Médiation Familiale : qu’est-ce que c’est ?
Ce journaliste du JDD explique remarquablement ce qu’est la médiation, et ce qu’est la médiation familiale en particulier. Bonne écoute.
Pour une fois, je ne vais pas vous expliquer ! Parce que ce journaliste du JDD explique tellement bien ce qu’est la médiation, et la médiation familiale en particulier, que je vous laisse écouter. Cela dure trois minutes et c’est remarquable. Bonne écoute et à bientôt.
https://open.spotify.com/episode/70Mr3P2kOwxD7ur8m7EUwx?si=1b3d83d626734c15
Couples, familles : pourquoi il est si difficile de préparer sa succession?
Parler de succession est souvent tabou car l’héritage est la conséquence de la mort de quelqu’un. Quand c’est celle de quelqu’un d’autre, cela va, et encore. Mais accepter de parler de sa propre mort ? Pour certains, cela fait beaucoup trop peur. Alors ils se cachent derrière des affirmations de principe. On n’en parle pas. Il n’y a pas de sujet. Il est interdit d’y penser.
Non, ce n’est pas la Série télévisée qui nous a inspirés. Et pourtant, si vous avez regardé les cinq saisons, vous avez, comme nous, pu observer combien il est difficile pour certains de préparer sa succession. Que ce soit pour un couple, entre ses deux membres, ou dans une famille, dans les transmissions inter-générationnelles, c’est parfois très compliqué. Pourquoi ?
Pour transmettre : il faut accepter l’idée de lâcher quelque chose
Il est parfois difficile de lâcher, de laisser partir.
Certains se sont battus pour monter une entreprise, ou la défendre s’ils en avaient eux-mêmes hérité. D’autres ont eu de la chance, ils ont rencontré les bonnes personnes au bon moment, ou ils ont des intuitions heureuses. Comment accepter de donner tout cela ? Même si l’on est très vieux, ce n’est parfois pas encore le moment. C’est trop tôt. Mais sera-t-on jamais prêt?
Il faut un peu de détachement, une dose de distance et accepter la notion bouddhiste de l’impermanence : « de toutes façons, cela ne peut pas durer, cela va évoluer, changer, et souvent, se terminer ».
Ou tout simplement, aimer l’autre au point de lui offrir tout ou partie de ce que nous avons. Avec ou sans limite.
Que ce soit pour son conjoint (dit survivant, ce qui est assez moche il faut bien le dire) ou pour ses enfants, le don généreux, ou l’idée du don, si c’est pour plus tard, demande courage et « lâcher-prise ». Mais quand nous donnons, nous leur laissons aussi une partie de nous-mêmes. Nous leur offrons une trace, une empreinte. Ne serait-ce que le don que nous leur avons fait. Personne n’a rien pris. C’est notre volonté seule qui aura défini l’héritage, si nous acceptons de le préparer.
Pour hériter, il faut que quelqu’un meurt
Mais la principale difficulté est ailleurs. Parler de succession est souvent tabou car l’héritage est la conséquence de la mort de quelqu’un. Quand c’est celle de quelqu’un d’autre, cela va, et encore. Mais accepter de parler de sa propre mort ? Pour certains, cela fait beaucoup trop peur.
Alors ils se cachent derrière des affirmations de principe. On n’en parle pas. Il n’y a pas de sujet. Il est interdit d’y penser. Celui qui ose risque d’être exclu.
Comme si ne pas évoquer ce qui se passera après notre mort garantissait notre immortalité.
Comme la série (Succession) en témoigne, et comme nous le montrent tous les jours les cas que nous entendons, nous ne sommes pas (encore) immortels. Nous ne saurions que conseiller à chacun d’entre nous de réfléchir et de préparer sa succession. Mieux c’est préparé, moins nos héritiers auront des raisons de se dresser les uns contre les autres. Notre plus beau cadeau, ce ne seront pas des maisons, des bijoux ou des petites cuillères (selon nos moyens), ce sera de leur permettre de rester des frères et sœurs, des demi, des quarts de frères et soeurs, qui arrivent à vivre ensemble. Sans parler des belles-mères, ou des beaux-pères, que l’on oublie si souvent quand il s’agit d’organiser une succession et qui se rappellent alors douloureusement. Rupert Murdoch a annoncé à 92 ans qu’il allait se remarier pour la cinquième fois. Il se dit que c’est sa famille qui a servi de modèle pour la série. Même si nous sommes beaucoup moins riches, je crois que nous n’avons pas vraiment envie de leur ressembler.
