Médiation Familiale Isabelle Jordan Médiation Familiale Isabelle Jordan

Pourquoi aller voir un médiateur familial lors d’un divorce ou d’une séparation?

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». La médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, en la vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

On sait tous quand et comment nos histoires d’amour ont commencé. On se souvient du premier regard, du premier jour et de ceux qui ont suivi. Puis des grands évènements que nous avons traversés ensemble. En revanche, notre mémoire est beaucoup plus floue quand il s’agit de reconstituer la fin d’une histoire d’amour. Sauf quand elle s’est terminée par un drame, une déchirure qui vient séparer nos vies et nos identités communes.

Que nos séparations résultent d’une coupure nette, bien dessinée, ou d’une rupture qui s’est infiltrée progressivement dans nos vies, nous sommes dans une douleur physique et morale qui nous anesthésie, qui nous empêche de dormir, de travailler, de manger et parfois de vivre, car notre vie semble interrompue, arrêtée. C’est là que nous avons besoin d’une aide extérieure.

Qu’est-ce qu’un médiateur familial peut faire pour vous au moment d’un divorce ou d’une séparation ?

Si la séparation résulte d’une rupture franche, d’une trahison ou du brusque départ de l’autre, nous sommes dans l’expérience du rejet et de l’abandon. Nos représentations du monde, nos croyances, sont bouleversées.  Nos certitudes, nos représentations de nous-mêmes aussi. Le médiateur n’a pas de baguette magique et ne va évidemment pas réparer cette déchirure. Mais parler à un tiers, entendre l’autre (le conjoint) raconter ce qui s’est passé, peut aider à reconstruire, à changer de vie, de corps, de modèle. Nous avons été arrachés à quelque chose. Un regard extérieur peut nous aider à nous retrouver, à trouver les appuis sur lesquels il nous reste encore un peu de force (physique ou morale) pour « passer à autre chose ». Quelle est notre vie sans ce couple, sans la présence de l’autre, sans sa protection ? Comment réorganiser notre vie professionnelle, l’espace dans lequel nous habitons, la façon dont nous nous occupons de nos enfants ? Car une rupture peut aussi être l’occasion de nous révéler, de nous ouvrir à une nouvelle façon de vivre et d’être. Le processus de la médiation peut nous aider à supporter ces expériences et à trouver par nous-mêmes, avec le soutien du médiateur, qui nous sommes hors de notre couple.

Parler avec un médiateur familial peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé

Si la séparation résulte d’une usure insidieuse, d’un ennui qui s’est installé sans que l’on se souvienne vraiment comment et depuis quand on ne se parle plus, on ne se touche plus et on ne « vit » plus vraiment ensemble, chacun peut être traversé par la colère, la tristesse ou le refus. Refus d’une solitude insupportable. Refus de la liberté nouvelle de l’autre. Refus là aussi, d’une forme d’abandon. Ce qui est difficile, c’est la discontinuité. Quelque chose s’arrête. Mais quoi exactement ? Parler avec un médiateur peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé. On ne parle pas ici d’acceptation du principe de la rupture, mais du mouvement qui permet de sortir de l’évitement et qui permet ainsi à chacun de reprendre sa part de responsabilité. Aller voir un médiateur au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de sortir de la sidération, de la désolation et de « renaître » autrement. 

 

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». J’ai l’impression que ces deux voies sont incertaines : la médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, de confiance dans notre vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

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Couples, familles: Pourquoi le conflit fait si mal ?

Le conflit nous confronte à la violence humaine, la moins acceptable de toutes. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu.

Le conflit nous confronte à la violence humaine. La moins acceptable de toutes les violences. Depuis toujours, nous sommes relativement ouverts aux violences de la nature. Les agriculteurs savent que tout peut arriver. Mais la violence de l’autre, notre propre violence, sont des zones d’ombre insupportables. C’est notre humanité qui en jeu. La violence du conflit efface notre capacité à écouter, à accueillir l’autre. Nous le refusons. Tout en nous fait barrière, alors que cet homme, cette femme, ce frère, cette sœur, nous l’avons sincèrement aimé-e. Le conflit nous enferme dans le mépris, la haine, l’humiliation, la peur, la tristesse, la vengeance et parfois même, la destruction. À la fin, il nous renvoie à notre impuissance car rien ne nous permet de sortir de cette escalade : « A toute action est toujours opposée une réaction égale », selon le principe physique établi par Newton en 1687.

 

La médiation (familiale, mais aussi la médiation, en général) permet de trouver une voie de sortie, même quand cela parait impossible.

 

« Diverse grilles d’analyse des conflits ont été élaborées. Certains auteurs les regroupent sous trois grands ensembles : les conflits de valeurs, qui touchent, au plus profond de l’individu, à son système de croyances ; les conflits d’intérêts, qui mettent en jeu le pouvoir, les sentiments, l’appartenance ; et les conflits de besoins relatifs à des objets » nous dit Claire Denis, dans son livre La médiatrice et le conflit dans la famille, aux Éditions ERES (page 51).

