Thérapie de couple, Coaching de couple Isabelle Jordan Thérapie de couple, Coaching de couple Isabelle Jordan

Couple : Qu’est-ce qui va ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Comment faire le contrôle technique et évaluer la bonne santé de son couple ? Conseils.

Certains couples se posent continuellement la question. Est-ce que nous sommes « normaux » ou pas ? Mais comment savoir ? Comment faire son « bilan de couple » ? Je reste ou je pars ? Je vous propose quelques points pour faire vous-mêmes votre « contrôle technique » de couple. Et évaluer l’état de votre relation.

Certains couples se posent continuellement la question. Par définition, on peut difficilement savoir comment cela se passe chez les autres. Est-ce que nous sommes « normaux » ou pas ? Nous sentons que cela ne va pas, nous voudrions que ce soit mieux ou, ce n’est pas ce que nous attendions.

Mais comment savoir ? Comment faire son « bilan de couple » ? Je reste ou je pars ? Je vous propose quelques points pour faire vous-mêmes votre « contrôle technique » de couple. Et évaluer l’état de votre relation.

 

Il y au moins une dizaine de facteurs à vérifier. Je vous propose de suivre un chercheur américain, Edward Waring, qui a bien étudié le sujet de l’intimité. Les américains ont du temps et de l’argent pour quantifier (mesurer) nos comportements alors qu’en Europe, nous nous contentons souvent de donner notre avis et d’émettre des jugements.

 

Edward Waring a décortiqué la problématique de l’intimité et du couple et nous propose d’évaluer neuf points pour juger si notre histoire mérite ou non de continuer:

 

1.    Notre capacité à résoudre nos conflits.

Tous les couples traversent des conflits. Mais comment cela se passe chez nous quand nous ne sommes pas d’accord ? Est-ce que nous arrivons à gérer ou est-ce que cela se termine toujours mal ?

 

2.    Notre capacité à exprimer nos sentiments (l’un envers l’autre).

Sommes-nous capables de manifester notre affection, de dire que nous sommes attachés l’un à l’autre ? Que nous tenons l’un à l’autre ? Ou est-ce que ce n’est jamais explicite ? Pouvons-nous montrer ouvertement nos sentiments? ( Quel est notre « langage de l’amour », comme le décrit Gary Chapman https://www.mediations-paris.fr/blog/couple-les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ).

 

3.    Notre cohésion, notre engagement.

Avons-nous le sentiment d’être engagés l’un vis-à-vis de l’autre ? Ou est-ce difficile ? Gardons-nous « une distance de sécurité » qui nous empêche de nous engager dans la relation? Sentons-nous cette distance chez l’autre ? Attention car cette problématique est souvent symétrique (la peur de s’engager de l’un alimente la peur de l’autre, qui se désengage alors aussi).

 

4.    Notre sexualité.

Un couple heureux est souvent un couple dont la vie sexuelle est épanouie. C’est en tous cas ce que nous racontent le cinéma et les romans. Et nous ? Nous arrivons à communiquer nos besoins ? Nos besoins sont comblés ? Ou loin d’être comblés ?

 

5.    Notre identité, notre estime de soi au sein de notre couple.

Est-ce notre couple me donne confiance en moi ? Mon.ma conjoint.e me soutient-il.elle ? Me donne une sécurité qui me permet de grandir, de m’affirmer, de me réaliser ? Ou au contraire, est-ce que mon.a conjoint.e diminue mon estime de moi-même ?

 

6.    Notre compatibilité.

Dans quelle mesure sommes-nous capables de travailler ensemble, de jouer ensemble, de conduire un projet ensemble ? On est ici dans le registre de la collaboration. Sommes-nous compatibles pour résoudre des problèmes ensemble, par exemple ? Ou nous sommes-nous spécialisés chacun sur la résolution de certains sujets ?

 

7.    Notre autonomie par rapport à nos familles d’origine.

Avons-nous réussi à nous libérer de nos familles d’origine ? Et si nous sommes un peu plus âgés, de nos obligations vis-à-vis de nos propres enfants ? Sommes-nous autonomes ? Où en sommes-nous ?

 

8.    Notre communication.

C’est souvent la partie émergée de l’Iceberg. Tous les couples croient qu’ils ont « des problèmes de communication ». Si Edward Waring n’en parle qu’à la fin, c’est souvent parce que ce sont surtout les sept points précédents qui sont réellement en jeu. Il vous faut néanmoins aborder cette question.

 Est-ce que nous partageons, est-ce que nous échangeons sur nos croyances, nos valeurs, nos pensées, nos sentiments, nos états d’âme ? Ou est-ce que nous vivons ces sujets en parallèle, sans jamais vraiment connaître le point de vue de l’autre. Comment gérons-nous nos désaccords ?

 

9.    Notre désirabilité.

Est-ce que nous désirons l’autre, inconditionnellement ? Est-ce que nous aimons qu’il.elle nous désire, inconditionnellement ? Est-ce que nous croyons à ce désir ? Est-ce que nous l’accueillons ? Il ne s’agit pas seulement du désir sexuel mais surtout du désir d’être avec l’autre.

 

Personne ne peut sentir à votre place si votre couple est en bonne santé ou non. Vos amis ou votre famille ne sont pas nécessairement les meilleurs conseils. J’espère que ces neuf questions vous aideront à y voir un peu plus clair. Elles méritent d’être posées souvent. Et si vous y arrivez, vous pouvez même essayer de vous les poser ensemble. Regardez aussi celles qui vous paraissent faciles, sans problèmes. Et celles qui au contraire, sont lourdes et vous attristent. C’est sur celles-ci que vous aurez peut-être un travail à faire pour améliorer votre relation. Car vous l’avez déjà compris, la santé d’un couple ne dépend pas seulement de l’état de sa relation romantique. C’est un engagement qui a besoin d’être reconfirmé. Souvent. Et l’évaluation de votre couple dépendra de vos envies d’aller éclairer toutes ces zones, parfois cachées. Seuls ou avec l’aide d’un professionnel, si c’est trop difficile.

 

 

 

D’après les résultats de E.M. Waring, University of West Ontario, 1981, 1984) : WIQ= Waring Intimacy Questionnaire: 90 questions auto-adressées, qui permettent d’associer des scores à chacun de ces points de « contrôle ».

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Couple : après une séparation, comment donner du sens à cette rupture ?

Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.

Il arrive que l’on mette très longtemps « à s’en remettre ». L’expression française est magnifique[1] . « S’en remettre » : comme si pour digérer une séparation, il fallait s’abandonner, renoncer à comprendre, lâcher prise. Mais comment faire ? On aimerait donner du sens à une rupture, transformer cet évènement pour en faire quelque chose (le fameux « pourquoi ? »). Pour arrêter de ruminer, pour guérir de nos regrets, pour vivre à nouveau comme avant ? Comment passer à autre chose et en sortir peut-être plus proche de ce que nous sommes ?

 

Se remettre d’une séparation prend du temps. Parfois beaucoup de temps. ( Nous vous avons déjà proposé deux articles sur ce sujet, qui viendront compléter celui-ci si cela vous concerne https://www.mediations-paris.fr/blog/couples-comment-se-remettre-dune-rupture-dun-divorce-ou-dun-chagrin-damour et https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ). Les questions suivantes pourront peut-être vous permettre de digérer un peu plus rapidement. En tous cas, je vous le souhaite.

 

1.    Allez d’abord chercher les besoins qui étaient satisfaits dans cette relation : essayez de vous souvenir du début de cette histoire d’amour. Qu’est-ce qui vous a attiré ? Vous êtes tombée.e amoureux.se de quoi ? Vous aviez l’impression que vos attentes étaient remplies ? Vous vous sentiez ?....( reconnu.e, soutenu.e, fort.e, courageux.se, accepté.e, en paix, en sécurité, ….etc. A vous de compléter. Ne vous arrêtez pas si vous avez encore des idées qui arrivent. Prenez tout votre temps pour regarder).

2.    A contrario, essayez de faire la liste de tout ce qui n’allait pas. Qu’est-ce que cela provoquait en vous ? (de la colère, de la tristesse, de la peur, …. ?). Qu’est-ce que cela provoque en vous maintenant, quand vous y repensez ?

3.    Regardez bien ces frustrations ? Ces besoins non satisfaits ? Ces attentes refoulées ? Depuis combien de temps sont-elles là ? Est-ce qu’elles datent vraiment de cette dernière rupture ? Ou est-ce qu’elles étaient là bien avant?

4.    Qu’est-ce qui dans l’attitude de votre amoureux.se (avant la séparation) vous a fait le plus souffrir ? Essayez de mettre des mots sur ce qui vous faisait tellement mal (son mépris ? son absence ? son silence ? sa distance ? ses contrôles ? ses demandes ? ses critiques ? ....)

5.    Pour transformer tout cela, essayez d’imaginer un symbole. Essayez de le dessiner. Un symbole qui pourrait représenter ces besoins qui n’ont pas été comblés (un personnage- adulte ou enfant-, un animal, une forme, ce que vous voulez. Ne réfléchissez pas trop, attrapez la première image qui se propose). Un peu comme dans un « rêve éveillé ».

6.     Aujourd’hui comment pourriez-vous vous occuper vous-mêmes des besoins que vous avez identifiés ?

7.    Regardez tranquillement le symbole que vous avez choisi. Il vous donnera peut-être des indications. Y-a-t’-il des demandes précises que vous voudriez formuler à d’autres personnes que votre ex ? (à votre patron, à vos collègues de travail, à vos enfants, à vos frères et sœurs, à vos parents ?). Y a-t-il quelque chose que vous voudriez définitivement changer dans votre vie ?

 

Ces réflexions ne sont pas simples mais elles ouvrent réellement une nouvelle compréhension de cette histoire de couple passée. Mais aussi, de ce que nous pouvons en faire ici et maintenant. Souvent, en arrivant à la dernière question, on se dit « Plus jamais cela ! C’est fini ». Vous pourrez regarder cette rupture différemment. Vous la subirez moins car vous comprendrez progressivement qu’elle vous a peut-être rendu un énorme service. Celui d’écouter (enfin !) et de formuler vos besoins, pour qu’ils soient entendus. En décalant votre regard, vous transformerez cette séparation et cette rupture ouvrira peut-être une période beaucoup plus heureuse. Après cette séparation, vous vous connaissez mieux et vous connaissez mieux vos besoins et vos limites. Ce n’est pas rien, même si le prix à payer vous a paru très élevé (et que vous vous en seriez bien passé) !


[1] (en anglais, c’est une autre idée : « to recover », comme si il fallait mettre une couverture par-dessus ?).

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Médiation : comment discuter (négocier) avec des personnes difficiles ?

Dans un conflit, on est aussi une personne difficile pour l’autre. Puisque l’on n’est pas du même avis. Mais tout est une question de dose. Quels sont les indices qui permettent d’identifier que vous êtes en face d’une « personne difficile » ? Comment peut-on discuter avec quelqu’un comme cela ? Comment peut-on même imaginer de négocier quelque chose avec une telle personne ?

Parfois, malgré toute notre bonne volonté, nous sommes pris dans un conflit avec l’impression que tout est de la faute de l’autre. Que nous n’avons jamais rencontré quelqu’un d’aussi désagréable : manipulateur.trice, tétu.e, arrogant.e, qui cherche la bagarre, qui cherche à écraser les autres, qui veut toujours avoir raison…et, cerise sur le gâteau, qui n’écoute et qui n’entend rien. Sans oublier la qualification suprême, la palme d’or : « c’est un.e pervers.e narcissique ».

Comment peut-on discuter avec quelqu’un comme cela ? Comment peut-on même imaginer de négocier quelque chose avec une telle personne ? Je vais essayer de vous donner quelques pistes, même si parfois, la meilleure stratégie consiste à laisser tomber (spoiler !).

