Famille recomposée et Succession : comment la Médiation Familiale peut-elle vous aider ?
…Une médiation familiale permet une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, et ce processus prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle).
Qui dit famille recomposée dit demi-frère ou demi-sœur. Et le « demi » signifie que l’on n’a pas la même mère ou le même père. Et alors ? Alors, lorsqu’un parent décède, on règle les comptes autour de l’héritage. Et si les épisodes familiaux précédents n’ont pas été « réglés », les conflits éclatent. Voici quelques pistes pour éclairer comment la Médiation Familiale peut aider à sortir d’un conflit familial lors d’une succession dans une famille « recomposée ».
Première étape de cette médiation familiale: “refaire l’histoire”
La première étape consiste à « refaire l’histoire ». Quels sont les « arbres généalogiques » des uns et des autres ? Quelle est l’histoire des demi-frères ou demi-sœurs ? Ont-ils gardé des contacts avec leurs pères ou leurs mères ? Comment s’est passé leur arrivée dans la nouvelle famille ? Quelle est a été la réaction de l’amoureux ou de l’amoureuse de leur parent? Comment s’est passé l’arrivée des enfants de ce nouveau couple?
La grande peur des enfants d’un couple passé est que leur nouveau frère ou leur nouvelle sœur « annule et remplace » la famille précédente. Ils ont une peur immense que leur père ou leur mère les aime moins que ce nouvel enfant. Ils conjuguent la peur de l’abandon, la colère contre cette nouveauté ou contre eux-mêmes de ne pas accepter ce nouveau bébé, et la peur d’être rejeté, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la peur de l’abandon, et qui va activer des sentiments d’injustice, justifiés ou pas. Car le nouveau couple constitué par leur parent et le beau-parent aura nécessairement une façon différente d’accueillir un nouvel enfant.
Cinquante ans plus tard, quand ces enfants se retrouvent chez leur notaire pour découvrir ce que leur a réservé la succession de leur parent décédé, ce sont toutes ces peurs qui ressurgissent. Avec un mélange de sentiments très enfantins pour tout ce qui n’a pas été « réglé » et de violence très adulte pour revendiquer des compensations aux injustices perçues et intériorisées depuis tant d’années.
Un exemple de succession compliquée dans une famille “recomposée”
La Médiation Familiale aborde ces conflits en éclairant, en nommant ce qui a été caché, ce qui n’a pas été dit. Voici l’histoire de deux dames de cinquante ans dont la mère de l’une, le père de l’autre, s’étaient mariés quand elles avaient l’une et l’autre neuf ans. Elles étaient presque « jumelles » en âge. La fille du Monsieur a été complètement rejetée par la nouvelle femme de son père. Au point qu’elle ne pouvait lui rendre visite et séjourner avec lui dans sa nouvelle famille. La fille de la dame a été adoptée (adoption simple) par le Monsieur. Vous imaginez le résultat ? Le sentiment d’injustice ressenti par la première ? Peut-être aussi de culpabilité car elle a pu croire que c’était « de sa faute ». Quasiment irréductible. On comprend que les discussions chez le notaire autour de leur héritage aient été impossibles.
La Médiation Familiale peut tenter d’éclairer pour l’une comme pour l’autre ce qui s’est passé.
Peut-être que le Monsieur avait une peur élevée d’échouer dans son nouveau couple et qu’il voulait tout mettre en œuvre pour faire plaisir à sa nouvelle femme ? Peut-être qu’il a lui-même une histoire familiale qui l’a poussé à prendre en charge cette petite fille pour « réparer » une histoire dans laquelle un père (son père, son grand-père ?) n’avait pas « assumé » sa paternité vis-à-vis d’un enfant? Sans penser que cela pourrait enlever quelque chose à sa première fille.
Peut-être que la femme de ce monsieur avait peur qu’il reste en lien avec la mère de sa fille et qu’elle a préféré l’écarter pour éviter ce risque?
