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Sommes-nous tous des dépendants affectifs ?

Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu.

La réponse est oui ! En tous cas, nous avons tous été des dépendants affectifs puisque c’est le propre de l’enfant que d’être dépendant des adultes, et que l’un des besoins fondamentaux de l’enfant est de se sentir aimé. De recevoir des réponses quand il cherche du lien et plonge ses yeux dans les yeux de ceux qui s’occupent de lui. La dépendance affective nous concerne donc tous, dans notre enfance. Mais on en parle beaucoup dans le monde adulte. Là, c’est plus compliqué.

En théorie, nous avons grandi et devrions être « autonomes » pour assouvir nos besoins. Pour certains, cela reste très compliqué. Mais qu’est-ce que la dépendance affective pour un adulte ? Vous reconnaissez-vous ?

 

Attention à l’abus de langage : on parle de dépendance affective, mais est-ce vraiment de la dépendance ?

 

La compulsion et la dépendance ont été définies par les psychologues (*) et sont décrites selon trois critères :

-       La répétition compulsive de l’activité (donc juste une fois, ou de temps en temps, ce n’est pas de la dépendance).

-       Sa persistance, même si elle a des conséquences négatives (sur la santé physique ou sur l’état psychique).

-       L’obsession, le fait d’y consacrer toutes ses pensées (et parfois, toutes ses actions).

 

Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu. Et qui par peur de perdre le lien avec l’autre, sont prêts à tout : ils fuient les conflits et sont toujours d’accord avec l’autre, n’écoutent pas leurs propres besoins et dépassent même souvent leurs limites, pour maintenir la relation coûte que coûte. Quand ils sont débordés par la peur et l’angoisse de perdre l’autre, ils peuvent être agressifs et violents, ou partir dans des élaborations presque délirantes, des solutions « magiques » (« on va faire le tour du monde, et tous nos problèmes disparaitront”. Mais vous, vous pouvez partir faire le tour du monde ?).

 

Donc ce n’est pas tout à fait comme une addiction, mais si c’est une situation systématique, qui est tout le temps présente et que vous (ou votre partenaire) mouline en permanence, rumine des peurs et des reproches, cela ressemble à une forme de dépendance. Et si cela vous mine, vous rend malheureux-se (parfois, très malheureuse), c’est bien cela.

 

Dans un monde idéal, un adulte est indépendant et autonome.

 

Que se passe-t-il pour le dépendant affectif ?

 

La dépendance affective crée deux situations :

 

-       La personne ne s’accorde aucune valeur et a incessamment besoin de la validation de l’autre pour se prouver qu’elle peut agir et qu’elle a une place. Les commentaires de l’autre, ses jugements, ont valeur de vérité.

-       La personne confond ses besoins, tournés vers l’intérieur, vers soi, et ses désirs, tournés vers l’extérieur de soi, vers l’autre.

 

Par exemple, « J’ai besoin d’un hug », car cela me rassure et calme mes angoisses, mes peurs, ma sensation de vide. L’autre est à mon service vs

« J’ai furieusement envie de t’embrasser », qui est un élan de désir vers l’autre, qui me plait et qui m’attire pour tout ce qu’il (elle) est.

 

Face au dépendant affectif, le partenaire n’en fait jamais assez. Il (elle) est toujours trop loin. Il peut se sentir impuissant puisqu’il n’arrive pas à calmer l’angoisse de celui (ou celle) qu’il (elle) aime. Et souvent, il peut avoir l’impression d’être envahi-e par l’autre, débordé-e par ses demandes.

 

D’où vient cette dépendance affective ?

 

Vous l’avez compris : au tout début de notre vie nous étions tous en dépendance absolue de l’affection des adultes qui nous entouraient et qui s’occupaient de nous. Lors du développement de l’enfant, de son adolescence et du passage à l’âge adulte, nous passons progressivement de cet état de dépendance (pour remplir tous nos besoins) à l’autonomie et à l’indépendance (tout est relatif !).

Mais parfois, cela ne se passe pas comme prévu.