Couple: comment faire face à la maladie d’un enfant et protéger son couple de cette expérience épouvantable?
La maladie d’un enfant est une épreuve intense pour un couple et pour une famille. Aller chercher de l’aide, écouter et respecter les émotions de chacun, à son rythme et sans jugement et préserver des espaces d’intimité et de partage protégés des peurs et des inquiétudes permettent de se protéger du risque de tensions ou d’explosion. Au milieu des tristesses, des incertitudes, il y a aussi des moments de joie.
Personne ne peut imaginer, prévoir, que l’un de ses enfants tombe malade, d’une maladie grave. La maladie, c’est pour les adultes, vieux, si possibles, pas pour les enfants. Malheureusement, certaines familles connaissent la leucémie chez un enfant de dix-huit mois, le cancer, l’anorexie, les maladies psychiatriques…Certains peuvent penser que ce sont des situations rares. Deux millions d’enfants ont été hospitalisés en France en 2018*. Pour un couple, l’expérience pulvérise tout : les rythmes, les croyances, la place des autres enfants, des grands-parents, le travail et parfois même l’équilibre économique. Comment faire face ? Comment protéger sa relation ? Quels sont les écueils et peut-on les éviter ?
Vous avez besoin de soutien. Allez en chercher!
L’annonce de la maladie puis l’expérience des traitements sont un choc. La douleur est violente. Attention à vous. Vous êtes face à l’angoisse de mort, non pas pour vous, mais pour l’être que vous aimez le plus au monde. Avec peut-être en plus, par-dessus cette peur, un sentiment immense de culpabilité.
Faites-vous aider. Ne restez pas isolés, silencieux. Les médecins, les infirmières peuvent bien sûr être d’une aide extraordinaire. Mais aussi les assistantes sociales de l’Hôpital, pour vous aider matériellement si c’est nécessaire. Allez chercher des psychologues, vos parents, vos amis, ne vous gênez pas. Sollicitez toute l’aide possible. Vous ne serez jamais assez aidés.
N'oubliez pas que votre conjoint n’est pas votre psy. En plus des psy, il existe des groupes de paroles. Allez déversez tout ce que vous avez à déverser, chacun de votre côté, sans filtres. C’est une façon de vous protéger l’un et l’autre de toutes vos peurs et de vos tristesses.
Et si vous n’arrivez pas à parler, essayez de trouver une activité qui vous permette de réguler vos émotions : chantez, écrivez (ne serait-ce qu’un journal, très précieux pour plus tard), allez courir, faire de la boxe, jouer au foot…ce que vous voulez pour vous soutenir.
Écoutez vos émotions. Acceptez que vous aurez chacun votre part
Car la maladie d’un enfant provoque une éruption d’émotions.
La tristesse, voir le désespoir, la colère, la peur, l’impuissance, la frustration. Les doses sont gigantesques. Vous avez l’impression d’être submergés. Et pourtant, il vous faut agir, vous occuper de votre enfant malade, vous occuper parfois de vos autres enfants, assurer un minimum de vie matérielle.
Écouter vos émotions cela signifie accepter de les traverser. Sans jugement. Accepter votre vulnérabilité, votre non-puissance. Accepter que l’autre ne soit plus un héros exceptionnel, une femme parfaite, mais un être qui souffre, comme vous vous souffrez.
Pour un couple, il est essentiel d’accueillir le fait que ces émotions risquent de ne pas être synchronisées. Chacun fait ce qu’il peut.
Le déni, par exemple, peut être très mal vécu par celui qui souffre comme un chien et qui voit l’autre faire comme si de rien n’était. Il s’agit d’une erreur d’interprétation fréquente : le déni est une réaction de régulation du cerveau. C’est une sorte d’arrêt sur image, de sidération qui permet d’intégrer la nouvelle ou l’évènement. Sans cette étape de déni, la personne s’effondrerait.