Ces deux petites filles, quand elles avaient neuf ans, ont été traversées par leurs peurs sans pouvoir donner du sens à tout cela. Pour celle qui a été exclue, son père n’a jamais eu le moindre geste ou le moindre mot de « reconnaissance » et la succession vient réappuyer sur ces sentiments de rejet. La Médiation Familiale peut leur permettre de rendre à leur parent ce qui leur appartient et dont elles n’étaient pas responsables. Et de se parler alors comme deux adultes de cinquante ans.
Ce n’est pas facile. Mais c’est très utile. D’abord pour gagner du temps car une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, est un processus qui prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle). Ensuite parce qu’un conflit consomme de l’énergie et de l’argent, alors qu’un accord volontaire apaisera durablement chacun des protagonistes de cette histoire familiale. On voit chaque jour des réconciliations miraculeuses dans les Cabinets des médiateurs familiaux !
« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)
Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.
Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.
En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…
…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.
Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.
Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.
Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.
Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.
Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.
Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.
( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.
Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .
Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem )
La joie est une lame, par Adélaïde Bon
Quentin,
Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.
Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.
J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?
Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ?
Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition.
Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.
Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.
Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.
Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.
Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin.
Je ne sais plus comment t’aimer.
Laetitia
Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.
Couples, familles: Pourquoi le conflit fait si mal ?
Le conflit nous confronte à la violence humaine, la moins acceptable de toutes. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu.
Le conflit nous confronte à la violence humaine. La moins acceptable de toutes les violences. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu. La violence du conflit efface notre capacité à écouter, à accueillir l’autre. Nous le refusons. Tout en nous fait barrière, alors que cet homme, cette femme, ce frère, cette sœur, nous l’avons sincèrement aimé-e. Le conflit nous enferme dans le mépris, la haine, l’humiliation, la peur, la tristesse, la vengeance et parfois même, la destruction. À la fin, il nous renvoie à notre impuissance car rien ne nous permet de sortir de cette escalade : « A toute action est toujours opposée une réaction égale », selon le principe physique établi par Newton en 1687.
La médiation (familiale, mais aussi la médiation, en général) permet de trouver une voie de sortie, même quand cela parait impossible.
« Diverse grilles d’analyse des conflits ont été élaborées. Certains auteurs les regroupent sous trois grands ensembles : les conflits de valeurs, qui touchent, au plus profond de l’individu, à son système de croyances ; les conflits d’intérêts, qui mettent en jeu le pouvoir, les sentiments, l’appartenance ; et les conflits de besoins relatifs à des objets » nous dit Claire Denis, dans son livre La médiatrice et le conflit dans la famille, aux Éditions ERES (page 51).
Nous ne pouvons pas résumer en quelques mots toutes les techniques utilisées par un médiateur, mais il s’agit bien d’accompagner les participants pour revisiter leurs croyances (ainsi que leurs attentes ou leurs déception vis-à-vis de ces croyances), leurs « intérêts » (leurs buts, leurs objectifs, leurs motivations, même si le mot « intérêt » est plus général) et enfin, leurs besoins relatifs aux objets en jeux.
Le conflit se dissout
En quelques séances, parce que la discussion a lieu en présence d’un tiers neutre, indépendant et impartial (qui ne prend parti ni pour l’un ni pour l’autre), le conflit se dissout et tout le monde sort progressivement des échanges « symétriques » sans arrêt réalimentés.
En résumé, c’est parce que chacun est traversé par la parole de l’autre qu’il peut enfin l’entendre. C’est pour cela que l’on appelle cela de la « médiation ».
Pourquoi certaines familles se déchirent lors d’une succession ?
Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ».
Dans notre vie, nous sommes en relation : avec nous-mêmes, avec les autres et avec « le monde ». Nos proches, notre famille, sont à l’intersection de plusieurs « sphères ». Un frère, une sœur, c’est une part de nous, ou en tous cas, la frontière est fine. Nous nous ressemblons physiquement, nous avons parfois la même voix, les mêmes expressions, souvent les mêmes valeurs (pas toujours). Nous avons souvent vécu les mêmes expériences, enfants, même si là aussi, nous pouvons en avoir des souvenirs totalement divergents (c’est nous qui construisons notre réalité, nous passons notre temps à interpréter ce que nous appelons la réalité). Nous avons surtout (souvent) les mêmes parents, les mêmes grands-parents, la même famille proche. La même Histoire.