 

Des enfants séparés de leur mère, des enfants soumis à des critiques constantes, des enfants élevés par des parents rigides et exigeants, ou des professeurs cassants, peuvent expérimenter de grandes fragilités. Qui seront portées longtemps par le futur adulte. Avec pour conséquence cette incapacité à supporter la distance de l’être aimé et à rechercher un attachement fusionnel pour combler tous leurs manques et répondre à tous leurs besoins. À s’interdire de dire non, de marquer des limites, d’exprimer ses propres opinions, de peur de se retrouver seul.

 

Comment cela se termine ?

 

Un dépendant affectif trouve rarement son bonheur. Il est pris dans un cercle vicieux.

Plus nous suivons le jugement de l’autre, plus nous nous adaptons et plus nous nous alignons sur ses désirs, plus nous nous éloignons de nous-mêmes, de nos vrais besoins. Ce qui nous plonge dans la tristesse, la culpabilité, et parfois, des pensées « parano ». Et plus nous pouvons croire, encore et encore, que notre douleur va s’arrêter grâce à « l’amour » d’un autre.

 

Mais sortir de ce cercle (vicieux), c’est souvent se retrouver seul. Le dépendant affectif crée exactement l’inverse de ce qu’il désire : ses demandes débordantes et sa façon de se sur-adapter finissent par faire fuir son partenaire. Ce qui renforcera ses peurs et ses douleurs. Et sa croyance en laquelle il (elle) ne mérite pas d’être aimé-e et il (elle) ne peut compter sur personne.

Il (elle) finit toujours déçu-e.

Tout ceci n’est pas très réjouissant, mais on peut sortir de la dépendance affective.

Soit en choisissant avec un tout petit peu plus de discernement son partenaire. Pour éviter tous ceux et celles qui pourraient alimenter notre mauvaise image de nous-mêmes.

Soit en nous guérissant de nos manques. En guérissant vraiment, car sinon, on pourrait courir le risque de remplacer une dépendance par une autre, attention ! (on connait tellement de rechute dans la cigarette ou dans l’alcool après une rupture amoureuse. Cet arbre-là cache la forêt de la dépendance affective).

 

Oui, on peut guérir de la dépendance affective ! Je vous raconte comment dans un prochain post….

 (*) Goodman, 1990 , entre autres

 

 

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Quand vous vous disputez tout le temps pour des détails: des agacements sont sans doute la cause de vos conflits. Que faire ?

Les « pics émotionnels » déclenchés par les agacements peuvent être tellement violents qu’ils entrainent une « confusion des sentiments ». Kaufmann évoque des témoignages dans lesquels les agacés ne savent même plus s’ils ont envie de continuer à vivre l’un avec l’autre. Ils auraient sans doute intérêt à déposer leurs agacements devant un tiers pour faire le tri. Encore une fois, l’agacement est un symptôme et selon la façon dont il surgit, il révèle l’intensité de la maladie. L’agacement est-il ponctuel ou permanent ? Provoque-t-il de l’indignation ou de la fureur ? Une frustration fugace ou installée ? Comme le poison, tout est une question de dose.

Les agacements sont malheureusement des “Tue-l’-amour” que l’on découvre souvent quand on “s’installe” ensemble. Jean-Claude Kaufmann a écrit un formidable livre sur le sujet et plutôt que de le paraphraser, je vous propose de vous retranscrire ce qu’il en dit. En vous recommandant bien sûr la lecture de cet ouvrage si le sujet vous intéresse. Jean-Claude Kaufmann est un homme qui a de l’humour. Son livre sur les Agacements ressemble à une promesse de légèreté et d’amusements. Quoi de plus drôle en effet que d’aller regarder par le trou de la serrure pour voir comment s’en sortent les autres. Jean-Claude Kaufmann est un « spécialiste du quotidien et du couple ». On peut donc lui faire confiance. Après avoir traversé quelques chapitres, l’ambiance n’est pas si riante. On aborde les ombres de la colère, de la tristesse, des irritations, des indignations, des fureurs, des forces centrifuges qui éloignent les partenaires. Qui les transforment en adversaires. Je rêvais de comédie. Les Agacements sont un drame : « sous les rires gisent les vraies colères ».[1]