Si l’un de vous deux se réfugie dans le travail, par exemple, au lieu d’être à vos côtés, nous dirions que sa réaction est normale. Même si elle est problématique car vous avez besoin de soutien (voir point 1).
Il est donc urgent d’exprimer votre besoin de soutien et de faire sortir l’autre doucement, respectueusement, de son déni, en respectant son rythme et ses capacités.
Échanger sur votre ressenti, vous écouter quand l’un est dans la tristesse tandis que l’autre est révolté et manifeste une colère noire, est indispensable. Car c’est ici même que vous risqueriez de parcourir des chemins qui à force d’être parallèles ne se rencontreraient plus.
Attention si le couple disparait et que vous n’êtes plus que des parents.
Vous allez devoir apprendre à naviguer entre une zone de combat commun et des espaces neutres, protégés de tout et qui vous permettent de vous connecter hors du champ de mines de la maladie. C’est la partie la plus difficile. Mais c’est aussi là que se joue la force de votre relation et de votre couple. Car le principal écueil, c’est de mener ce combat sur deux voies différentes : avec un objectif commun, mais séparément.
Au-delà de l’épuisement, de la fatigue, essayez par exemple de vous reposer ensemble. C’est contre-intuitif : vous avez probablement imaginé qu’il fallait vous reposer alternativement pour que l’un soit toujours en veille. Vous feriez équipe, oui. Vous seriez solidaires et donc, en soutien l’un de l’autre, oui. Mais encore une fois, attention aux chemins parallèles qui ne se rejoignent jamais. Allez chercher des amis ou des grands-parents pour prendre le relai. Et dormez ensemble, récupérez ensemble. Protégez cette toute petite zone d’intimité.
Encore mieux, si vous y arrivez, essayez de garder des espaces de connexion pour parler, échanger, vous écouter, vous entendre. Le summum étant d’arriver à passer du temps ensemble sans évoquer, ne serait-ce que pendant une demi-heure, la maladie si envahissante. Parlez de vous, de vos souvenirs communs, de tout ce qui vous relie.
La maladie d’un enfant est une épreuve intense pour un couple et pour une famille. Aller chercher de l’aide, écouter et respecter les émotions de chacun, à son rythme et sans jugement et préserver des espaces d’intimité et de partage à l’abri des peurs et des inquiétudes permettent de se protéger du risque de tensions ou d’explosion. Au milieu des tristesses, des incertitudes, il y a aussi des moments de joie.
Un jour, cet enfant ou cet adolescent deviendra un adulte provocateur qui cherchera son indépendance en secouant ses parents. Ce qui les obligera à revisiter ces trois « recettes ». C’est tout ce que je vous souhaite….
(*) source https://www.ars.sante.fr/les-chiffres-cles-de-lhospitalisation
Séparation: comment sortir de l’état de victime?
Dans une rupture il y a souvent un acteur, qui agit, qui parle, et l’autre, qui découvre, qui entend et qui a la sensation de subir. Parfois, le choc est tellement violent que celui qui reçoit la nouvelle de la rupture, ou de la trahison, parle de traumatisme. Il (ou elle) s’installe dans la position de la victime. Comment sortir de cette impression que c’est par l’autre que tout est arrivé et que cette violence est si injuste ?
Dans une rupture il y a souvent un acteur, qui agit, qui parle, et l’autre, qui découvre, qui entend et qui a la sensation de subir. Parfois, le choc est tellement violent que celui qui reçoit la nouvelle de la rupture, ou de la trahison, parle de traumatisme. Il (ou elle) est en « arrêt sur image », perd tout désir de vivre, de se nourrir, rumine, ne dort plus et s’installe dans la position de la victime.
Il n’est pas question ici de juger, d’évaluer la puissance du traumatisme. Nous laissons ce travail au psychiatre ou au psychologue. En revanche, nous avons observé qu’il est très difficile de reprendre un peu de pouvoir sur sa vie, sur les conséquences d’une séparation, si l’on reste « coincé » dans cette position de victime. Mais comment faire ? Comment sortir de cette impression que c’est par l’autre que tout est arrivé et que cette violence est si injuste ?
