Couple : après une séparation, comment donner du sens à cette rupture ?

Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.

Il arrive que l’on mette très longtemps « à s’en remettre ». L’expression française est magnifique[1] . « S’en remettre » : comme si pour digérer une séparation, il fallait s’abandonner, renoncer à comprendre, lâcher prise. Mais comment faire ? On aimerait donner du sens à une rupture, transformer cet évènement pour en faire quelque chose (le fameux « pourquoi ? »). Pour arrêter de ruminer, pour guérir de nos regrets, pour vivre à nouveau comme avant ? Comment passer à autre chose et en sortir peut-être plus proche de ce que nous sommes ?

 

Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. ( Nous vous avons déjà proposé deux articles sur ce sujet, qui viendront compléter celui-ci si cela vous concerne https://www.mediations-paris.fr/blog/couples-comment-se-remettre-dune-rupture-dun-divorce-ou-dun-chagrin-damour et https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ). Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer un peu plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.

 

1.    Allez d’abord chercher les besoins qui étaient satisfaits dans cette relation : essayez de vous souvenir du début de cette histoire d’amour. Qu’est-ce qui vous a attiré ? Vous êtes tombée.e amoureux.se de quoi ? Vous aviez l’impression que vos attentes étaient remplies ? Vous vous sentiez ?....( reconnu.e, soutenu.e, fort.e, courageux.se, accepté.e, en paix, en sécurité, ….etc. A vous de compléter. Ne vous arrêtez pas si vous avez encore des idées qui arrivent. Prenez tout votre temps pour regarder).

2.    A contrario, essayez de faire la liste de tout ce qui n’allait pas. Qu’est-ce que cela provoquait en vous ? (de la colère, de la tristesse, de la peur, …. ?). Qu’est-ce que cela provoque en vous maintenant, quand vous y repensez ?

3.    Regardez bien ces frustrations ? Ces besoins non satisfaits ? Ces attentes refoulées ? Depuis combien de temps sont-elles là ? Est-ce qu’elles datent vraiment de cette dernière rupture ? Ou est-ce qu’elles étaient là bien avant?

4.    Qu’est-ce qui dans l’attitude de votre amoureux.se (avant la séparation) vous a fait le plus souffrir ? Essayez de mettre des mots sur ce qui vous faisait tellement mal (son mépris ? son absence ? son silence ? sa distance ? ses contrôles ? ses demandes ? ses critiques ? ....)

5.    Pour transformer tout cela, essayez d’imaginer un symbole. Essayez de le dessiner. Un symbole qui pourrait représenter ces besoins qui n’ont pas été comblés (un personnage- adulte ou enfant-, un animal, une forme, ce que vous voulez. Ne réfléchissez pas trop, attrapez la première image qui se propose). Un peu comme dans un « rêve éveillé ».

6.     Aujourd’hui comment pourriez-vous vous occuper vous-mêmes des besoins que vous avez identifiés ?

7.    Regardez tranquillement le symbole que vous avez choisi. Il vous donnera peut-être des indications. Y-a-t’-il des demandes précises que vous voudriez formuler à d’autres personnes que votre ex ? (à votre patron, à vos collègues de travail, à vos enfants, à vos frères et sœurs, à vos parents ?). Y a-t-il quelque chose que vous voudriez définitivement changer dans votre vie ?

 

Ces réflexions ne sont pas simples mais elles ouvrent réellement une nouvelle compréhension de cette histoire de couple passée. Mais aussi, de ce que nous pouvons en faire ici et maintenant. Souvent, en arrivant à la dernière question, on se dit « Plus jamais cela ! C’est fini ». Vous pourrez regarder cette rupture différemment. Vous la subirez moins car vous comprendrez progressivement qu’elle vous a peut-être rendu un énorme service. Celui d’écouter (enfin !) et de formuler vos besoins, pour qu’ils soient entendus. En décalant votre regard, vous transformerez cette séparation et cette rupture ouvrira peut-être une période beaucoup plus heureuse. Après cette séparation, vous vous connaissez mieux et vous connaissez mieux vos besoins et vos limites. Ce n’est pas rien, même si le prix à payer vous a paru très élevé (et que vous vous en seriez bien passé) !


[1] (en anglais, c’est une autre idée : « to recover », comme si il fallait mettre une couverture par-dessus ?).