Les agacements des débuts ont un rôle positif de réglage

Jean-Claude Kaufmann n’est pas le premier à nous expliquer que les deux membres d’un couple sont au départ deux étrangers. Dans son livre, il reprend ce principe en faisant une distinction entre les agacements qui opèrent au début de l’histoire d’un couple et ceux qui le traversent plus tard. Pour lui, les agacements des débuts ont un rôle positif de réglage et de mise en route du « système » du couple : « Les premières années d’un couple sont rythmées par les agacements qui définissent la mise en place progressive du système ménager »[2]. Car le conflit déclenche des explications, des partages d’expérience, des mises au point qui entrainent une action. Les agacements ne sont ici rien de plus que l’irruption de deux « théories  concurrentes » [3]. « Rien de plus normal que d’être agacé dans un couple, y compris quand les relations sont bonnes. Car l’agacement s’inscrit en son centre même, le fonctionnement conjugal reposant sur des associations de contraire qui produisent des dissonances ».[4]

 

On pourrait donc croire que rien de tout cela n’est grave. Jean-Claude Kaufmann introduit doucement son sujet : pour lui, les agacements résultent d’une dissonance. Dissonance entre soi et soi, parfois. Quand la réalité est différente de ce que l’on voudrait qu’elle soit. Et plus souvent, dissonance entre soi et l’autre. Car un couple, ce sont deux histoires, deux empreintes familiales, deux « éthiques », deux visions, deux systèmes de croyances qui doivent s’accorder. Et les « évènements minuscules » qui déclenchent les agacements sont révélateurs des « enjeux relationnels ». Autrement dit, ils sont le signe de nos résistances. L’autre est un « étranger ». Une part de nous s’efface et s’adapte pour laisser une chance au couple. Une autre renonce à disparaître. L’agacement s’inscrit donc au cœur de la définition de l’identité, voire, de l’intégrité.

 

Il est très intéressant de découvrir que les agacements sont modernes. Dans un système traditionnel, les rôles de chacun étant parfaitement définis (la position hiérarchique des hommes et des femmes, par exemple), les « réglages » sont prédéfinis. Dans le couple moderne, dans lequel s’unissent deux individus qui revendiquent l’égalité, ou tout au moins, l’équité, il faut inventer le quotidien. En théorie, tout est possible et rien n’est interdit. Les agacements sont donc générateurs de décisions, de changements et parfois, ils se résolvent en installant une répartition complémentaire des sujets, recréant deux zones bien délimitées qui ne se mélangent pas. Ainsi, comme le montre Kaufmann, l’organisé du couple prendra en charge l’organisation des week-ends et des vacances. Ou encore, le conducteur habile ( autoproclamé) prendra systématiquement le volant lors des déplacements. « L’agacement (…) est avec la fatigue mentale l’un des prix à payer de la liberté individuelle, prix dont nous découvrons l’ampleur aujourd’hui ».[5]

Ce qui se cache dans les agacements

L’intérêt du livre est de révéler tout ce qui se cache dans les agacements. De montrer qu’il ne faut pas s’arrêter au geste théâtral de la colère ou des bouderies. Qu’il s’agit bien de concilier deux visions du monde, deux humus familiaux, deux systèmes culturels, des rythmes, des attachements, des références qui par essence divergent et qu’il faut faire cohabiter puisque l’on a décidé de vivre ensemble. C’est là le principal enseignement du livre. L’agacement est universel. Il touche tout le monde et contrairement aux apparences, il relève du « soi », du « je », et non du « nous ». Les agacements nous offrent une occasion de travailler sur nos représentations. Ce qui est bien au cœur du processus de la fabrication du couple.

 

On peut se laisser déborder par la frustration et la colère. Mais on peut aussi s’arrêter pour tenter de démêler ce qui peut l’être : une femme qui a tout le temps froid ( dans la chambre commune ou dans la voiture) a peut-être une système circulatoire différent et des raisons biologiques d’avoir froid. Un homme « radin » a peut-être peur de l’avenir. Ou encore, a reçu une éducation qui l’oblige à se projeter dans des projets long terme et à penser « patrimoine » alors que son conjoint ignore même la signification du concept. Quelle est la part de l’héritage de chacun dans son rapport à l’autre ? L’héritage n’étant pas ici compris comme des valeurs matérielles mais comme les valeurs tout court, que chacun transporte. Un homme (ou une femme) absents a peut-être du mal à régler sa distance par rapport à l’autre. Il ou elle a peut-être des peurs liées à des histoires d’amour anciennes qui l’empêchent de fusionner dans son nouveau couple. Kaufmann nous incite à aller chercher ce qui est sous la surface. A dépasser le « pic émotionnel ». On peut espérer que si l’agacé donne un sens au geste qui l’agace, il sera moins touché. Et qu’il sera au moins déchargé du doute qui l’assaille quand le sujet d’agacement se répète à l’infini : « il (ou elle) le fait exprès » ? « Pour me provoquer » ? 

