ou elle prend un deuxième portable, pour isoler de façon plus certaine ce qu’il veut cacher. Mais à qui appartiennent nos messages ? Nos photos ? Dont ces images parfois très intimes, comme les nudes, que nous avons envoyées dans l’euphorie d’un désir.
Si nous nous séparons
Il n’est plus question de partager des albums photos puisqu’il n’y a plus d’albums et que toutes nos photos sont dans nos téléphones ou sur le Cloud. Ce qui veut dire que nous gardons chacun une partie de l’autre. Que les traces intimes du couple nous appartiennent, et que l’on peut en faire ce que l’on veut.
Alors avant d’envoyer un nude, un message « personnel », vous êtes-vous posé cette question : cet échange est intime, fait partie de notre intimité. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message ?
Car son effacement ne sera pas « négociable ».
Les mots d’amour sont des trésors, oui, mais qui peuvent être partagés, diffusés très largement. Notre intimité moderne est très fragile, elle n’offre aucune sécurité de ce côté-là.
Alors posez vous la question avant d’envoyer vos précieux messages, ou vos photos intimes et votre nudité (nude). Quelles sont vos limites ? Que pouvez-vous échanger dans vos précieux téléphones portables ?
(d’après l’article du Monde en date du 7 Novembre, Des lettres d’amour, jamais ouvertes depuis 265 ans, dévoilent leur contenu, par Florence Rosier)
Est-ce que je vis avec un ou une pervers narcissique ? Comment les reconnaître?
Ce qualificatif (« pervers narcissique ») est tellement fréquent, que l’on peut se demander si il est juste, s’il n’est pas la justification expéditive des conflits et des ruptures. On entend aussi l’autre être traité de « personnalité toxique ».
C’est une question que j’entends au moins une fois par semaine. Parfois, ce n’est plus une question, mais une affirmation. Ce qualificatif (« pervers narcissique ») est tellement fréquent, que l’on peut se demander si il est juste, s’il n’est pas la justification expéditive des conflits et des ruptures. On entend aussi l’autre être traité de « personnalité toxique ». De nombreux livres ont été publiés sur le sujet. Ils donnent une définition assez précise des contours psychologiques et comportementaux de ces personnes. Je ne suis pas psychiatre, et vous ne l’êtes sans doute pas non plus. Je ne me sens donc pas du tout habilitée à déterminer si telle ou telle personne est ou non un ou une « pervers narcissique ». Sans oublier, qu’il y a beaucoup d’autres maladies psychiatriques susceptibles de causer des comportements proches. Par prudence, je parlerai donc ici de personne « émotionnellement instable ». Mais je sais aussi à quel point il est douloureux de vivre avec ce type de personnalité. Je vous propose donc de vous arrêter sur les signaux d’alerte. Les signes qui peuvent laisser supposer que vous êtes en danger. Ou qu’il est inutile de vous épuiser à tenter d’améliorer une situation qui ne dépend plus de vous, depuis longtemps. Et qu’il faut vous faire aider.
L’un des ouvrages les plus intéressants sur le sujet est celui de Joe Navarro sur les Personnalités toxiques (*). Joe Navarro est un ancien profiler du FBI.
Pour son livre, il a d’abord interrogé des « victimes » ayant réellement vécu avec des personnalités dangereuses. Voici tous les mots qu’il a listés (dans son chapitre 2) pour les qualifier :
« fâché (énervé), amer, chaotique, collant, se plaignant( râleur-râleuse), confus, contrôlant, critique, cruel, dangereux, trompeur, délirant, déshumanisant, exigeant, dégradant, dénigrant, déroutant, désespéré, destructeur, dépressif, déconnecté, désorganisé, inquiétant, épuisant, faisant des drames, dysfonctionnel, émotif, envieux, imprévisible, exaspérant, explosif, suscitant la peur, effrayant, frustré, frustrant, hystérique, déséquilibré, impossible, impulsif, inapproprié (en décalage avec la situation), incohérent, irrationnel, irritable, irritant, lunatique, malveillant, malin, masochiste, méchant, maussade, morbide, rempli de rage, rancunier, sarcastique, effrayant, en ébullition, étouffant, suicidaire, capricieux, tempétueux, tendu, menaçant, fatiguant, tourmenté, tornade, naufrage, orageux, turbulent, indifférent, rancunnier, impitoyable, malheureux, dérangé, déraisonnable, peu fiable, instable, méfiant, triste, vengeur, vindicatif, violent, instable, remonté. »
Joe Navarro précise qu’il ne s’agit pas d’attraper un ou deux termes de cette liste pour « condamner » un individu. Chacun peut un jour être de mauvaise humeur. En revanche, dans la mesure où c’est bien de cette façon qu’ils ont été décrits par leurs « victimes », si votre conjoint-e présente constamment ces formes de comportements, alors oui, vous vivez probablement avec quelqu’un qui a besoin d’aide. Et vous, vous vivez sans aucun doute un enfer.
Son instabilité, par exemple, vous entraîne dans une vigilance permanente : quand vous rentrez chez vous le soir, après une journée de travail, vous pouvez passer en une minute d’une situation agréable et affectueuse à une éruption d’injures et de reproches, sans que vous ne compreniez ce qui a été la cause de ce changement brutal. Vous ne pouvez jamais vous détendre. Vous « marchez sur des œufs » tout le temps, juste pour « survivre ». Pire, vous faites tout votre possible pour faire plaisir à l’autre, dans le but d’échapper à ces épisodes ou d’améliorer la situation. Et cela ne fonctionne jamais. Ce n’est jamais assez bien, jamais. Pour l’autre, c’est vous le problème, pas lui.