 

Première étape : identifier à qui vous avez à faire

 

Dans un conflit, on est aussi une personne difficile pour l’autre. Puisque l’on n’est pas du même avis. Mais tout est une question de dose. Quels sont les indices qui permettent d’identifier que vous êtes en face d’une « personne difficile » ?

 

-       Aucune coopération n’est possible. Il n’y a jamais aucun sujet sur lequel le conflit diminue. La porte est complètement fermée. Vous avez tous les torts. Point. Et c’est parfois très argumenté, au nom d’une vérité intangible soutenue par une autorité intouchable.

-       Cette personne manifeste clairement qu’elle ne vous donnera pas ce que vous lui demandez. C’est un vrai refus, total, sans aucune nuance ni réserve. Point.

-       Vous estimez que les propositions de cette personne sont insultantes pour vous.

-       Il y a un décalage important entre votre état émotionnel et l’état rationnel apparent de la personne avec laquelle vous tentez de discuter.

-       Cette personne est totalement imprévisible.

-       Il se peut que cette personne soit violente : qu’il ou elle crie, qu’il ou elle essaie de vous forcer à faire quelque chose, voir, on ne vous le souhaite pas, s’en prenne à vous physiquement.

-       Vous en arrivez à vous demander si vos pensées, vos demandes, vos arguments sont fondés ou pas. Vous doutez de votre propre raison. Cela vous plonge dans la rage ou la tristesse.

 

Chacune de ces sept propositions est un « avertissement », une zone d’alerte qui vous permet probablement de dire que vous êtes face à une personne difficile. Mais tout n’est pas perdu. Il existe quelques pistes pour tenter de discuter, voir, de négocier.

 

Deuxième étape : adapter votre approche, discuter en vous accrochant très précisément à vos « points de prise ».

 

Avec une « personne difficile », commencez par diminuer l’intensité de votre état émotionnel et considérez que vous allez escalader une falaise. Il va vous falloir suivre une voie bien précise et rester concentré.e. Une respiration calme et un ton de voix calme diminuera mécaniquement l’excitation (intellectuelle ou physique) de l’autre. Il ou elle aura moins peur, ou sera moins en colère face à quelqu’un qui a lui-même calmé sa peur et sa colère. C’est un effet miroir (bien connu). (Alors que la phrase « calmez-vous » les rendra encore plus agressif puisque c’est une demande, une emprise sur leur débordement, une limite insupportable).

 

-       Il vous faut d’abord l’écouter. L’écouter activement, sans reformuler (Cela ne sert à rien. Il ou elle ne s’entend pas). Écoutez-le ou écoutez-la jusqu’à ce qu’il ou elle ait terminé. Vous n’imaginez pas l’effet que cette séquence aura sur vous.

 

-       Si vous arrivez à en placer une, donnez-lui de l’importance. Accentuez tout ce que vous pouvez pour lui donner l’impression que c’est lui ou que c’est elle qui est important. N’oubliez jamais qu’une personne difficile est quelqu’un qui au fond a une très mauvaise image de soi-même (c’est scientifique). Vous pouvez ici vous risquer à la « reformulation » ( de ses propos) si vous pensez que cela nourrit son impression que vous le ou la comprenez.

 

-       En cas de mauvaise foi avérée, d’affirmations choquantes, voir absurdes, revenez à une sorte d’introspection, de question : « Comment cette demande (que vous faites) peut-être reçue ? » (question que vous posez à la personne difficile). « Quel impact cette affirmation peut-elle avoir sur cette médiation- ou sur cette négociation ? ». « Dites m’en un peu plus : qu’en pensez-vous, au fond de vous ? ». Ceci est une tentative pour aller chercher ce qu’il peut y avoir de positif, de « raisonné », dans cette personne-difficile.

 

-       Ce que je pratique personnellement, aussi, c’est de formuler une proposition aussi absurde. Je dis absolument n’importe quoi. Et tout le monde se retrouve enfermé dans la même bulle. Plus personne ne contrôle rien. La personne difficile peut alors parfois perdre pied.

 

-       Enfin, si rien ne fonctionne, il faut accepter de laisser tomber, de s’arrêter. Accepter qu’aucune discussion n’est possible. Que vous avez essayé, mais qu’il n’y aura aucun accord, pour l’instant. Et peut-être, sortir d’un tête à tête et vous adjoindre d’autres personnes pour reprendre la discussion plus tard. En évitant à tous prix de lui faire perdre la face. Il faut lui laisser l’impression qu’il a gagné toutes les victoires car dans le cas contraire, il est fort probable que la revanche se jouera très prochainement.

 

 

Quoiqu’il arrive pendant cette discussion, si vous arrivez à rester calme et à garder fermement vos positions, essayez toujours de comprendre son point de vue (ce n’est pas facile, je sais !). Vous arriverez peut-être à préparer pour la prochaine discussion des points sur lesquels vous pourrez répondre positivement …et une solution à laquelle il pourra difficilement dire non. En revanche, je crois qu’il est naïf d’attendre d’eux du respect et la reconnaissance de vos valeurs. Vous les trouverez ailleurs….auprès d’autres personnes, moins difficiles.

 

 

 

 

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Couples: comment se remettre d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour?

On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté : c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison.

La douleur de la séparation peut être aussi forte et intense que la force avec laquelle vous vous êtes aimés. Votre cœur est brisé. Comment passer de ce chagrin à un « voyage » qui vous répare et qui vous redonne confiance en vous ? Le processus est difficile et peut prendre du temps.

 

Chaque personne a son propre chemin pour se guérir d’une rupture, d’un divorce ou d’un chagrin d’amour

 

La recette n’est pas la même pour tout le monde. Chacun réagit comme il peut. On en voit qui se plongent immédiatement dans une autre relation (amoureuse) pour ne surtout pas traverser l’expérience de la rupture. D’autres, qui ont besoin de plusieurs années pour retrouver le goût des autres.

Donc le premier pas consiste à vous écoutez. Respectez votre rythme et vos envies. Au fonds, votre corps sait ce qu’il vous faut.

 

Faire quelque chose de vos émotions

 

Vous êtes en colère, ou terriblement triste. Ou vous alternez entre les deux. La confusion est le propre de cette période. Vous avez perdu tous vos repères. Et toutes vos croyances : on entend souvent des phrases comme « je croyais que… » ou au contraire « jamais je n’aurais cru…. ». Renverser ses croyances est une expérience très déstabilisante. Vous pouvez vous sentir « brisé » (« brisée »), fatigué (e), amer, acide, frustré (e), impuissant (e), gelé (e), …

Vos émotions sont précisément là pour vous faire bouger. Cette crise vous « bouscule » et va déboucher sur une autre vie. A condition de transformer ces émotions : parlez-en, partagez les avec vos proches. Ne restez pas seuls. C’est le moment de voir vos amis et d’aller chercher du soutien auprès des membres bienveillants de votre famille. Il y en a ! Parler de votre douleur vous aidera à nommer les choses.

 

 Et si vous le pouvez, dessinez, écrivez, chantez, jouez de la musique…exprimez-vous ! Cela devrait vous aider à « transformer » ces douleurs.

 

Attention : si vous ressassez sans fin, si vous ne dormez plus, si l’angoisse vous empêche d’aller travailler,  si vous avez envie de mourir, allez chercher l’aide d’un médecin (un psychiatre ou votre médecin généraliste, par exemple). Il faut parfois l’aide d’un médicament quand notre cerveau a été tellement blessé qu’il ne retrouve plus ses capacités d’adaptation « naturelle ». Une rupture est un véritable choc, pour notre « cœur » et donc pour notre cerveau. Parfois la douleur est trop forte : on ne peut pas s’en sortir tout seul.

 

S’accrocher au présent

 

Arrêtez de tourner en boucle dans votre passé. Essayez de vous plonger dans vos sensations présentes. Vous ancrer dans le présent vous permettra de sortir des limites dans lesquelles vous enferme votre expérience passée.

Tous les moyens sont bons : toute forme d’exercice physique vous ramènera dans le temps présent de votre corps. Et sans aller nécessairement méditer (ce qui est excellent ! c’est prouvé ! Car la médiation diminue l’activité du système nerveux sympathique, celui du stress et de l’action-agitation), une activité manuelle qui vous plaît vous obligera aussi à vous concentrer sur ce qui se passe ici et maintenant.

Ce sont deux pistes de joie et de réconfort très efficaces.

 

Vous valez quoi hors de cette ancienne relation ?

 

Quel que soit la durée du couple qui vient de se dissoudre, cela fait quelque temps que vous vous pensez en « nous » plutôt qu’en « je ».

Mais qui êtes-vous vraiment, hors de cette relation ?

Retrouver votre essence propre, vos qualités, vos compétences vous connectera à nouveau à l’amour, en passant d’abord par l’amour de vous-même. Quels sont vos rêves ? Vos projets ? Comment pouvez-vous les réaliser ? Comment parvenir à votre but ? Vous allez sans doute découvrir que vos capacités sont bien plus étendues que vous ne le pensiez. Vos limites vont soudain s’ouvrir. Vous allez progressivement aimer la nouvelle personne que vous êtes en train de devenir. Ce qui est le vrai premier pas vers la possibilité d’aimer quelqu’un d’autre.

On se remet d’une rupture et d’un chagrin d’amour. Mais cela prend du temps. Plus ou moins, mais il faut être patient. De Michel Sardou à Amy Winehouse ils l’ont chanté :   c’est une sorte de maladie. Il faut accepter de franchir toutes les étapes de votre guérison. Et il n’y a que vous pour sentir quand vous les passez, successivement. Un jour, vous vous réveillerez et rien n’aura plus jamais le même goût qu’avant. C’est ce que je vous souhaite.

 

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Couples : Se dire Merci. Ou les bienfaits de la gratitude.

En disant « Merci » vous renforcez votre lien, vous prenez soin de l’autre. Vous améliorez votre amitié, votre relation...et votre santé physique et mentale. C’est prouvé (*). « Merci » offre à l’autre de la reconnaissance, du soutien, une validation, de la proximité, de la connexion, de la solidarité. « Merci » vous focalise sur qui va bien, sur le versant positif de votre vie commune. « Merci » est une sorte de filtre, qui change votre perspective.

Cela a l’air tellement simple que vous vous pourriez vous croire dans un manuel de savoir-vivre du siècle précédent. « Merci ». Derrière ce mot, vous pouvez exprimer tout ce que vous aimez chez votre amoureux-amoureuse : votre admiration, votre affection, votre attention pour l’autre. Votre respect.

 

En disant « Merci » vous renforcez votre lien, vous prenez soin de l’autre.

 

Vous améliorez votre amitié, votre relation...et votre santé physique et mentale. C’est prouvé (*).

 

« Merci » offre à l’autre de la reconnaissance, du soutien, une validation, de la proximité, de la connexion, de la solidarité. « Merci » vous focalise sur qui va bien, sur le versant positif de votre vie commune. « Merci » est une sorte de filtre, qui change votre perspective.

 

A l’inverse, ne jamais remercier l’autre, c’est faire comme si il ou elle était transparent, comme si ses actions n’avaient aucune importance pour vous. A long terme, cela crée de la frustration, de la colère et « des problèmes de communication ».