 

L’agacement joue son rôle « défoulatoire »

Kaufmann souligne ce que les agacements révèlent du fonctionnement de la famille. Il décrit ainsi comment les agacements sont résolus ( il utilise une métaphore poétique « d’évaporation », par exemple). Car si le couple sort victorieusement de l’agacement, il en ressort a priori renforcé. L’agacement joue son rôle « défoulatoire » et libère l’agacé de ce qu’il n’arrive pas à refouler. Si en revanche, les agacements conduisent à une accumulation de frustrations, de reproches et de désirs de vengeance, on parle de « tue-l’-amour » et il faut alors « la magie de l’amour » pour les dépasser. A moins que l’un des protagonistes ait tout simplement déjà fui, ce qui est une méthode d’évitement parmi d’autres. 

 

Les « pics émotionnels » déclenchés par les agacements peuvent être tellement violents qu’ils entrainent une « confusion des sentiments ». Kaufmann évoque des témoignages dans lesquels les agacés ne savent même plus s’ils ont envie de continuer à vivre l’un avec l’autre. Ils auraient sans doute intérêt à déposer leurs agacements devant un tiers pour faire le tri. Encore une fois, l’agacement est un symptôme et selon la façon dont il surgit, il révèle l’intensité de la maladie. L’agacement est-il ponctuel ou permanent ? Provoque-t-il de l’indignation ou de la fureur ? Une frustration fugace ou installée ? Comme le poison, tout est une question de dose.

 

Ce livre est loin d’être une pièce de théâtre comique. Même si Kaufmann essaie dans sa dernière partie de montrer quelles sont les portes de sorties, les agacements sont effectivement les armes de la « guerre  des couples » évoquée dans le sous-titre du livre. C’est assez terrifiant. Et donne une vision pessimiste de la conjugalité. A l’inverse, cela présage d’un travail en profondeur qui pourrait s’établir lors d’une médiation familiale, en aidant les couples à comprendre ce qui est réellement en jeu lorsqu’ils réagissent aux micro évènements qui les dérangent. De regarder les « enjeux »  relationnels soulevés au lieu de s’arrêter à l’émotion provoquée. Avec le risque que la simple évocation d’un agacement ne réactive le contexte batailleur des protagonistes lors de leurs tentatives de réconciliation. Car au fonds, la question reste toujours de comprendre comment a pu s’unir ce qui n’était au départ qu’une somme de  différences. Kaufmann parle de « pulsions amoureuses » et souligne que « la fabrication du conjugal est d’une étonnante complexité »[6]

 https://livre.fnac.com/a1914624/Jean-Claude-Kaufmann-Agacements-les-petites-guerres-du-couple

 

 



[1] Page 401 dans la version électronique /1137 pages

[2] Page 88 de la version électronique /1137 pages

[3] Page 155 de la version électronique/1137 pages

[4] Pages 387 de la version électronique/1137 page

[5] Page 949 de la version électronique /1137

[6] Page 230 de la version électronique/1137

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Couple:Comment réussir votre premier rendez-vous (amoureux)?

Un jour, un homme m’a dit : « quand j’y vais, je me dis que si ce n’est pas celle-là, ce n’est pas grave, il y en a 40 000 autres. C’est ce que me dit le site : qu’il y a 40 000 femmes qui correspondent à celle que je recherche ». J’ai trouvé que c’était un peu cynique mais finalement très dédramatisant. En effet, si cela ne colle pas, cela n’a aucune importance. Ce n’est pas un examen. Vous n’allez pas rater votre vie parce que ce rendez-vous n’a pas de suite.

