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Couple: thérapie, médiation , quel est le meilleur moment pour démarrer (une thérapie ou une médiation)?

Si vous vous demandez si vous pouvez encore sauver votre couple, il est urgent de consulter quelqu’un. Si vous allez bientôt vous engager, vous pouvez aussi aller faire une petite séance de « révision » et vérifier ensemble un certain nombre de points qui vous paraissent importants

Vous savez qu’une simple étincelle peut déclencher un incendie. Les feux de forêt sont malheureusement là pour nous le rappeler. Vous connaissez aussi, je l’espère, les numéros d’urgence à appeler en cas de danger. Quand Notre-Dame a brûlé le 15 avril 2019, la première personne qui a appelé les pompiers avait vu une simple fumée s’échapper du toit. Et vous ? Quand il y a de la fumée chez vous, quand vous traversez des disputes explosives avec votre conjoint, vous regardez la fumée et vous ne faites rien ? Ou vous vous dites qu’il faudrait appeler au secours ?

Quand doit-on prendre son téléphone pour appeler un thérapeute de couple, un coach de couple ou un médiateur familial ? Quel est le bon, ou le meilleur moment ? Comment savoir si vous pourrez vous débrouiller tous seuls et régler vos problèmes tranquillement sans aide extérieure ?

 

1.     Votre priorité : protéger votre relation, votre couple.

Le secret des couples qui durent est qu’ils repèrent les dangers, les zones glissantes. Ils les regardent, ils les affrontent ensemble, ils en font quelque chose. Posez-vous régulièrement la question. Comment allez-vous ?

Parmi les signes de virage dangereux, on peut citer :

-       Le mépris qui s’installe : les critiques et les plaintes sont continuelles (pas juste une fois! si cela arrive, c’est normal !). Et elles blessent.

-      Une posture défensive : symétrique du point précédent. Vous n’êtes jamais en pause, vous êtes dans une vigilance permanente et vous passez votre temps à vous justifier.

-       Vous traversez ensemble de grands changements, volontaires ou non : un déménagement, un changement de pays, la naissance d’un enfant, la recomposition de votre famille (un nouveau couple, avec des enfants d’une relation précédente), des conflits avec votre ou vos adolescents, ou vos parents sont malades et il vous faut vous en occuper, ou pire, vous vivez un choc tel qu’un accident, la perte de votre emploi, un deuil. Et cela bouleverse votre relation, au-delà de vos limites. Vous êtes dépassé-e par ces évènements.

-       Vous n’êtes plus connectés, vous n’avez plus d’intimité, ou plus de sexualité.

Si ces panneaux vous parlent, il est sans doute temps d’aller vous faire aider. Quand j’entends des couples me dire que « cela fait des années… », j’avoue que je suis un peu triste pour eux. Car parfois, en deux séances de discussion, on débloque de tels morceaux ! Le Dr Gottman, fondateur du Gottman Institute aux Etats-Unis, qui a observé plus de 3 500 couples sur plus de 45 ans, dit que les couples attendent en moyenne six ans avant de le consulter. Vous vous rendez-compte: six ans! 2 190 jours avant d’appeler les secours. Combien de cathédrales seraient déjà en cendres.

2.     Surtout, ne venez pas trop tard.

Il y a deux moments dans la vie d’un couple où l’on est un peu coupé de la réalité : au début et à la fin.

Au début, car on est noyé sous les projections et il est très difficile de s’arrêter pour regarder qui est vraiment l’autre. On est en plein rêve. L’autre a toutes les qualités que l’on souhaite qu’il ait. C’est magique. Et à la fin, car on est alors noyé dans la tristesse ou la colère et que l’on ne voit plus très bien l’autre non plus.