Pourquoi avez-vous été attiré-e par ce personnage ? Pourquoi êtes-vous encore si attaché-e ? Pourquoi restez-vous dans cette situation ? Vous avez sans doute été touché-e par sa vulnérabilité, vous avez peut-être pensé qu’avec toute votre bienveillance, il ou elle allait pouvoir changer. Vous avez généreusement cru que vous pourriez « réparer » quelque chose. Malheureusement, seuls des professionnels formés pour traiter ces cas peuvent éventuellement interagir avec eux. Vous sortirez peut-être traumatisé-e, abîmé-e, de cette relation et il est donc indispensable que vous alliez, vous, chercher une aide psychologique pour vous réparer!
Et si vous êtes victime de violence, appelez le 3919 pour qu’ils vous aident à trouver un abri.
Si vous avez un doute, Joe Navarro a aussi listé les 20 « signes » suivants (*). Des comportements et des situations qui, mis bout-à-bout, dessinent un quotidien dont vous n’êtes absolument pas responsable. Et qui vous fait terriblement souffrir.
1. Explose dans des colères noires sans proportion avec les circonstances ou les évènements.
2. Depuis que vous êtes en couple, vous êtes moins heureuse (heureux), moins sûr de vous et plus inquiet-e.
3. La meilleure description de votre relation est que ce sont des montagnes russes.
4. Votre conjoint ne se rend absolument pas compte des conséquences de ses paroles ou de son comportement, que ce soit auprès de ses proches, de sa famille, ou de gens plus éloignés.
5. Il (ou elle) a parfois des comportements complètement décalés par rapport au contexte social : il (ou elle) va faire un scandale dans un lieu public, ou il va parler de façon familière à quelqu’un qu’il (ou elle) ne connait pas, par exemple.
6. Il peut s’effondrer, ou se mettre en colère, pour un rien, si un stress minuscule se présente. (On ne compte plus les épisodes observés lorsqu’il ou elle conduit).
7. Une dispute, une discussion peut durer des heures, ou même des jours, alors qu’elle aurait du s’arrêter au bout de quelques minutes.
8. Il (ou elle) saisit la moindre occasion pour se déchaîner ou s’en prendre à quelqu’un.
9. Il (ou elle) se retrouve fréquemment entraîné dans des conflits, des disputes ou même des bagarres physiques.
10. Il (ou elle) n’a aucune barrière et est tout le temps en train de discuter, d’argumenter ou de crier sur les gens, y compris des gens qu’il (ou elle) ne connait pas. Il peut même se disputer avec son médecin.
11.Vous n’êtes jamais détendu-e, sans défense, relax, en présence de cette personne.
12. Les plus proches (vous, ses enfants, sa famille, ses amis) sont tout le temps en train de vérifier « comment ça va » ? De « prendre la température ».
13.Les autres le ou la décrivent comme lunatique, imprévisible et il (ou elle) est connu-e comme capable de briser des objets ou d’en lancer, même quand ce ne sont pas les siens.
14.Vous dit régulièrement qu’il vous pardonne. Mais il (ou elle) ne pardonne jamais et vous « ressert » ses reproches à la moindre dispute, même longtemps après.
15. Est irritable et a un seuil de frustration très bas. Autrement dit : ne supporte pas le « non ». Il faut toujours lui dire « oui ou d’accord ».
16. Est incapable d’empathie, de s’occuper des autres, ou d’affection. Mais il (ou elle) en demande sans arrêt.
17.Vous évitez de lui parler ou de faire certaines choses, de peur de ses réactions. Vous avez peur qu’il (ou elle) vous fasse souffrir.
18.Vous vous sentez piége-é.
19. Cherche à humilier les autres pour les « punir » ou pour se sentir supérieur.
20. Quand il (ou elle) se déchaîne, c’est au-delà de la colère, c’est de la rage. Et parfois, cela fait peur.
Pardon pour ce tableau épouvantable. Encore une fois, nous ne sommes pas en train de parler d’épisodes isolés ou ponctuels, qui peuvent arriver à n’importe qui. Si vous reconnaissez dans cette liste plus d’une dizaine d’exemples que vous vivez à répétition, alors oui, vous cohabitez sans doute avec une personne « émotionnellement instable ». Vous avez tous les deux besoin de l’aide de très bons professionnels. Dans votre cas, c’est une question de survie. Vous n’avez aucune obligation à rester dans un rôle de victime qui ne peut que s’aggraver.
Et pour ceux qui ont la chance de réaliser ici que leur quotidien est loin de ces descriptions, vous comprendrez pourquoi il est délicat de généraliser ce mot « valise » de « pervers narcissique ». Par respect pour les victimes de ceux ou de celles qui le sont vraiment.
(*) Dangerous Personalities, Joe Navarro : « Un ancien Profiler du FBI vous explique comment identifier et comment vous protéger des personnalités dangereuses », Editions Rodale. En anglais. Non traduit.
Numéro d’urgence 3919, pour les femmes victimes de violence (et pour leurs enfants, bien sûr).
Mon amoureux(se) est-il « la bonne personne » ? L’ai-je bien choisi ?
Aujourd’hui, c’est La question centrale : celle qui présuppose qu’il existe quelque part La bonne personne, celle qui remplira toutes les promesses et avec laquelle le bonheur conjugal est garanti. Le but d’une existence serait de la trouver. Et nos échecs signifieraient tout simplement que « ce n’était pas la bonne personne ».
C’est une question moderne, que l’on ne se posait pas vraiment avant les années 60 et l’apparition d’une injonction au bonheur qui inclut la vie de couple. Aujourd’hui, c’est La question centrale : celle qui présuppose qu’il existe quelque part La bonne personne, celle qui remplira toutes les promesses et avec laquelle le bonheur conjugal est garanti. Le but d’une existence serait de la trouver. Et nos échecs signifieraient tout simplement que « ce n’était pas la bonne personne ».