Si on se dit que le but n’est pas d’être jugé, alors le but n’est pas non plus de juger (jauger) l’autre. Chacun fait ce qu’il peut.

En voilà une drôle de question. On dirait une recette, dans un vieux magazine. L’idée de traiter de ce sujet m’est venue après m’être retrouvée plusieurs fois installée seule dans un café (je pense en particulier Aux Éditeurs, à l’Odéon, qui doit être un grand classique pour ce genre de circonstances) et rejointe, à la table voisine, par un couple qui s’était vraisemblablement rencontré sur un site et qui se voyait pour la première fois. J’avais beau ne tendre aucune oreille, les tables des cafés parisiens sont tellement collées qu’il était difficile de ne pas participer. Plutôt que de rester dans une posture de simple curiosité, je me suis dit que j’allais leur donner mon avis. Silencieusement, et sur ce blog. Profitez-en.

Une rencontre n’est pas un examen. Personne ne rate quoique ce soit.

La première musique que l’on entend dans leur voix, c’est celle de la peur. Une petite pellicule d’appréhension qui raidit les corps et qui fait trembler les voix. Et c’est bien normal. Première leçon donc, pour réussir son premier rendez-vous : essayer de ne pas se mettre dans la posture de celui (de celle) qui va être jugé-e. Facile à dire. Mais ce n’est pas un examen. Un jour, un homme m’a dit : « quand j’y vais, je me dis que si ce n’est pas celle-là, ce n’est pas grave, il y en a 40 000 autres. C’est ce que me dit le site : qu’il y a 40 000 femmes qui correspondent à celle que je recherche ». J’ai trouvé que c’était un peu cynique mais finalement très dédramatisant. En effet, si cela ne colle pas, cela n’a aucune importance. Ce n’est pas un examen. Vous n’allez pas rater votre vie parce que ce rendez-vous n’a pas de suite.

Si on se dit que le but n’est pas d’être jugé, alors le but n’est pas non plus de juger (jauger) l’autre. Chacun fait ce qu’il peut. Écouter, observer, rester dans le présent, laisser faire

Écouter, observer, être dans le moment présent, laisser faire

Deuxième leçon : être là, dans le moment présent, pour sentir si l’on est « en harmonie ». Pas pour cocher des cases dans une Checklist. Écouter. Observer. Laisser de la place à l’inconnu, se laisser surprendre. D’accord, vous pouvez, en écoutant, sentir si vous avez le même sens de l’humour, si vous êtes d’accord ou non sur des grandes questions morales, religieuses ou politiques qui vous tiennent à cœur, vous raconter vos parcours et mesurer vos différences ou vos affinités en terme d’expériences, de goûts musicaux. Et le mouvement se fera tout seul. Vous vous sentirez «en connexion », ou pas. Très rapidement.

Rester soi-même

Troisième leçon : être soi-même. A quoi bon montrer à l’autre ce que nous croyons qu’il voudrait voir de nous. Nous n’en savons strictement rien. Ce n’est donc pas la peine de mettre une mini-jupe si vous vivez en jeans. Ou de raconter que vous adorez les voyages si vous détestez cela. Autant être dans une forme de vérité dès le départ. Cela fait gagner du temps. Si vous fumez, vous n’allez pas sortir votre première cigarette après le troisième rendez-vous ? Peut-être que votre « date », qui ne supporte pas la cigarette, vous aura donné envie d’arrêter et que vous l’aurez décidé pour lui faire plaisir. Sinon, si vous fumez en « cachette », il s’en apercevra très vite. C’est pareil pour tout. Si vous êtes ultra timide, ce n’est pas la peine d’en faire des tonnes. Et si vous êtes un séducteur ou une séductrice, pourquoi ne pas l’annoncer ? Vous êtes unique. L’autre est unique aussi. Vous êtes là pour entendre et faire entendre vos identités respectives. 

 

Quand les couples sont en difficulté, l’un ou l’autre dit souvent qu’il veut « être aimé pour lui-même ». Pas pour l’image que l’autre « projette » sur lui. Mais si au départ, au moment où la relation s’est construite, vous vous êtes sur-adapté pour ressembler à la personne que vous croyez que l’autre voulait que vous soyez, qui est responsable de cet écart ? Tout le monde est perdant dans ce petit jeu. 

