Couples-Médiation : A quoi sert vraiment une médiation lors d’une séparation?
Une séparation, un divorce, nécessitent des prises de décisions rationnelles (concernant entre autres les enfants si l’on en a, l’argent, le patrimoine, etc). Mais une séparation s’accompagne aussi de perturbations émotionnelles parfois puissantes. On parle même de « pics de tension émotionnelle »
Une séparation, un divorce, nécessitent des prises de décisions rationnelles (concernant entre autres les enfants si l’on en a, l’argent, le patrimoine, etc). Mais une séparation s’accompagne aussi de perturbations émotionnelles parfois puissantes. On parle même de « pics de tension émotionnelle » lors de l’annonce de la séparation, lors de la séparation physique, quand l’autre conjoint s’installe avec quelqu’un d’autre, quand les enfants vivent des évènements importants (ils sont diplômés, ils se marient,…).
Si les conflits sont violents, on rumine, on est anxieux, et parfois, on est tellement sidéré.e que l’on n’arrive même plus à travailler.
Une médiation permet de traiter avec l’aide d’un tiers ces deux aspects : ce qui est rationnel et qui relève de solutions accessibles, que l’on va essayer de définir. Et ce qui est émotionnel et qui relève d’erreurs d’interprétations, ou d’un sentiment de ne pouvoir agir sur la situation, qui nous plongent alternativement dans la colère ou dans la tristesse.
Séparation : les décisions rationnelles
Les décisions rationnelles : en médiation, il ne s’agit pas de défendre ses intérêts (ce que fera très bien un avocat), mais de faire entendre à l’autre pourquoi on a telle ou telle demande, pourquoi on est tellement « accroché.e » à une solution plutôt qu’à une autre. Progressivement, on va pouvoir dessiner des modes d’organisation, des solutions financières, qui sont celles qui nous conviennent le mieux. Ce n’est pas de la négociation, c’est plus subtile. Avec l’aide du médiateur, vous arrivez à déplacer votre point de vue et même parfois, à vous mettre à la place de l’autre. Et ce n’est pas rien.
Séparation : les conséquences émotionnelles
Quant au processus émotionnel, il s’agit de respecter le fait que vous n’en êtes pas forcément au même stade. L’un.e a par exemple mûrement réfléchi, imaginé la séparation depuis des semaines ou des mois. Pendant que l’autre vient de recevoir la nouvelle et n’a parfois rien vu venir. Les états émotionnels de l’un et de l’autre sont différents. Il ne s’agit pas de faire « l’autopsie » du couple. Il s’agit de s’occuper de l’état émotionnel de chacun : comment gérer cette tristesse ? Comment vivre sans le soutien de l’autre ? Comment accepter que nos enfants prennent parti pour l’un.e, contre l’autre ? Peut-on regarder ce qui se passe pour nous sans accuser l’autre ?
Traiter des émotions revient à élaborer (pouvoir regarder, puis dessiner) la séparation émotionnelle, le processus psychique qui va permettre de s’éloigner de l’autre.
Reconstruire notre identité
Nous ne sommes plus les mêmes qu’avant notre rencontre. Nous nous sommes construits un nouveau « Moi » dans cette relation. Quelqu’en soit la durée, nous avons formulé des espérances, des rêves, des projets, des attentes, ensemble. Que nous avons perdus. Qui sommes-nous aujourd’hui, sans l’autre?
Il nous faut calmer nos peurs, notre douleur, notre colère, notre culpabilité, notre honte pour pouvoir nous regarder et redevenir « autonome ». Passer du « nous » au « je ».
Une séparation est traversée comme une perte, et, nous l’avons déjà dit (https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ), comme un deuil. Deuil d’autant plus difficile que cette perte résulte d’une décision et que l’autre n’est pas mort.
Il est malheureusement indispensable de regarder ces peurs, ces douleurs, cette colère, cette culpabilité et cette honte pour les adoucir. Vous avez peur de quoi ? Est-ce que cette peur résonne sur une peur beaucoup plus ancienne ? Si oui, laquelle ? Allez regarder.
