Couples : Crise de couple ou crise de la quarantaine ?
Beaucoup de couples traversent des difficultés ou des crises autour de la quarantaine. Attention de ne pas tout mélanger. Car le problème n’est peut-être pas dans le couple, mais dans le fait de traverser « le milieu de votre vie ». Qu’est-ce que la crise de la quarantaine et à quoi la reconnaît-on ? Ou encore : peut-on sauver son couple à 40 ans ?
Beaucoup de couples traversent des difficultés ou des crises autour de la quarantaine. Attention de ne pas tout mélanger. Car le problème n’est peut-être pas dans le couple, mais dans le fait de traverser « le milieu de votre vie ». Je ne vais pas vous expliquer ce qu’est une crise de couple. Vous savez. Alors comment faire la différence avec la fameuse crise de milieu de vie ? Qu’est-ce que la crise de la quarantaine et à quoi la reconnaît-on ? Ou encore : peut-on sauver son couple à 40 ans ?
Qu’est-ce que la crise de la quarantaine ?
La crise de la quarantaine peut être violente : c’est à ça qu’on la reconnait. Parfois, cela revient à tout envoyer balader : son job, son conjoint, sa maison même. Il y a des crises de quarante ans qui ne gardent pas grand-chose de l’avant quarante ans. En gros, rien ne va plus. Alors que se passe-t-il ? Pourquoi ce cap des quarante ans est parfois si difficile à passer ? (40 ans, c’est une moyenne).
Cette crise correspond à trois mouvements :
- Le premier grand sujet qui va être introduit par Jung, est celui de l’Individuation. Je vous explique :
o Quand vous êtes tout petit, vous n’avez pas le choix, il faut vous sur-adapter pour survivre, pour que ceux qui s’occupent de vous vous offrent le maximum de sécurité et d’amour. C’est vraiment une question de vie ou de mort. Donc on répond à presque tous les désirs de nos parents pour optimiser ce qu’ils vont nous donner.
o Quand vous grandissez, cela dure tant que vous êtes enfant. Vous allez avoir une première occasion de casser ce contrat et de n’en faire qu’à votre tête : la fameuse crise d’adolescence.
o Mais tout le monde ne fait pas de crise d’adolescence.
o En simplifiant, moins la crise d’adolescence est manifestée, plus on a de chances de se manifester vers quarante ans.
- Deuxième mouvement, qui est un grand malentendu. « Sois toi-même. ».
« Sois la personne que tu veux être ». L’idée qu’il faudrait faire un gros effort (un travail) pour devenir la meilleure version de nous-mêmes. Le problème est que l’on est très peu nombreux à savoir qui on est et qui on veut être, qui est notre « vrai moi ».
* C’est très inconfortable. Puisque d’après le point précédent, on ne veut plus suivre le programme qui faisait tant plaisir à nos parents, mais on ne sait pas du tout qui on est. Et par quoi le remplacer ?
* Donc si on ne trouve pas facilement son vrai soi, on n’a qu’une solution : écouter (et ça, c’est beaucoup plus facile) ce que l’on ne veut plus, ne plus faire, ne plus entendre, ne plus sacrifier, etc. Et c’est là que le couple peut-être très secoué : vous êtes en conflits permanents, vous parlez même de séparation, vous n’êtes plus très sûrs de vos engagements respectifs (en matière de fidélité par exemple). La rupture menace.
- Troisième mouvement : une sorte de lâcher-prise.
On a expérimenté. On a traversé des succès, des échecs. Bref, on commence à comprendre. On n’est plus dans l’idéal de nos premières années à foncer avec détermination vers tel ou tel objectif. On lâche. On commence à laisser faire. Et dans le laisser-faire, il y a parfois beaucoup de surprises et d’inattendu. C’est tellement nouveau, tellement différent d’avant, que cela peut passer pour une crise. Alors que c’est probablement la voie par laquelle on va vraiment se trouver soi-même, sans aucun effort, et sans aucun travail.
Autour du premier sujet, c’est surtout la famille d’origine qui en prend pour son grade.
Dans le rejet de tout, dans le deuxième mouvement, le couple est très fragilisé.