Première réaction : la colère
La colère est d’abord notre seule réaction possible pour dire notre vulnérabilité, notre incompréhension, notre peur. Pour hurler l’incohérence entre ce que nous avons subi et ce que nous garantissaient toutes nos valeurs, toutes nos croyances. Pour hurler notre frustration, aussi, devant tant d’impuissance. Au passage, nous la retournons vers nous : « Comment ai-je fait pour me mettre dans cette situation ? », « Comment ai-je fait pour croire à l’amour de cet homme, de cette femme ? Je suis trop bête ! » (version réelle : « je suis trop con ou je suis trop conne » !). Mais la colère ne nous guérit pas. Elle coupe toute possibilité de communiquer et en général, après une colère intense, nous nous effondrons. Car la tristesse n’est jamais loin de la colère. La honte non plus.
Première étape : se coller à la réalité, sans la juger. La regarder.
Il n’est pas question de recommander de prendre de la distance, c’est impossible. Non, la première et unique marche consiste à regarder l’évènement. Seulement. Accepter de le regarder, sans fuir et si possible, sans s’effondrer. Et si on y arrive, le raconter à quelqu’un. Le mettre en mots. Plusieurs fois.
Le raconter, le dire, va nous permettre de toucher notre fragilité, notre vulnérabilité. Et à accepter, non pas l’évènement, qui restera probablement inacceptable, mais à accepter que nous ne contrôlons pas tout, que nous ne décidons pas tout, que nous sommes limités. Et que l’amour nous rend vulnérables. C’est cette vulnérabilité qui fait que l’intensité des circonstances joue peu : quelqu’un qui est « ghosté » après une nuit se sent tout aussi victime qu’une femme trompée après vingt ans de mariage. Dans nos sociétés modernes, il est très difficile d’accepter nos fragilités. Et encore plus difficile d’accepter le risque de l’amour.
Accepter notre vulnérabilité et notre impuissance nous redonne de la puissance
Nous sommes impuissants : nous ne pouvons pas retenir l’autre si il ou elle est partie, loin devant, sous nos yeux. Nous ne pouvons pas éteindre le désir qu’il ou elle a pour quelqu’un d’autre. Nous sommes limités. Et cela nous met en rage. Puis en morceaux, car il est inacceptable de regarder notre limite et tout ce que nous avons perdu.
Brené Brown nous dit que « la vulnérabilité est la source de l’amour, de l’appartenance, de la joie, du courage, de l’empathie, de la responsabilité et de l’authenticité » (*). Toucher notre vulnérabilité nous transforme. Dans une telle crise, nous nous découvrons. Nous enlevons nos déguisements. Nous revenons au cœur du réacteur, à ce qui nous rend réellement vivant. Accepter notre vulnérabilité nous rapproche de nous-mêmes.
Les victimes du Bataclan qui ont pu s’exprimer lors des procès de 2022 ont toutes insisté sur le fait qu’elles ne voulaient pas que leur vie se résume à leur statut de « victime ». Le procès leur a permis de raconter, de dire. Elles ont aussi révélé que le fait de participer au procès leur redonnait une part de responsabilité. Et je crois que cette idée de responsabilité est clé. Les victimes du Bataclan ont bien compris qu’être une victime c’est être enfermé, dans la douleur d’être victime.
Se déplacer, se re-placer dans l’histoire qui s’est jouée pour se remettre en mouvement
Dans une médiation familiale, lorsqu’un couple arrive à se parler, à se rencontrer alors que l’un des deux est coincé dans le sentiment d’être une victime, la seule chose qui permet de faire bouger les choses est d’arriver à reprendre une toute petite part dans l’histoire qui s’est jouée. Il n’est pas question d’ajouter de la culpabilité au chagrin et aux douleurs. Il est question de se demander : « Est-ce que j’aurais pu faire autrement ? Qu’est-ce que j’aurais pu faire autrement ? ». Parfois la réponse est : « rien ». Et même dans ce cas, c’est un allègement. Cela permet de redistribuer sa part de responsabilité, à chacun. Et en conséquence, de dessiner une version plus « juste » de l’évènement. Plus proche de sa réalité alors que dans le choc, on ne voit qu’une petite partie de l’histoire.