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Couples: comment se remettre d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour?

On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison.

La douleur de la séparation peut être aussi forte et intense que la force avec laquelle vous vous êtes aimés. Votre cœur est brisé. Comment passer de ce chagrin à un « voyage » qui vous répare et qui vous redonne confiance en vous ? Le processus est difficile et peut prendre du temps.

 

Chaque personne a son propre chemin pour se guérir d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour

 

La recette n’est pas la même pour tout le monde. Chacun réagit comme il peut. On en voit qui se plongent immédiatement dans une autre relation (amoureuse) pour ne surtout pas traverser l’expérience de la rupture. D’autres, qui ont besoin de plusieurs années pour retrouver le goût des autres.

Donc le premier pas consiste à vous écoutez. Respectez votre rythme et vos envies. Au fonds, votre corps sait ce qu’il vous faut.

 

Faire quelque chose de vos émotions

 

Vous êtes en colère, ou terriblement triste. Ou vous alternez entre les deux. La confusion est le propre de cette période. Vous avez perdu tous vos repères. Et toutes vos croyances : on entend souvent des phrases comme « je croyais que… » ou au contraire « jamais je n’aurais cru…. ». Renverser ses croyances est une expérience très déstabilisante. Vous pouvez vous sentir « brisé » (« brisée »), fatigué (e), amer, acide, frustré (e), impuissant (e), gelé (e), …

Vos émotions sont précisément là pour vous faire bouger. Cette crise vous « bouscule » et va déboucher sur une autre vie. A condition de transformer ces émotions : parlez-en, partagez les avec vos proches. Ne restez pas seuls. C’est le moment de voir vos amis et d’aller chercher du soutien auprès des membres bienveillants de votre famille. Il y en a ! Parler de votre douleur vous aidera à nommer les choses.

 

 Et si vous le pouvez, dessinez, écrivez, chantez, jouez de la musique…exprimez-vous ! Cela devrait vous aider à « transformer » ces douleurs.

 

Attention : si vous ressassez sans fin, si vous ne dormez plus, si l’angoisse vous empêche d’aller travailler,  si vous avez envie de mourir, allez chercher l’aide d’un médecin (un psychiatre ou votre médecin généraliste, par exemple). Il faut parfois l’aide d’un médicament quand notre cerveau a été tellement blessé qu’il ne retrouve plus ses capacités d’adaptation « naturelle ». Une rupture est un véritable choc, pour notre « cœur » et donc pour notre cerveau. Parfois la douleur est trop forte : on ne peut pas s’en sortir tout seul.

 

S’accrocher au présent

 

Arrêtez de tourner en boucle dans votre passé. Essayez de vous plonger dans vos sensations présentes. Vous ancrer dans le présent vous permettra de sortir des limites dans lesquelles vous enferme votre expérience passée.

Tous les moyens sont bons : toute forme d’exercice physique vous ramènera dans le temps présent de votre corps. Et sans aller nécessairement méditer (ce qui est excellent ! c’est prouvé ! Car la médiation diminue l’activité du système nerveux sympathique, celui du stress et de l’action-agitation), une activité manuelle qui vous plaît vous obligera aussi à vous concentrer sur ce qui se passe ici et maintenant.

Ce sont deux pistes de joie et de réconfort très efficaces.

 

Vous valez quoi hors de cette ancienne relation ?

 

Quel que soit la durée du couple qui vient de se dissoudre, cela fait quelque temps que vous vous pensez en « nous » plutôt qu’en « je ».

Mais qui êtes-vous vraiment, hors de cette relation ?

Retrouver votre essence propre, vos qualités, vos compétences vous connectera à nouveau à l’amour, en passant d’abord par l’amour de vous-même. Quels sont vos rêves ? Vos projets ? Comment pouvez-vous les réaliser ? Comment parvenir à votre but ? Vous allez sans doute découvrir que vos capacités sont bien plus étendues que vous ne le pensiez. Vos limites vont soudain s’ouvrir. Vous allez progressivement aimer la nouvelle personne que vous êtes en train de devenir. Ce qui est le vrai premier pas vers la possibilité d’aimer quelqu’un d’autre.

