Couple : après une séparation, comment donner du sens à cette rupture ?
Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.
Il arrive que l’on mette très longtemps « à s’en remettre ». L’expression française est magnifique[1] . « S’en remettre » : comme si pour digérer une séparation, il fallait s’abandonner, renoncer à comprendre, lâcher prise. Mais comment faire ? On aimerait donner du sens à une rupture, transformer cet évènement pour en faire quelque chose (le fameux « pourquoi ? »). Pour arrêter de ruminer, pour guérir de nos regrets, pour vivre à nouveau comme avant ? Comment passer à autre chose et en sortir peut-être plus proche de ce que nous sommes ?
Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. ( Nous vous avons déjà proposé deux articles sur ce sujet, qui viendront compléter celui-ci si cela vous concerne https://www.mediations-paris.fr/blog/couples-comment-se-remettre-dune-rupture-dun-divorce-ou-dun-chagrin-damour et https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ). Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer un peu plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.
1. Allez d’abord chercher les besoins qui étaient satisfaits dans cette relation : essayez de vous souvenir du début de cette histoire d’amour. Qu’est-ce qui vous a attiré ? Vous êtes tombée.e amoureux.se de quoi ? Vous aviez l’impression que vos attentes étaient remplies ? Vous vous sentiez ?....( reconnu.e, soutenu.e, fort.e, courageux.se, accepté.e, en paix, en sécurité, ….etc. A vous de compléter. Ne vous arrêtez pas si vous avez encore des idées qui arrivent. Prenez tout votre temps pour regarder).
2. A contrario, essayez de faire la liste de tout ce qui n’allait pas. Qu’est-ce que cela provoquait en vous ? (de la colère, de la tristesse, de la peur, …. ?). Qu’est-ce que cela provoque en vous maintenant, quand vous y repensez ?
3. Regardez bien ces frustrations ? Ces besoins non satisfaits ? Ces attentes refoulées ? Depuis combien de temps sont-elles là ? Est-ce qu’elles datent vraiment de cette dernière rupture ? Ou est-ce qu’elles étaient là bien avant?
4. Qu’est-ce qui dans l’attitude de votre amoureux.se (avant la séparation) vous a fait le plus souffrir ? Essayez de mettre des mots sur ce qui vous faisait tellement mal (son mépris ? son absence ? son silence ? sa distance ? ses contrôles ? ses demandes ? ses critiques ? ....)
5. Pour transformer tout cela, essayez d’imaginer un symbole. Essayez de le dessiner. Un symbole qui pourrait représenter ces besoins qui n’ont pas été comblés (un personnage- adulte ou enfant-, un animal, une forme, ce que vous voulez. Ne réfléchissez pas trop, attrapez la première image qui se propose). Un peu comme dans un « rêve éveillé ».
6. Aujourd’hui comment pourriez-vous vous occuper vous-mêmes des besoins que vous avez identifiés ?
7. Regardez tranquillement le symbole que vous avez choisi. Il vous donnera peut-être des indications. Y-a-t’-il des demandes précises que vous voudriez formuler à d’autres personnes que votre ex ? (à votre patron, à vos collègues de travail, à vos enfants, à vos frères et sœurs, à vos parents ?). Y a-t-il quelque chose que vous voudriez définitivement changer dans votre vie ?
Ces réflexions ne sont pas simples mais elles ouvrent réellement une nouvelle compréhension de cette histoire de couple passée. Mais aussi, de ce que nous pouvons en faire ici et maintenant. Souvent, en arrivant à la dernière question, on se dit « Plus jamais cela ! C’est fini ». Vous pourrez regarder cette rupture différemment. Vous la subirez moins car vous comprendrez progressivement qu’elle vous a peut-être rendu un énorme service. Celui d’écouter (enfin !) et de formuler vos besoins, pour qu’ils soient entendus. En décalant votre regard, vous transformerez cette séparation et cette rupture ouvrira peut-être une période beaucoup plus heureuse. Après cette séparation, vous vous connaissez mieux et vous connaissez mieux vos besoins et vos limites. Ce n’est pas rien, même si le prix à payer vous a paru très élevé (et que vous vous en seriez bien passé) !
[1] (en anglais, c’est une autre idée : « to recover », comme si il fallait mettre une couverture par-dessus ?).
Couples: comment se remettre d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour?
On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison.
La douleur de la séparation peut être aussi forte et intense que la force avec laquelle vous vous êtes aimés. Votre cœur est brisé. Comment passer de ce chagrin à un « voyage » qui vous répare et qui vous redonne confiance en vous ? Le processus est difficile et peut prendre du temps.