Et si l’on trouve une réponse à ces deux questions, on reprend du pouvoir, de la puissance. On peut regarder l’évènement en reprenant une (toute) petite part. Et cette petite part, cette micro-responsabilité, signifie que nous avons été co-créateurs de l’évènement. Même un tout petit peu co-créateurs. Et cette minuscule action, cette minuscule reconnaissance de responsabilité, nous remet en mouvement. François Roustang disait « il suffit d’un geste ».
« Il suffit d’un geste », oui, pour nous aider à sortir du rôle de victime et à reprendre du pouvoir. Avec une force et une conscience que personne ne pourra nous enlever : celle de savoir que nous avons la capacité de prendre le risque. Que le risque est dans tout engagement, mais que nous sommes désormais prêts à l’accepter. Un changement opéré grâce à une crise qui remet en cause notre existence tout en nous évitant probablement de répéter un schéma qui ne nous convient plus.
Seul le temps nous permettra de mesurer le chemin parcouru. Et d’entendre la philosophe Martha Nussbaum qui nous dit: “Une créature sans besoins n’aurait aucune raison d’avoir peur, d’avoir de la peine, de l’espoir ou de la colère” (in Lettre et conseils à la jeunesse).
(*) Conférence TED, 2010, en anglais, 60 millions de vues= https://www.ted.com/talks/brene_brown_the_power_of_vulnerability?utm_campaign=tedspread&utm_medium=referral&utm_source=tedcomshare )
Qu’est-ce qu’une médiation familiale enjointe? Une médiation ordonnée?
Une médiation enjointe c’est une médiation conseillée par le juge. Peut-être que le juge aux affaires familiales a été “effrayé” par l’intensité de votre conflit. Au sujet de vos enfants, par exemple. Un juge est là pour appliquer la loi. Par pour vous faire plaisir. La médiation familiale est une démarche libre et volontaire qui vise à résoudre les conflits.
La médiation familiale est une démarche libre et volontaire qui vise à résoudre les conflits. C’est une méthode qui a d’abord été introduite au Canada, et qui a permis a des milliers de couples de se mettre d’accord ensemble, sans avoir besoin d’un juge et d’un Tribunal. C’est un processus. Parfois rapide. Parfois plus long. Dans tous les cas, beaucoup plus rapide que de passer par une procédure judiciaires, les Tribunaux étant malheureusement partout débordés. Si c’est une démarche volontaire, pourquoi parle t’on de médiation enjointe ou de médiation ordonnée?
La médiation familiale, c’est quoi?
En séance de médiation, on est focalisé sur la recherche de solutions très concrètes : le médiateur est un tiers neutre qui n’a aucun parti pris, ni pour l’un, ni pour l’autre (il ne “défend” aucune des parties, contrairement à un avocat, qui défend l’intérêt de son « client »). Le médiateur n’est pas là pour juger si une demande est plus légitime qu’une autre : le médiateur vous aide à trouver la meilleure solution pour VOUS et pour votre famille. La Médiation Familiale croit en votre compétence pour trouver la meilleure solution qui conviendra à votre vie future et à celle de vos enfants. Les discussions sont confidentielles.
Mais peut-être que vous ne connaissiez pas la Médiation Familiale et que vous venez de la découvrir parce que c’est précisément un juge qui vous en parlé.
Médiation Enjointe
Peut-être que le juge aux affaires familiales a été “effrayé” par l’intensité de votre conflit. Au sujet de vos enfants, par exemple. Un juge est là pour appliquer la loi. Par pour vous faire plaisir. Si un juge pense que ses décisions ne résoudront pas vos différences, que vos enfants seront quoiqu’il arrive victimes de vos disputes incessantes (par exemple), il peut vous “enjoindre” de “faire une médiation”. Une médiation enjointe c’est une médiation conseillée par le juge. Dans votre intérêt et souvent, dans l’intérêt de vos enfants. Et peut-être aussi pour vous éviter de revenir trop souvent dans son bureau à solliciter son “jugement” alors que vous pourriez vous mettre d’accord. Avec un tiers, le juge pense que ce sera peut-être plus facile.