On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté :   c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison. Et il n’y a que vous pour sentir quand vous les passez, successivement. Un jour, vous vous réveillerez et rien n’aura plus jamais le même goût qu’avant. C’est ce que je vous souhaite.

 

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Couple: Est-ce bien raisonnable d’envoyer des nudes?

Cet échange est intime. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message (nudes) ?

Aujourd’hui, tout passe par nos téléphones portables. Il y a peu de risque qu’un historien retrouve nos photos et nos messages dans 265 ans. Mais dans deux ans, dix ans, vingt ans ?

Nos téléphones font partie de notre intimité. Nous ne les partageons pas, ou rarement. D’ailleurs, dès que quelqu’un a quelque chose à cacher, il ou elle prend un deuxième portable, pour isoler de façon plus certaine ce qu’il veut cacher. Mais à qui appartiennent nos messages ? Nos photos ? Dont ces images parfois très intimes, comme les nudes, que nous avons envoyées dans l’euphorie d’un désir.

Si nous nous séparons

Il n’est plus question de partager des albums photos puisqu’il n’y a plus d’albums et que toutes nos photos sont dans nos téléphones ou sur le Cloud. Ce qui veut dire que nous gardons chacun une partie de l’autre. Que les traces intimes du couple nous appartiennent, et que l’on peut en faire ce que l’on veut.

Alors avant d’envoyer un nude, un message « personnel », vous êtes-vous posé cette question : cet échange est intime, fait partie de notre intimité. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message ?

Car son effacement ne sera pas « négociable ».

Les mots d’amour sont des trésors, oui, mais qui peuvent être partagés, diffusés très largement. Notre intimité moderne est très fragile, elle n’offre aucune sécurité de ce côté-là.

 Alors posez vous la question avant d’envoyer vos précieux messages, ou vos photos intimes et votre nudité (nude). Quelles sont vos limites ? Que pouvez-vous échanger dans vos précieux téléphones portables ?

(d’après l’article du Monde en date du 7 Novembre, Des lettres d’amour, jamais ouvertes depuis 265 ans, dévoilent leur contenu, par Florence Rosier)

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Divorce : avant de vous lancer, voici les 4 questions matérielles à vous poser

Vous voulez divorcer. Avant de vous lancer, avant d’annoncer à votre conjoint la fin de votre mariage et votre souhait de vous séparer, arrêtez-vous sur ces quatre questions matérielles.

Cela fait des jours, des semaines, des mois que vous y pensez. Votre décision est prise. Vous voulez divorcer. Avant de vous lancer, avant d’annoncer à votre conjoint la fin de votre mariage et votre souhait de vous séparer, arrêtez-vous sur ces quatre questions matérielles. Au-delà du bouleversement émotionnel que vous allez traverser, un divorce pose aussi des questions purement financières. Mieux vous les aurez préparer, plus claire sera votre vision de vos besoins et de la façon dont vous pouvez vous organiser. Plus tard, vous pourrez échanger sur ces sujets avec votre futur ex-conjoint.

 

1. Connaissez-vous votre patrimoine ? Que possédez-vous ? Qu’est-ce qui est à vous ? Qu’est-ce qui est à l’autre ?

 

On parle de maisons (biens immobiliers), de meubles, de voiture, de comptes bancaires. Éventuellement, d’une entreprise.

Qui a payé quoi ? Combien cela vaut-il aujourd’hui?

 

Est-ce que vous savez ?

 

Si vous ne savez pas, renseignez-vous. Au besoin, prenez rendez-vous avec votre banque, et si vous avez acheté une maison ou un appartement, avec un notaire. Si vous avez une entreprise commune, avec votre expert comptable.

 

Il est important que vous connaissiez précisément ces réponses avant de vous lancer.

 

2. Quelles sont vos dettes ? Avez-vous contracté des emprunts ? A votre nom ?  Avec votre conjoint ? Pour financer quoi ?

Là aussi, si vous avez un doute, si la réponse n’est pas totalement certaine, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec votre banque.

Retrouvez si c’est possible tous vos contrats. Les codes d’accès si il y en a.

3. Quel est votre revenu ? Celui de votre conjoint ?

Est-ce que vous avez signé votre déclaration (commune) de revenus ou est-ce que vous avez à peine jeté un coup d’œil dessus et ne l’avez même pas signée (oui je sais, ce n’est pas ce que prévoit la loi. Mais concrètement, une déclaration en ligne peut n’être signée que par l’un des deux conjoints).