Résultat
Quand le processus de médiation peut se réaliser, notre vision change. Notre monde intérieur, nos croyances ne pourront plus jamais être les mêmes. Notre rapport au monde non plus. …
A la fin du processus de médiation, si l’on arrive à s’accorder sur les conséquences de notre séparation, on y gagne :
- la fin de nos ruminations, et donc des journées plus paisibles et des nuits reposantes.
- de la sécurité car on peut enfin se projeter dans le futur avec des certitudes. On sait ce qui va se passer. Comment cela va se passer. On n’est plus dans l’attente d’un dénouement et de ses décisions corolaires.
- de la disponibilité car on n’est plus obsédé.e par notre conflit.
- de la liberté car on n’est plus dépendant.e de l’autre (le conflit alimente une sorte de dépendance à l’autre). C’est une légèreté nouvelle. Plus jamais on a le cœur qui s’accélère parce que l’on reçoit un mail, de l’autre (ou de votre avocat).
- de l’espace car progressivement, on pense un peu moins à l’autre.
La fin d’un conflit ouvre une période de re-pos et ce que l’on dit moins souvent, on retrouve aussi de la joie (oui de la joie !). C’est tout ce que l’on peut souhaiter.
Couples : Se dire Merci. Ou les bienfaits de la gratitude.
En disant « Merci » vous renforcez votre lien, vous prenez soin de l’autre. Vous améliorez votre amitié, votre relation...et votre santé physique et mentale. C’est prouvé (*). « Merci » offre à l’autre de la reconnaissance, du soutien, une validation, de la proximité, de la connexion, de la solidarité. « Merci » vous focalise sur qui va bien, sur le versant positif de votre vie commune. « Merci » est une sorte de filtre, qui change votre perspective.
Cela a l’air tellement simple que vous vous pourriez vous croire dans un manuel de savoir-vivre du siècle précédent. « Merci ». Derrière ce mot, vous pouvez exprimer tout ce que vous aimez chez votre amoureux-amoureuse : votre admiration, votre affection, votre attention pour l’autre. Votre respect.
En disant « Merci » vous renforcez votre lien, vous prenez soin de l’autre.
Vous améliorez votre amitié, votre relation...et votre santé physique et mentale. C’est prouvé (*).
« Merci » offre à l’autre de la reconnaissance, du soutien, une validation, de la proximité, de la connexion, de la solidarité. « Merci » vous focalise sur qui va bien, sur le versant positif de votre vie commune. « Merci » est une sorte de filtre, qui change votre perspective.
A l’inverse, ne jamais remercier l’autre, c’est faire comme si il ou elle était transparent, comme si ses actions n’avaient aucune importance pour vous. A long terme, cela crée de la frustration, de la colère et « des problèmes de communication ».
En disant « Merci », vous réglez vos dettes invisibles (**)
- Merci de m’écouter avec autant d’attention
- Merci de me consoler et de me soutenir dans ce deuil
- Merci d’être là
- Merci pour ta gaité
- Merci pour ta transparence et ton honnêteté vis-à-vis de moi
- Merci pour ta compréhension
- Merci pour ton soutien inconditionnel
- Merci pour ta patience
- Merci pour ta tolérance
- Merci d’avoir fait la cuisine pour mes amis, pour ma famille
- Merci d’avoir passé du temps avec mon père, avec ma mère, mes frères ou mes sœurs
- Merci de t’être occupé(e) du jardin, de la cave, du chien, du chat,…
- Merci d’avoir organisé de si belles vacances
- Merci d’être une mère, un père, extraordinaire pour nos enfants
- …
Vous pouvez remercier chaque fois que votre amoureux ou votre amoureuse s’est donné la peine de vous faire plaisir, de poser volontairement une action qui vous est consciemment dédiée. Vous vérifierez au passage que votre amoureux-amoureuse est capable de recevoir ce « Merci ». Il n’y rien de plus blessant que les « de rien » ou « il ne fallait pas ».
Ou vous pouvez choisir un moment dédié, le dimanche matin, le soir quand vous vous couchez.
Vous pouvez aussi vous écrire une lettre : au début de chaque année, vous pouvez vous remercier pour tout ce qui vous a fait du bien. C’est la saison, pensez-y.
Ce n’est pas réservé au couple. Vous pouvez élargir. Remercier constitue une forme de don. Vous pouvez offrir un Merci à vos enfants, vos parents, vos amis, vos collègues. Peut-être que l’on ne se remercie jamais assez.