Dans une famille, chacun tient son rôle, parfois défini de façon fixe
Hors une famille, c’est un milieu en équilibre. Chacun a son rôle, parfois défini de façon fixe. L’un va être celui qui protège les autres, qui les prend en charge. L’autre va être celui qui commande, qui exige, et qui parfois, sanctionne. Un autre va systématiquement prendre le rôle du messager : parler pour les autres. Ou les faire rire, en adoptant systématiquement la posture du Clown de la famille. Autrement dit, une famille est un groupe « ordonné », car chacun d’entre nous a trouvé le meilleur moyen de s’adapter pour vivre, ou survivre, dans cette « maison ».
Notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité
Lorsque nous grandissons, vieillissons, nous avons l’impressions de changer et de prendre de l’autonomie. Mais il suffit souvent d’un bon repas de famille pour que tout se remette en place. Pensez à vos déjeuners du dimanche et aux fameuses fêtes de Noël (ou d’autres fêtes, pour ceux qui ne fêtent pas Noël). L’ « autorégulation » se réinstalle immédiatement. Car notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité.
Lorsque nos parents disparaissent et que nous nous retrouvons en situation de transmettre et de recevoir les biens et les objets des générations qui nous ont précédés, nous expérimentons une « explosion » de ce système. Le décès de nos parents modifie tout l’équilibre. Les rôles de chacun sont remis en question : vous êtes adulte et vous en avez assez que personne ne vous laisse jamais parler. Ou vous êtes adulte et vous en avez assez de toujours prendre en charge les corvées. Ou vous êtes adulte et vous ne tolérez pas que vos frères et sœurs ne fassent pas ce que vous leur demandez. Alors que jusqu’ici, cela s’était toujours passé comme cela, et très bien passé comme cela.
Le décès de nos parents ouvre un moment de rééquilibrage qui passe par des changements des rôles de chacun
Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. Parfois il y a des résistances vis-à-vis des ces changements: on “règle” des comptes. Les biens matériels sont utilisés pour manifester ces résistances. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « Je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ».
La Médiation familiale peut être d’une grande aide
Pour sortir de ces conflits, la Médiation familiale peut être d’une très grande aide car avant de traiter des sujets matériels, le Médiateur peut vous aider à redessiner l’identité de chacun. Comme il est et non pas tel que l’on voudrait qu’il soit ou tel qu’on l’imagine sous le prisme d’une sur-adaptation au système construit par nos parents et nos fratries. Cela peut être très rapide. Car dès qu’un membre du système bouge, tout le monde bouge. Et cela peut être un vrai soulagement pour tout le monde. Chacun est enfin reconnu pour ce qu’il est.
Plutôt que de se battre pendant des années entre un notaire qui n’est pas habilité à trouver des solutions dans un tel conflit (un notaire est là pour « acter » une succession, il n’est pas un négociateur) et un système judiciaire très long et assez coûteux, le recours à un médiateur familial peut permettre à chacun d’exprimer ses besoins et d’être écouté grâce à l’intervention d’un tiers (un tiers neutre, impartial, bienveillant et qui respecte une totale confidentialité). Les non-dits vont pouvoir être formulés. Les frustrations et les erreurs d’interprétation vont pouvoir être partagées. Le sentiment d’injustice pourra diminuer. Souvent, cela suffit pour dénouer des situations qui résultent tout simplement d’un désir de vérité, de sincérité et d’un désir de “re-connaissance”.
Cela nécessite d’être encore en lien pour pouvoir s’asseoir autour d’une table chez le médiateur familial (le médiateur peut envoyer un courrier pour inviter d’autres membres de la fratrie à participer quand il est sollicité par un membre de cette fratrie). Et d’être en capacité de bouger, d’accepter les changements inhérents au fait que votre famille ne sera plus jamais la même.