Inventer pour vous la meilleure façon de “faire connaissance”. Il n’y a pas que le premier, ou le dernier verre

Quatrième leçon : il faut un peu de temps pour construire de la confiance. Alors peut-être qu’un premier rendez-vous ne suffira pas. Pourquoi rester sur le même format et vous enfermer dans un tête-à-tête autour d’un café ? Peut-être serez-vous tous les deux plus à l’aise d’aller faire un peu de sport ensemble, de marcher ou même, de vous retrouver à plusieurs, avec vos amis par exemple. Vous aurez moins peur. Et vos amis seront sans doute de bons conseils. Si le format du « premier verre » est classique, rien n’empêche d’inventer d’autres formules. Surtout si cela rend les choses plus faciles et vous permet de « faire connaissance ».

 

Enfin, nous avons tous besoin d’être respectés. Respecter l’autre c’est avoir le courage d’être honnête et de dire les choses, même si l’on ne se reverra pas. Alors pas de « ghosting » : le silence, après une première rencontre, est d’une violence inouïe pour l’autre. Il peut tout imaginer et cela enlève toute confiance en soi. On peut dire à quelqu’un que l’on n’a pas ressenti l’envie de le revoir sans le rejeter. Recevoir un SMS tel que : « Merci pour ce café. J’ai été heureuse de te rencontrer mais je ne crois pas que nous soyons vraiment de même nature. Tu es une personne très intéressante et je te souhaite beaucoup de succès dans tes prochaines rencontres. Amicalement. » n’est pas blessant. Et à l’inverse, avoir ressenti une attirance et recevoir un message qui annonce « J’ai vraiment envie de te revoir » nous remplit de joie et augmente notre niveau d’endorphines. Et les endorphines, c’est le signe que quelque chose vient de commencer.

Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l’autre”. Boris Cyrulnik

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Couple: On arrête ou on continue ?

On arrête ? On continue ? Tout le monde s’est posé la question un jour. Cette question est aussi le titre d’un livre écrit par Robert Neuburger, éminent thérapeute de couples (français). Il l’a empruntée à un couple d’amis qui pendant plus de soixante ans, s’est posé « rituellement », ensemble, cette question pour ne laisser aucune problématique en suspens.

On arrête ? On continue ? Tout le monde s’est posé la question un jour. Cette question est aussi le titre d’un livre écrit par Robert Neuburger, éminent thérapeute de couples (français). Il l’a empruntée à un couple d’amis (l’écrivain Dominique Desanti et son mari Jean Toussaint-Desanti) qui pendant plus de soixante ans, s’est posé « rituellement », ensemble, cette question pour ne laisser aucune problématique en suspens.

Faire son “bilan de couple”

Robert Neuberger propose dans son livre de faire « son bilan de couple ». Ses questions sont pertinentes : « Quelle place la relation que vous entretenez avec votre partenaire tient-elle dans votre vie ? », « et réciproquement, quelle place pensez-vous occuper dans la vie de votre partenaire ? », « Comment communiquez-vous ? », « Votre couple vous apporte-t’-il de la sécurité (dans votre sexualité, sur le plan financier, sur le plan affectif, ou sur d’autres plans) ? », « Qu’est-ce qui est mis en commun dans votre couple ? », « Avez-vous le sentiment que vous accordez suffisamment de temps à votre couple ? », etc.

 

La démarche est intéressante, certes. Mais personnellement, je ne crois pas du tout qu’il soit possible de faire son bilan de couple seuls. Cela ressemble aux tests que l’on trouve dans les magazines et auxquels on répond distraitement en vacances, sur la plage. Toutes ces questions sont pertinentes et valent la peine que l’on s’y arrête.

 

Ce qui me paraît difficile, c’est de faire la part des choses seuls. Car la réponse à cette question : « on continue ou on arrête ? » n’est pas rationnelle. Il ne suffit pas de prendre un papier et de remplir les colonnes «pour » et les colonnes « contre ». Ou alors, vous risquez quelques nuits sans sommeil.