Donc premier indice pour distinguer crise de couple et crise de la quarantaine : le sujet dépasse largement la question du couple. Si vous traversez une crise de la quarantaine, vous êtes dans une remise en question globale.
Comment sauver son couple à 40 ans ?
L’enjeu est de faire le tri. De séparer les sujets.
- Qu’est-ce qui va, qu’est-ce qui ne me convient plus dans mon couple, avec mon conjoint ? On essaie d’en discuter et si on n’y arrive pas, on se fait aider par un tiers.
- Qu’est-ce qui va, qu’est-ce qui ne me convient plus dans ma vie en général ? Il va y avoir un gros ménage et vous allez abandonner des pistes qui ne vous paraissent plus du tout être les vôtres. Au besoin, il peut également être utile d’aller se faire aider par un thérapeute. Mais ici, le sujet à traiter n’est pas votre conjoint, ce n’est pas votre couple. C’est vous. On est dans des questions existentielles, individuelles.
L’enjeu n’est pas de regarder les pertes et profits du passé. Si il y a un « arrêt » sur image, c’est plus pour faire des choix et ne garder que ce qui désormais vous paraît être votre voie et non plus celle que votre famille d’origine souhaitait pour vous. Ou celle que vous avez cru qu’ils voulaient pour vous. Chaque individu est unique. Personne d’autre au monde n’est comme vous. Mais ce mouvement est assez universel. C’est un peu comme la poussée de croissance de l’adolescence. On n’y échappe pas. On grandit. Autour de 40 ans (encore une fois, c’est une moyenne).
Ensuite vous vous occuperez de votre relation, si vous en ressentez encore le besoin.
Donc attention de ne pas tout mélanger. Tous les couples ne se séparent pas à 40 ans. Il n’y a pas de raison d’être plus infidèle à 40 ans qu’avant ou après, ou d’avoir moins de désir. Et si vous vous disputez, ce n’est pas à cause de votre âge. Si vous traversez une vraie crise de couple, je vous conseille de lire mon livre :10 recettes pour éviter de se séparer, aux Éditions Marabout. Et d’en discuter ensemble. (Bonne lecture ! ). Et si c’est plus global, si vous vous sentez mal, allez vous faire aider ou regardez plus précisément ce que vous avez envie de changer. En prenant le temps de comprendre ce qui vous arrive
10 recettes pour éviter de se séparer, Éditions Marabout, 7,5€
Couple: thérapie, médiation , quel est le meilleur moment pour démarrer (une thérapie ou une médiation)?
Si vous vous demandez si vous pouvez encore sauver votre couple, il est urgent de consulter quelqu’un. Si vous allez bientôt vous engager, vous pouvez aussi aller faire une petite séance de « révision » et vérifier ensemble un certain nombre de points qui vous paraissent importants
Vous savez qu’une simple étincelle peut déclencher un incendie. Les feux de forêt sont malheureusement là pour nous le rappeler. Vous connaissez aussi, je l’espère, les numéros d’urgence à appeler en cas de danger. Quand Notre-Dame a brûlé le 15 avril 2019, la première personne qui a appelé les pompiers avait vu une simple fumée s’échapper du toit. Et vous ? Quand il y a de la fumée chez vous, quand vous traversez des disputes explosives avec votre conjoint, vous regardez la fumée et vous ne faites rien ? Ou vous vous dites qu’il faudrait appeler au secours ?
Quand doit-on prendre son téléphone pour appeler un thérapeute de couple, un coach de couple ou un médiateur familial ? Quel est le bon, ou le meilleur moment ? Comment savoir si vous pourrez vous débrouiller tous seuls et régler vos problèmes tranquillement sans aide extérieure ?
1. Votre priorité : protéger votre relation, votre couple.
Le secret des couples qui durent est qu’ils repèrent les dangers, les zones glissantes. Ils les regardent, ils les affrontent ensemble, ils en font quelque chose. Posez-vous régulièrement la question. Comment allez-vous ?
Parmi les signes de virage dangereux, on peut citer :
- Le mépris qui s’installe : les critiques et les plaintes sont continuelles (pas juste une fois! si cela arrive, c’est normal !). Et elles blessent.