Personnellement, j’avoue que je ne suis pas tout à fait certaine que cette personne existe. L’humanité compte plus de sept milliards d’habitants. Il est donc hautement probable qu’il y en a plus d’un ou plus d’une avec lequel nous pourrions vivre en bonne harmonie. Et affirmer qu’il existe quelque part une personne qui serait notre « moitié perdue », selon le concept platonicien, suppose que nous serions dans un état, une humeur et des besoins permanents, qui ne changent jamais, et que notre « bon » conjoint connaitrait également cette forme de stabilité. Rien ne me parait plus éloigné de la réalité. Il me semble que nous sommes d’avantage dans une évolution permanente et que le principe même de la vie de couple réside dans une adaptabilité constante.
Il reste que notre aspiration au « bonheur » est universelle. Je poserais donc la question de façon différente : peut-être qu’il serait bon de faire son « bilan de couple » sur la base de critères mesurables et de s’arrêter sur notre épanouissement réel plutôt que sur des attentes idéales (et parfois inaccessibles).
La philosophe Martha Nussbaum nous propose dix points pour évaluer notre bonheur. Et vous, pouvez-vous évaluer votre bonheur dans votre couple?
La philosophe Martha Nussbaum, enseignante à l’Université de Chicago, a travaillé avec le Prix Nobel d’économie Amartya Sen sur la notion de bonheur. Leur idée était de ne pas s’arrêter aux critères économiques de richesse d’un état (le fameux Produit Intérieur Brut) pour évaluer le bonheur d’un pays.
Martha Nussbaum a décrit dix « Capabilities » centrales qui garantissent à un citoyen que sa vie est digne d’être vécue. Il me semble que de regarder ces dix « possibilités », ces dix indices de la dignité humaine, au travers de l’expérience du couple, donne une idée assez précise de notre « bonheur » dans cette vie conjugale. Car si des Prix Nobel utilisent ces dix « Possibilités » pour évaluer le bonheur de l’humanité, il me semble intéressant de les regarder à l’échelle de notre vie quotidienne, de vie « en couple ».
Voici donc ces dix « capabilities » et ce que l’on peut en dire lorsqu’il s’agit d’évaluer notre vie….
1. La vie : « être dans la possibilité de vivre une vie humaine d’une durée normale, ne pas mourir prématurément, et vivre une vie qui vaut d’être vécue ». On est ici dans un besoin « basique ». Le couple ne peut être un lieu de risque ou de violence qui raccourcisse la vie de l’un de ses membres. No comment. Sans évoquer ces extrêmes, le couple devrait nous rendre « vivants ». Ce que nous ressentons bien au début d’une nouvelle histoire, ou lorsque nous nous retrouvons après quelques jours d’absence. Une vraie sensation de joie, qui est proche de cette jubilation d’être vivant. Cette sensation devrait durer. Se sentir « vivant » est un excellent indice de notre qualité de vie.
2. La santé physique : « être dans la possibilité d’avoir une bonne santé, y compris sa santé reproductive. Être bien nourri(e), être protégé, abrité ». Là aussi, Martha Nussbaum évoque des besoins « basiques », fondamentaux. Qu’il est bon de rappeler. En droit français, les époux se doivent « secours ». Martha Nussbaum rappelle ce devoir moral de se soutenir physiquement. Est-ce que votre conjoint vous permet de vous occuper de vous ? Est-ce que vous avez du temps et de l’espace pour vous occuper de vous ?
3. L’intégrité physique : « être capable de bouger librement d’un lieu à un autre. D’être protégé contre des attaques violentes, incluant des attaques sexuelles ou des violences domestiques. Avoir la possibilité de satisfaire ses besoins sexuels et de faire des choix en matière de reproduction ». Au-delà de l’intégrité du corps, qui semble être non négociable, cela signifie que le couple est un espace de respect des limites de chacun. Qui sont différentes d’un couple à l’autre. Mais qui doivent être explicites, sous peine d’être (parfois involontairement) dépassées. L’autre ne peut pas deviner quelles sont nos limites. C’est aussi le droit, la possibilité d’être touché, d’être enlacé, d’être accueilli physiquement par l’autre.
4. Les Sens, l’imagination et les pensées : « être capable d’utiliser tous ses sens, d’imaginer, de penser et de raisonner- et de faire tout cela de façon vraiment humaine, en étant informé et éduqué, entre autre et sans limite en ayant accès à la littérature, aux bases des mathématiques et des sciences. Avoir la possibilité d’utiliser son imagination et ses pensées pour produire des travaux ou des évènements de son choix, qu’ils soient religieux, littéraires, musicaux ou autres. Dans une véritable liberté d’expression, qu’elle soit politique, religieuse ou artistique. Avoir la possibilité de vivre des expériences agréables et d’éviter les douleurs inutiles. » Quand on regarde l’histoire de l’art et le nombre de femmes qui ont renoncé à toute création pour laisser leur conjoint prendre la lumière, on comprend la pertinence de cette quatrième « possibilité ». Cette « capacité » rejoint la question des jeux de pouvoir dans le couple. Des effacements. Des renoncements. Des exigences non négociables. Des désirs de contrôle. Et par conséquence, du droit à la liberté.
5. Les Émotions : « Avoir la possibilité de s’attacher à des gens, à des objets, en dehors de soi. La possibilité d’aimer ceux qui nous aiment et qui s’occupent de nous. A contrario, ne pas en être empêché par la peur ou l’anxiété ». Quelle liberté, quel espace y a-t’-il hors du couple (on y revient)? Quelle confiance s’accorde t’-on ? Quel risque est-on prêt à prendre ? Quelle distance s’autorise-t’-on ? Ce chapitre est celui du droit à une forme de sécurité. La sécurité de pouvoir être soi.
6. Un raisonnement pratique : « Avoir la possibilité de faire la part entre le bien et ce qui ne l’est pas, d’engager une réflexion critique sur la façon d’organiser sa vie (ce qui est garanti par ce que l’on appelle la liberté de conscience et de pratiquer sa religion) ». Quelle est notre tolérance ? L’autre a-t’-il la liberté de penser différemment ? D’avoir d’autres croyances ? Parfois d’autres valeurs, d’autres pratiques, d’autres rituels ?