Si vous ne connaissez pas la réponse à ces questions, connaissez-vous le numéro fiscal de votre foyer ? Le mot de passe du service https://www.impots.gouv.fr/accueil pour aller consulter l’historique de vos déclarations ?

4. Quelles sont vos dépenses ?

Savez-vous combien vous dépensez chaque mois ? Chaque année ? Faites-vous des comptes, un budget ?

Combien dépensez-vous pour vous loger, vos transports quotidiens, vous nourrir, payer vos impôts, votre téléphone, votre électricité, votre chauffage, vos vêtements, vos soins (coiffeurs et autres), vos vacances et pour vos enfants, bien sûr ?

Ces quatre questions ont l’air simple. Et pourtant ? Et pourtant il est très rare que l’on puisse y répondre rapidement. Prenez votre temps car il est indispensable de faire ce travail avant d’engager le moindre mouvement. Un divorce, une séparation, sont rarement simples. Plus vous aurez précisément évalué votre situation matérielle, mieux vous pourrez évaluer vos besoins et vos souhaits en matière de partage. Le coût émotionnel d’une séparation est élevé. En préparant l’impact matériel de votre divorce, vous pourrez peut-être dissocier cet effet de toutes les douleurs immatérielles qui lui seront reliées. 

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Séparation, divorce : pourquoi cela nous met-il dans un tel état d’anxiété ?

L’anxiété est une peur qui n’a pas d’objet précis. Au moment d’une séparation ou d’un divorce, nous avons peur de tout. De tout ce qui va changer dans notre vie. Mais pourquoi une séparation ou un divorce provoquent une telle anxiété ? Pouvons-nous l’écarter ? Et si oui, comment ?

Que ce soit l’autre qui nous annonce la mauvaise nouvelle, ou que nous ayons pris la décision de la séparation, nous sommes généralement submergés par la tristesse mais surtout, par une sensation écrasante d’anxiété.

L’anxiété est une peur qui n’a pas d’objet précis. Autrement dit, quand on voit une araignée ou un monstre, la peur a un objet. L’anxiété, elle, déclenche les mêmes réactions, sans que l’on puisse nommer ce qui les a provoquées. Mais pourquoi une séparation ou un divorce provoquent une telle anxiété ? Pouvons-nous l’écarter ? Et si oui, comment ?

Au fonds, au moment d’une séparation ou d’un divorce, nous avons peur de tout. De tout ce qui va changer dans notre vie.

-       Peur de manquer : est-ce que nous aurons les moyens de nous loger, de nous nourrir, de nous occuper de nos enfants ?

-       Peur de l’annoncer : à nos parents, à nos enfants, à nos proches, à nos collègues de travail. Comment vont-ils réagir ? Vont-ils nous juger ? « Ils vont nous trouver nuls ».

-       Peur de trahir nos promesses et donc, de nous trahir nous-mêmes : « Je ne pourrai plus me regarder dans la glace ». Comme si nous avions commis une faute grave.

-       Peur d’admettre notre échec. Surtout si ce n’est pas la première fois.

-       Peur de perdre nos amis, ceux de notre conjoint, de ne plus voir notre belle-famille : oui, une séparation a un impact sur notre vie amicale et sociale. Parfois, nous risquons d’être brutalement rejetés, d’être exclus.

-       Peur d’être seul, de ne plus avoir de soutien (le soutien de l’autre). De ne jamais plus être capable d’aimer, d’être aimé ou de vivre en couple.

-       Peur de changer de maison, de déménager, tout simplement. Et pour nos enfants, de changer d’école, de quitter ses copains.

Nous avons toutes ces peurs car nous ne contrôlons plus rien. Et plus nous essayons de contrôler, plus nous avons peur. Nous n’avons plus aucune prise sur l’autre. Nous ne pouvons plus rien lui demander, plus rien recevoir. Nous perdons toute capacité d’action, d’exigence. Nous sommes impuissants devant cette sensation de fuite. Cette impuissance est la cause principale de l’anxiété provoquée par une séparation ou un divorce.

Alors que faire ? Que faire pour que cette impression d’avoir le plexus écrasé, de ne plus pouvoir respirer, s’allège ?