(*) Étude réalisée par Paul Mills, de l’Université de Californie
(**) concept développé par Nicole Prieur dans Petits règlements de compte en famille, Albin Michel
Couple: comment faire face à la maladie d’un enfant et protéger son couple de cette expérience épouvantable?
La maladie d’un enfant est une épreuve intense pour un couple et pour une famille. Aller chercher de l’aide, écouter et respecter les émotions de chacun, à son rythme et sans jugement et préserver des espaces d’intimité et de partage protégés des peurs et des inquiétudes permettent de se protéger du risque de tensions ou d’explosion. Au milieu des tristesses, des incertitudes, il y a aussi des moments de joie.
Personne ne peut imaginer, prévoir, que l’un de ses enfants tombe malade, d’une maladie grave. La maladie, c’est pour les adultes, vieux, si possibles, pas pour les enfants. Malheureusement, certaines familles connaissent la leucémie chez un enfant de dix-huit mois, le cancer, l’anorexie, les maladies psychiatriques…Certains peuvent penser que ce sont des situations rares. Deux millions d’enfants ont été hospitalisés en France en 2018*. Pour un couple, l’expérience pulvérise tout : les rythmes, les croyances, la place des autres enfants, des grands-parents, le travail et parfois même l’équilibre économique. Comment faire face ? Comment protéger sa relation ? Quels sont les écueils et peut-on les éviter ?
Vous avez besoin de soutien. Allez en chercher!
L’annonce de la maladie puis l’expérience des traitements sont un choc. La douleur est violente. Attention à vous. Vous êtes face à l’angoisse de mort, non pas pour vous, mais pour l’être que vous aimez le plus au monde. Avec peut-être en plus, par-dessus cette peur, un sentiment immense de culpabilité.
Faites-vous aider. Ne restez pas isolés, silencieux. Les médecins, les infirmières peuvent bien sûr être d’une aide extraordinaire. Mais aussi les assistantes sociales de l’Hôpital, pour vous aider matériellement si c’est nécessaire. Allez chercher des psychologues, vos parents, vos amis, ne vous gênez pas. Sollicitez toute l’aide possible. Vous ne serez jamais assez aidés.
N'oubliez pas que votre conjoint n’est pas votre psy. En plus des psy, il existe des groupes de paroles. Allez déversez tout ce que vous avez à déverser, chacun de votre côté, sans filtres. C’est une façon de vous protéger l’un et l’autre de toutes vos peurs et de vos tristesses.
Et si vous n’arrivez pas à parler, essayez de trouver une activité qui vous permette de réguler vos émotions : chantez, écrivez (ne serait-ce qu’un journal, très précieux pour plus tard), allez courir, faire de la boxe, jouer au foot…ce que vous voulez pour vous soutenir.
Écoutez vos émotions. Acceptez que vous aurez chacun votre part
Car la maladie d’un enfant provoque une éruption d’émotions.
La tristesse, voir le désespoir, la colère, la peur, l’impuissance, la frustration. Les doses sont gigantesques. Vous avez l’impression d’être submergés. Et pourtant, il vous faut agir, vous occuper de votre enfant malade, vous occuper parfois de vos autres enfants, assurer un minimum de vie matérielle.
Écouter vos émotions cela signifie accepter de les traverser. Sans jugement. Accepter votre vulnérabilité, votre non-puissance. Accepter que l’autre ne soit plus un héros exceptionnel, une femme parfaite, mais un être qui souffre, comme vous vous souffrez.
Pour un couple, il est essentiel d’accueillir le fait que ces émotions risquent de ne pas être synchronisées. Chacun fait ce qu’il peut.
Le déni, par exemple, peut être très mal vécu par celui qui souffre comme un chien et qui voit l’autre faire comme si de rien n’était. Il s’agit d’une erreur d’interprétation fréquente : le déni est une réaction de régulation du cerveau. C’est une sorte d’arrêt sur image, de sidération qui permet d’intégrer la nouvelle ou l’évènement. Sans cette étape de déni, la personne s’effondrerait.
Si l’un de vous deux se réfugie dans le travail, par exemple, au lieu d’être à vos côtés, nous dirions que sa réaction est normale. Même si elle est problématique car vous avez besoin de soutien (voir point 1).