 

En disant « Merci », vous réglez vos dettes invisibles (**)

 

-       Merci de m’écouter avec autant d’attention

-       Merci de me consoler et de me soutenir dans ce deuil

-       Merci d’être là

-       Merci pour ta gaité

-       Merci pour ta transparence et ton honnêteté vis-à-vis de moi

-       Merci pour ta compréhension

-       Merci pour ton soutien inconditionnel

-       Merci pour ta patience

-       Merci pour ta tolérance

-       Merci d’avoir fait la cuisine pour mes amis, pour ma famille

-       Merci d’avoir passé du temps avec mon père, avec ma mère, mes frères ou mes sœurs

-       Merci de t’être occupé(e) du jardin, de la cave, du chien, du chat,…

-       Merci d’avoir organisé de si belles vacances

-       Merci d’être une mère, un père, extraordinaire pour nos enfants

-       …

 

Vous pouvez remercier chaque fois que votre amoureux ou votre amoureuse s’est donné la peine de vous faire plaisir, de poser volontairement une action qui vous est consciemment dédiée. Vous vérifierez au passage que votre amoureux-amoureuse est capable de recevoir ce « Merci ». Il n’y rien de plus blessant que les « de rien » ou « il ne fallait pas ».

 Ou vous pouvez choisir un moment dédié, le dimanche matin, le soir quand vous vous couchez.

Vous pouvez aussi vous écrire une lettre : au début de chaque année, vous pouvez vous remercier pour tout ce qui vous a fait du bien. C’est la saison, pensez-y.

 Ce n’est pas réservé au couple. Vous pouvez élargir. Remercier constitue une forme de don. Vous pouvez offrir un Merci à vos enfants, vos parents, vos amis, vos collègues. Peut-être que l’on ne se remercie jamais assez.

 

 

 

(*) Étude réalisée par Paul Mills, de l’Université de Californie  

(**) concept développé par Nicole Prieur dans Petits règlements de compte en famille, Albin Michel

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Sommes-nous tous des dépendants affectifs ?

Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu.

La réponse est oui ! En tous cas, nous avons tous été des dépendants affectifs puisque c’est le propre de l’enfant que d’être dépendant des adultes, et que l’un des besoins fondamentaux de l’enfant est de se sentir aimé. De recevoir des réponses quand il cherche du lien et plonge ses yeux dans les yeux de ceux qui s’occupent de lui. La dépendance affective nous concerne donc tous, dans notre enfance. Mais on en parle beaucoup dans le monde adulte. Là, c’est plus compliqué.

En théorie, nous avons grandi et devrions être « autonomes » pour assouvir nos besoins. Pour certains, cela reste très compliqué. Mais qu’est-ce que la dépendance affective pour un adulte ? Vous reconnaissez-vous ?

 

Attention à l’abus de langage : on parle de dépendance affective, mais est-ce vraiment de la dépendance ?

 

La compulsion et la dépendance ont été définies par les psychologues (*) et sont décrites selon trois critères :

-       La répétition compulsive de l’activité (donc juste une fois, ou de temps en temps, ce n’est pas de la dépendance).

-       Sa persistance, même si elle a des conséquences négatives (sur la santé physique ou sur l’état psychique).

-       L’obsession, le fait d’y consacrer toutes ses pensées (et parfois, toutes ses actions).

 

Quand nous parlons de dépendance affective dans notre quotidien, nous évoquons des adultes qui manifestent un très fort besoin d’être aimé, rassuré sur la force de l’attachement de leur partenaire, écouté, entendu, compris, reconnu, encouragé, soutenu. Et qui par peur de perdre le lien avec l’autre, sont prêts à tout : ils fuient les conflits et sont toujours d’accord avec l’autre, n’écoutent pas leurs propres besoins et dépassent même souvent leurs limites, pour maintenir la relation coûte que coûte. Quand ils sont débordés par la peur et l’angoisse de perdre l’autre, ils peuvent être agressifs et violents, ou partir dans des élaborations presque délirantes, des solutions « magiques » (« on va faire le tour du monde, et tous nos problèmes disparaitront”. Mais vous, vous pouvez partir faire le tour du monde ?).

 

Donc ce n’est pas tout à fait comme une addiction, mais si c’est une situation systématique, qui est tout le temps présente et que vous (ou votre partenaire) mouline en permanence, rumine des peurs et des reproches, cela ressemble à une forme de dépendance. Et si cela vous mine, vous rend malheureux-se (parfois, très malheureuse), c’est bien cela.

 

Dans un monde idéal, un adulte est indépendant et autonome.

 

Que se passe-t-il pour le dépendant affectif ?

 

La dépendance affective crée deux situations :

 

-       La personne ne s’accorde aucune valeur et a incessamment besoin de la validation de l’autre pour se prouver qu’elle peut agir et qu’elle a une place. Les commentaires de l’autre, ses jugements, ont valeur de vérité.

-       La personne confond ses besoins, tournés vers l’intérieur, vers soi, et ses désirs, tournés vers l’extérieur de soi, vers l’autre.

 

Par exemple, « J’ai besoin d’un hug », car cela me rassure et calme mes angoisses, mes peurs, ma sensation de vide. L’autre est à mon service vs

« J’ai furieusement envie de t’embrasser », qui est un élan de désir vers l’autre, qui me plait et qui m’attire pour tout ce qu’il (elle) est.

 

Face au dépendant affectif, le partenaire n’en fait jamais assez. Il (elle) est toujours trop loin. Il peut se sentir impuissant puisqu’il n’arrive pas à calmer l’angoisse de celui (ou celle) qu’il (elle) aime. Et souvent, il peut avoir l’impression d’être envahi-e par l’autre, débordé-e par ses demandes.

 

D’où vient cette dépendance affective ?

 

Vous l’avez compris : au tout début de notre vie nous étions tous en dépendance absolue de l’affection des adultes qui nous entouraient et qui s’occupaient de nous. Lors du développement de l’enfant, de son adolescence et du passage à l’âge adulte, nous passons progressivement de cet état de dépendance (pour remplir tous nos besoins) à l’autonomie et à l’indépendance (tout est relatif !).

Mais parfois, cela ne se passe pas comme prévu.

 

Des enfants séparés de leur mère, des enfants soumis à des critiques constantes, des enfants élevés par des parents rigides et exigeants, ou des professeurs cassants, peuvent expérimenter de grandes fragilités. Qui seront portées longtemps par le futur adulte. Avec pour conséquence cette incapacité à supporter la distance de l’être aimé et à rechercher un attachement fusionnel pour combler tous leurs manques et répondre à tous leurs besoins. À s’interdire de dire non, de marquer des limites, d’exprimer ses propres opinions, de peur de se retrouver seul.

 

Comment cela se termine ?

 

Un dépendant affectif trouve rarement son bonheur. Il est pris dans un cercle vicieux.

Plus nous suivons le jugement de l’autre, plus nous nous adaptons et plus nous nous alignons sur ses désirs, plus nous nous éloignons de nous-mêmes, de nos vrais besoins. Ce qui nous plonge dans la tristesse, la culpabilité, et parfois, des pensées « parano ». Et plus nous pouvons croire, encore et encore, que notre douleur va s’arrêter grâce à « l’amour » d’un autre.

 

Mais sortir de ce cercle (vicieux), c’est souvent se retrouver seul. Le dépendant affectif crée exactement l’inverse de ce qu’il désire : ses demandes débordantes et sa façon de se sur-adapter finissent par faire fuir son partenaire. Ce qui renforcera ses peurs et ses douleurs. Et sa croyance en laquelle il (elle) ne mérite pas d’être aimé-e et il (elle) ne peut compter sur personne.

Il (elle) finit toujours déçu-e.

Tout ceci n’est pas très réjouissant, mais on peut sortir de la dépendance affective.

Soit en choisissant avec un tout petit peu plus de discernement son partenaire. Pour éviter tous ceux et celles qui pourraient alimenter notre mauvaise image de nous-mêmes.

Soit en nous guérissant de nos manques. En guérissant vraiment, car sinon, on pourrait courir le risque de remplacer une dépendance par une autre, attention ! (on connait tellement de rechute dans la cigarette ou dans l’alcool après une rupture amoureuse. Cet arbre-là cache la forêt de la dépendance affective).

 

Oui, on peut guérir de la dépendance affective ! Je vous raconte comment dans un prochain post….

 (*) Goodman, 1990 , entre autres

 

 

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Couple: Est-ce bien raisonnable d’envoyer des nudes?

Cet échange est intime. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message (nudes) ?

Aujourd’hui, tout passe par nos téléphones portables. Il y a peu de risque qu’un historien retrouve nos photos et nos messages dans 265 ans. Mais dans deux ans, dix ans, vingt ans ?

Nos téléphones font partie de notre intimité. Nous ne les partageons pas, ou rarement. D’ailleurs, dès que quelqu’un a quelque chose à cacher, il ou elle prend un deuxième portable, pour isoler de façon plus certaine ce qu’il veut cacher. Mais à qui appartiennent nos messages ? Nos photos ? Dont ces images parfois très intimes, comme les nudes, que nous avons envoyées dans l’euphorie d’un désir.

Si nous nous séparons

Il n’est plus question de partager des albums photos puisqu’il n’y a plus d’albums et que toutes nos photos sont dans nos téléphones ou sur le Cloud. Ce qui veut dire que nous gardons chacun une partie de l’autre. Que les traces intimes du couple nous appartiennent, et que l’on peut en faire ce que l’on veut.

Alors avant d’envoyer un nude, un message « personnel », vous êtes-vous posé cette question : cet échange est intime, fait partie de notre intimité. Mais si cette intimité était rompue ? Est-ce que vous êtes en sécurité avec l’idée que « l’autre » garde cette image ou ce message ?

Car son effacement ne sera pas « négociable ».

Les mots d’amour sont des trésors, oui, mais qui peuvent être partagés, diffusés très largement. Notre intimité moderne est très fragile, elle n’offre aucune sécurité de ce côté-là.

 Alors posez vous la question avant d’envoyer vos précieux messages, ou vos photos intimes et votre nudité (nude). Quelles sont vos limites ? Que pouvez-vous échanger dans vos précieux téléphones portables ?

(d’après l’article du Monde en date du 7 Novembre, Des lettres d’amour, jamais ouvertes depuis 265 ans, dévoilent leur contenu, par Florence Rosier)

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Couple: thérapie, médiation , quel est le meilleur moment pour démarrer (une thérapie ou une médiation)?

Si vous vous demandez si vous pouvez encore sauver votre couple, il est urgent de consulter quelqu’un. Si vous allez bientôt vous engager, vous pouvez aussi aller faire une petite séance de « révision » et vérifier ensemble un certain nombre de points qui vous paraissent importants

Vous savez qu’une simple étincelle peut déclencher un incendie. Les feux de forêt sont malheureusement là pour nous le rappeler. Vous connaissez aussi, je l’espère, les numéros d’urgence à appeler en cas de danger. Quand Notre-Dame a brûlé le 15 avril 2019, la première personne qui a appelé les pompiers avait vu une simple fumée s’échapper du toit. Et vous ? Quand il y a de la fumée chez vous, quand vous traversez des disputes explosives avec votre conjoint, vous regardez la fumée et vous ne faites rien ? Ou vous vous dites qu’il faudrait appeler au secours ?

Quand doit-on prendre son téléphone pour appeler un thérapeute de couple, un coach de couple ou un médiateur familial ? Quel est le bon, ou le meilleur moment ? Comment savoir si vous pourrez vous débrouiller tous seuls et régler vos problèmes tranquillement sans aide extérieure ?

 

1.     Votre priorité : protéger votre relation, votre couple.

Le secret des couples qui durent est qu’ils repèrent les dangers, les zones glissantes. Ils les regardent, ils les affrontent ensemble, ils en font quelque chose. Posez-vous régulièrement la question. Comment allez-vous ?

Parmi les signes de virage dangereux, on peut citer :

-       Le mépris qui s’installe : les critiques et les plaintes sont continuelles (pas juste une fois! si cela arrive, c’est normal !). Et elles blessent.