Les signes que vous traversez une vraie « Crise de Couple »
Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair. Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce.
John M. Gottman est l’auteur du livre Les couples heureux ont leurs secrets (aux Éditions Pocket). C’est un psychologue qui travaille depuis 1972 sur les couples. Son livre est passionnant.
Dans ce livre, et à travers toutes les études qu’il cite (américaines, bien sûr), il indique par exemple que « dans 80% des cas, les divorcés estiment que leur mariage a échoué parce que leur partenaire, en s’éloignant progressivement d’eux, a détruit leur complicité. Ou encore, parce qu’ils ne se sentaient plus aimés ni appréciés. Seuls 20 à 27% des couples citaient l’infidélité comme une cause même partielle de divorce ».
Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce. Ce chapitre (c’est au début du livre) nous a bien entendu interpellé. Voici ce qu’il décrit.
Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair.
Premier Cavalier : la critique
On ne parle pas ici d’un reproche ponctuel, sur un fait précis et circonscrit. On parle d’une critique énoncée sur la personnalité de l’autre, une critique qui généralise. Par exemple :
- « Tu m’as laissé la voiture avec un réservoir vide. On a été en retard à l’école » , qui est un reproche et témoigne d’une certaine tristesse ou d’une certaine colère, selon le ton utilisé (reproche).
Et –« C’est incroyable. Tu le fais exprès ! Tu ne peux jamais faire le plein de cette voiture. C’est toujours moi qui m’y colle. Quand vas-tu une fois te bouger pour aller à la Station-Service. C’est quand même pas compliqué ! Ce n’est pas surhumain ce que je te demande ? ». (critique).
La critique constante conduit directement au
Deuxième Cavalier : le mépris
Quand la critique s’accompagne de sarcasmes, de ricanements, de cynisme, de moqueries, de paroles humiliantes, de gestes d’exaspération et/ou de dégoût, le conflit risque de s’aggraver.
Le mépris s’accompagne en général de ruminations et de sentiments très négatifs. Il rend difficile les tentatives de rapprochement.
Troisième Cavalier : l’attitude défensive
Gottman dit que ses études montre que l’approche consistant à essayer de se défendre face aux critiques ne sert à rien. Cela nourrit le conflit. Cela alimente les escalades verbales. Et en général, celui qui formule ses critiques reste sur ses positions.
Quatrième Cavalier : la dérobade
Malheureusement face aux critiques, au mépris et aux disputes, il est fréquent que l’un des deux membres du couple « laisse tomber », lâche l’affaire. Il se lève, abandonne la discussion et quitte la table ou la pièce. Il ou elle voyage de plus en plus, rentre de plus en plus tard de son travail. Il arrive même qu’il ou elle joue l’indifférence. Qu’il ne fasse même plus semblant d’écouter, même quand la conversation est relativement calme et neutre. Il ne peut plus faire face à tant de négativité et il se protège « passivement ». Certains (certaines) sont dans un tel état de choc, qu’ils se désinvestissent totalement de la relation. Pour ne plus souffrir. A ce stade, quand les autres cavaliers sont déjà passés, la séparation est généralement inéluctable. Et Gottman nous apprend que dans 80% des couples, c’est le mari qui se dérobe.
J’espère que cet article ne vous aura pas trop déprimé. Il a le mérite de montrer, une fois de plus, qu’il faut beaucoup de détermination, de courage, de capacité à écouter un point de vue différent, de supporter une façon de faire différente, pour être longtemps heureux en couple. Pour contrer dès qu’il se profile le premier Cavalier, la critique, et ne pas laisser les conflits évoluer dramatiquement vers des situations difficiles à corriger. C’est tout l’intérêt d’aller discuter avec un tiers et de chercher de l’aide à l’extérieur pour opérer quelques changements. Car Gottman parle aussi des secrets des couples qui durent….et des “sept lois de la réussite” de ces couples (qui durent). A suivre….(nous en reparlerons).