Il est donc urgent d’exprimer votre besoin de soutien et de faire sortir l’autre doucement, respectueusement, de son déni, en respectant son rythme et ses capacités.
Échanger sur votre ressenti, vous écouter quand l’un est dans la tristesse tandis que l’autre est révolté et manifeste une colère noire, est indispensable. Car c’est ici même que vous risqueriez de parcourir des chemins qui à force d’être parallèles ne se rencontreraient plus.
Attention si le couple disparait et que vous n’êtes plus que des parents.
Vous allez devoir apprendre à naviguer entre une zone de combat commun et des espaces neutres, protégés de tout et qui vous permettent de vous connecter hors du champ de mines de la maladie. C’est la partie la plus difficile. Mais c’est aussi là que se joue la force de votre relation et de votre couple. Car le principal écueil, c’est de mener ce combat sur deux voies différentes : avec un objectif commun, mais séparément.
Au-delà de l’épuisement, de la fatigue, essayez par exemple de vous reposer ensemble. C’est contre-intuitif : vous avez probablement imaginé qu’il fallait vous reposer alternativement pour que l’un soit toujours en veille. Vous feriez équipe, oui. Vous seriez solidaires et donc, en soutien l’un de l’autre, oui. Mais encore une fois, attention aux chemins parallèles qui ne se rejoignent jamais. Allez chercher des amis ou des grands-parents pour prendre le relai. Et dormez ensemble, récupérez ensemble. Protégez cette toute petite zone d’intimité.
Encore mieux, si vous y arrivez, essayez de garder des espaces de connexion pour parler, échanger, vous écouter, vous entendre. Le summum étant d’arriver à passer du temps ensemble sans évoquer, ne serait-ce que pendant une demi-heure, la maladie si envahissante. Parlez de vous, de vos souvenirs communs, de tout ce qui vous relie.
La maladie d’un enfant est une épreuve intense pour un couple et pour une famille. Aller chercher de l’aide, écouter et respecter les émotions de chacun, à son rythme et sans jugement et préserver des espaces d’intimité et de partage à l’abri des peurs et des inquiétudes permettent de se protéger du risque de tensions ou d’explosion. Au milieu des tristesses, des incertitudes, il y a aussi des moments de joie.
Un jour, cet enfant ou cet adolescent deviendra un adulte provocateur qui cherchera son indépendance en secouant ses parents. Ce qui les obligera à revisiter ces trois « recettes ». C’est tout ce que je vous souhaite….
(*) source https://www.ars.sante.fr/les-chiffres-cles-de-lhospitalisation
Couple: pour démarrer une bonne dispute, dites que « ce n’est pas de votre faute ». C’est infaillible.
Vous êtes indigné(e ), voir, dans une colère noire. Mais « ce n’est pas de votre faute ». Le coupable c’est « l’autre ». Le problème est que cette posture, tellement naturelle et tellement courante, peut faire de gros dégâts dans nos relations. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se joue ? Peut-on arrêter le processus quand une grosse dispute se profile ?
« Ce n’est pas de ma faute »
« Je ne comprends pas comment on en est arrivé là, je n’ai rien fait de mal (variation : j’ai tout fait pour que cela fonctionne, tout) ».
Vous êtes indigné(e ), voir, dans une colère noire. Mais « ce n’est pas de votre faute ». Le coupable c’est « l’autre ». Car cela ne peut pas être « la faute de personne ». Le problème est que cette posture, tellement naturelle et tellement courante, peut faire de gros dégâts dans nos relations et notre couple. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se joue ? Peut-on arrêter le processus quand une grosse dispute se profile ?
Vous avez besoin de vous défendre: attention à l’escalade
Cela commence par l’impression désagréable d’être attaqué-e. Vous entendez une phrase et vous trouvez cela injuste. Vous vous sentez incompris-e. Vous avez donc besoin de vous défendre. Vous commencez à vous justifier. Vous voulez démontrer que vous avez raison et que l’autre a tort (de vous dire cela, de le penser, de le souligner). Mais plus vous vous justifiez, plus vous alimentez le conflit et plus la dispute a de chance de s’envenimer. Chacun empile ses arguments, les uns après les autres, pour démontrer qu’il a raison.