7. L’Affiliation : « Avoir la possibilité de vivre avec d’autres, de les considérer, d’être en interaction sociale avec eux, d’être capable de se mettre à leur place et de les comprendre (ce qui signifie que les institutions protègent et garantissent ces affiliations, garantissent la liberté de se réunir et de tenir des discours « politiques »).
Avoir suffisamment de bases sociales pour avoir confiance en soi et ne jamais être humilié. Être traité avec respect, en toute égalité avec les autres, sans discriminations basées sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique, la caste, la religion ou l’origine. » Cette possibilité « d’affiliation » rejoint les questions qui précèdent. Sur un champ moins spirituel, plus social. Des soirées foot entre copains jusqu’aux possibilités de choisir son travail.
8. Les Autres espèces : « Avoir la possibilité de vivre et de respecter des animaux, des plantes et la nature en général ». Pas si anecdotique dans les couples ! Certains couples fusionnels ont partagé leur passion pour un jardin, ou pour des animaux dit « de compagnie ».
9. Le Jeu : « Avoir la possibilité de jouer, de s’amuser et de se distraire avec des activités choisies ». Besoin essentiel, très souvent rempli dans les premiers mois, juste après nos rencontres. Zone très fragile car souvent, elle disparaît mécaniquement des priorités quotidiennes. Les couples évoquent « des problèmes de communication », alors qu’ils ont tout simplement perdu cet espace, ce temps, pour s’amuser ensemble.
10. Le contrôle de son environnement : « Politique, avec la possibilité de choisir qui gouverne, la possibilité de se réunir et de s’exprimer librement. Matériel, avec la possibilité de posséder quelque chose (que ce soit une terre ou des objets usuels), d’avoir un accès à la propriété de façon égale par rapport à d’autres, de pouvoir travailler et de choisir d’y rester ou d’en partir, en étant respecté et reconnu par les autres ». Dans le couple, ce serait le droit de garder un espace à soi. Un espace de pensée, d’opinions, et un espace matériel. Le contraire d’une fusion permanente et illimitée, qui est parfois exigée par un membre du couple, ou par les deux. Par idéal ou par volonté de contrôler l’autre.
Martha Nussbaum est une philosophe « politique ». Elle se situe à l’intersection de la psychologie, de la sociologie et du champ juridique, pour redéfinir ce que pourrait être une organisation démocratique. Platon et les Lumières méritent effectivement d’être revisités.
Pour finir, elle précise que « Le plus important que si vous considérez les items de cette liste comme des opportunités de choix (ou des opportunités choisies) plus que des activités en tant que telles, alors vous permettez une grande liberté et une grande fluidité. Si quelqu’un n’est pas intéressé par une activité, si cela ne reflète pas le sens qu’il désire donner à sa vie, alors, ce n’est pas grave, ils ne l’exercera pas. L’approche des « capabilities » est une sorte de « welfarisme » avec de multiples entrées mais plus que tout, ce sont des opportunités de choix et de liberté plus que des choses que l’on doit faire.» (*)
Au-delà de cette démarche politique, les textes de Martha Nussbaum dessinent un nouveau contexte culturel et idéologique. Et le couple est une entité dépendante du contexte culturel et religieux. Nous construisons notre couple à l’intérieur d’une culture et souvent, d’un humus religieux. Martha Nussbaum prépare sans doute un nouveau futur, comme les philosophes des Lumières ont préparé les Révolutions. A un moment où nous ne savons plus très bien ce que nous voulons, sa démarche est très inspirante pour évaluer notre « système de couple », notre vie affective et familiale.
(*) Texte original de Martha Nusbaum en anglais :
"More importantly is that if you make the items on the list, opportunities for choice rather than the activities themselves, then you allow a lot of freedom and flexibility. If somebody doesn't like one activity, if that doesn't express what makes their life meaningful, well, they just won't use that one.
The capability approach is a kind of welfarism with multiple parts but more of them are freedoms or opportunities for choice, rather than being things you are required to do. So the way we would assess the society is to ask what space is for choice, what freedoms in some crucial areas it has opened up for its citizens."
L’amour? L’amitié? Et s’il nous fallait les deux pour vivre ensemble?
Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami”. Formulé comme cela, cela paraît assez simple.
Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami” (ou sa meilleure amie, bien sûr). Formulé comme cela, cela paraît assez simple.
Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”
Nous avons tous un ou une “meilleure amie”. Nous le (la) visualisons très bien. Cette amitié a toujours été présente dans notre vie. Même si cela n’a pas toujours été la même personne. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”. C’est en notre meilleur(e) ami(e) que nous plaçons notre confiance. Nous pouvons tout lui dire, sans être jugé(e). Nous vivons ses joies et ses chagrins comme si c’était les nôtres. Nous aimons la même musique, nous avons souvent les mêmes loisirs, nous avons partagé plein d’expériences ensemble. C’est auprès de notre meilleur(e) ami(e) que nous nous réfugions si nous avons besoin de soutien et de réconfort. De conseils, souvent.
Swamidji Prajnanpad souligne l’écart minuscule qu’il y a entre l’amour et l’amitié. C’est une indication précieuse pour nous lorsque nous perdons “le contact” avec notre conjoint. Revenir à l’amitié, c’est un peu plus facile. Dans un article précédent, je vous ai parlé de Gary Chapman et des 5 langages de l’amour (https://www.mediations-paris.fr/blog/les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ). Les conseils de Gary Chapman rejoignent cette thématique de l’amitié. Même si nous avons de multiples attentes, ou croyances, sur l’amour et plus particulièrement sur notre conjoint, revenir à la notion toute simple de l’amitié est un premier mouvement concret et extrêmement réparateur.