- Une posture défensive : symétrique du point précédent. Vous n’êtes jamais en pause, vous êtes dans une vigilance permanente et vous passez votre temps à vous justifier.
- Vous traversez ensemble de grands changements, volontaires ou non : un déménagement, un changement de pays, la naissance d’un enfant, la recomposition de votre famille (un nouveau couple, avec des enfants d’une relation précédente), des conflits avec votre ou vos adolescents, ou vos parents sont malades et il vous faut vous en occuper, ou pire, vous vivez un choc tel qu’un accident, la perte de votre emploi, un deuil. Et cela bouleverse votre relation, au-delà de vos limites. Vous êtes dépassé-e par ces évènements.
- Vous n’êtes plus connectés, vous n’avez plus d’intimité, ou plus de sexualité.
Si ces panneaux vous parlent, il est sans doute temps d’aller vous faire aider. Quand j’entends des couples me dire que « cela fait des années… », j’avoue que je suis un peu triste pour eux. Car parfois, en deux séances de discussion, on débloque de tels morceaux ! Le Dr Gottman, fondateur du Gottman Institute aux Etats-Unis, qui a observé plus de 3 500 couples sur plus de 45 ans, dit que les couples attendent en moyenne six ans avant de le consulter. Vous vous rendez-compte: six ans! 2 190 jours avant d’appeler les secours. Combien de cathédrales seraient déjà en cendres.
2. Surtout, ne venez pas trop tard.
Il y a deux moments dans la vie d’un couple où l’on est un peu coupé de la réalité : au début et à la fin.
Au début, car on est noyé sous les projections et il est très difficile de s’arrêter pour regarder qui est vraiment l’autre. On est en plein rêve. L’autre a toutes les qualités que l’on souhaite qu’il ait. C’est magique. Et à la fin, car on est alors noyé dans la tristesse ou la colère et que l’on ne voit plus très bien l’autre non plus.
Entre les deux, si vous arriver à éteindre un départ de feu vous-mêmes, vous êtes en capacité de prendre soin de votre couple, de cultiver et de nourrir votre relation. Si en revanche, ces fumées (des conflits, des plaintes, des critiques, de l’indifférence) vous plongent dans la tristesse, le désespoir, une colère sans fin, si le mépris pointe son nez, il est urgent d’appeler les secours. N’attendez pas que cela s’installe car il arrive un moment où c’est malheureusement trop tard. Quel est le niveau de votre douleur ? Si vous êtes déjà un peu débordé-e par des émotions négatives, dépêchez-vous…
3. Tout commence par « des problèmes de communication ». Mais en-dessous, il y a quoi ?
Tous les couples commencent par expliquer qu’ils ont des problèmes de communication. Malheureusement, c’est la partie visible de l’iceberg. On est bien obligés de plonger et d’aller voir ce qui est caché.
Appeler au secours et aller parler à un tiers, c’est aller chercher une forme de vérité sur votre relation. Cela vous permettra de distinguer les contours de vos croyances ( des croyances qui exigent, des croyances qui limitent, des croyances qui sont partagées, ou pas du tout), de vos peurs, de vos « dettes » respectives, et de voir comment elles vous empêchent d’être touché-e par l’autre ou de partager son intimité. Cela vous permettra de mesurer les écarts entre vos attentes, vos projections, et la réalité de ce que vous vivez ensemble. Bref, vous allez éclairer votre système de fonctionnement. Et en général, quelle découverte !
Conclusion, si vous vous demandez si vous pouvez encore sauver votre couple, il est urgent de consulter quelqu’un. Si vous allez bientôt vous engager, vous pouvez aussi aller faire une petite séance de « révision » et vérifier ensemble un certain nombre de points qui vous paraissent importants. Vous l’aurez compris, comme vous le faites pour vos dents (désolée !) ou d’autres parties de votre corps, votre couple mérite que vous vous en occupiez. Et ce n’est pas toujours simple de le faire ensemble, sans filtre et sans filet de sécurité. Donc le bon moment, c’est quand vous ressentez le besoin d’aller faire un peu de tri avec l’aide d’un tiers neutre.