Il y au moins deux pistes de sorties.

Première piste pour alléger notre anxiété : ouvrir au lieu de tout barricader

Ne pas résister. Ne pas éviter nos douleurs, nos peurs. S’arrêter pour les regarder. Ouvrir tous nos sens, toutes nos antennes, pour capter, regarder, éprouver ce qui est en train de se passer. Juste le traverser, en essayant de ne pas juger avec le mental. Sentir ici et maintenant par quoi nous sommes touchés. De quoi avons-nous vraiment peur? Allez chercher. Que disent ces peurs ? Plus vous en connaîtrez l’objet, moins elles vous envahiront.

Cela peut être très désagréable, mais cela peut aussi être beaucoup moins effrayant que lorsque nous mettons toute notre force pour lutter contre, refuser, nous arcbouter dans notre rôle de victime (voir sujet https://www.mediations-paris.fr/blog/separation-comment-sortir-de-letat-de-victime). Et essayer de contrôler un avenir qui refuse précisément d’être défini.

Deuxième piste pour alléger notre anxiété : se mettre en mouvement

Se mettre en mouvement. Dans notre mouvement. Aller vers ce qui nous semble bon pour nous. Indépendamment de notre environnement. Instinctivement nous savons ce qui est bon pour nous. Nous écouter, revenir vers soi et bouger. L’environnement bougera immédiatement, sans que nous intervenions directement. En bougeant, nous lâcherons plus facilement ce à quoi nous étions si accrochés. Car c’est précisément pour que tout reste en place, immobile, que nous nous accrochons.

Nous utiliserons nos émotions pour nous mettre en mouvement (vous remarquerez que la colère est une émotion très efficace pour nous faire bouger) au lieu de les laisser nous emporter.

En nous ouvrant et en bougeant, nos peurs sans objets diminueront. Nous nous sentirons beaucoup moins fragiles. Beaucoup moins dépendants des circonstances et des jugements. Nous reprendrons un peu de pouvoir sur notre vie et cela suffira à diminuer notre anxiété.

Plus tard, il se peut même que nous acceptions d’aller vers l’inconnu. Vers ce que nous ne connaissons pas. Et quand on commence à faire confiance à la vie, au futur, c’est bien que les peurs et l’anxiété se sont bel et bien envolées.

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Qu’est-ce qu’une médiation familiale enjointe? Une médiation ordonnée?

Une médiation enjointe c’est une médiation conseillée par le juge. Peut-être que le juge aux affaires familiales a été “effrayé” par l’intensité de votre conflit. Au sujet de vos enfants, par exemple. Un juge est là pour appliquer la loi. Par pour vous faire plaisir. La médiation familiale est une démarche libre et volontaire qui vise à résoudre les conflits.

La médiation familiale est une démarche libre et volontaire qui vise à résoudre les conflits. C’est une méthode qui a d’abord été introduite au Canada, et qui a permis a des milliers de couples de se mettre d’accord ensemble, sans avoir besoin d’un juge et d’un Tribunal. C’est un processus. Parfois rapide. Parfois plus long. Dans tous les cas, beaucoup plus rapide que de passer par une procédure judiciaires, les Tribunaux étant malheureusement partout débordés. Si c’est une démarche volontaire, pourquoi parle t’on de médiation enjointe ou de médiation ordonnée?

La médiation familiale, c’est quoi?

En séance de médiation, on est focalisé sur la recherche de solutions très concrètes : le médiateur est un tiers neutre qui n’a aucun parti pris, ni pour l’un, ni pour l’autre (il ne “défend” aucune des parties, contrairement à un avocat, qui défend l’intérêt de son « client »). Le médiateur n’est pas là pour juger si une demande est plus légitime qu’une autre : le médiateur vous aide à trouver la meilleure solution pour VOUS et pour votre famille. La Médiation Familiale croit en votre compétence pour trouver la meilleure solution qui conviendra à votre vie future et à celle de vos enfants. Les discussions sont confidentielles.

Mais peut-être que vous ne connaissiez pas la Médiation Familiale et que vous venez de la découvrir parce que c’est précisément un juge qui vous en parlé.