Médiation Ordonnée
Il arrive également qu’une situation soit “inextricable” et que même le juge ne puisse pas prendre une décision “équitable”. Autrement dit, votre niveau de conflit est tel qu’il y aura un “perdant” et un “gagnant”, voire, il n’y aura que des perdants. Car la loi ne prévoit pas tout. Et encore une fois, le juge travaille avec la loi. Sa fonction est d’appliquer les règles que la Société a décidé pour les familles. Comment le législateur pourrait avoir pensé à tout? À toutes les situations?
Dans ce cas, le juge va vous demander si vous seriez d’accord pour “faire une médiation” (une médiation reste une démarche volontaire, quoiqu’il arrive) et si vous êtes d’accord, il va ordonner une médiation familiale. Une “médiation ordonnée” est demandée, “exigée” par le juge. Dans la réalité, le juge ne vous ordonne pas de faire tout le processus de médiation, car personne ne peut savoir à l’avance comment vous allez progresser dans l’acceptation et la compréhension de votre conflit, mais vous serez obligés de rencontrer un médiateur et obligés d’être informés sur la médiation familiale. Le juge vous remet “entre les mains” d’un médiateur familial. La suite vous appartient. Une médiation ordonnée suspend le processus judiciaire pendant une durée de trois mois (renouvelable). Cela signifie que le juge (et le Tribunal) attendent trois mois pour fixer la prochaine étape du processus judiciaire relatif à votre séparation.
La dernière réforme du divorce favorise les couples qui se sont mis d’accord avant de déposer leur requête de divorce (ou de séparation) auprès du Tribunal
En résumé, la dernière réforme du divorce postule que les couples qui auront tenté de se mettre d’accord entre eux sur les modalités de leur séparation passeront avant ceux qui traversent un gros conflit. “Il est désormais nécessaire de justifier d'une tentative de résolution à l'amiable de votre conflit avant de saisir le juge. A défaut de justificatif, le magistrat pourrait ordonner cette mesure à l’audience, ce qui retarderait d’autant plus sa prise de décision. (Décret n° 2015-282 du 11 mars 2015, paru au JO du 14 mars 2015)”. C’est nouveau. On imagine toutes les raisons qui ont conduit à cette formulation. Cela signifie concrètement que l’automatisme qui consiste à se chercher un avocat dès que l’on pense séparation ou divorce devrait progressivement être remplacé par un nouvel élan: se cherche un médiateur ou un médiatrice familiale.
Cette réforme s’inscrit dans un mouvement de fonds: favoriser les accords “à l’amiable” avant de saisir la justice. Tous les conflits ont leur légitimité. Chacun a de bonnes raisons de ne pas être d’accord avec l’autre. Mais avant de mettre en mouvement la Justice, il serait bon de se mettre autour d’une table et de faire appel à un médiateur. La vie serait beaucoup plus douce. Car un conflit consomme énormément d’énergie. Moins il dure, moins votre santé morale et physique sera affectée, voire abîmée. Et si vous avez des enfants, vous allègerez leur vie et préparerez des adultes conscients et responsables. Car vous le savez, nous tous sommes des exemples pour nos enfants. Et la médiation, cela se pratique aussi dans les cours de récréation. Au Canada.
Famille recomposée et Succession : comment la Médiation Familiale peut-elle vous aider ?
…Une médiation familiale permet une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, et ce processus prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle).
Qui dit famille recomposée dit demi-frère ou demi-sœur. Et le « demi » signifie que l’on n’a pas la même mère ou le même père. Et alors ? Alors, lorsqu’un parent décède, on règle les comptes autour de l’héritage. Et si les épisodes familiaux précédents n’ont pas été « réglés », les conflits éclatent. Voici quelques pistes pour éclairer comment la Médiation Familiale peut aider à sortir d’un conflit familial lors d’une succession dans une famille « recomposée ».