Les signes que vous traversez une vraie « Crise de Couple »
Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair. Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce.
John M. Gottman est l’auteur du livre Les couples heureux ont leurs secrets (aux Éditions Pocket). C’est un psychologue qui travaille depuis 1972 sur les couples. Son livre est passionnant.
Dans ce livre, et à travers toutes les études qu’il cite (américaines, bien sûr), il indique par exemple que « dans 80% des cas, les divorcés estiment que leur mariage a échoué parce que leur partenaire, en s’éloignant progressivement d’eux, a détruit leur complicité. Ou encore, parce qu’ils ne se sentaient plus aimés ni appréciés. Seuls 20 à 27% des couples citaient l’infidélité comme une cause même partielle de divorce ».
Gottman dit qu’en cinq minutes d’observation il peut prédire un divorce. Ce chapitre (c’est au début du livre) nous a bien entendu interpellé. Voici ce qu’il décrit.
Selon Gottman, quatre comportements sont fatals pour une relation. Il les appelle les « Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». On ne peut pas être plus clair.
Premier Cavalier : la critique
On ne parle pas ici d’un reproche ponctuel, sur un fait précis et circonscrit. On parle d’une critique énoncée sur la personnalité de l’autre, une critique qui généralise. Par exemple :
- « Tu m’as laissé la voiture avec un réservoir vide. On a été en retard à l’école » , qui est un reproche et témoigne d’une certaine tristesse ou d’une certaine colère, selon le ton utilisé (reproche).
Et –« C’est incroyable. Tu le fais exprès ! Tu ne peux jamais faire le plein de cette voiture. C’est toujours moi qui m’y colle. Quand vas-tu une fois te bouger pour aller à la Station-Service. C’est quand même pas compliqué ! Ce n’est pas surhumain ce que je te demande ? ». (critique).
La critique constante conduit directement au
Deuxième Cavalier : le mépris
Quand la critique s’accompagne de sarcasmes, de ricanements, de cynisme, de moqueries, de paroles humiliantes, de gestes d’exaspération et/ou de dégoût, le conflit risque de s’aggraver.
Le mépris s’accompagne en général de ruminations et de sentiments très négatifs. Il rend difficile les tentatives de rapprochement.
Troisième Cavalier : l’attitude défensive
Gottman dit que ses études montre que l’approche consistant à essayer de se défendre face aux critiques ne sert à rien. Cela nourrit le conflit. Cela alimente les escalades verbales. Et en général, celui qui formule ses critiques reste sur ses positions.
Quatrième Cavalier : la dérobade
Malheureusement face aux critiques, au mépris et aux disputes, il est fréquent que l’un des deux membres du couple « laisse tomber », lâche l’affaire. Il se lève, abandonne la discussion et quitte la table ou la pièce. Il ou elle voyage de plus en plus, rentre de plus en plus tard de son travail. Il arrive même qu’il ou elle joue l’indifférence. Qu’il ne fasse même plus semblant d’écouter, même quand la conversation est relativement calme et neutre. Il ne peut plus faire face à tant de négativité et il se protège « passivement ». Certains (certaines) sont dans un tel état de choc, qu’ils se désinvestissent totalement de la relation. Pour ne plus souffrir. A ce stade, quand les autres cavaliers sont déjà passés, la séparation est généralement inéluctable. Et Gottman nous apprend que dans 80% des couples, c’est le mari qui se dérobe.
J’espère que cet article ne vous aura pas trop déprimé. Il a le mérite de montrer, une fois de plus, qu’il faut beaucoup de détermination, de courage, de capacité à écouter un point de vue différent, de supporter une façon de faire différente, pour être longtemps heureux en couple. Pour contrer dès qu’il se profile le premier Cavalier, la critique, et ne pas laisser les conflits évoluer dramatiquement vers des situations difficiles à corriger. C’est tout l’intérêt d’aller discuter avec un tiers et de chercher de l’aide à l’extérieur pour opérer quelques changements. Car Gottman parle aussi des secrets des couples qui durent….et des “sept lois de la réussite” de ces couples (qui durent). A suivre….(nous en reparlerons).