-      Une posture défensive : symétrique du point précédent. Vous n’êtes jamais en pause, vous êtes dans une vigilance permanente et vous passez votre temps à vous justifier.

-       Vous traversez ensemble de grands changements, volontaires ou non : un déménagement, un changement de pays, la naissance d’un enfant, la recomposition de votre famille (un nouveau couple, avec des enfants d’une relation précédente), des conflits avec votre ou vos adolescents, ou vos parents sont malades et il vous faut vous en occuper, ou pire, vous vivez un choc tel qu’un accident, la perte de votre emploi, un deuil. Et cela bouleverse votre relation, au-delà de vos limites. Vous êtes dépassé-e par ces évènements.

-       Vous n’êtes plus connectés, vous n’avez plus d’intimité, ou plus de sexualité.

Si ces panneaux vous parlent, il est sans doute temps d’aller vous faire aider. Quand j’entends des couples me dire que « cela fait des années… », j’avoue que je suis un peu triste pour eux. Car parfois, en deux séances de discussion, on débloque de tels morceaux ! Le Dr Gottman, fondateur du Gottman Institute aux Etats-Unis, qui a observé plus de 3 500 couples sur plus de 45 ans, dit que les couples attendent en moyenne six ans avant de le consulter. Vous vous rendez-compte: six ans! 2 190 jours avant d’appeler les secours. Combien de cathédrales seraient déjà en cendres.

2.     Surtout, ne venez pas trop tard.

Il y a deux moments dans la vie d’un couple où l’on est un peu coupé de la réalité : au début et à la fin.

Au début, car on est noyé sous les projections et il est très difficile de s’arrêter pour regarder qui est vraiment l’autre. On est en plein rêve. L’autre a toutes les qualités que l’on souhaite qu’il ait. C’est magique. Et à la fin, car on est alors noyé dans la tristesse ou la colère et que l’on ne voit plus très bien l’autre non plus.

Entre les deux, si vous arriver à éteindre un départ de feu vous-mêmes, vous êtes en capacité de prendre soin de votre couple, de cultiver et de nourrir votre relation. Si en revanche, ces fumées (des conflits, des plaintes, des critiques, de l’indifférence) vous plongent dans la tristesse, le désespoir, une colère sans fin, si le mépris pointe son nez, il est urgent d’appeler les secours. N’attendez pas que cela s’installe car il arrive un moment où c’est malheureusement trop tard. Quel est le niveau de votre douleur ? Si vous êtes déjà un peu débordé-e par des émotions négatives, dépêchez-vous…

3.     Tout commence par « des problèmes de communication ». Mais en-dessous, il y a quoi ?

Tous les couples commencent par expliquer qu’ils ont des problèmes de communication. Malheureusement, c’est la partie visible de l’iceberg. On est bien obligés de plonger et d’aller voir ce qui est caché.

Appeler au secours et aller parler à un tiers, c’est aller chercher une forme de vérité sur votre relation. Cela vous permettra de distinguer les contours de vos croyances ( des croyances qui exigent, des croyances qui limitent, des croyances qui sont partagées, ou pas du tout), de vos peurs, de vos « dettes » respectives, et de voir comment elles vous empêchent d’être touché-e par l’autre ou de partager son intimité. Cela vous permettra de mesurer les écarts entre vos attentes, vos projections, et la réalité de ce que vous vivez ensemble. Bref, vous allez éclairer votre système de fonctionnement. Et en général, quelle découverte !

Conclusion, si vous vous demandez si vous pouvez encore sauver votre couple, il est urgent de consulter quelqu’un. Si vous allez bientôt vous engager, vous pouvez aussi aller faire une petite séance de « révision » et vérifier ensemble un certain nombre de points qui vous paraissent importants. Vous l’aurez compris, comme vous le faites pour vos dents (désolée !) ou d’autres parties de votre corps, votre couple mérite que vous vous en occupiez. Et ce n’est pas toujours simple de le faire ensemble, sans filtre et sans filet de sécurité. Donc le bon moment, c’est quand vous ressentez le besoin d’aller faire un peu de tri avec l’aide d’un tiers neutre.

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Médiation Familiale : qu’est-ce que c’est ?

Ce journaliste du JDD explique remarquablement ce qu’est la médiation, et ce qu’est la médiation familiale en particulier. Bonne écoute.

Pour une fois, je ne vais pas vous expliquer ! Parce que ce journaliste du JDD explique tellement bien ce qu’est la médiation, et la médiation familiale en particulier, que je vous laisse écouter. Cela dure trois minutes et c’est remarquable. Bonne écoute et à bientôt.

https://open.spotify.com/episode/70Mr3P2kOwxD7ur8m7EUwx?si=1b3d83d626734c15

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Couples, familles : pourquoi il est si difficile de préparer sa succession?

Parler de succession est souvent tabou car l’héritage est la conséquence de la mort de quelqu’un. Quand c’est celle de quelqu’un d’autre, cela va, et encore. Mais accepter de parler de sa propre mort ? Pour certains, cela fait beaucoup trop peur. Alors ils se cachent derrière des affirmations de principe. On n’en parle pas. Il n’y a pas de sujet. Il est interdit d’y penser.

Non, ce n’est pas la Série télévisée qui nous a inspirés. Et pourtant, si vous avez regardé les cinq saisons, vous avez, comme nous, pu observer combien il est difficile pour certains de préparer sa succession. Que ce soit pour un couple, entre ses deux membres, ou dans une famille, dans les transmissions inter-générationnelles, c’est parfois très compliqué. Pourquoi ?

 

Pour transmettre : il faut accepter l’idée de lâcher quelque chose

 

Il est parfois difficile de lâcher, de laisser partir.

 

Certains se sont battus pour monter une entreprise, ou la défendre s’ils en avaient eux-mêmes hérité. D’autres ont eu de la chance, ils ont rencontré les bonnes personnes au bon moment, ou ils ont des intuitions heureuses. Comment accepter de donner tout cela ? Même si l’on est très vieux, ce n’est parfois pas encore le moment. C’est trop tôt. Mais sera-t-on jamais prêt?

 

Il faut un peu de détachement, une dose de distance et accepter la notion bouddhiste de l’impermanence : « de toutes façons, cela ne peut pas durer, cela va évoluer, changer, et souvent, se terminer ».

Ou tout simplement, aimer l’autre au point de lui offrir tout ou partie de ce que nous avons. Avec ou sans limite.

 

Que ce soit pour son conjoint (dit survivant, ce qui est assez moche il faut bien le dire) ou pour ses enfants, le don généreux, ou l’idée du don, si c’est pour plus tard, demande courage et  « lâcher-prise ». Mais quand nous donnons, nous leur laissons aussi une partie de nous-mêmes. Nous leur offrons une trace, une empreinte. Ne serait-ce que le don que nous leur avons fait. Personne n’a rien pris. C’est notre volonté seule qui aura défini l’héritage, si nous acceptons de le préparer.

 

Pour hériter, il faut que quelqu’un meurt

 

Mais la principale difficulté est ailleurs. Parler de succession est souvent tabou car l’héritage est la conséquence de la mort de quelqu’un. Quand c’est celle de quelqu’un d’autre, cela va, et encore. Mais accepter de parler de sa propre mort ? Pour certains, cela fait beaucoup trop peur.

 

Alors ils se cachent derrière des affirmations de principe. On n’en parle pas. Il n’y a pas de sujet. Il est interdit d’y penser. Celui qui ose risque d’être exclu. 

 

Comme si ne pas évoquer ce qui se passera après notre mort garantissait notre immortalité.

 

Comme la série (Succession) en témoigne, et comme nous le montrent tous les jours les cas que nous entendons, nous ne sommes pas (encore) immortels. Nous ne saurions que conseiller à chacun d’entre nous de réfléchir et de préparer sa succession. Mieux c’est préparé, moins nos héritiers auront des raisons de se dresser les uns contre les autres. Notre plus beau cadeau, ce ne seront pas des maisons, des bijoux ou des petites cuillères (selon nos moyens), ce sera de leur permettre de rester des frères et sœurs, des demi, des quarts de frères et soeurs, qui arrivent à vivre ensemble. Sans parler des belles-mères, ou des beaux-pères, que l’on oublie si souvent quand il s’agit d’organiser une succession et qui se rappellent alors douloureusement. Rupert Murdoch a annoncé à 92 ans qu’il allait se remarier pour la cinquième fois. Il se dit que c’est sa famille qui a servi de modèle pour la série. Même si nous sommes beaucoup moins riches, je crois que nous n’avons pas vraiment envie de leur ressembler.

 

 

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Couples, séparations : nous n’avons pas les mêmes valeurs?

Il est clair que la question des valeurs est au centre des relations, et du couple en particulier. L’identité parfaite n’existe pas. Mais il faut sans doute une dose de valeur commune pour s’entendre. C’est par le respect de ces valeurs que passe le respect de l’autre, tout simplement. Et c’est autour de ces valeurs que les trahisons sont les plus douloureuses.

Et alors ? La question des valeurs, des croyances, est clé dans nos relations. Nous aimons ceux qui nous ressemblent. Nous trouvons cela plus simple et plus sécurisant (nous allons voir pourquoi). A l’inverse, il est tellement difficile de communiquer avec quelqu’un qui n’est pas d’accord avec nos fondamentaux. Alors comment cela se passe dans notre couple ? Comment faire si nous n’avons pas les mêmes valeurs ?

 

On ne parle pas d’agacements. On parle de vraies divergences de « fonds »

 

Nos valeurs constituent les bases de nos « idéologies », de notre vision du monde : on parle ici de nos valeurs spirituelles, politiques, sociales. Le climat, l’avortement, le mariage gay, la PMA, la fiscalité, le bio, la santé…On ne parle pas ici de nos comportements et de nos gestes quotidiens (voir à ce propos notre article sur les agacements https://www.mediations-paris.fr/blog/quand-vous-vous-disputez-tout-le-temps-pour-des-details-des-agacements-sont-sans-doute-la-cause-de-vos-conflits-que-faire ). Souvenez-vous des débats autour de la vaccination contre le COVID par exemple.

 

Nos valeurs définissent nos interdits et notre définition de ce qui est « normal »

 

Nos valeurs, nos convictions dirigent nos choix, nos comportements, notre rapport avec notre conjoint, nos enfants et avec le monde extérieur. Elles créent des attentes et justifient notre exigence de loyauté, d’engagement, de sincérité, de fidélité…de ce que nous appellerons « honnêteté ». Avoir les mêmes valeurs est confortable. Cela nous « conforte » (justement !) dans le fait que nous avons raison et que notre vision du monde est la bonne. Cela nous rassure aussi sur la fiabilité de notre amoureux(se). Si il ou elle a les mêmes croyances que moi, je peux compter sur lui (sur elle). « Je me sens en sécurité » car je perçois sa loyauté (à mes valeurs, donc à moi). Si nous sommes fusionnels, cette convergence de valeurs rend l’autre parfait.

 

Que faire en cas de désaccord sur nos valeurs ?

 

Tout est une question de dose. Et de l’importance du sujet sur lequel porte notre désaccord.

 

Si c’est non négociable, si vous ne pouvez vivre avec quelqu’un qui ne partage pas « cette » valeur, vous feriez mieux de partir en courant, en espérant que vous vous en êtes aperçu après quelques jours et non pas après quelques années. Par exemple, je ne vois pas comment vous pourriez vivre avec un (ou une) radin (radine) si la générosité est pour vous une valeur essentielle. Cela va être compliqué.

 

En revanche, des écarts sont inévitables. Vous n’avez pas la même histoire, vous venez de familles différentes, qui ont modelé vos certitudes. Vous ne trouverez jamais quelqu’un qui a 100% de ses valeurs identiques aux vôtres.