Entre les deux, si vous arriver à éteindre un départ de feu vous-mêmes, vous êtes en capacité de prendre soin de votre couple, de cultiver et de nourrir votre relation. Si en revanche, ces fumées (des conflits, des plaintes, des critiques, de l’indifférence) vous plongent dans la tristesse, le désespoir, une colère sans fin, si le mépris pointe son nez, il est urgent d’appeler les secours. N’attendez pas que cela s’installe car il arrive un moment où c’est malheureusement trop tard. Quel est le niveau de votre douleur ? Si vous êtes déjà un peu débordé-e par des émotions négatives, dépêchez-vous…

3.     Tout commence par « des problèmes de communication ». Mais en-dessous, il y a quoi ?

Tous les couples commencent par expliquer qu’ils ont des problèmes de communication. Malheureusement, c’est la partie visible de l’iceberg. On est bien obligés de plonger et d’aller voir ce qui est caché.

Appeler au secours et aller parler à un tiers, c’est aller chercher une forme de vérité sur votre relation. Cela vous permettra de distinguer les contours de vos croyances ( des croyances qui exigent, des croyances qui limitent, des croyances qui sont partagées, ou pas du tout), de vos peurs, de vos « dettes » respectives, et de voir comment elles vous empêchent d’être touché-e par l’autre ou de partager son intimité. Cela vous permettra de mesurer les écarts entre vos attentes, vos projections, et la réalité de ce que vous vivez ensemble. Bref, vous allez éclairer votre système de fonctionnement. Et en général, quelle découverte !

Conclusion, si vous vous demandez si vous pouvez encore sauver votre couple, il est urgent de consulter quelqu’un. Si vous allez bientôt vous engager, vous pouvez aussi aller faire une petite séance de « révision » et vérifier ensemble un certain nombre de points qui vous paraissent importants. Vous l’aurez compris, comme vous le faites pour vos dents (désolée !) ou d’autres parties de votre corps, votre couple mérite que vous vous en occupiez. Et ce n’est pas toujours simple de le faire ensemble, sans filtre et sans filet de sécurité. Donc le bon moment, c’est quand vous ressentez le besoin d’aller faire un peu de tri avec l’aide d’un tiers neutre.

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« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.

En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…

…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.

 

Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.

Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

 

Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.

 

Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.

 

Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.

( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.

 

Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .

Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem ) 

La joie est une lame, par Adélaïde Bon

 

Quentin,

Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.

Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.

J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?

Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ? 

Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition. 

Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.

Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.

Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.

 

Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.

 

Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin. 

Je ne sais plus comment t’aimer.

Laetitia

Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.

 

 

 

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Pourquoi aller voir un médiateur familial lors d’un divorce ou d’une séparation?

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». La médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, en la vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

On sait tous quand et comment nos histoires d’amour ont commencé. On se souvient du premier regard, du premier jour et de ceux qui ont suivi. Puis des grands évènements que nous avons traversés ensemble. En revanche, notre mémoire est beaucoup plus floue quand il s’agit de reconstituer la fin d’une histoire d’amour. Sauf quand elle s’est terminée par un drame, une déchirure qui vient séparer nos vies et nos identités communes.

Que nos séparations résultent d’une coupure nette, bien dessinée, ou d’une rupture qui s’est infiltrée progressivement dans nos vies, nous sommes dans une douleur physique et morale qui nous anesthésie, qui nous empêche de dormir, de travailler, de manger et parfois de vivre, car notre vie semble interrompue, arrêtée. C’est là que nous avons besoin d’une aide extérieure.

Qu’est-ce qu’un médiateur familial peut faire pour vous au moment d’un divorce ou d’une séparation ?