Chaque personne a son propre chemin pour se guérir d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour
La recette n’est pas la même pour tout le monde. Chacun réagit comme il peut. On en voit qui se plongent immédiatement dans une autre relation (amoureuse) pour ne surtout pas traverser l’expérience de la rupture. D’autres, qui ont besoin de plusieurs années pour retrouver le goût des autres.
Donc le premier pas consiste à vous écoutez. Respectez votre rythme et vos envies. Au fonds, votre corps sait ce qu’il vous faut.
Faire quelque chose de vos émotions
Vous êtes en colère, ou terriblement triste. Ou vous alternez entre les deux. La confusion est le propre de cette période. Vous avez perdu tous vos repères. Et toutes vos croyances : on entend souvent des phrases comme « je croyais que… » ou au contraire « jamais je n’aurais cru…. ». Renverser ses croyances est une expérience très déstabilisante. Vous pouvez vous sentir « brisé » (« brisée »), fatigué (e), amer, acide, frustré (e), impuissant (e), gelé (e), …
Vos émotions sont précisément là pour vous faire bouger. Cette crise vous « bouscule » et va déboucher sur une autre vie. A condition de transformer ces émotions : parlez-en, partagez les avec vos proches. Ne restez pas seuls. C’est le moment de voir vos amis et d’aller chercher du soutien auprès des membres bienveillants de votre famille. Il y en a ! Parler de votre douleur vous aidera à nommer les choses.
Et si vous le pouvez, dessinez, écrivez, chantez, jouez de la musique…exprimez-vous ! Cela devrait vous aider à « transformer » ces douleurs.
Attention : si vous ressassez sans fin, si vous ne dormez plus, si l’angoisse vous empêche d’aller travailler, si vous avez envie de mourir, allez chercher l’aide d’un médecin (un psychiatre ou votre médecin généraliste, par exemple). Il faut parfois l’aide d’un médicament quand notre cerveau a été tellement blessé qu’il ne retrouve plus ses capacités d’adaptation « naturelle ». Une rupture est un véritable choc, pour notre « cœur » et donc pour notre cerveau. Parfois la douleur est trop forte : on ne peut pas s’en sortir tout seul.
S’accrocher au présent
Arrêtez de tourner en boucle dans votre passé. Essayez de vous plonger dans vos sensations présentes. Vous ancrer dans le présent vous permettra de sortir des limites dans lesquelles vous enferme votre expérience passée.
Tous les moyens sont bons : toute forme d’exercice physique vous ramènera dans le temps présent de votre corps. Et sans aller nécessairement méditer (ce qui est excellent ! c’est prouvé ! Car la médiation diminue l’activité du système nerveux sympathique, celui du stress et de l’action-agitation), une activité manuelle qui vous plaît vous obligera aussi à vous concentrer sur ce qui se passe ici et maintenant.
Ce sont deux pistes de joie et de réconfort très efficaces.
Vous valez quoi hors de cette ancienne relation ?
Quel que soit la durée du couple qui vient de se dissoudre, cela fait quelque temps que vous vous pensez en « nous » plutôt qu’en « je ».
Mais qui êtes-vous vraiment, hors de cette relation ?
Retrouver votre essence propre, vos qualités, vos compétences vous connectera à nouveau à l’amour, en passant d’abord par l’amour de vous-même. Quels sont vos rêves ? Vos projets ? Comment pouvez-vous les réaliser ? Comment parvenir à votre but ? Vous allez sans doute découvrir que vos capacités sont bien plus étendues que vous ne le pensiez. Vos limites vont soudain s’ouvrir. Vous allez progressivement aimer la nouvelle personne que vous êtes en train de devenir. Ce qui est le vrai premier pas vers la possibilité d’aimer quelqu’un d’autre.
On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison. Et il n’y a que vous pour sentir quand vous les passez, successivement. Un jour, vous vous réveillerez et rien n’aura plus jamais le même goût qu’avant. C’est ce que je vous souhaite.
Couple: Est-ce bien raisonnable d’envoyer des nudes?
Cet échange est intime. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message (nudes) ?
Aujourd’hui, tout passe par nos téléphones portables. Il y a peu de risque qu’un historien retrouve nos photos et nos messages dans 265 ans. Mais dans deux ans, dix ans, vingt ans ?
Nos téléphones font partie de notre intimité. Nous ne les partageons pas, ou rarement. D’ailleurs, dès que quelqu’un a quelque chose à cacher, il ou elle prend un deuxième portable, pour isoler de façon plus certaine ce qu’il veut cacher. Mais à qui appartiennent nos messages ? Nos photos ? Dont ces images parfois très intimes, comme les nudes, que nous avons envoyées dans l’euphorie d’un désir.