Donc avant tout, faites le tri et posez-vous la question, quand vous vous surprenez en désaccord : est-ce essentiel, important ou peu important pour vous ?

 

Et si ces désaccords touchent un point important, mais non essentiel, négociable donc:

 

-       Évitez de débattre car cela ne sert à rien. Vous resterez l’un et l’autre sur vos positions puisqu’une croyance n’est pas discutable. Vous avez tous les deux raison. Donc stop ! Tout débat est inutile. Arrêtez-vous avant de créer un conflit.

 

-       Reconnaissez vos émotions. Où cette remise en question de vos valeurs vous touche-t’-elle ? Vous avez peur de créer de la distance avec l’autre (parce que la fusion vous rassure) ? Vous êtes effondré (e ), parce que ne pas être d’ accord avec vous, c’est ne plus vous soutenir ? Vous vous sentez rejeté (e ) ? Allez au bout de votre sensation. Regardez la, traversez la pour en faire quelque chose, et éventuellement la partager avec votre conjoint.

Car non, l’autre n’est pas fou. Nous ne le reconnaissons plus, mais il a ses bonnes raisons d’agir de cette façon.

 

-       Accueillez l’autre dans sa différence. Respectez le. C’est ce qu’il y a de plus difficile mais c’est ici que se situe le cœur de l’expérience du couple. Vous vivez cette différence comme une trahison. Peut-être que l’acceptation de cette différence vous permettra de la dépasser.

 

C’est l’une des principales difficultés que nous traversons au moment d’une séparation

 

Car c’est le moment de la désillusion. On croyait être d’accord, en accord, sur telle ou telle valeur. Mais l’autre piétine tout ce qui est essentiel pour nous. A commencer par cette promesse que nous nous étions faite de faire couple, et peut-être d’élever nos enfants...ensemble. L’autre part, ou nous partons, et nous réalisons que nos visions n’étaient pas du tout les mêmes.

 

C’est là aussi une bonne raison de s’effondrer. Car ces croyances, ces valeurs (et donc ces promesses, ces engagements) sont notre structure. Ce sont les fondations sur lesquelles la personne que nous croyons être se repose. Si elles sont réduites en miette, qui sommes-nous ? Comment avons-nous pu nous tromper?

 

Il est clair que la question des valeurs est au centre des relations, et du couple en particulier. L’identité parfaite n’existe pas. Mais il faut sans doute une dose de valeur commune pour s’entendre. C’est par le respect de ces valeurs que passe le respect de l’autre, tout simplement. Et c’est autour de ces valeurs que les trahisons sont les plus douloureuses.

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Divorce : avant de vous lancer, voici les 4 questions matérielles à vous poser

Vous voulez divorcer. Avant de vous lancer, avant d’annoncer à votre conjoint la fin de votre mariage et votre souhait de vous séparer, arrêtez-vous sur ces quatre questions matérielles.

Cela fait des jours, des semaines, des mois que vous y pensez. Votre décision est prise. Vous voulez divorcer. Avant de vous lancer, avant d’annoncer à votre conjoint la fin de votre mariage et votre souhait de vous séparer, arrêtez-vous sur ces quatre questions matérielles. Au-delà du bouleversement émotionnel que vous allez traverser, un divorce pose aussi des questions purement financières. Mieux vous les aurez préparer, plus claire sera votre vision de vos besoins et de la façon dont vous pouvez vous organiser. Plus tard, vous pourrez échanger sur ces sujets avec votre futur ex-conjoint.

 

1. Connaissez-vous votre patrimoine ? Que possédez-vous ? Qu’est-ce qui est à vous ? Qu’est-ce qui est à l’autre ?

 

On parle de maisons (biens immobiliers), de meubles, de voiture, de comptes bancaires. Éventuellement, d’une entreprise.

Qui a payé quoi ? Combien cela vaut-il aujourd’hui?

 

Est-ce que vous savez ?

 

Si vous ne savez pas, renseignez-vous. Au besoin, prenez rendez-vous avec votre banque, et si vous avez acheté une maison ou un appartement, avec un notaire. Si vous avez une entreprise commune, avec votre expert comptable.

 

Il est important que vous connaissiez précisément ces réponses avant de vous lancer.

 

2. Quelles sont vos dettes ? Avez-vous contracté des emprunts ? A votre nom ?  Avec votre conjoint ? Pour financer quoi ?

Là aussi, si vous avez un doute, si la réponse n’est pas totalement certaine, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec votre banque.

Retrouvez si c’est possible tous vos contrats. Les codes d’accès si il y en a.

3. Quel est votre revenu ? Celui de votre conjoint ?

Est-ce que vous avez signé votre déclaration (commune) de revenus ou est-ce que vous avez à peine jeté un coup d’œil dessus et ne l’avez même pas signée (oui je sais, ce n’est pas ce que prévoit la loi. Mais concrètement, une déclaration en ligne peut n’être signée que par l’un des deux conjoints).

Si vous ne connaissez pas la réponse à ces questions, connaissez-vous le numéro fiscal de votre foyer ? Le mot de passe du service https://www.impots.gouv.fr/accueil pour aller consulter l’historique de vos déclarations ?

4. Quelles sont vos dépenses ?

Savez-vous combien vous dépensez chaque mois ? Chaque année ? Faites-vous des comptes, un budget ?

Combien dépensez-vous pour vous loger, vos transports quotidiens, vous nourrir, payer vos impôts, votre téléphone, votre électricité, votre chauffage, vos vêtements, vos soins (coiffeurs et autres), vos vacances et pour vos enfants, bien sûr ?

Ces quatre questions ont l’air simple. Et pourtant ? Et pourtant il est très rare que l’on puisse y répondre rapidement. Prenez votre temps car il est indispensable de faire ce travail avant d’engager le moindre mouvement. Un divorce, une séparation, sont rarement simples. Plus vous aurez précisément évalué votre situation matérielle, mieux vous pourrez évaluer vos besoins et vos souhaits en matière de partage. Le coût émotionnel d’une séparation est élevé. En préparant l’impact matériel de votre divorce, vous pourrez peut-être dissocier cet effet de toutes les douleurs immatérielles qui lui seront reliées. 

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Couple: comment faire face à la maladie d’un enfant et protéger son couple de cette expérience épouvantable?

La maladie d’un enfant est une épreuve intense pour un couple et pour une famille. Aller chercher de l’aide, écouter et respecter les émotions de chacun, à son rythme et sans jugement et préserver des espaces d’intimité et de partage protégés des peurs et des inquiétudes permettent de se protéger du risque de tensions ou d’explosion. Au milieu des tristesses, des incertitudes, il y a aussi des moments de joie.

Personne ne peut imaginer, prévoir, que l’un de ses enfants tombe malade, d’une maladie grave. La maladie, c’est pour les adultes, vieux, si possibles, pas pour les enfants. Malheureusement, certaines familles connaissent la leucémie chez un enfant de dix-huit mois, le cancer, l’anorexie, les maladies psychiatriques…Certains peuvent penser que ce sont des situations rares. Deux millions d’enfants ont été hospitalisés en France en 2018*. Pour un couple, l’expérience pulvérise tout : les rythmes, les croyances, la place des autres enfants, des grands-parents, le travail et parfois même l’équilibre économique. Comment faire face ? Comment protéger sa relation ? Quels sont les écueils et peut-on les éviter ?

Vous avez besoin de soutien. Allez en chercher!

 

L’annonce de la maladie puis l’expérience des traitements sont un choc. La douleur est violente. Attention à vous. Vous êtes face à l’angoisse de mort, non pas pour vous, mais pour l’être que vous aimez le plus au monde. Avec peut-être en plus, par-dessus cette peur, un sentiment immense de culpabilité.

 

Faites-vous aider. Ne restez pas isolés, silencieux. Les médecins, les infirmières peuvent bien sûr être d’une aide extraordinaire. Mais aussi les assistantes sociales de l’Hôpital, pour vous aider matériellement si c’est nécessaire. Allez chercher des psychologues, vos parents, vos amis, ne vous gênez pas. Sollicitez toute l’aide possible. Vous ne serez jamais assez aidés.

 

N'oubliez pas que votre conjoint n’est pas votre psy. En plus des psy, il existe des groupes de paroles. Allez déversez tout ce que vous avez à déverser, chacun de votre côté, sans filtres. C’est une façon de vous protéger l’un et l’autre de toutes vos peurs et de vos tristesses.

Et si vous n’arrivez pas à parler, essayez de trouver une activité qui vous permette de réguler vos émotions : chantez, écrivez (ne serait-ce qu’un journal, très précieux pour plus tard), allez courir, faire de la boxe, jouer au foot…ce que vous voulez pour vous soutenir.

 

Écoutez vos émotions. Acceptez que vous aurez chacun votre part

 

Car la maladie d’un enfant provoque une éruption d’émotions.

 

La tristesse, voir le désespoir, la colère, la peur, l’impuissance, la frustration. Les doses sont gigantesques. Vous avez l’impression d’être submergés. Et pourtant, il vous faut agir, vous occuper de votre enfant malade, vous occuper parfois de vos autres enfants, assurer un minimum de vie matérielle.

Écouter vos émotions cela signifie accepter de les traverser. Sans jugement. Accepter votre vulnérabilité, votre non-puissance. Accepter que l’autre ne soit plus un héros exceptionnel, une femme parfaite, mais un être qui souffre, comme vous vous souffrez.

Pour un couple, il est essentiel d’accueillir le fait que ces émotions risquent de ne pas être synchronisées. Chacun fait ce qu’il peut.

 

Le déni, par exemple, peut être très mal vécu par celui qui souffre comme un chien et qui voit l’autre faire comme si de rien n’était. Il s’agit d’une erreur d’interprétation fréquente : le déni est une réaction de régulation du cerveau. C’est une sorte d’arrêt sur image, de sidération qui permet d’intégrer la nouvelle ou l’évènement. Sans cette étape de déni, la personne s’effondrerait.

Si l’un de vous deux se réfugie dans le travail, par exemple, au lieu d’être à vos côtés, nous dirions que sa réaction est normale. Même si elle est problématique car  vous avez besoin de soutien (voir point 1).

Il est donc urgent d’exprimer votre besoin de soutien et de faire sortir l’autre doucement, respectueusement, de son déni, en respectant son rythme et ses capacités.

 

Échanger sur votre ressenti, vous écouter quand l’un est dans la tristesse tandis que l’autre est révolté et manifeste une colère noire, est indispensable. Car c’est ici même que vous risqueriez de parcourir des chemins qui à force d’être parallèles ne se rencontreraient plus.

 

 

Attention si le couple disparait et que vous n’êtes plus que des parents.

Vous allez devoir apprendre à naviguer entre une zone de combat commun et des espaces neutres, protégés de tout et qui vous permettent de vous connecter hors du champ de mines de la maladie. C’est la partie la plus difficile. Mais c’est aussi là que se joue la force de votre relation et de votre couple. Car le principal écueil, c’est de mener ce combat sur deux voies différentes : avec un objectif commun, mais séparément.

Au-delà de l’épuisement, de la fatigue, essayez par exemple de vous reposer ensemble. C’est contre-intuitif : vous avez probablement imaginé qu’il fallait vous reposer alternativement pour que l’un soit toujours en veille. Vous feriez équipe, oui. Vous seriez solidaires et donc, en soutien l’un de l’autre, oui. Mais encore une fois, attention aux chemins parallèles qui ne se rejoignent jamais. Allez chercher des amis ou des grands-parents pour prendre le relai. Et dormez ensemble, récupérez ensemble. Protégez cette toute petite zone d’intimité.