Lettre d’Albert Camus à son ami René Char
Et si vous avez besoin d’explications, je vous propose cette lettre extraordinaire d’Albert Camus à son ami René Char (poète). Chaque mot est une leçon d’amitié:
17 septembre 1957
Cher René,
Je suis en Normandie avec mes enfants, près de Paris en somme, et encore plus près de vous par le cœur. Le temps ne sépare, il n’est lâche que pour les séparés — Sinon, il est fleuve, qui porte, du même mouvement. Nous nous ressemblons beaucoup et je sais qu’il arrive qu’on ait envie de « disparaître », de n’être rien en somme. Mais vous disparaîtriez pendant dix ans que vous retrouveriez en moi la même amitié, aussi jeune qu’il y a des années quand je vous ai découvert en même temps que votre œuvre. Et je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il en est de même pour vous, à mon égard. Quoi qu’il en soit, je voudrais que vous vous sentiez toujours libre et d’une liberté confiante, avec moi.
Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime. À la fin, on mourrait de chagrin, littéralement. Et il faut que nous vivions, que nous trouvions les mots, l’élan, la réflexion qui fondent une joie, la joie. Mais c’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.
Je rentre dans une semaine. Je n’ai rien fait pendant cet été, sur lequel je comptais, beaucoup, pourtant. Et cette stérilité, cette insensibilité subite et durable m’affectent beaucoup. Si vous êtes libre à la fin de la semaine prochaine (jeudi ou vendredi, le temps de me retourner) déjeunons ou dînons. Un mot dans ma boîte et ce sera convenu. Je me réjouis du fond du cœur, de vous revoir.
Votre ami
Albert Camus
Alors même si aujourd’hui nous nous écrivons plus de SMS que de lettres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…..
Couple: On arrête ou on continue ?
On arrête ? On continue ? Tout le monde s’est posé la question un jour. Cette question est aussi le titre d’un livre écrit par Robert Neuburger, éminent thérapeute de couples (français). Il l’a empruntée à un couple d’amis qui pendant plus de soixante ans, s’est posé « rituellement », ensemble, cette question pour ne laisser aucune problématique en suspens.
On arrête ? On continue ? Tout le monde s’est posé la question un jour. Cette question est aussi le titre d’un livre écrit par Robert Neuburger, éminent thérapeute de couples (français). Il l’a empruntée à un couple d’amis (l’écrivain Dominique Desanti et son mari Jean Toussaint-Desanti) qui pendant plus de soixante ans, s’est posé « rituellement », ensemble, cette question pour ne laisser aucune problématique en suspens.
Faire son “bilan de couple”
Robert Neuberger propose dans son livre de faire « son bilan de couple ». Ses questions sont pertinentes : « Quelle place la relation que vous entretenez avec votre partenaire tient-elle dans votre vie ? », « et réciproquement, quelle place pensez-vous occuper dans la vie de votre partenaire ? », « Comment communiquez-vous ? », « Votre couple vous apporte-t’-il de la sécurité (dans votre sexualité, sur le plan financier, sur le plan affectif, ou sur d’autres plans) ? », « Qu’est-ce qui est mis en commun dans votre couple ? », « Avez-vous le sentiment que vous accordez suffisamment de temps à votre couple ? », etc.
La démarche est intéressante, certes. Mais personnellement, je ne crois pas du tout qu’il soit possible de faire son bilan de couple seuls. Cela ressemble aux tests que l’on trouve dans les magazines et auxquels on répond distraitement en vacances, sur la plage. Toutes ces questions sont pertinentes et valent la peine que l’on s’y arrête.
Ce qui me paraît difficile, c’est de faire la part des choses seuls. Car la réponse à cette question : « on continue ou on arrête ? » n’est pas rationnelle. Il ne suffit pas de prendre un papier et de remplir les colonnes «pour » et les colonnes « contre ». Ou alors, vous risquez quelques nuits sans sommeil.
Attention aux malentendus et aux erreurs d’interprétation
Sans aller jusqu’à parler d’inconscient, les raisons qui nous ont poussé vers l’autre ne sont pas toujours claires. Et nous le sentons bien. Cet homme, cette femme, est exactement l’inverse de tout ce que nous avions imaginé. Et pourtant, nous l’aimons sincèrement. Se poser toutes ces questions est très sain mais les réponses ne doivent pas être trop « superficielles ». Y répondre avec l’aide d’un tiers, neutre, me parait indispensable pour démêler les « ressorts cachés ». Car quand les colonnes « on arrête » sont remplies, il ne s’agit parfois que de grands malentendus. D’empreintes de nos familles d’origine et de fidélités encombrantes par exemple. De croyances qui nous aveuglent et nous conduisent à des constructions, des interprétations fausses. Idem quand à l’inverse, nous remplissons rationnellement la colonne « on continue », sans écouter nos émotions qui vont dans la direction contraire. Et que c’est par attachement à des représentations qui nous arrangent qu’ « on continue ».
Donc faire son bilan de couple oui, bien sûr. Mais attention, s’il y a des dissonances, n’hésitez pas à vous faire aider et à le faire avec l’aide d’un tiers. Ce sera beaucoup plus sécurisant.
Robert Neuberger “On arrête?…on continue?” Faire son bilan de couple, chez Payot, www.payot-rivages.fr
La thérapie de couple racontée par Michelle Obama
Dans son livre Devenir (Éditions Fayard et Livre de Poche, 2018), Michelle Obama raconte son expérience de la thérapie de couple. A trente-huit ans, après la naissance de ses deux filles, elle voyait sa frustration augmenter et « se manifester souvent et intensément » (on apprécie l’euphémisme).