Médiation Enjointe

Peut-être que le juge aux affaires familiales a été “effrayé” par l’intensité de votre conflit. Au sujet de vos enfants, par exemple. Un juge est là pour appliquer la loi. Par pour vous faire plaisir. Si un juge pense que ses décisions ne résoudront pas vos différences, que vos enfants seront quoiqu’il arrive victimes de vos disputes incessantes (par exemple), il peut vous “enjoindre” de “faire une médiation”. Une médiation enjointe c’est une médiation conseillée par le juge. Dans votre intérêt et souvent, dans l’intérêt de vos enfants. Et peut-être aussi pour vous éviter de revenir trop souvent dans son bureau à solliciter son “jugement” alors que vous pourriez vous mettre d’accord. Avec un tiers, le juge pense que ce sera peut-être plus facile.

Médiation Ordonnée

Il arrive également qu’une situation soit “inextricable” et que même le juge ne puisse pas prendre une décision “équitable”. Autrement dit, votre niveau de conflit est tel qu’il y aura un “perdant” et un “gagnant”, voire, il n’y aura que des perdants. Car la loi ne prévoit pas tout. Et encore une fois, le juge travaille avec la loi. Sa fonction est d’appliquer les règles que la Société a décidé pour les familles. Comment le législateur pourrait avoir pensé à tout? À toutes les situations?

Dans ce cas, le juge va vous demander si vous seriez d’accord pour “faire une médiation” (une médiation reste une démarche volontaire, quoiqu’il arrive) et si vous êtes d’accord, il va ordonner une médiation familiale. Une “médiation ordonnée” est demandée, “exigée” par le juge. Dans la réalité, le juge ne vous ordonne pas de faire tout le processus de médiation, car personne ne peut savoir à l’avance comment vous allez progresser dans l’acceptation et la compréhension de votre conflit, mais vous serez obligés de rencontrer un médiateur et obligés d’être informés sur la médiation familiale. Le juge vous remet “entre les mains” d’un médiateur familial. La suite vous appartient. Une médiation ordonnée suspend le processus judiciaire pendant une durée de trois mois (renouvelable). Cela signifie que le juge (et le Tribunal) attendent trois mois pour fixer la prochaine étape du processus judiciaire relatif à votre séparation.

La dernière réforme du divorce favorise les couples qui se sont mis d’accord avant de déposer leur requête de divorce (ou de séparation) auprès du Tribunal

En résumé, la dernière réforme du divorce postule que les couples qui auront tenté de se mettre d’accord entre eux sur les modalités de leur séparation passeront avant ceux qui traversent un gros conflit. “Il est désormais nécessaire de justifier d'une tentative de résolution à l'amiable de votre conflit avant de saisir le juge. A défaut de justificatif, le magistrat pourrait ordonner cette mesure à l’audience, ce qui retarderait d’autant plus sa prise de décision. (Décret n° 2015-282 du 11 mars 2015, paru au JO du 14 mars 2015)”. C’est nouveau. On imagine toutes les raisons qui ont conduit à cette formulation. Cela signifie concrètement que l’automatisme qui consiste à se chercher un avocat dès que l’on pense séparation ou divorce devrait progressivement être remplacé par un nouvel élan: se cherche un médiateur ou un médiatrice familiale.

Cette réforme s’inscrit dans un mouvement de fonds: favoriser les accords “à l’amiable” avant de saisir la justice. Tous les conflits ont leur légitimité. Chacun a de bonnes raisons de ne pas être d’accord avec l’autre. Mais avant de mettre en mouvement la Justice, il serait bon de se mettre autour d’une table et de faire appel à un médiateur. La vie serait beaucoup plus douce. Car un conflit consomme énormément d’énergie. Moins il dure, moins votre santé morale et physique sera affectée, voire abîmée. Et si vous avez des enfants, vous allègerez leur vie et préparerez des adultes conscients et responsables. Car vous le savez, nous tous sommes des exemples pour nos enfants. Et la médiation, cela se pratique aussi dans les cours de récréation. Au Canada.

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« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.

En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…

…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.

 

Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.

Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

 

Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.

 

Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.

 

Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.

( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.

 

Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .

Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem ) 

La joie est une lame, par Adélaïde Bon

 

Quentin,

Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.

Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.

J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?

Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ? 

Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition. 

Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.

Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.

Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.

 

Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.

 

Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin. 

Je ne sais plus comment t’aimer.

Laetitia

Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.