 

Nous ne pouvons pas résumer en quelques mots toutes les techniques utilisées par un médiateur, mais il s’agit bien d’accompagner les participants pour revisiter leurs croyances (ainsi que leurs attentes ou leurs déception vis-à-vis de ces croyances), leurs « intérêts » (leurs buts, leurs objectifs, leurs motivations, même si le mot « intérêt » est plus général) et enfin, leurs besoins relatifs aux objets en jeux.  

Le conflit se dissout

En quelques séances, parce que la discussion a lieu en présence d’un tiers neutre, indépendant et impartial (qui ne prend parti ni pour l’un ni pour l’autre), le conflit se dissout et tout le monde sort progressivement des échanges « symétriques » sans arrêt réalimentés. 

 

En résumé, c’est parce que chacun est traversé par la parole de l’autre qu’il peut enfin l’entendre. C’est pour cela que l’on appelle cela de la « médiation ». 

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Pourquoi certaines familles se déchirent lors d’une succession ? 

Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ». 

Dans notre vie, nous sommes en relation : avec nous-mêmes, avec les autres et avec « le monde ». Nos proches, notre famille, sont à l’intersection de plusieurs « sphères ». Un frère, une sœur, c’est une part de nous, ou en tous cas, la frontière est fine. Nous nous ressemblons physiquement, nous avons parfois la même voix, les mêmes expressions, souvent les mêmes valeurs (pas toujours). Nous avons souvent vécu les mêmes expériences, enfants, même si là aussi, nous pouvons en avoir des souvenirs totalement divergents (c’est nous qui construisons notre réalité, nous passons notre temps à interpréter ce que nous appelons la réalité). Nous avons surtout (souvent) les mêmes parents, les mêmes grands-parents, la même famille proche. La même Histoire. 

Dans une famille, chacun tient son rôle, parfois défini de façon fixe

Hors une famille, c’est un milieu en équilibre. Chacun a son rôle, parfois défini de façon fixe. L’un va être celui qui protège les autres, qui les prend en charge. L’autre va être celui qui commande, qui exige, et qui parfois, sanctionne. Un autre va systématiquement prendre le rôle du messager : parler pour les autres. Ou les faire rire, en adoptant systématiquement la posture du Clown de la famille. Autrement dit, une famille est un groupe « ordonné », car chacun d’entre nous a trouvé le meilleur moyen de s’adapter pour vivre, ou survivre, dans cette « maison ». 

Notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité

Lorsque nous grandissons, vieillissons, nous avons l’impressions de changer et de prendre de l’autonomie. Mais il suffit souvent d’un bon repas de famille pour que tout se remette en place. Pensez à vos déjeuners du dimanche et aux fameuses fêtes de Noël (ou d’autres fêtes, pour ceux qui ne fêtent pas Noël). L’ « autorégulation » se réinstalle immédiatement. Car notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité.

 

Lorsque nos parents disparaissent et que nous nous retrouvons en situation de transmettre et de recevoir les biens et les objets des générations qui nous ont précédés, nous expérimentons une « explosion » de ce système. Le décès de nos parents modifie tout l’équilibre. Les rôles de chacun sont remis en question : vous êtes adulte et vous en avez assez que personne ne vous laisse jamais parler. Ou vous êtes adulte et vous en avez assez de toujours prendre en charge les corvées. Ou vous êtes adulte et vous ne tolérez pas que vos frères et sœurs ne fassent pas ce que vous leur demandez. Alors que jusqu’ici, cela s’était toujours passé comme cela, et très bien passé comme cela.

Le décès de nos parents ouvre un moment de rééquilibrage qui passe par des changements des rôles de chacun

Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. Parfois il y a des résistances vis-à-vis des ces changements: on “règle” des comptes. Les biens matériels sont utilisés pour manifester ces résistances. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « Je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ». 

La Médiation familiale peut être d’une grande aide

Pour sortir de ces conflits, la Médiation familiale peut être d’une très grande aide car avant de traiter des sujets matériels, le Médiateur peut vous aider à redessiner l’identité de chacun. Comme il est et non pas tel que l’on voudrait qu’il soit ou tel qu’on l’imagine sous le prisme d’une sur-adaptation au système construit par nos parents et nos fratries. Cela peut être très rapide. Car dès qu’un membre du système bouge, tout le monde bouge. Et cela peut être un vrai soulagement pour tout le monde. Chacun est enfin reconnu pour ce qu’il est.