Si la séparation résulte d’une rupture franche, d’une trahison ou du brusque départ de l’autre, nous sommes dans l’expérience du rejet et de l’abandon. Nos représentations du monde, nos croyances, sont bouleversées.  Nos certitudes, nos représentations de nous-mêmes aussi. Le médiateur n’a pas de baguette magique et ne va évidemment pas réparer cette déchirure. Mais parler à un tiers, entendre l’autre (le conjoint) raconter ce qui s’est passé, peut aider à reconstruire, à changer de vie, de corps, de modèle. Nous avons été arrachés à quelque chose. Un regard extérieur peut nous aider à nous retrouver, à trouver les appuis sur lesquels il nous reste encore un peu de force (physique ou morale) pour « passer à autre chose ». Quelle est notre vie sans ce couple, sans la présence de l’autre, sans sa protection ? Comment réorganiser notre vie professionnelle, l’espace dans lequel nous habitons, la façon dont nous nous occupons de nos enfants ? Car une rupture peut aussi être l’occasion de nous révéler, de nous ouvrir à une nouvelle façon de vivre et d’être. Le processus de la médiation peut nous aider à supporter ces expériences et à trouver par nous-mêmes, avec le soutien du médiateur, qui nous sommes hors de notre couple.

Parler avec un médiateur familial peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé

Si la séparation résulte d’une usure insidieuse, d’un ennui qui s’est installé sans que l’on se souvienne vraiment comment et depuis quand on ne se parle plus, on ne se touche plus et on ne « vit » plus vraiment ensemble, chacun peut être traversé par la colère, la tristesse ou le refus. Refus d’une solitude insupportable. Refus de la liberté nouvelle de l’autre. Refus là aussi, d’une forme d’abandon. Ce qui est difficile, c’est la discontinuité. Quelque chose s’arrête. Mais quoi exactement ? Parler avec un médiateur peut éclairer, permettre de regarder ce qui s’est passé. On ne parle pas ici d’acceptation du principe de la rupture, mais du mouvement qui permet de sortir de l’évitement et qui permet ainsi à chacun de reprendre sa part de responsabilité. Aller voir un médiateur au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de sortir de la sidération, de la désolation et de « renaître » autrement. 

 

Après une rupture, le langage courant parle de « tourner la page ». Mais nous savons tous que c’est un arrachement. Nous sommes partagés entre l’impression que nous ne pourrons plus jamais « y croire » et l’envie de nous retrouver « comme avant ». J’ai l’impression que ces deux voies sont incertaines : la médiation familiale au moment d’un divorce ou d’une séparation permet de retrouver un peu de confiance en soi, de confiance dans notre vie et de retrouver notre « unité », notre capacité à vivre même si nous en sortons profondément modifiés.

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Divorce, Séparation : Combien de temps faut-il pour s’en remettre?

C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux.

C’est une question qui revient souvent. Un divorce, une séparation, une rupture, renversent toutes nos habitudes, bousculent nos croyances, modifient l’image que nous avons de nous-mêmes et celle que nous offrons au monde, à nos très proches, ou à nos cercles plus éloignés. Tous nos référentiels changent. Et c’est souvent extrêmement douloureux. Que ce soit pour celui qui est quitté ou pour celui qui prend la décision de partir. 

 

Les chagrins d’amour sont très bien décrits dans la littérature, au cinéma et plus récemment, dans les séries que nous regardons. Il n’y a pas d’âge. Des enfants sont parfois désespérés quand leur ami(-e) les quittent pour un (ou une) autre. Et des personnes très âgées rencontrent exactement les mêmes difficultés. Quand on est dedans, on a l’impression que cette douleur ne s’arrêtera jamais. Que l’on n'en sortira pas. Que jamais plus on ne retrouvera la capacité d’aimer quelqu’un d’autre. Et pourtant ! 

La courbe du deuil expliquée par une psychologue (Elisabeth Kubler-Ross)

Une psychologue suisse, Elisabeth Kübler-Ross (née en 1926, à Zürich) a beaucoup travaillé sur « les derniers instants de la vie ». Elle en a dégagé une théorie du deuil qui est aujourd’hui appliquée à tous les « chocs » qu’un individu peut subir. Et une séparation, un divorce, constituent un vrai choc. Voilà ce qu’elle en dit (dans son livre On death and Dying, 1969, Sur le chagrin et le deuil).