 

 

 

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Pourquoi aller voir un médiateur familial lors d’un divorce ou d’une séparation?

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». La médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, en la vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

On sait tous quand et comment nos histoires d’amour ont commencé. On se souvient du premier regard, du premier jour et de ceux qui ont suivi. Puis des grands évènements que nous avons traversés ensemble. En revanche, notre mémoire est beaucoup plus floue quand il s’agit de reconstituer la fin d’une histoire d’amour. Sauf quand elle s’est terminée par un drame, une déchirure qui vient séparer nos vies et nos identités communes.

Que nos séparations résultent d’une coupure nette, bien dessinée, ou d’une rupture qui s’est infiltrée progressivement dans nos vies, nous sommes dans une douleur physique et morale qui nous anesthésie, qui nous empêche de dormir, de travailler, de manger et parfois de vivre, car notre vie semble interrompue, arrêtée. C’est là que nous avons besoin d’une aide extérieure.

Qu’est-ce qu’un médiateur familial peut faire pour vous au moment d’un divorce ou d’une séparation ?

Si la séparation résulte d’une rupture franche, d’une trahison ou du brusque départ de l’autre, nous sommes dans l’expérience du rejet et de l’abandon. Nos représentations du monde, nos croyances, sont bouleversées.  Nos certitudes, nos représentations de nous-mêmes aussi. Le médiateur n’a pas de baguette magique et ne va évidemment pas réparer cette déchirure. Mais parler à un tiers, entendre l’autre (le conjoint) raconter ce qui s’est passé, peut aider à reconstruire, à changer de vie, de corps, de modèle. Nous avons été arrachés à quelque chose. Un regard extérieur peut nous aider à nous retrouver, à trouver les appuis sur lesquels il nous reste encore un peu de force (physique ou morale) pour « passer à autre chose ». Quelle est notre vie sans ce couple, sans la présence de l’autre, sans sa protection ? Comment réorganiser notre vie professionnelle, l’espace dans lequel nous habitons, la façon dont nous nous occupons de nos enfants ? Car une rupture peut aussi être l’occasion de nous révéler, de nous ouvrir à une nouvelle façon de vivre et d’être. Le processus de la médiation peut nous aider à supporter ces expériences et à trouver par nous-mêmes, avec le soutien du médiateur, qui nous sommes hors de notre couple.

Parler avec un médiateur familial peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé

Si la séparation résulte d’une usure insidieuse, d’un ennui qui s’est installé sans que l’on se souvienne vraiment comment et depuis quand on ne se parle plus, on ne se touche plus et on ne « vit » plus vraiment ensemble, chacun peut être traversé par la colère, la tristesse ou le refus. Refus d’une solitude insupportable. Refus de la liberté nouvelle de l’autre. Refus là aussi, d’une forme d’abandon. Ce qui est difficile, c’est la discontinuité. Quelque chose s’arrête. Mais quoi exactement ? Parler avec un médiateur peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé. On ne parle pas ici d’acceptation du principe de la rupture, mais du mouvement qui permet de sortir de l’évitement et qui permet ainsi à chacun de reprendre sa part de responsabilité. Aller voir un médiateur au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de sortir de la sidération, de la désolation et de « renaître » autrement. 

 

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». J’ai l’impression que ces deux voies sont incertaines : la médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, de confiance dans notre vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

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Divorce, Séparation : Combien de temps faut-il pour s’en remettre?

C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux.

C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux. Que ce soit pour celui qui est quitté ou pour celui qui prend la décision de partir. 

 

Les chagrins d’amour sont très bien décrits dans la littérature, au cinéma et plus récemment, dans les séries que nous regardons. Il n’y a pas d’âge. Des enfants sont parfois désespérés quand leur ami(-e) les quittent pour un (ou une) autre. Et des personnes très âgées rencontrent exactement les mêmes difficultés. Quand on est dedans, on a l’impression que cette douleur ne s’arrêtera jamais. Que l’on n'en sortira pas. Que jamais plus on ne retrouvera la capacité d’aimer quelqu’un d’autre. Et pourtant ! 