Si rien n’arrête cette escalade, cela peut être très violent. Nous savons tous qu’une grosse dispute peut laisser des traces. Qu’il est difficile d’oublier certaines phrases, certaines injures mêmes. Et qu’après ce genre d’ épisode, nous sommes vidés de notre énergie et dans une grande tristesse. Alors à quoi bon ?
Voici le mode d’emploi et quelques étapes pour calmer le débat
Pour éviter de vous laisser entraîner dans ce mouvement, il y a quelques portes de sorties. D’abord pour réguler nos émotions. Puis pour arriver à entendre l’autre et à se faire entendre. Voici quelques étapes du mode d’emploi :
- D’abord se calmer. Se calmer vraiment. Une émotion dure dix minutes. Alors si vous vous sentez attaqué-e, avant de réagir, en exprimant votre colère ou des sanglots, écartez-vous, quittez la pièce, sortez et allez respirer. De longues respirations. Ou faites des mouvements. Ou marchez. C’est tout bête, oui. Et nous le faisons presque par réflexe quand nous poussons de longs soupirs d’exaspération. Ces soupirs vont réveiller le système parasympathique. Et baisser notre niveau de « réponse » : notre rythme cardiaque diminue, notre respiration se calme et devient de plus en plus longue, les rougeurs de notre peau diminuent. Encore mieux, si vous vous sentez mieux, après ces dix minutes, vous pouvez revenir respirer dans les bras de votre partenaire. Vous respirerez ensemble et pourrez reprendre la discussion.
- Lâcher l’idée et la nécessité d’avoir raison. Ce réflexe est un poison pour le couple. Si vous renoncez à convaincre l’autre, à argumenter, ce genre de discussion s’arrêtera tout de suite.
- Rusez : si vous vous rendez compte que vous êtes en train de « monter dans les tours », que rien ne va vous arrêter et que vous allez vous faire très très mal, mettez-vous d’accord avant, quand c’est calme, et décidez ensemble d’un code, d’un mot ou d’une phrase « magique », qui sera un signal d’alerte et un bouton de secours. Si l’un de vous prononce le mot (ou la phrase), vous savez que c’est « Arrêt sur image ». Que vous devez tout de suite vous arrêter et mettre fin à la discussion. C’est une méthode qui vous rappellera votre enfance, car les enfants font cela très fréquemment, mais elle a le mérite d’être simple et efficace. Avec un peu d’humour, cela vous aidera beaucoup.
- Reconnaissez votre part de responsabilité. Même si elle est minuscule : « Oui je ne t’ai pas soutenu-e dans cette discussion avec ma mère, quand nous avons dîné chez mes parents », « oui, je ne t’ai pas remercié-e », …Pas de « MAIS ». Si vous introduisez un « mais », vous vous réengagez dans la justification, et donc dans le conflit et la dispute.
Car quand vous reconnaissez un part de responsabilité, vous entrouvrez la capacité de l’autre à vous écouter, et même, à vous entendre. Et vous pourrez lui montrer une piste d’explication (et non de justification). Mieux encore, reconnaître votre part va vous donner un tout petit peu de distance et peut-être vous permettre de sortir d’une éventuelle erreur d’interprétation. Car l’objectif de l’autre était-il bien de vous attaquer ? D’appuyer là où vous vous sentez si mal ? L’autre est-il vraiment responsable de votre réaction ?
- Parfois notre voix, notre intonation, sont perçues comme « accusatrices » alors que ce n’était pas notre intention. Quand nous sommes fatigués, irritables, attention à notre façon de communiquer. Encore une fois, le bon moyen d’éviter d’élever la voix ou de prononcer des phrases malheureuses, c’est de ralentir. De faire des pauses. Un silence de quelques secondes ne posera pas de problèmes, en tous cas moins qu’une injonction interprétée comme un reproche ou une accusation.
- Et si vos paroles dépassent vos pensées, réparez ! Revenez vers l’autre pour « amender », corriger ce que vous avez dit. Manifestez des regrets sincères, si vous avez des regrets : « je regrette déjà ce que j’ai dit », « ce n’est pas ce que je voulais dire », « je te demande pardon »….
