Sommes-nous tous des dépendants affectifs ?

La réponse est oui ! En tous cas, nous avons tous été des dépendants affectifs puisque c’est le propre de l’enfant que d’être dépendant des adultes, et que l’un des besoins fondamentaux de l’enfant est de se sentir aimé. De recevoir des réponses quand il cherche du lien et plonge ses yeux dans les yeux de ceux qui s’occupent de lui. La dépendance affective nous concerne donc tous, dans notre enfance. Mais on en parle beaucoup dans le monde adulte. Là, c’est plus compliqué.

En théorie, nous avons grandi et devrions être « autonomes » pour assouvir nos besoins. Pour certains, cela reste très compliqué. Mais qu’est-ce que la dépendance affective pour un adulte ? Vous reconnaissez-vous ?

 

Attention à l’abus de langage : on parle de dépendance affective, mais est-ce vraiment de la dépendance ?

 

La compulsion et la dépendance ont été définies par les psychologues (*) et sont décrites selon trois critères :

-       La répétition compulsive de l’activité (donc juste une fois, ou de temps en temps, ce n’est pas de la dépendance).

-       Sa persistance, même si elle a des conséquences négatives (sur la santé physique ou sur l’état psychique).

-       L’obsession, le fait d’y consacrer toutes ses pensées (et parfois, toutes ses actions).

 

Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu. Et qui par peur de perdre le lien avec l’autre, sont prêts à tout : ils fuient les conflits et sont toujours d’accord avec l’autre, n’écoutent pas leurs propres besoins et dépassent même souvent leurs limites, pour maintenir la relation coûte que coûte. Quand ils sont débordés par la peur et l’angoisse de perdre l’autre, ils peuvent être agressifs et violents, ou partir dans des élaborations presque délirantes, des solutions « magiques » (« on va faire le tour du monde, et tous nos problèmes disparaitront”. Mais vous, vous pouvez partir faire le tour du monde ?).

 

Donc ce n’est pas tout à fait comme une addiction, mais si c’est une situation systématique, qui est tout le temps présente et que vous (ou votre partenaire) mouline en permanence, rumine des peurs et des reproches, cela ressemble à une forme de dépendance. Et si cela vous mine, vous rend malheureux-se (parfois, très malheureuse), c’est bien cela.

 

Dans un monde idéal, un adulte est indépendant et autonome.

 

Que se passe-t-il pour le dépendant affectif ?

 

La dépendance affective crée deux situations :

 

-       La personne ne s’accorde aucune valeur et a incessamment besoin de la validation de l’autre pour se prouver qu’elle peut agir et qu’elle a une place. Les commentaires de l’autre, ses jugements, ont valeur de vérité.

-       La personne confond ses besoins, tournés vers l’intérieur, vers soi, et ses désirs, tournés vers l’extérieur de soi, vers l’autre.

 

Par exemple, « J’ai besoin d’un hug », car cela me rassure et calme mes angoisses, mes peurs, ma sensation de vide. L’autre est à mon service vs

« J’ai furieusement envie de t’embrasser », qui est un élan de désir vers l’autre, qui me plait et qui m’attire pour tout ce qu’il (elle) est.

 

Face au dépendant affectif, le partenaire n’en fait jamais assez. Il (elle) est toujours trop loin. Il peut se sentir impuissant puisqu’il n’arrive pas à calmer l’angoisse de celui (ou celle) qu’il (elle) aime. Et souvent, il peut avoir l’impression d’être envahi-e par l’autre, débordé-e par ses demandes.

 

D’où vient cette dépendance affective ?

 

Vous l’avez compris : au tout début de notre vie nous étions tous en dépendance absolue de l’affection des adultes qui nous entouraient et qui s’occupaient de nous. Lors du développement de l’enfant, de son adolescence et du passage à l’âge adulte, nous passons progressivement de cet état de dépendance (pour remplir tous nos besoins) à l’autonomie et à l’indépendance (tout est relatif !).

Mais parfois, cela ne se passe pas comme prévu.

 

Des enfants séparés de leur mère, des enfants soumis à des critiques constantes, des enfants élevés par des parents rigides et exigeants, ou des professeurs cassants, peuvent expérimenter de grandes fragilités. Qui seront portées longtemps par le futur adulte. Avec pour conséquence cette incapacité à supporter la distance de l’être aimé et à rechercher un attachement fusionnel pour combler tous leurs manques et répondre à tous leurs besoins. À s’interdire de dire non, de marquer des limites, d’exprimer ses propres opinions, de peur de se retrouver seul.

 

Comment cela se termine ?

 

Un dépendant affectif trouve rarement son bonheur. Il est pris dans un cercle vicieux.

Plus nous suivons le jugement de l’autre, plus nous nous adaptons et plus nous nous alignons sur ses désirs, plus nous nous éloignons de nous-mêmes, de nos vrais besoins. Ce qui nous plonge dans la tristesse, la culpabilité, et parfois, des pensées « parano ». Et plus nous pouvons croire, encore et encore, que notre douleur va s’arrêter grâce à « l’amour » d’un autre.

 

Mais sortir de ce cercle (vicieux), c’est souvent se retrouver seul. Le dépendant affectif crée exactement l’inverse de ce qu’il désire : ses demandes débordantes et sa façon de se sur-adapter finissent par faire fuir son partenaire. Ce qui renforcera ses peurs et ses douleurs. Et sa croyance en laquelle il (elle) ne mérite pas d’être aimé-e et il (elle) ne peut compter sur personne.

Il (elle) finit toujours déçu-e.

Tout ceci n’est pas très réjouissant, mais on peut sortir de la dépendance affective.

Soit en choisissant avec un tout petit peu plus de discernement son partenaire. Pour éviter tous ceux et celles qui pourraient alimenter notre mauvaise image de nous-mêmes.

Soit en nous guérissant de nos manques. En guérissant vraiment, car sinon, on pourrait courir le risque de remplacer une dépendance par une autre, attention ! (on connait tellement de rechute dans la cigarette ou dans l’alcool après une rupture amoureuse. Cet arbre-là cache la forêt de la dépendance affective).

 

Oui, on peut guérir de la dépendance affective ! Je vous raconte comment dans un prochain post….

 (*) Goodman, 1990 , entre autres

 

 

Isabelle Jordan

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