Thérapie de couple Isabelle Jordan Thérapie de couple Isabelle Jordan

L’amour? L’amitié? Et s’il nous fallait les deux pour vivre ensemble?

Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami”. Formulé comme cela, cela paraît assez simple.

Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami” (ou sa meilleure amie, bien sûr). Formulé comme cela, cela paraît assez simple.

Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”

Nous avons tous un ou une “meilleure amie”. Nous le (la) visualisons très bien. Cette amitié a toujours été présente dans notre vie. Même si cela n’a pas toujours été la même personne. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”. C’est en notre meilleur(e) ami(e) que nous plaçons notre confiance. Nous pouvons tout lui dire, sans être jugé(e). Nous vivons ses joies et ses chagrins comme si c’était les nôtres. Nous aimons la même musique, nous avons souvent les mêmes loisirs, nous avons partagé plein d’expériences ensemble. C’est auprès de notre meilleur(e) ami(e) que nous nous réfugions si nous avons besoin de soutien et de réconfort. De conseils, souvent.

Swamidji Prajnanpad souligne l’écart minuscule qu’il y a entre l’amour et l’amitié. C’est une indication précieuse pour nous lorsque nous perdons “le contact” avec notre conjoint. Revenir à l’amitié, c’est un peu plus facile. Dans un article précédent, je vous ai parlé de Gary Chapman et des 5 langages de l’amour (https://www.mediations-paris.fr/blog/les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ). Les conseils de Gary Chapman rejoignent cette thématique de l’amitié. Même si nous avons de multiples attentes, ou croyances, sur l’amour et plus particulièrement sur notre conjoint, revenir à la notion toute simple de l’amitié est un premier mouvement concret et extrêmement réparateur.

Lettre d’Albert Camus à son ami René Char

Et si vous avez besoin d’explications, je vous propose cette lettre extraordinaire d’Albert Camus à son ami René Char (poète). Chaque mot est une leçon d’amitié:

17 septembre 1957

Cher René,

Je suis en Normandie avec mes enfants, près de Paris en somme, et encore plus près de vous par le cœur. Le temps ne sépare, il n’est lâche que pour les séparés — Sinon, il est fleuve, qui porte, du même mouvement. Nous nous ressemblons beaucoup et je sais qu’il arrive qu’on ait envie de « disparaître », de n’être rien en somme. Mais vous disparaîtriez pendant dix ans que vous retrouveriez en moi la même amitié, aussi jeune qu’il y a des années quand je vous ai découvert en même temps que votre œuvre. Et je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il en est de même pour vous, à mon égard. Quoi qu’il en soit, je voudrais que vous vous sentiez toujours libre et d’une liberté confiante, avec moi.

Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime. À la fin, on mourrait de chagrin, littéralement. Et il faut que nous vivions, que nous trouvions les mots, l’élan, la réflexion qui fondent une joie, la joie. Mais c’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.

Je rentre dans une semaine. Je n’ai rien fait pendant cet été, sur lequel je comptais, beaucoup, pourtant. Et cette stérilité, cette insensibilité subite et durable m’affectent beaucoup. Si vous êtes libre à la fin de la semaine prochaine (jeudi ou vendredi, le temps de me retourner) déjeunons ou dînons. Un mot dans ma boîte et ce sera convenu. Je me réjouis du fond du cœur, de vous revoir.

Votre ami

Albert Camus

Alors même si aujourd’hui nous nous écrivons plus de SMS que de lettres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…..

Lire la suite