 

Dans le langage courant, un deuil se définit comme l’étape qui suit la mort de quelqu’un. Elisabeth Kübler-Ross élargit cette notion pour inclure toutes les pertes que chacun d’entre nous peut subir : perte d’un travail, perte d’une maison, perte de son conjoint ou de son amoureux, perte de son pays pour ceux qui doivent partir. Pour elle, le deuil est le cheminement universel que nous expérimentons lorsque nous sommes (brutalement) confrontés au choc d’une disparition.

Les 5 étapes après un choc, un grand chagrin ou une perte

D’après elle, nous traversons alors cinq étapes :

Le déni : « ce n’est pas possible, il va revenir », « ils vont revenir sur leur décision, ils ne peuvent pas me faire cela », etc. Le déni est essentiel. Il nous permet de rester debout, de faire face aux premiers effets du choc. 

La colère : une fois que l’on a compris que la perte était réelle, nous sommes en rage. Nous dénonçons l’injustice, le mauvais comportement, l’irresponsabilité. Tout y passe. Le chagrin et les peurs de ce qui va se passer sont tels, que l’on préfère les recouvrir d’une bonne dose d’agressivité.

Le marchandage/ la négociation : nous nous sentons tellement impuissants qu’une part de nous-même essaie de reprendre un peu de contrôle. Nous échafaudons des scenarios. « Si je perds dix kilos, ou si j’arrête de fumer, elle va changer d’avis », « je vais me rapprocher de son meilleur ami, cela va le rendre dingue », comme si nos actions pouvaient changer le cours des choses.

La dépression, la tristesse : qui sont inévitables. Il arrive un moment où nous sommes submergés par la tristesse. Nous la traversons. Certains d’entre nous sont pétrifiés. Ne mangent plus. Ne parlent plus. Ne sortent plus. Laisser cette tristesse s’exprimer peut aussi être une libération. 

L’acceptation : quand nous ne sommes plus ni tristes ni en colère, et que nous sentons moins la douleur, nous pouvons commencer à regarder la réalité. Accepter ne signifie pas « être d’accord », car la plupart des chocs que nous rencontrons sont par principe « inacceptables ». Accepter signifie accepter de regarder les faits, de regarder l’autre, la succession d’évènements. Juste tels qu’ils sont. C’est la dernière étape du « deuil ». 

 

Plus tard, Elisabeth Kübler-Ross a ajouté l’étape du pardon. Pardon à soi-même quand on a été dévoré par la culpabilité. Pardon à l’autre quand c’est un autre qui a été l’auteur de cette violence (la violence de la perte). Parfois, cela va même jusqu’à la reconnaissance d’un « cadeau caché » : « je n’aurais jamais repris ces études si… », « je n’aurais jamais imaginé que j’étais capable de … ». L’ultime étape étant celle de la sérénité. De la capacité à penser ou à raconter l’évènement sans être débordé par l’émotion.

 

Dans la réalité, ces étapes prennent du temps. Et tous ne les passent pas dans cet ordre. Parfois, la tristesse précède la colère. L’important, c’est de repérer que chacun de ces états est normal. Que tout le monde passe par là. 

 

Quant à notre question initiale : après un divorce, une séparation, combien de temps cela prend ? Il n’y a malheureusement pas de réponse. Certains mettent des années. D’autres moins. Ce qui est certain en revanche, c’est que ceux qui reforment un couple très rapidement (on en a vu qui se remettaient en couple une semaine après leur séparation !) ne se donnent pas le temps de digérer l’évènement. On ne peut pas franchir ces cinq étapes en quelques jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles ces « nouveaux » couples rencontrent (souvent) des difficultés et ne durent eux-mêmes pas très longtemps. Sans parler des enfants et des membres du premier cercle, qui eux aussi doivent « faire leur deuil » et ne suivent pas forcément tous le même rythme. Alors soyons patients, même si c’est très difficile. Et optimistes, car on en sort, sans aucun doute !

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