Car personne d’autre que nous n’est responsable de notre comportement. Si nous percevons une simple phrase comme une attaque, c’est que cette phrase nous touche, qu’elle vient heurter une « blessure » qui nous appartient. La même phrase n’aura peut-être aucun effet sur quelqu’un d’autre. C’est donc bien à nous de commencer par nous guérir, par aller regarder nos zones sensibles. Moins nous en aurons, plus nous serons en capacité d’entendre les mots des autres, juste pour ce qu’ils sont. Il ne sera plus question, alors, d’avoir raison et d’écraser l’autre à tous prix pour sauver notre orgueil. C’est cela que l’on appelle la Communication non violente, qui ouvre la fin du conflit et permet de retrouver de la confiance, de la bienveillance. Et qui nous permet de réduire la distance avec l’autre pour retrouver son intimité et prendre soin de notre couple . Personne ne dit que c’est facile !
L’amour? L’amitié? Et s’il nous fallait les deux pour vivre ensemble?
Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami”. Formulé comme cela, cela paraît assez simple.
Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami” (ou sa meilleure amie, bien sûr). Formulé comme cela, cela paraît assez simple.
Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”
Nous avons tous un ou une “meilleure amie”. Nous le (la) visualisons très bien. Cette amitié a toujours été présente dans notre vie. Même si cela n’a pas toujours été la même personne. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”. C’est en notre meilleur(e) ami(e) que nous plaçons notre confiance. Nous pouvons tout lui dire, sans être jugé(e). Nous vivons ses joies et ses chagrins comme si c’était les nôtres. Nous aimons la même musique, nous avons souvent les mêmes loisirs, nous avons partagé plein d’expériences ensemble. C’est auprès de notre meilleur(e) ami(e) que nous nous réfugions si nous avons besoin de soutien et de réconfort. De conseils, souvent.
Swamidji Prajnanpad souligne l’écart minuscule qu’il y a entre l’amour et l’amitié. C’est une indication précieuse pour nous lorsque nous perdons “le contact” avec notre conjoint. Revenir à l’amitié, c’est un peu plus facile. Dans un article précédent, je vous ai parlé de Gary Chapman et des 5 langages de l’amour (https://www.mediations-paris.fr/blog/les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ). Les conseils de Gary Chapman rejoignent cette thématique de l’amitié. Même si nous avons de multiples attentes, ou croyances, sur l’amour et plus particulièrement sur notre conjoint, revenir à la notion toute simple de l’amitié est un premier mouvement concret et extrêmement réparateur.
Lettre d’Albert Camus à son ami René Char
Et si vous avez besoin d’explications, je vous propose cette lettre extraordinaire d’Albert Camus à son ami René Char (poète). Chaque mot est une leçon d’amitié:
17 septembre 1957
Cher René,
Je suis en Normandie avec mes enfants, près de Paris en somme, et encore plus près de vous par le cœur. Le temps ne sépare, il n’est lâche que pour les séparés — Sinon, il est fleuve, qui porte, du même mouvement. Nous nous ressemblons beaucoup et je sais qu’il arrive qu’on ait envie de « disparaître », de n’être rien en somme. Mais vous disparaîtriez pendant dix ans que vous retrouveriez en moi la même amitié, aussi jeune qu’il y a des années quand je vous ai découvert en même temps que votre œuvre. Et je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il en est de même pour vous, à mon égard. Quoi qu’il en soit, je voudrais que vous vous sentiez toujours libre et d’une liberté confiante, avec moi.
Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime. À la fin, on mourrait de chagrin, littéralement. Et il faut que nous vivions, que nous trouvions les mots, l’élan, la réflexion qui fondent une joie, la joie. Mais c’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.
Je rentre dans une semaine. Je n’ai rien fait pendant cet été, sur lequel je comptais, beaucoup, pourtant. Et cette stérilité, cette insensibilité subite et durable m’affectent beaucoup. Si vous êtes libre à la fin de la semaine prochaine (jeudi ou vendredi, le temps de me retourner) déjeunons ou dînons. Un mot dans ma boîte et ce sera convenu. Je me réjouis du fond du cœur, de vous revoir.
Votre ami
Albert Camus
Alors même si aujourd’hui nous nous écrivons plus de SMS que de lettres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…..