Encore mieux, si vous y arrivez, essayez de garder des espaces de connexion pour parler, échanger, vous écouter, vous entendre. Le summum étant d’arriver à passer du temps ensemble sans évoquer, ne serait-ce que pendant une demi-heure, la maladie si envahissante. Parlez de vous, de vos souvenirs communs, de tout ce qui vous relie.

La maladie d’un enfant est une épreuve intense pour un couple et pour une famille. Aller chercher de l’aide, écouter et respecter les émotions de chacun, à son rythme et sans jugement et préserver des espaces d’intimité et de partage à l’abri des peurs et des inquiétudes permettent de se protéger du risque de tensions ou d’explosion. Au milieu des tristesses, des incertitudes, il y a aussi des moments de joie.

Un jour, cet enfant ou cet adolescent  deviendra un adulte provocateur qui cherchera son indépendance en secouant ses parents. Ce qui les obligera à revisiter ces trois « recettes ». C’est tout ce que je vous souhaite….

(*) source  https://www.ars.sante.fr/les-chiffres-cles-de-lhospitalisation

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Séparation, divorce : pourquoi cela nous met-il dans un tel état d’anxiété ?

L’anxiété est une peur qui n’a pas d’objet précis. Au moment d’une séparation ou d’un divorce, nous avons peur de tout. De tout ce qui va changer dans notre vie. Mais pourquoi une séparation ou un divorce provoquent une telle anxiété ? Pouvons-nous l’écarter ? Et si oui, comment ?

Que ce soit l’autre qui nous annonce la mauvaise nouvelle, ou que nous ayons pris la décision de la séparation, nous sommes généralement submergés par la tristesse mais surtout, par une sensation écrasante d’anxiété.

L’anxiété est une peur qui n’a pas d’objet précis. Autrement dit, quand on voit une araignée ou un monstre, la peur a un objet. L’anxiété, elle, déclenche les mêmes réactions, sans que l’on puisse nommer ce qui les a provoquées. Mais pourquoi une séparation ou un divorce provoquent une telle anxiété ? Pouvons-nous l’écarter ? Et si oui, comment ?

Au fonds, au moment d’une séparation ou d’un divorce, nous avons peur de tout. De tout ce qui va changer dans notre vie.

-       Peur de manquer : est-ce que nous aurons les moyens de nous loger, de nous nourrir, de nous occuper de nos enfants ?

-       Peur de l’annoncer : à nos parents, à nos enfants, à nos proches, à nos collègues de travail. Comment vont-ils réagir ? Vont-ils nous juger ? « Ils vont nous trouver nuls ».

-       Peur de trahir nos promesses et donc, de nous trahir nous-mêmes : « Je ne pourrai plus me regarder dans la glace ». Comme si nous avions commis une faute grave.

-       Peur d’admettre notre échec. Surtout si ce n’est pas la première fois.

-       Peur de perdre nos amis, ceux de notre conjoint, de ne plus voir notre belle-famille : oui, une séparation a un impact sur notre vie amicale et sociale. Parfois, nous risquons d’être brutalement rejetés, d’être exclus.

-       Peur d’être seul, de ne plus avoir de soutien (le soutien de l’autre). De ne jamais plus être capable d’aimer, d’être aimé ou de vivre en couple.

-       Peur de changer de maison, de déménager, tout simplement. Et pour nos enfants, de changer d’école, de quitter ses copains.

Nous avons toutes ces peurs car nous ne contrôlons plus rien. Et plus nous essayons de contrôler, plus nous avons peur. Nous n’avons plus aucune prise sur l’autre. Nous ne pouvons plus rien lui demander, plus rien recevoir. Nous perdons toute capacité d’action, d’exigence. Nous sommes impuissants devant cette sensation de fuite. Cette impuissance est la cause principale de l’anxiété provoquée par une séparation ou un divorce.

Alors que faire ? Que faire pour que cette impression d’avoir le plexus écrasé, de ne plus pouvoir respirer, s’allège ?

Il y au moins deux pistes de sorties.

Première piste pour alléger notre anxiété : ouvrir au lieu de tout barricader

Ne pas résister. Ne pas éviter nos douleurs, nos peurs. S’arrêter pour les regarder. Ouvrir tous nos sens, toutes nos antennes, pour capter, regarder, éprouver ce qui est en train de se passer. Juste le traverser, en essayant de ne pas juger avec le mental. Sentir ici et maintenant par quoi nous sommes touchés. De quoi avons-nous vraiment peur? Allez chercher. Que disent ces peurs ? Plus vous en connaîtrez l’objet, moins elles vous envahiront.

Cela peut être très désagréable, mais cela peut aussi être beaucoup moins effrayant que lorsque nous mettons toute notre force pour lutter contre, refuser, nous arcbouter dans notre rôle de victime (voir sujet https://www.mediations-paris.fr/blog/separation-comment-sortir-de-letat-de-victime). Et essayer de contrôler un avenir qui refuse précisément d’être défini.

Deuxième piste pour alléger notre anxiété : se mettre en mouvement

Se mettre en mouvement. Dans notre mouvement. Aller vers ce qui nous semble bon pour nous. Indépendamment de notre environnement. Instinctivement nous savons ce qui est bon pour nous. Nous écouter, revenir vers soi et bouger. L’environnement bougera immédiatement, sans que nous intervenions directement. En bougeant, nous lâcherons plus facilement ce à quoi nous étions si accrochés. Car c’est précisément pour que tout reste en place, immobile, que nous nous accrochons.

Nous utiliserons nos émotions pour nous mettre en mouvement (vous remarquerez que la colère est une émotion très efficace pour nous faire bouger) au lieu de les laisser nous emporter.

En nous ouvrant et en bougeant, nos peurs sans objets diminueront. Nous nous sentirons beaucoup moins fragiles. Beaucoup moins dépendants des circonstances et des jugements. Nous reprendrons un peu de pouvoir sur notre vie et cela suffira à diminuer notre anxiété.

Plus tard, il se peut même que nous acceptions d’aller vers l’inconnu. Vers ce que nous ne connaissons pas. Et quand on commence à faire confiance à la vie, au futur, c’est bien que les peurs et l’anxiété se sont bel et bien envolées.

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Séparation: comment sortir de l’état de victime?

Dans une rupture il y a souvent un acteur, qui agit, qui parle, et l’autre, qui découvre, qui entend et qui a la sensation de subir. Parfois, le choc est tellement violent que celui qui reçoit la nouvelle de la rupture, ou de la trahison, parle de traumatisme. Il (ou elle) s’installe dans la position de la victime. Comment sortir de cette impression que c’est par l’autre que tout est arrivé et que cette violence est si injuste ?

Dans une rupture il y a souvent un acteur, qui agit, qui parle, et l’autre, qui découvre, qui entend et qui a la sensation de subir. Parfois, le choc est tellement violent que celui qui reçoit la nouvelle de la rupture, ou de la trahison, parle de traumatisme. Il (ou elle) est en « arrêt sur image », perd tout désir de vivre, de se nourrir, rumine, ne dort plus et s’installe dans la position de la victime.

Il n’est pas question ici de juger, d’évaluer la puissance du traumatisme. Nous laissons ce travail au psychiatre ou au psychologue. En revanche, nous avons observé qu’il est très difficile de reprendre un peu de pouvoir sur sa vie, sur les conséquences d’une séparation, si l’on reste « coincé » dans cette position de victime. Mais comment faire ? Comment sortir de cette impression que c’est par l’autre que tout est arrivé et que cette violence est si injuste ?

Première réaction : la colère

La colère est d’abord notre seule réaction possible pour dire notre vulnérabilité, notre incompréhension, notre peur. Pour hurler l’incohérence entre ce que nous avons subi et ce que nous garantissaient toutes nos valeurs, toutes nos croyances. Pour hurler notre frustration, aussi, devant tant d’impuissance. Au passage, nous la retournons vers nous : « Comment ai-je fait pour me mettre dans cette situation ? », « Comment ai-je fait pour croire à l’amour de cet homme, de cette femme ? Je suis trop bête ! » (version réelle : « je suis trop con ou je suis trop conne » !). Mais la colère ne nous guérit pas. Elle coupe toute possibilité de communiquer et en général, après une colère intense, nous nous effondrons. Car la tristesse n’est jamais loin de la colère. La honte non plus.

Première étape : se coller à la réalité, sans la juger. La regarder.

Il n’est pas question de recommander de prendre de la distance, c’est impossible. Non, la première et unique marche consiste à regarder l’évènement. Seulement.  Accepter de le regarder, sans fuir et si possible, sans s’effondrer. Et si on y arrive, le raconter à quelqu’un.  Le mettre en mots. Plusieurs fois.

Le raconter, le dire, va nous permettre de toucher notre fragilité, notre vulnérabilité. Et à accepter, non pas l’évènement, qui restera probablement inacceptable, mais à accepter que nous ne contrôlons pas tout, que nous ne décidons pas tout, que nous sommes limités. Et que l’amour nous rend vulnérables. C’est cette vulnérabilité qui fait que l’intensité des circonstances joue peu : quelqu’un qui est « ghosté » après une nuit se sent tout aussi victime qu’une femme trompée après vingt ans de mariage. Dans nos sociétés modernes, il est très difficile d’accepter nos fragilités. Et encore plus difficile d’accepter le risque de l’amour.

Accepter notre vulnérabilité et notre impuissance nous redonne de la puissance

Nous sommes impuissants : nous ne pouvons pas retenir l’autre si il ou elle est partie, loin devant, sous nos yeux. Nous ne pouvons pas éteindre le désir qu’il ou elle a pour quelqu’un d’autre. Nous sommes limités. Et cela nous met en rage. Puis en morceaux, car il est inacceptable de regarder notre limite et tout ce que nous avons perdu.

Brené Brown nous dit que « la vulnérabilité est la source de l’amour, de l’appartenance, de la joie, du courage, de l’empathie, de la responsabilité et de l’authenticité » (*). Toucher notre vulnérabilité nous transforme. Dans une telle crise, nous nous découvrons. Nous enlevons nos déguisements. Nous revenons au cœur du réacteur, à ce qui nous rend réellement vivant. Accepter notre vulnérabilité nous rapproche de nous-mêmes.

Les victimes du Bataclan qui ont pu s’exprimer lors des procès de 2022 ont toutes insisté sur le fait qu’elles ne voulaient pas que leur vie se résume à leur statut de « victime ». Le procès leur a permis de raconter, de dire. Elles ont aussi révélé que le fait de participer au procès leur redonnait une part de responsabilité. Et je crois que cette idée de responsabilité est clé. Les victimes du Bataclan ont bien compris qu’être une victime c’est être enfermé, dans la douleur d’être victime.

Se déplacer, se re-placer dans l’histoire qui s’est jouée pour se remettre en mouvement

Dans une médiation familiale, lorsqu’un couple arrive à se parler, à se rencontrer alors que l’un des deux est coincé dans le sentiment d’être une victime, la seule chose qui permet de faire bouger les choses est d’arriver à reprendre une toute petite part dans l’histoire qui s’est jouée. Il n’est pas question d’ajouter de la culpabilité au chagrin et aux douleurs. Il est question de se demander : « Est-ce que j’aurais pu faire autrement ? Qu’est-ce que j’aurais pu faire autrement ? ». Parfois la réponse est : « rien ». Et même dans ce cas, c’est un allègement. Cela permet de redistribuer sa part de responsabilité, à chacun. Et en conséquence, de dessiner une version plus « juste » de l’évènement. Plus proche de sa réalité alors que dans le choc, on ne voit qu’une petite partie de l’histoire.