 

Plutôt que de se battre pendant des années entre un notaire qui n’est pas habilité à trouver des solutions dans un tel conflit (un notaire est là pour « acter » une succession, il n’est pas un négociateur) et un système judiciaire très long et assez coûteux, le recours à un médiateur familial peut permettre à chacun d’exprimer ses besoins et d’être écouté grâce à l’intervention d’un tiers (un tiers neutre, impartial, bienveillant et qui respecte une totale confidentialité). Les non-dits vont pouvoir être formulés. Les frustrations et les erreurs d’interprétation vont pouvoir être partagées. Le sentiment d’injustice pourra diminuer. Souvent, cela suffit pour dénouer des situations qui résultent tout simplement d’un désir de vérité, de sincérité et d’un désir de “re-connaissance”.

 

Cela nécessite d’être encore en lien pour pouvoir s’asseoir autour d’une table chez le médiateur familial (le médiateur peut envoyer un courrier pour inviter d’autres membres de la fratrie à participer quand il est sollicité par un membre de cette fratrie). Et d’être en capacité de bouger, d’accepter les changements inhérents au fait que votre famille ne sera plus jamais la même.

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Thérapie de couple Isabelle Jordan Thérapie de couple Isabelle Jordan

Les signes que vous traversez une vraie « Crise de Couple »

Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair. Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce.

John M. Gottman est l’auteur du livre Les couples heureux ont leurs secrets (aux Éditions Pocket). C’est un psychologue qui travaille depuis 1972 sur les couples. Son livre est passionnant.

 

Dans ce livre, et à travers toutes les études qu’il cite (américaines, bien sûr), il indique par exemple que « dans 80% des cas, les divorcés estiment que leur mariage a échoué parce que leur partenaire, en s’éloignant progressivement d’eux, a détruit leur complicité. Ou encore, parce qu’ils ne se sentaient plus aimés ni appréciés. Seuls 20 à 27% des couples citaient l’infidélité comme une cause même partielle de divorce ».

 

Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce. Ce chapitre (c’est au début du livre) nous a bien entendu interpellé. Voici ce qu’il décrit.

 

Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair.

 

Premier Cavalier : la critique

 

On ne parle pas ici d’un reproche ponctuel, sur un fait précis et circonscrit. On parle d’une critique énoncée sur la personnalité de l’autre, une critique qui généralise. Par exemple :

            - « Tu m’as laissé la voiture avec un réservoir vide. On a été en retard à l’école » , qui est un reproche et témoigne d’une certaine tristesse ou d’une certaine colère, selon le ton utilisé (reproche).

Et –«  C’est incroyable. Tu le fais exprès ! Tu ne peux jamais faire le plein de cette voiture. C’est toujours moi qui m’y colle. Quand vas-tu une fois te bouger pour aller à la Station-Service. C’est quand même pas compliqué ! Ce n’est pas surhumain ce que je te demande ? ». (critique).

 

La critique constante conduit directement au

 

Deuxième Cavalier : le mépris

 

Quand la critique s’accompagne de sarcasmes, de ricanements, de cynisme, de moqueries, de paroles humiliantes, de gestes d’exaspération et/ou de dégoût, le conflit risque de s’aggraver.

 

Le mépris s’accompagne en général de ruminations et de sentiments très négatifs. Il rend difficile les tentatives de rapprochement.

 

Troisième Cavalier : l’attitude défensive

 

Gottman dit que ses études montre que l’approche consistant à essayer de se défendre face aux critiques ne sert à rien. Cela nourrit le conflit. Cela alimente  les escalades verbales. Et en général, celui qui formule ses critiques reste sur ses positions.

 

Quatrième Cavalier : la dérobade

 

Malheureusement face aux critiques, au mépris et aux disputes, il est fréquent que l’un des deux membres du couple « laisse tomber », lâche l’affaire. Il se lève, abandonne la discussion et quitte la table ou la pièce. Il ou elle voyage de plus en plus, rentre de plus en plus tard de son travail. Il arrive même qu’il ou elle joue l’indifférence. Qu’il ne fasse même plus semblant d’écouter, même quand la conversation est relativement calme et neutre. Il ne peut plus faire face à tant de négativité et il se protège « passivement ». Certains (certaines) sont dans un tel état de choc, qu’ils se désinvestissent totalement de la relation. Pour ne plus souffrir. A ce stade, quand les autres cavaliers sont déjà passés, la séparation est généralement inéluctable. Et Gottman nous apprend que dans 80% des couples, c’est le mari qui se dérobe.

 

J’espère que cet article ne vous aura pas trop déprimé. Il a le mérite de montrer, une fois de plus, qu’il faut beaucoup de détermination, de courage, de capacité à écouter un point de vue différent, de supporter une façon de faire différente, pour être longtemps heureux en couple. Pour contrer dès qu’il se profile le premier Cavalier, la critique, et ne pas laisser les conflits évoluer dramatiquement vers des situations difficiles à corriger. C’est tout l’intérêt d’aller discuter avec un tiers et de chercher de l’aide à l’extérieur pour opérer quelques changements. Car Gottman parle aussi des secrets des couples qui durent….et des “sept lois de la réussite” de ces couples (qui durent). A suivre….(nous en reparlerons).

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