Première étape de cette médiation familiale: “refaire l’histoire”
La première étape consiste à « refaire l’histoire ». Quels sont les « arbres généalogiques » des uns et des autres ? Quelle est l’histoire des demi-frères ou demi-sœurs ? Ont-ils gardé des contacts avec leurs pères ou leurs mères ? Comment s’est passé leur arrivée dans la nouvelle famille ? Quelle est a été la réaction de l’amoureux ou de l’amoureuse de leur parent? Comment s’est passé l’arrivée des enfants de ce nouveau couple?
La grande peur des enfants d’un couple passé est que leur nouveau frère ou leur nouvelle sœur « annule et remplace » la famille précédente. Ils ont une peur immense que leur père ou leur mère les aime moins que ce nouvel enfant. Ils conjuguent la peur de l’abandon, la colère contre cette nouveauté ou contre eux-mêmes de ne pas accepter ce nouveau bébé, et la peur d’être rejeté, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la peur de l’abandon, et qui va activer des sentiments d’injustice, justifiés ou pas. Car le nouveau couple constitué par leur parent et le beau-parent aura nécessairement une façon différente d’accueillir un nouvel enfant.
Cinquante ans plus tard, quand ces enfants se retrouvent chez leur notaire pour découvrir ce que leur a réservé la succession de leur parent décédé, ce sont toutes ces peurs qui ressurgissent. Avec un mélange de sentiments très enfantins pour tout ce qui n’a pas été « réglé » et de violence très adulte pour revendiquer des compensations aux injustices perçues et intériorisées depuis tant d’années.
Un exemple de succession compliquée dans une famille “recomposée”
La Médiation Familiale aborde ces conflits en éclairant, en nommant ce qui a été caché, ce qui n’a pas été dit. Voici l’histoire de deux dames de cinquante ans dont la mère de l’une, le père de l’autre, s’étaient mariés quand elles avaient l’une et l’autre neuf ans. Elles étaient presque « jumelles » en âge. La fille du Monsieur a été complètement rejetée par la nouvelle femme de son père. Au point qu’elle ne pouvait lui rendre visite et séjourner avec lui dans sa nouvelle famille. La fille de la dame a été adoptée (adoption simple) par le Monsieur. Vous imaginez le résultat ? Le sentiment d’injustice ressenti par la première ? Peut-être aussi de culpabilité car elle a pu croire que c’était « de sa faute ». Quasiment irréductible. On comprend que les discussions chez le notaire autour de leur héritage aient été impossibles.
La Médiation Familiale peut tenter d’éclairer pour l’une comme pour l’autre ce qui s’est passé.
Peut-être que le Monsieur avait une peur élevée d’échouer dans son nouveau couple et qu’il voulait tout mettre en œuvre pour faire plaisir à sa nouvelle femme ? Peut-être qu’il a lui-même une histoire familiale qui l’a poussé à prendre en charge cette petite fille pour « réparer » une histoire dans laquelle un père (son père, son grand-père ?) n’avait pas « assumé » sa paternité vis-à-vis d’un enfant? Sans penser que cela pourrait enlever quelque chose à sa première fille.
Peut-être que la femme de ce monsieur avait peur qu’il reste en lien avec la mère de sa fille et qu’elle a préféré l’écarter pour éviter ce risque?
Ces deux petites filles, quand elles avaient neuf ans, ont été traversées par leurs peurs sans pouvoir donner du sens à tout cela. Pour celle qui a été exclue, son père n’a jamais eu le moindre geste ou le moindre mot de « reconnaissance » et la succession vient réappuyer sur ces sentiments de rejet. La Médiation Familiale peut leur permettre de rendre à leur parent ce qui leur appartient et dont elles n’étaient pas responsables. Et de se parler alors comme deux adultes de cinquante ans.
Ce n’est pas facile. Mais c’est très utile. D’abord pour gagner du temps car une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, est un processus qui prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle). Ensuite parce qu’un conflit consomme de l’énergie et de l’argent, alors qu’un accord volontaire apaisera durablement chacun des protagonistes de cette histoire familiale. On voit chaque jour des réconciliations miraculeuses dans les Cabinets des médiateurs familiaux !