Et si l’on trouve une réponse à ces deux questions, on reprend du pouvoir, de la puissance. On peut regarder l’évènement en reprenant une (toute) petite part. Et cette petite part, cette micro-responsabilité, signifie que nous avons été co-créateurs de l’évènement. Même un tout petit peu co-créateurs. Et cette minuscule action, cette minuscule reconnaissance de responsabilité, nous remet en mouvement. François Roustang disait « il suffit d’un geste ».

« Il suffit d’un geste », oui, pour nous aider à sortir du rôle de victime et à reprendre du pouvoir. Avec une force et une conscience que personne ne pourra nous enlever : celle de savoir que nous avons la capacité de prendre le risque. Que le risque est dans tout engagement, mais que nous sommes désormais prêts à l’accepter. Un changement opéré grâce à une crise qui remet en cause notre existence tout en nous évitant probablement de répéter un schéma qui ne nous convient plus.

Seul le temps nous permettra de mesurer le chemin parcouru. Et d’entendre la philosophe Martha Nussbaum qui nous dit: “Une créature sans besoins n’aurait aucune raison d’avoir peur, d’avoir de la peine, de l’espoir ou de la colère” (in Lettre et conseils à la jeunesse).

 (*) Conférence TED, 2010, en anglais, 60 millions de vues= https://www.ted.com/talks/brene_brown_the_power_of_vulnerability?utm_campaign=tedspread&utm_medium=referral&utm_source=tedcomshare )

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Couple: vous avez découvert un énorme trou dans le “compte commun”…

…et si vous n’avez pas de compte commun, disons que vous avez découvert que votre amoureux s’était acheté une voiture sans vous en parler, ou que votre amoureuse s’était offert un sac magnifique, en douce, sans vous consulter. Vous êtes sous le choc, partagé-e entre la panique et la colère. Vous n’êtes pas la Banque de France. Vous n’allez donc pas pouvoir lui confisquer sa Carte Bleue….

…et si vous n’avez pas de compte commun, disons que vous avez découvert que votre amoureux s’était acheté une voiture sans vous en parler, ou que votre amoureuse s’était offert un sac magnifique, en douce, sans vous consulter.

Vous êtes sous le choc, partagé entre la panique et la colère.

Vous n’êtes pas la Banque de France. Vous n’allez donc pas pouvoir lui confisquer sa Carte Bleue.

Commencez par mesurer l’effet que cela a sur vous. Qu’est-ce que cela vous fait? Où cela vous fait-il mal? Quelle est votre sensation: le choc? la surprise? le souffle coupé? Vous avez les oreilles ou le visage rouges, en feu? Une sensation de chaleur? Ou au contraire, vous êtes glacé-e?

Quelle est l’émotion qui domine: la peur? La colère? La tristesse? (La joie de savoir qu’il ou elle s’est fait plaisir? On en doute, mais on peut toujours rêver).

Si vous y arrivez, attendez dix minutes avant de prendre votre téléphone et de réagir. Attendez que cette émotion re-descende, que vous retrouviez “vos esprits”, au sens propre du terme. On ne peut pas penser, réfléchir, dans ces dix premières minutes d’intense émotion. Ensuite, et ensuite seulement, vous pourrez élaborer un plan. Savoir ce que vous allez lui dire. Et comment.

C’est une grande, une moyenne ou une légère trahison?

Tout dépend évidemment du contexte.

  • Avez-vous fixé des règles entre vous? Ou chacun est-il libre de faire ce qu’il veut avec son argent? Est-ce que c’est bien clair ou pas vraiment?

  • Dans votre couple, l’argent est-il un “bien” totalement commun? (Vous mettez TOUT en commun?) Ou chacun garde une partie séparée? Ou tout ce que vous gagnez est complètement séparé? Et si c’est séparé, est-ce que la règle est bien que chacun fait ce qui lui plaît? Ou (même séparés) chacun rend des comptes à l’autre pour les dépenses importantes? Vous trouvez peut-être ces questions trop compliquées. La réalité est que très souvent, vous n’avez jamais osé les aborder. Cela s’est fait un peu tout seul et que vous espériez que cela allait tenir longtemps. Mais comme pour tout, ce qui n’est pas dit peut se révéler très efficace…pour dynamiter votre relation.

  • Connaissez-vous le montant de votre épargne? Savez-vous combien gagne votre amoureux-amoureuse? Avez-vous des dettes? Ensemble? Chacun de votre côté? Idéalement, il faudrait commencer par cela. Car si vous gagnez la même chose, ou à peu près, ce n’est pas la même situation que si l’un gagne le double de l’autre. Est-ce que vous savez qui paie quoi? Comment l’autre, votre conjoint, dépense son argent? Qu’attendez-vous de l’autre? Qu’il ou elle paie quoi?

En clair, aller dépenser beaucoup d’argent en douce, c’est grave ou pas? Vous êtes juste vexé-e ou vous ne savez pas comment vous allez payer le loyer à la fin du mois? Ce n’est pas du tout pareil. Il est urgent de trouver des réponses à toutes les questions qui précèdent.

Car l’argent rejoint des sujets beaucoup plus larges. Le degré de votre engagement: qu’est-ce que vous êtes l’un et l’autre prêts à mettre en commun? Jusqu’à quel point? Est-ce que vous gardez “vos jardins secrets”? Qui prend les décisions importantes (et les décisions minuscules? Peut-être qu’elles sont tout aussi déterminantes)? Qu’est-ce que vous décidez ensemble? Commencer par éclairer ces questions autour de l’argent n’est pas facile, mais cela vous aidera à construire vos fondations. Sans parler de l’angoisse que représentent nos peurs liées à l’argent pour nos enfants!

Pour aller plus loin, nous vous conseillons le livre de Héloïse Bolle: Les bons comptes font les bons amants , et son blog https://www.oseilleetcompagnie.com . Et le livre de Nicole et Bernard Prieur, La famille, l’argent, l’amour, et leur site, https://www.parolesdepsy.com .

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Qu’est-ce qu’une médiation familiale enjointe? Une médiation ordonnée?

Une médiation enjointe c’est une médiation conseillée par le juge. Peut-être que le juge aux affaires familiales a été “effrayé” par l’intensité de votre conflit. Au sujet de vos enfants, par exemple. Un juge est là pour appliquer la loi. Par pour vous faire plaisir. La médiation familiale est une démarche libre et volontaire qui vise à résoudre les conflits.

La médiation familiale est une démarche libre et volontaire qui vise à résoudre les conflits. C’est une méthode qui a d’abord été introduite au Canada, et qui a permis a des milliers de couples de se mettre d’accord ensemble, sans avoir besoin d’un juge et d’un Tribunal. C’est un processus. Parfois rapide. Parfois plus long. Dans tous les cas, beaucoup plus rapide que de passer par une procédure judiciaires, les Tribunaux étant malheureusement partout débordés. Si c’est une démarche volontaire, pourquoi parle t’on de médiation enjointe ou de médiation ordonnée?

La médiation familiale, c’est quoi?

En séance de médiation, on est focalisé sur la recherche de solutions très concrètes : le médiateur est un tiers neutre qui n’a aucun parti pris, ni pour l’un, ni pour l’autre (il ne “défend” aucune des parties, contrairement à un avocat, qui défend l’intérêt de son « client »). Le médiateur n’est pas là pour juger si une demande est plus légitime qu’une autre : le médiateur vous aide à trouver la meilleure solution pour VOUS et pour votre famille. La Médiation Familiale croit en votre compétence pour trouver la meilleure solution qui conviendra à votre vie future et à celle de vos enfants. Les discussions sont confidentielles.

Mais peut-être que vous ne connaissiez pas la Médiation Familiale et que vous venez de la découvrir parce que c’est précisément un juge qui vous en parlé.

Médiation Enjointe

Peut-être que le juge aux affaires familiales a été “effrayé” par l’intensité de votre conflit. Au sujet de vos enfants, par exemple. Un juge est là pour appliquer la loi. Par pour vous faire plaisir. Si un juge pense que ses décisions ne résoudront pas vos différences, que vos enfants seront quoiqu’il arrive victimes de vos disputes incessantes (par exemple), il peut vous “enjoindre” de “faire une médiation”. Une médiation enjointe c’est une médiation conseillée par le juge. Dans votre intérêt et souvent, dans l’intérêt de vos enfants. Et peut-être aussi pour vous éviter de revenir trop souvent dans son bureau à solliciter son “jugement” alors que vous pourriez vous mettre d’accord. Avec un tiers, le juge pense que ce sera peut-être plus facile.

Médiation Ordonnée

Il arrive également qu’une situation soit “inextricable” et que même le juge ne puisse pas prendre une décision “équitable”. Autrement dit, votre niveau de conflit est tel qu’il y aura un “perdant” et un “gagnant”, voire, il n’y aura que des perdants. Car la loi ne prévoit pas tout. Et encore une fois, le juge travaille avec la loi. Sa fonction est d’appliquer les règles que la Société a décidé pour les familles. Comment le législateur pourrait avoir pensé à tout? À toutes les situations?

Dans ce cas, le juge va vous demander si vous seriez d’accord pour “faire une médiation” (une médiation reste une démarche volontaire, quoiqu’il arrive) et si vous êtes d’accord, il va ordonner une médiation familiale. Une “médiation ordonnée” est demandée, “exigée” par le juge. Dans la réalité, le juge ne vous ordonne pas de faire tout le processus de médiation, car personne ne peut savoir à l’avance comment vous allez progresser dans l’acceptation et la compréhension de votre conflit, mais vous serez obligés de rencontrer un médiateur et obligés d’être informés sur la médiation familiale. Le juge vous remet “entre les mains” d’un médiateur familial. La suite vous appartient. Une médiation ordonnée suspend le processus judiciaire pendant une durée de trois mois (renouvelable). Cela signifie que le juge (et le Tribunal) attendent trois mois pour fixer la prochaine étape du processus judiciaire relatif à votre séparation.

La dernière réforme du divorce favorise les couples qui se sont mis d’accord avant de déposer leur requête de divorce (ou de séparation) auprès du Tribunal

En résumé, la dernière réforme du divorce postule que les couples qui auront tenté de se mettre d’accord entre eux sur les modalités de leur séparation passeront avant ceux qui traversent un gros conflit. “Il est désormais nécessaire de justifier d'une tentative de résolution à l'amiable de votre conflit avant de saisir le juge. A défaut de justificatif, le magistrat pourrait ordonner cette mesure à l’audience, ce qui retarderait d’autant plus sa prise de décision. (Décret n° 2015-282 du 11 mars 2015, paru au JO du 14 mars 2015)”. C’est nouveau. On imagine toutes les raisons qui ont conduit à cette formulation. Cela signifie concrètement que l’automatisme qui consiste à se chercher un avocat dès que l’on pense séparation ou divorce devrait progressivement être remplacé par un nouvel élan: se cherche un médiateur ou un médiatrice familiale.

Cette réforme s’inscrit dans un mouvement de fonds: favoriser les accords “à l’amiable” avant de saisir la justice. Tous les conflits ont leur légitimité. Chacun a de bonnes raisons de ne pas être d’accord avec l’autre. Mais avant de mettre en mouvement la Justice, il serait bon de se mettre autour d’une table et de faire appel à un médiateur. La vie serait beaucoup plus douce. Car un conflit consomme énormément d’énergie. Moins il dure, moins votre santé morale et physique sera affectée, voire abîmée. Et si vous avez des enfants, vous allègerez leur vie et préparerez des adultes conscients et responsables. Car vous le savez, nous tous sommes des exemples pour nos enfants. Et la médiation, cela se pratique aussi dans les cours de récréation. Au Canada.

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Famille recomposée et Succession : comment la Médiation Familiale peut-elle vous aider ?

…Une médiation familiale permet une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, et ce processus prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle).