Dans son livre Devenir (Éditions Fayard et Livre de Poche, 2018), Michelle Obama raconte son expérience de la thérapie de couple. A trente-huit ans, après la naissance de ses deux filles, elle voyait sa frustration augmenter et « se manifester souvent et intensément » (on apprécie l’euphémisme). Son frère Craig avait vu « son mariage se désagréger lentement et douloureusement ». Michelle Obama voulait protéger son couple et son mariage. On l’écoute :
« Nous nous aimions profondément, Barack et moi, mais c’était comme si au cœur de notre relation s’était formé un nœud que nous étions incapables de démêler ».
« Et voici la grande découverte que j’ai faite en matière de Conseil Conjugal : il n’y a pas eu de validation. Mr W. n’a pas pris parti. Quand il a été question de nos dissensions, il n’a à aucun moment accordé sa voix à l’un ou l’autre d’entre nous. En revanche, il s’est montré plein d’empathie, il nous a écoutés patiemment, nous guidant doucement l’un et l’autre à travers le dédale de nos sentiments, retirant délicatement nos armes de nos plaies. Il nous rappelait à l’ordre quand notre côté juriste menaçait de l’emporter, et nous posait des questions subtiles destinées à nous faire réfléchir sérieusement aux raisons pour lesquelles nous éprouvions tel ou tel sentiment. Peu à peu, au fil de longues heures de discussion, le fil a commencé à se desserrer. Chaque fois que nous sortions de son cabinet, Barack et moi, nous nous sentions un peu plus proches l’un de l’autre. »
No comment. On connait la suite.
In Devenir, traduit de l’anglais par Odile Demange et Isabelle Taudière, Editions Fayard, publié en 2018 page 375 dans l’édition en Livre de Poche
Les signes que vous traversez une vraie « Crise de Couple »
Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair. Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce.
John M. Gottman est l’auteur du livre Les couples heureux ont leurs secrets (aux Éditions Pocket). C’est un psychologue qui travaille depuis 1972 sur les couples. Son livre est passionnant.
Dans ce livre, et à travers toutes les études qu’il cite (américaines, bien sûr), il indique par exemple que « dans 80% des cas, les divorcés estiment que leur mariage a échoué parce que leur partenaire, en s’éloignant progressivement d’eux, a détruit leur complicité. Ou encore, parce qu’ils ne se sentaient plus aimés ni appréciés. Seuls 20 à 27% des couples citaient l’infidélité comme une cause même partielle de divorce ».
Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce. Ce chapitre (c’est au début du livre) nous a bien entendu interpellé. Voici ce qu’il décrit.
Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair.
Premier Cavalier : la critique
On ne parle pas ici d’un reproche ponctuel, sur un fait précis et circonscrit. On parle d’une critique énoncée sur la personnalité de l’autre, une critique qui généralise. Par exemple :
- « Tu m’as laissé la voiture avec un réservoir vide. On a été en retard à l’école » , qui est un reproche et témoigne d’une certaine tristesse ou d’une certaine colère, selon le ton utilisé (reproche).
Et –« C’est incroyable. Tu le fais exprès ! Tu ne peux jamais faire le plein de cette voiture. C’est toujours moi qui m’y colle. Quand vas-tu une fois te bouger pour aller à la Station-Service. C’est quand même pas compliqué ! Ce n’est pas surhumain ce que je te demande ? ». (critique).
La critique constante conduit directement au
Deuxième Cavalier : le mépris
Quand la critique s’accompagne de sarcasmes, de ricanements, de cynisme, de moqueries, de paroles humiliantes, de gestes d’exaspération et/ou de dégoût, le conflit risque de s’aggraver.
Le mépris s’accompagne en général de ruminations et de sentiments très négatifs. Il rend difficile les tentatives de rapprochement.
Troisième Cavalier : l’attitude défensive
Gottman dit que ses études montre que l’approche consistant à essayer de se défendre face aux critiques ne sert à rien. Cela nourrit le conflit. Cela alimente les escalades verbales. Et en général, celui qui formule ses critiques reste sur ses positions.
Quatrième Cavalier : la dérobade
Malheureusement face aux critiques, au mépris et aux disputes, il est fréquent que l’un des deux membres du couple « laisse tomber », lâche l’affaire. Il se lève, abandonne la discussion et quitte la table ou la pièce. Il ou elle voyage de plus en plus, rentre de plus en plus tard de son travail. Il arrive même qu’il ou elle joue l’indifférence. Qu’il ne fasse même plus semblant d’écouter, même quand la conversation est relativement calme et neutre. Il ne peut plus faire face à tant de négativité et il se protège « passivement ». Certains (certaines) sont dans un tel état de choc, qu’ils se désinvestissent totalement de la relation. Pour ne plus souffrir. A ce stade, quand les autres cavaliers sont déjà passés, la séparation est généralement inéluctable. Et Gottman nous apprend que dans 80% des couples, c’est le mari qui se dérobe.
J’espère que cet article ne vous aura pas trop déprimé. Il a le mérite de montrer, une fois de plus, qu’il faut beaucoup de détermination, de courage, de capacité à écouter un point de vue différent, de supporter une façon de faire différente, pour être longtemps heureux en couple. Pour contrer dès qu’il se profile le premier Cavalier, la critique, et ne pas laisser les conflits évoluer dramatiquement vers des situations difficiles à corriger. C’est tout l’intérêt d’aller discuter avec un tiers et de chercher de l’aide à l’extérieur pour opérer quelques changements. Car Gottman parle aussi des secrets des couples qui durent….et des “sept lois de la réussite” de ces couples (qui durent). A suivre….(nous en reparlerons).
Qui aime-t’-on vraiment quand on aime ? L’autre ?
Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble. Ou que nous aimions dans l’autre ce que nous aimerions être, montrer au monde. Notre meilleure partie. Certains vont même jusqu’à dire que nous aimerions dans l’autre nos pires défauts, ceux que nous ne voulons pas montrer, ce qui nous permet de les « maintenir » à l’extérieur et de rejeter les critiques sur l’autre, alors que c’est cette part de nous-mêmes que nous détestons. Compliqué, mais bon à savoir.