Attention aux malentendus et aux erreurs d’interprétation

Sans aller jusqu’à parler d’inconscient, les raisons qui nous ont poussé vers l’autre ne sont pas toujours claires. Et nous le sentons bien. Cet homme, cette femme, est exactement l’inverse de tout ce que nous avions imaginé. Et pourtant, nous l’aimons sincèrement. Se poser toutes ces questions est très sain mais les réponses ne doivent pas être trop « superficielles ». Y répondre avec l’aide d’un tiers, neutre, me parait indispensable pour démêler les « ressorts cachés ». Car quand les colonnes « on arrête » sont remplies, il ne s’agit parfois que de grands malentendus. D’empreintes de nos familles d’origine et de fidélités encombrantes par exemple. De croyances qui nous aveuglent et nous conduisent à des constructions, des interprétations fausses. Idem quand à l’inverse, nous remplissons rationnellement la colonne « on continue », sans écouter nos émotions qui vont dans la direction contraire. Et que c’est par attachement à des représentations qui nous arrangent qu’ « on continue ».

 

Donc faire son bilan de couple oui, bien sûr. Mais attention, s’il y a des dissonances, n’hésitez pas à vous faire aider et à le faire avec l’aide d’un tiers. Ce sera beaucoup plus sécurisant.

Robert Neuberger “On arrête?…on continue?” Faire son bilan de couple, chez Payot, www.payot-rivages.fr

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Qui aime-t’-on vraiment quand on aime ? L’autre ?

Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble. Ou que nous aimions dans l’autre ce que nous aimerions être, montrer au monde. Notre meilleure partie. Certains vont même jusqu’à dire que nous aimerions dans l’autre nos pires défauts, ceux que nous ne voulons pas montrer, ce qui nous permet de les « maintenir » à l’extérieur et de rejeter les critiques sur l’autre, alors que c’est cette part de nous-mêmes que nous détestons. Compliqué, mais bon à savoir.

« Je suis Toi, et Tu es moi ; en T’adorant je m’adore moi-même et en m’adorant c’est Toi que j’adore ».

Toute la question posée par ces mots tient dans un mot : Moi. Suis-je engagé(e) dans un amour égoïste ? L’amour de moi ? Ou l’égoïsme a-t’-il disparu ? et l’Amant et l’Aimé ne font ils qu’un ?

 

Personne ne peut prétendre répondre à cette question pour l’autre. Mais nous devons tous nous y arrêter. En essayant d’être honnête. 

Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble

Il est possible que nous aimions dans l’autre ce qui nous ressemble. Ou que nous aimions dans l’autre ce que nous aimerions être, montrer au monde. Notre meilleure partie. Certains vont même jusqu’à dire que nous aimerions dans l’autre nos pires défauts, ceux que nous ne voulons pas montrer, ce qui nous permet de les « maintenir » à l’extérieur et de rejeter les critiques sur l’autre, alors que c’est cette part de nous-mêmes que nous détestons. Compliqué, mais bon à savoir.

Nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est

Les signes d’alerte sont assez simples : « nous ne nous disputons jamais » ou « nous nous disputons tout le temps », sont les deux faces du même phénomène. Nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est. Nous ne voyons que ce que nous voulons voir. Car il est quasiment impossible de vivre auprès de quelqu’un et de ne jamais être en désaccord. Ou de vivre avec quelqu’un et de ne jamais être d’accord avec lui ou elle.

 

Avant de parler d’unions parfaite, il est bon de s’arrêter sur cette question. Elle devrait nous conduire à mieux écouter, regarder et accepter l’autre. Tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons.

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Couples: comment faire quand on n’est pas d’accord avec son partenaire?

A quelle conception du monde cela nous renvoie ? Comment se sent-on quand notre partenaire nous dit Non, voir, se détourne de nous, s’éloigne ? Qu’est-ce que cela réveille en moi ? Le conflit est inhérent à la relation, donc au couple. Cela peut même permettre à la relation de progresser. Cela participe d’un « réglage » : nous ne sommes pas d’accord mais nous nous expliquons sur cette divergence. Nous partageons nos points de vue, nous échangeons, nous précisons nos croyances, nos visions du monde, nos opinions.

A quelle conception du monde cela nous renvoie ? Comment se sent-on quand notre partenaire nous dit “Non”, voir, se détourne de nous, s’éloigne ? Qu’est-ce que cela réveille en moi ?