La courbe du deuil expliquée par une psychologue (Elisabeth Kubler-Ross)

Une psychologue suisse, Elisabeth Kübler-Ross (née en 1926, à Zürich) a beaucoup travaillé sur « les derniers instants de la vie ». Elle en a dégagé une théorie du deuil qui est aujourd’hui appliquée à tous les « chocs » qu’un individu peut subir. Et une séparation, un divorce, constituent un vrai choc. Voilà ce qu’elle en dit (dans son livre On death and Dying, 1969, Sur le chagrin et le deuil).

 

Dans le langage courant, un deuil se définit comme l’étape qui suit la mort de quelqu’un. Elisabeth Kübler-Ross élargit cette notion pour inclure toutes les pertes que chacun d’entre nous peut subir : perte d’un travail, perte d’une maison, perte de son conjoint ou de son amoureux, perte de son pays pour ceux qui doivent partir. Pour elle, le deuil est le cheminement universel que nous expérimentons lorsque nous sommes (brutalement) confrontés au choc d’une disparition.

Les 5 étapes après un choc, un grand chagrin ou une perte

D’après elle, nous traversons alors cinq étapes :

Le déni : « ce n’est pas possible, il va revenir », « ils vont revenir sur leur décision, ils ne peuvent pas me faire cela », etc. Le déni est essentiel. Il nous permet de rester debout, de faire face aux premiers effets du choc. 

La colère : une fois que l’on a compris que la perte était réelle, nous sommes en rage. Nous dénonçons l’injustice, le mauvais comportement, l’irresponsabilité. Tout y passe. Le chagrin et les peurs de ce qui va se passer sont tels, que l’on préfère les recouvrir d’une bonne dose d’agressivité.

Le marchandage/ la négociation : nous nous sentons tellement impuissants qu’une part de nous-même essaie de reprendre un peu de contrôle. Nous échafaudons des scenarios. « Si je perds dix kilos, ou si j’arrête de fumer, elle va changer d’avis », « je vais me rapprocher de son meilleur ami, cela va le rendre dingue », comme si nos actions pouvaient changer le cours des choses.

La dépression, la tristesse : qui sont inévitables. Il arrive un moment où nous sommes submergés par la tristesse. Nous la traversons. Certains d’entre nous sont pétrifiés. Ne mangent plus. Ne parlent plus. Ne sortent plus. Laisser cette tristesse s’exprimer peut aussi être une libération. 

L’acceptation : quand nous ne sommes plus ni tristes ni en colère, et que nous sentons moins la douleur, nous pouvons commencer à regarder la réalité. Accepter ne signifie pas « être d’accord », car la plupart des chocs que nous rencontrons sont par principe « inacceptables ». Accepter signifie accepter de regarder les faits, de regarder l’autre, la succession d’évènements. Juste tels qu’ils sont. C’est la dernière étape du « deuil ». 

 

Plus tard, Elisabeth Kübler-Ross a ajouté l’étape du pardon. Pardon à soi-même quand on a été dévoré par la culpabilité. Pardon à l’autre quand c’est un autre qui a été l’auteur de cette violence (la violence de la perte). Parfois, cela va même jusqu’à la reconnaissance d’un « cadeau caché » : « je n’aurais jamais repris ces études si… », « je n’aurais jamais imaginé que j’étais capable de … ». L’ultime étape étant celle de la sérénité. De la capacité à penser ou à raconter l’évènement sans être débordé par l’émotion.

 

Dans la réalité, ces étapes prennent du temps. Et tous ne les passent pas dans cet ordre. Parfois, la tristesse précède la colère. L’important, c’est de repérer que chacun de ces états est normal. Que tout le monde passe par là. 

 

Quant à notre question initiale : après un divorce, une séparation, combien de temps cela prend ? Il n’y a malheureusement pas de réponse. Certains mettent des années. D’autres moins. Ce qui est certain en revanche, c’est que ceux qui reforment un couple très rapidement (on en a vu qui se remettaient en couple une semaine après leur séparation !) ne se donnent pas le temps de digérer l’évènement. On ne peut pas franchir ces cinq étapes en quelques jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles ces « nouveaux » couples rencontrent (souvent) des difficultés et ne durent eux-mêmes pas très longtemps. Sans parler des enfants et des membres du premier cercle, qui eux aussi doivent « faire leur deuil » et ne suivent pas forcément tous le même rythme. Alors soyons patients, même si c’est très difficile. Et optimistes, car on en sort, sans aucun doute !

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