« Je suis Toi, et Tu es moi ; en T’adorant je m’adore moi-même et en m’adorant c’est Toi que j’adore ».
Toute la question posée par ces mots tient dans un mot : Moi. Suis-je engagé(e) dans un amour égoïste ? L’amour de moi ? Ou l’égoïsme a-t’-il disparu ? et l’Amant et l’Aimé ne font ils qu’un ?
Personne ne peut prétendre répondre à cette question pour l’autre. Mais nous devons tous nous y arrêter. En essayant d’être honnête.
Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble
Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble. Ou que nous aimions dans l’autre ce que nous aimerions être, montrer au monde. Notre meilleure partie. Certains vont même jusqu’à dire que nous aimerions dans l’autre nos pires défauts, ceux que nous ne voulons pas montrer, ce qui nous permet de les « maintenir » à l’extérieur et de rejeter les critiques sur l’autre, alors que c’est cette part de nous-mêmes que nous détestons. Compliqué, mais bon à savoir.
Nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est
Les signes d’alerte sont assez simples : « nous ne nous disputons jamais » ou « nous nous disputons tout le temps », sont les deux faces du même phénomène. Nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est. Nous ne voyons que ce que nous voulons voir. Car il est quasiment impossible de vivre auprès de quelqu’un et de ne jamais être en désaccord. Ou de vivre avec quelqu’un et de ne jamais être d’accord avec lui ou elle.
Avant de parler d’unions parfaite, il est bon de s’arrêter sur cette question. Elle devrait nous conduire à mieux écouter, regarder et accepter l’autre. Tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons.
Comment être plus “aimable” pour son conjoint ?
Il arrive que nous nous sentions “coupables”, que nous soyons systématiquement dans l’inconfort quand nous parlons à notre conjoint. Nous sommes parfaitement sereins avec nos amis, mais pas dans notre couple. Plutôt que de chercher des explications compliquées, il ya une méthode très simple pour sortir de ce cercle vicieux.
Vous êtes plein(e) de bonne volonté. Vous aimez votre conjoint(e). Et pourtant, une petite musique chante en vous vous dites que vous pourriez mieux faire. Vous avez régulièrement l’impression que ce n’était pas comme cela qu’il fallait agir, que vous n’auriez pas du dire cela, et vous vous sentez coupable.
1ère étape : regarder les faits
Rien que les faits. Sans les interpréter avec ce prisme de culpabilité. Est-ce vraiment si grave. Si ce n’était pas vous, pas votre conjoint, et que vous regardiez la scène dans une série, est-ce que vous trouveriez cela si choquant ?
2 ème étape : Faites un point sur ce qui vous fait du bien à vous
Avant de penser à votre relation. Est-ce que vous dormez assez ? Est-ce que vous vous respectez ? Est-ce que vous faites ce que vous aimez par exemple, ou est-ce que vous faites tout le temps les choses « pour faire plaisir » ? Est-ce que vous avez un projet à vous, rien qu’à vous ? Cela va de : lire le dernier Prix Goncourt ? Passer du temps au téléphone avec votre meilleure amie, à qui vous n’avez pas parlé depuis des semaines ou des mois ? Prendre un bain au lieu de courir sous des douches de trois minutes. Pourquoi ? Parce quelqu’un qui respecte son rythme et ses envies va bien. Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est une sorte d’hygiène de vie qui facilite la vie avec les autres. Quelqu’un qui va bien respecte les autres, leur offre de la bienveillance. Et la bienveillance est la clé de tout.
3 ème étape : Garder en tête que rien n’est grave
(pardon! rien n’est « toujours » grave. Il y a des évènements graves, bien sûr). Si vous arrivez à garder un peu d’humour, à ne pas vous jeter tout de suite sur une « réaction » à ce que l’autre vient de vous dire, votre vie sera tellement plus légère. C’est exactement comme cela que nous vivons les premiers moments dans un couple. Souvenez-vous. Quand vous veniez de vous rencontrer, vous riiez beaucoup. Si vous arrivez à garder cette joie, cette gaité, vous ne serez plus touchés par la culpabilité. Puisque “ce n’est pas très grave”.
En résumé, plutôt que de s’encombrer avec des pensées coupables sur ce qui vient de se passer, demandez-vous pourquoi vous avez réagi comme cela. Et qu’est-ce que l’autre voulait dire, réellement ? Cela s’appelle « écouter ses besoins ». Et c’est la clé de la vie en couple.
Médiation Familiale, Thérapie de Couple, quelle est la différence ? Comment les distinguer ?
La Médiation Familiale et la Thérapie de Couple sont des démarches très différentes, même si elles peuvent avoir quelques points communs.
La Médiation Familiale et la Thérapie de Couple sont des démarches très différentes, même si elles peuvent avoir quelques points communs.
La Médiation Familiale est une démarche qui vise à résoudre les conflits.
C’est une méthode qui a d’abord été introduite au Canada, avec des résultats spectaculaires. En séance de médiation, on est focalisé sur le présent et sur la recherche de solutions très concrètes : le médiateur est un tiers neutre qui n’a aucun parti pris, ni pour l’un, ni pour l’autre (on parle d’impartialité au sens où il ne défend aucune des parties, contrairement à un avocat, qui défend l’intérêt de son « client »). Le médiateur n’est pas là pour juger si une demande est plus légitime qu’une autre : le médiateur vous aide à trouver la meilleure solution pour VOUS et pour votre famille. La Médiation Familiale croit en votre compétence pour trouver la meilleure solution qui conviendra à votre vie future et à celle de vos enfants. Les discussions sont confidentielles. En médiation vous êtes donc en terrain neutre pour fixer ensemble les réponses à des questions qui provoquent des conflits entre vous, avec l’aide du médiateur, qui est formé pour conduire ces entretiens.
En thérapie, on va naviguer entre le passé, le présent et le futur.