Le conflit est inhérent à la relation, donc au couple. Cela peut même permettre à la relation de progresser. Cela participe d’un « réglage » : nous ne sommes pas d’accord mais nous nous expliquons sur cette divergence. Nous partageons nos points de vue, nous échangeons, nous précisons nos croyances, nos visions du monde, nos opinions. Et nous avançons.

Accepter d’affronter la différence, c’est accepter d’être en relation. 

Ce n’est pas la différence qui est un problème, c’est la façon dont nous la gérons. Si nous avons l’impression d’être écrasé par la parole de l’autre, il n’y a pas d’échange. Si nous décidons de nous taire, de nous retirer de la discussion, il n’y a pas d’échange non plus. Accepter d’affronter la différence, c’est accepter d’être en relation. 

C’est souvent difficile. En particulier sur des sujets qui touchent à nos valeurs. L’éducation de nos enfants par exemple. Car toucher à nos valeurs, c’est toucher à notre identité et à l’idée que l’on se fait de notre partenaire : je l’aime, il m’aime, donc nous sommes forcément « pareils ». Le désaccord nous éloigne, il nous fait sortir de la fusion. Si nous sommes fusionnels (si notre conception du couple est que nous devons nous fondre l’un dans l’autre), c’est insupportable.

La seule façon de dépasser ces désaccords, avant qu’ils ne deviennent vraiment destructeurs, c’est d’essayer de changer de point de vue. D’écouter le besoin de l’autre, ses motivations, son histoire, tout ce qui peut permettre de se rapprocher de lui. Et de tirer le fil de ce qui est commun. On peut être totalement en désaccord sur la façon de gérer un adolescent par exemple, mais se retrouver sur l’inquiétude de veiller sur sa sécurité par exemple.

Ne pas être d’accord sur tout n’est pas un signe annonciateur de l’échec d’une relation ou d’un couple

En résumé, dans un couple, ne pas être d’accord sur tout n’est pas un signe annonciateur de l’échec d’une relation. Vous pouvez dire à vos enfants que ce n’est pas parce que vous criez que votre relation est en danger. Mais un désaccord est exigeant et vient modifier notre rapport à l’autre. Il est urgent de s’en occuper, tout en respectant les limites de chacun, avec patience et bienveillance. A l’inverse, faire comme si de rien n’était, les “cacher sous le tapis”, fait courir le risque d’une dangereuse accumulation. Ce ne sont pas les désaccords qui sont délétères pour le couple, c’est leur accumulation.

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Thérapie de Couple Isabelle Jordan Thérapie de Couple Isabelle Jordan

Couple: les 5 langages de l’amour, de Gary Chapman

Ce livre est un best-seller qui promet de révéler « le secret des couples qui durent ». Au-delà d’une promesse suspicieuse…, il est plein de bon sens et de bons conseils. Nous nous proposons de vous en faire un résumé.

Ce livre est un best seller qui promet de révéler « le secret des couples qui durent ». Au-delà d’une promesse suspicieuse…, il est plein de bon sens et de bons conseils. Nous nous proposons de vous en faire un résumé.

Gary Chapman part du principe que nous n’avons pas tous le « même langage de l’amour ». Nous pouvons être sincères : si notre partenaire ne nous comprend pas, nous ne pouvons partager nos sentiments. Il faut donc « apprendre la langue de l’être aimé ». 

-       « Prononcer des paroles fortes et positives ».

-       « S’offrir des moments de qualité » (être ensemble, dialoguer, mener une activité ensemble).

-       « S’offrir des cadeaux ».

-       « Se rendre service ».

-       « Se toucher physiquement ».

Gary Chapman conclut en disant que « l’amour est un choix ». Que les besoins fondamentaux de chaque individu sont : « le besoin de sécurité, d’estime de soi et de reconnaissance ». Que l’amour est relié à tous ces besoins. En résumé: un couple qui vit en harmonie permet au meilleur de chacun de s’exprimer. J’ai envie d’ajouter (même si Gary Chapman est beaucoup plus expérimenté que moi!) qu’il faut aussi du courage, de la détermination et beaucoup de souplesse.

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