Si nous nous séparons
Il n’est plus question de partager des albums photos puisqu’il n’y a plus d’albums et que toutes nos photos sont dans nos téléphones ou sur le Cloud. Ce qui veut dire que nous gardons chacun une partie de l’autre. Que les traces intimes du couple nous appartiennent, et que l’on peut en faire ce que l’on veut.
Alors avant d’envoyer un nude, un message « personnel », vous êtes-vous posé cette question : cet échange est intime, fait partie de notre intimité. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message ?
Car son effacement ne sera pas « négociable ».
Les mots d’amour sont des trésors, oui, mais qui peuvent être partagés, diffusés très largement. Notre intimité moderne est très fragile, elle n’offre aucune sécurité de ce côté-là.
Alors posez vous la question avant d’envoyer vos précieux messages, ou vos photos intimes et votre nudité (nude). Quelles sont vos limites ? Que pouvez-vous échanger dans vos précieux téléphones portables ?
(d’après l’article du Monde en date du 7 Novembre, Des lettres d’amour, jamais ouvertes depuis 265 ans, dévoilent leur contenu, par Florence Rosier)
« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)
Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.
Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.
En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…
…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.
Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.
Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.
Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.
Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.
Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.
Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.
( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.
Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .
Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem )
La joie est une lame, par Adélaïde Bon
Quentin,
Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.
Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.
J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?
Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ?
Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition.
Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.
Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.
Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.
Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.
Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin.
Je ne sais plus comment t’aimer.
Laetitia
Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.
Pourquoi aller voir un médiateur familial lors d’un divorce ou d’une séparation?
Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». La médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, en la vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.
On sait tous quand et comment nos histoires d’amour ont commencé. On se souvient du premier regard, du premier jour et de ceux qui ont suivi. Puis des grands évènements que nous avons traversés ensemble. En revanche, notre mémoire est beaucoup plus floue quand il s’agit de reconstituer la fin d’une histoire d’amour. Sauf quand elle s’est terminée par un drame, une déchirure qui vient séparer nos vies et nos identités communes.
Que nos séparations résultent d’une coupure nette, bien dessinée, ou d’une rupture qui s’est infiltrée progressivement dans nos vies, nous sommes dans une douleur physique et morale qui nous anesthésie, qui nous empêche de dormir, de travailler, de manger et parfois de vivre, car notre vie semble interrompue, arrêtée. C’est là que nous avons besoin d’une aide extérieure.
Qu’est-ce qu’un médiateur familial peut faire pour vous au moment d’un divorce ou d’une séparation ?
Si la séparation résulte d’une rupture franche, d’une trahison ou du brusque départ de l’autre, nous sommes dans l’expérience du rejet et de l’abandon. Nos représentations du monde, nos croyances, sont bouleversées. Nos certitudes, nos représentations de nous-mêmes aussi. Le médiateur n’a pas de baguette magique et ne va évidemment pas réparer cette déchirure. Mais parler à un tiers, entendre l’autre (le conjoint) raconter ce qui s’est passé, peut aider à reconstruire, à changer de vie, de corps, de modèle. Nous avons été arrachés à quelque chose. Un regard extérieur peut nous aider à nous retrouver, à trouver les appuis sur lesquels il nous reste encore un peu de force (physique ou morale) pour « passer à autre chose ». Quelle est notre vie sans ce couple, sans la présence de l’autre, sans sa protection ? Comment réorganiser notre vie professionnelle, l’espace dans lequel nous habitons, la façon dont nous nous occupons de nos enfants ? Car une rupture peut aussi être l’occasion de nous révéler, de nous ouvrir à une nouvelle façon de vivre et d’être. Le processus de la médiation peut nous aider à supporter ces expériences et à trouver par nous-mêmes, avec le soutien du médiateur, qui nous sommes hors de notre couple.
Parler avec un médiateur familial peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé
Si la séparation résulte d’une usure insidieuse, d’un ennui qui s’est installé sans que l’on se souvienne vraiment comment et depuis quand on ne se parle plus, on ne se touche plus et on ne « vit » plus vraiment ensemble, chacun peut être traversé par la colère, la tristesse ou le refus. Refus d’une solitude insupportable. Refus de la liberté nouvelle de l’autre. Refus là aussi, d’une forme d’abandon. Ce qui est difficile, c’est la discontinuité. Quelque chose s’arrête. Mais quoi exactement ? Parler avec un médiateur peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé. On ne parle pas ici d’acceptation du principe de la rupture, mais du mouvement qui permet de sortir de l’évitement et qui permet ainsi à chacun de reprendre sa part de responsabilité. Aller voir un médiateur au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de sortir de la sidération, de la désolation et de « renaître » autrement.
Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». J’ai l’impression que ces deux voies sont incertaines : la médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, de confiance dans notre vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.