En thérapie, on cherche à comprendre, on interroge les causalités
On décortique (un peu !) les systèmes de relation. Le but étant de provoquer un changement pour adoucir vos difficultés. Un changement qui résulte de votre compréhension de ce qui se passe dans votre couple ou dans votre famille. Là aussi, c’est parce que vous avez cette compétence à vous comprendre que vous allez trouver la solution à votre problème. Un thérapeute ou un coach (comme un médiateur familial) n’ont pas de pouvoirs magiques. C’est vous qui allez évoluer grâce à la compréhension de vos émotions, de vos réactions et de vos comportements. En présence d’un tiers et avec votre conjoint-e. Une thérapie de couple aide à reformuler auprès de l’autre et à entendre de l’autre quelles sont vos attentes, vos valeurs mais surtout, vos réactions émotionnelles (qu’est-ce qui vous touche et pourquoi cela vous touche autant) et vos ressentis. En général, on y trouve des solutions très simples à des problèmes qui avaient l’air compliqués. En toute sécurité car vous êtes accompagnés par un tiers formé pour accompagner vos discussions.
Il reste deux points communs à ces deux démarches : la médiation comme la thérapie impliquent de se retrouver ensemble dans un même lieu (sauf quand on est en visio, bien sûr), dans une relative intimité puisqu’il y a peu de personnes en présence. Et elles passent toutes les deux (la médiation et la thérapie), par la parole, par le langage. C’est le langage qui construit quelque chose de nouveau (idéalement, de la confiance). Dans tous les cas, vous êtes indépendants et libres : c’est vous qui trouvez vos solutions. Personne n’est là pour vous dire quoi penser et comment agir.
Comment être de « bons parents » ?
Cette question est un peu absurde car elle signifierait qu’il y a une norme du « bon parent ». Mais c’est malheureusement souvent comme cela que les pères et les mères, voire les grands-parents, abordent la question.
Cette question est un peu absurde car elle signifierait qu’il y a une norme du « bon parent ». Mais c’est malheureusement souvent comme cela que les pères et les mères, voire les grands-parents, abordent la question.
Pour commencer, il y a autant de « bons parents » que de parents. Les anthropologues ont trouvé des dizaines de formules familiales dans le monde et dans l’histoire. Il faut donc se rappeler que dans le monde occidental, la norme est aujourd’hui qu’une famille est « nucléaire », c’est-à-dire constituée d’un père, d’une mère, et d’enfants. Mais cela n’a pas toujours été comme cela et ce n’est encore pas comme cela partout. De plus, c’est en train d’évoluer à toute vitesse. Donc ne vous inquiétez pas, rien n’est « normal » ou « anormal ». C’est « votre » famille.
Il reste que certains enfants réagissent mal à certaines situations (je ne parle pas de situations de violence ou de pathologies psychiatriques graves, bien sûr. Celles-ci relèvent de la médecine et de la justice. Ces enfants doivent être protégés en urgence et pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance). Ils s’isolent : ils refusent de communiquer et s’enferment au choix dans les jeux vidéos ou (osons le dire), la cigarette ou le cannabis. Ils sont tristes, irritables ou agressifs. Ils refusent les changements d’organisation du quotidien que vous leur proposez. Ils peuvent avoir peur de l’avenir. Ils peuvent avoir des difficultés pour s’endormir, voire ne plus avoir envie de dormir.
Vous êtes désemparés et vous vous disputez entre vous sur la «bonne » réaction. On a entendu des pères secouer leurs enfants et leur demander un peu fermement de s’habiller et de sortir pour partir à l’école. Quand certaines mères auraient été tentées d’attendre que cela passe…Là encore, si seulement l’un des deux avait raison, et l’autre tort, ce serait plus simple.
Le site www.clepsy.fr est une mine d’informations pour les parents qui cherchent des conseils
Je ne vais pas vous offrir ici un manuel de recettes et de psychologie car il existe : l’Hôpital Robert Debré et ses merveilleuses équipes ont ouvert un site : www.clepsy.fr vraiment bien fait. Vous y trouverez des fiches pratiques sur tous les sujets. Au-delà de leur contenu, vraiment très pédagogique et pratique, cela vous donnera l’occasion de discuter avec votre conjoint, calmement, et autour de propositions validées par des psy expérimentés.
Ma préférée, car elle convient aussi parfaitement aux adultes, c’est celle qui propose des « outils pour s’apaiser » aux enfants: https://www.clepsy.fr/quelques-idees-pour-sapaiser-un-outil-pratique-a-destination-des-enfants-et-des-adultes-qui-les-accompagnent/
Partagez les avec les grands-parents de vos enfants. Elles feront du bien à tout le monde.
Il existe aussi en Angleterre un programme extraordinaire de soutien à la parentalité, qui existe depuis plus de trente-cinq ans : le Positive Parenting Program (Triple P). Qui est traduit en français sur des sites canadiens (https://cbpp-pcpe.phac-aspc.gc.ca/fr/interventions/triple-p-positive-parenting-program/ ).
Les cinq pistes qui fonctionnent pour presque tous les parents et pour presque tous les enfants
En résumé, ils indiquent cinq pistes autour des quelles vous pouvez travailler en tant que parents :
- Donner, redonner, en permanence, de la sécurité à vos enfants. C’est le besoin fondamental de l’enfance : de la sécurité.
- Créer un environnement d’apprentissage positif
- Donner un cadre, une « discipline » stable
- Avoir des attentes réalistes
- Prendre soin de soi en tant que parents
Sur ce dernier point, que vous soyez des parents séparés ou qui vivez ensemble, votre enfant a besoin que vous vous souteniez mutuellement et que vous communiquiez. Si vous n’y arrivez pas, allez voir un médiateur familial ou faites vous aider. Votre enfant n’est pas en capacité de l’exprimer, mais c’est un pilier fondamental de sa santé.