Qui dit famille recomposée dit demi-frère ou demi-sœur. Et le « demi » signifie que l’on n’a pas la même mère ou le même père. Et alors ? Alors, lorsqu’un parent décède, on règle les comptes autour de l’héritage. Et si les épisodes familiaux précédents n’ont pas été « réglés », les conflits éclatent. Voici quelques pistes pour éclairer comment la Médiation Familiale peut aider à sortir d’un conflit familial lors d’une succession dans une famille « recomposée ».

Première étape de cette médiation familiale: “refaire l’histoire”

La première étape consiste à « refaire l’histoire ». Quels sont les « arbres généalogiques » des uns et des autres ? Quelle est l’histoire des demi-frères ou demi-sœurs ? Ont-ils gardé des contacts avec leurs pères ou leurs mères ? Comment s’est passé leur arrivée dans la nouvelle famille ? Quelle est a été la réaction de l’amoureux ou de l’amoureuse de leur parent? Comment s’est passé l’arrivée des enfants de ce nouveau couple?

 

La grande peur des enfants d’un couple passé est que leur nouveau frère ou leur nouvelle sœur « annule et remplace » la famille précédente. Ils ont une peur immense que leur père ou leur mère les aime moins que ce nouvel enfant. Ils conjuguent la peur de l’abandon, la colère contre cette nouveauté ou contre eux-mêmes de ne pas accepter ce nouveau bébé, et la peur d’être rejeté, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la peur de l’abandon, et qui va activer des sentiments d’injustice, justifiés ou pas. Car le nouveau couple constitué par leur parent et le beau-parent aura nécessairement une façon différente d’accueillir un nouvel enfant.

 

Cinquante ans plus tard, quand ces enfants se retrouvent chez leur notaire pour découvrir ce que leur a réservé la succession de leur parent décédé, ce sont toutes ces peurs qui ressurgissent. Avec un mélange de sentiments très enfantins pour tout ce qui n’a pas été « réglé » et de violence très adulte pour revendiquer des compensations aux injustices perçues et intériorisées depuis tant d’années.

 

Un exemple de succession compliquée dans une famille “recomposée”

La Médiation Familiale aborde ces conflits en éclairant, en nommant ce qui a été caché, ce qui n’a pas été dit. Voici l’histoire de deux dames de cinquante ans dont la mère de l’une, le père de l’autre, s’étaient mariés quand elles avaient l’une et l’autre neuf ans. Elles étaient presque « jumelles » en âge. La fille du Monsieur a été complètement rejetée par la nouvelle femme de son père. Au point qu’elle ne pouvait lui rendre visite et séjourner avec lui dans sa nouvelle famille. La fille de la dame a été adoptée (adoption simple) par le Monsieur. Vous imaginez le résultat ? Le sentiment d’injustice ressenti par la première ?  Peut-être aussi de culpabilité car elle a pu croire que c’était « de sa faute ». Quasiment irréductible. On comprend que les discussions chez le notaire autour de leur héritage aient été impossibles.

La Médiation Familiale peut tenter d’éclairer pour l’une comme pour l’autre ce qui s’est passé.

 

Peut-être que le Monsieur avait une peur élevée d’échouer dans son nouveau couple et qu’il voulait tout mettre en œuvre pour faire plaisir à sa nouvelle femme ? Peut-être qu’il a lui-même une histoire familiale qui l’a poussé à prendre en charge cette petite fille pour « réparer » une histoire dans laquelle un père (son père, son grand-père ?) n’avait pas « assumé » sa paternité vis-à-vis d’un enfant? Sans penser que cela pourrait enlever quelque chose à sa première fille.

 

Peut-être que la femme de ce monsieur avait peur qu’il reste en lien avec la mère de sa fille et qu’elle a préféré l’écarter pour éviter ce risque?

 

Ces deux petites filles, quand elles avaient neuf ans, ont été traversées par leurs peurs sans pouvoir donner du sens à tout cela. Pour celle qui a été exclue, son père n’a jamais eu le moindre geste ou le moindre mot de « reconnaissance » et la succession vient réappuyer sur ces sentiments de rejet. La Médiation Familiale peut leur permettre de rendre à leur parent ce qui leur appartient et dont elles n’étaient pas responsables. Et de se parler alors comme deux adultes de cinquante ans.

 

Ce n’est pas facile. Mais c’est très utile. D’abord pour gagner du temps car une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, est un processus qui prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle).  Ensuite parce qu’un conflit consomme de l’énergie et de l’argent, alors qu’un accord volontaire apaisera durablement chacun des protagonistes de cette histoire familiale. On voit chaque jour des réconciliations miraculeuses dans les Cabinets des médiateurs familiaux !

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« Je suis venu te dire que je m’en vais… » ( La rupture par Serge Gainsbourg)

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode, ou la moins pire.

Nous connaissons tous les effets dévastateurs d’une rupture. Celui qui est quitté n’a souvent rien vu venir et n’est pas préparé. Celui qui part ne va pas toujours très bien non plus. Que l’on parle de divorce ou de séparation, le coeur du sujet c’est le choc de la perte. A première vue, c’est l’autre que l’on a perdu. Mais on a perdu beaucoup plus: un divorce, une rupture, c’est parfois la perte de notre nid (notre maison, notre toit), la perte de notre vie sociale en tant que couple, la perte d’une part de notre réseau amical, la perte d’une partie de notre famille (celle de l’autre). C’est pour toutes ces pertes qu’une séparation est vécue comme un tel effondrement.

En tant que médiatrice familiale, je me suis souvent demandé quelle est la meilleure méthode de rupture…

…. ou la moins pire. J’ai lu, un jour, la lettre que Georges Sand a envoyée à Frédéric Chopin au moment de leur rupture (elle est conservée au Musée Delacroix, à Paris). On comprend que Chopin ait été désespéré.

 

Aujourd’hui, le SMS a parfois remplacé le courrier. Parfois, il n’y a qu’un silence ; l’autre disparaît sans laisser la moindre trace (on parle de Ghosting). Souvent, il y a la fameuse phrase : « il faut qu’on parle ». Annonciatrice d’une fin plutôt que d’une mise au point. Certains sont courageux. D’autres lâches.

Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

Certains pratiquent « la coupure franche ». D’autres font durer en ne rompant pas tous les liens. Ce qui est certain, c’est que même en croyant disparaître, celui qui part laisse derrière lui les traces de tout ce qui a été partagé, même si cela n’a pas été partagé très longtemps. Tous, nous souffrons par nos souvenirs et par notre mémoire.

 

Celui qui est quitté voudrait comprendre, ne pas rester « planté », pétrifié par le chagrin et par son impuissance, par la culpabilité et parfois, la honte (d’être quitté). Les deux membres de ce couple sont arrachés l’un à l’autre.

 

Je ne crois pas qu’il y ait de bonne méthode. Tout comme il serait trop simple d’aborder la rupture en parlant de recommencements, de rebonds et d’une occasion positive. En revanche, on sait - et en tant que médiatrice familiale, on le constate tous les jours- que les méthodes “sans paroles” ( annoncer que l’on veut divorcer par SMS, disparaître sans dire un mot, laisser l’autre découvrir des traces évidentes et incontestables d’une infidélité) empêchent celui qui est quitté de “faire son deuil”: la violence du procédé demande beaucoup plus de temps pour “s’en remettre” que lorsqu’il y a de franches explications et que chacun a le temps de reconnaître “sa part” dans le divorce ou la rupture. C’est là, aussi, que la Médiation Familiale a sa place: dans un échange de parole parfois impossible sans un tiers neutre qui peut aider à formuler et à entendre ce que chacun a à dire.

 

Comme pour un deuil, il nous faut regarder, accepter de voir ce qui s’est réellement passé. Je crois que c’est la seule façon d’aborder cette expérience. Accompagné, si c’est possible, car il est tellement douloureux de regarder seul ce bouleversement.

( Je voudrais partager avec vous ce texte magnifique, d’Adelaïde Bon. Le personnage quitte un homme en lui expliquant pourquoi. L’histoire ne dit pas comment il l’a reçue. Mais les motivations de Laetitia sont explicites et relativement universelles.

 

Adélaïde Bon est autrice, comédienne, lectrice à voix haute et militante féministe. Son premier livre, La petite fille sur la banquise, a été publié chez Grasset en mars 2018, puis au Livre de Poche, dont il a reçu le Prix des Lecteurs. Il a été traduit en sept langues .

Texte publié par Le site des https://lesglorieuses.fr , et par sa fondatrice https://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_Amsellem ) 

La joie est une lame, par Adélaïde Bon

 

Quentin,

Je te quitte. Ma joie est une lame qui m’écarte de toi.

Je m’étais désertée et toutes ces années, je ne me sentais vivante qu’à travers toi, toi que j’aimais plus que tout, plus que moi. Je me regardais au travers de tes yeux, je me caressais par le truchement de tes mains, tu me donnais un contour, une existence, un foyer.

J’avais tant à cœur que tu sois heureux, Quentin, je me tenais à tes côtés, le regard tourné vers toi, aux aguets de tes désirs, aux devants de tes besoins. J’aimais ça, être à toi. Mais est-ce que je t’aimais, toi ?

Et toi Quentin, est-ce que tu m’aimes ? 

Celle que tu aimes, ce n’est pas moi. C’est l’idole drapée qui orne les bâtiments publics, c’est ma présence constante et rassurante, ma prévenance et ma sollicitude, c’est le spectacle de mon corps, l’ivresse de me posséder, c’est mon sexe à disposition. 

Ce que tu aimes en moi, c’est le miroir, le beau miroir que je te tends.

Nous nous parlions peu, Quentin. Tu ne te confiais pas. Pas à moi, en tout cas. Je m’arrangeais de tes silences, j’excusais tes absences. Tu étais gentil, tu étais drôle, je me pensais chanceuse.

Tu trouvais mes amies hystériques et si je sortais sans toi, tu avais le cafard. Mes amies, j’ai eu moins envie de les voir. Tu me disais souvent que je prenais trop de place. Je me suis retenue. Peu à peu, je me suis tue.

 

Depuis l’élection, avec mes sœurs, je vis une joie aussi indocile qu’insoupçonnée qui m’électrise. Toi, tu portes cet air affairé qui t’arranges quand tu ne veux pas m’entendre. Ou bien tu dis qu’on ne me reconnait plus. Mais as-tu jamais cherché à me connaître ? Auprès de toi, je serre les lèvres, tu es si sérieux, ma joie m’apparaît odieuse, indécente.

 

Je ne supporte plus de renoncer à ma joie, Quentin. 

Je ne sais plus comment t’aimer.

Laetitia

Il est très tard, il dort. Je lui donnerai la lettre demain.

 

 

 

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Est-ce que je vis avec un ou une pervers narcissique ? Comment les reconnaître?

Ce qualificatif (« pervers narcissique ») est tellement fréquent, que l’on peut se demander si il est juste, s’il n’est pas la justification expéditive des conflits et des ruptures. On entend aussi l’autre être traité de « personnalité toxique ».

C’est une question que j’entends au moins une fois par semaine. Parfois, ce n’est plus une question, mais une affirmation. Ce qualificatif (« pervers narcissique ») est tellement fréquent, que l’on peut se demander si il est juste, s’il n’est pas la justification expéditive des conflits et des ruptures. On entend aussi l’autre être traité de « personnalité toxique ». De nombreux livres ont été publiés sur le sujet. Ils donnent une définition assez précise des contours psychologiques et comportementaux de ces personnes. Je ne suis pas psychiatre, et vous ne l’êtes sans doute pas non plus. Je ne me sens donc pas du tout habilitée à déterminer si telle ou telle personne est ou non un ou une « pervers narcissique ». Sans oublier, qu’il y a beaucoup d’autres maladies psychiatriques susceptibles de causer des comportements proches. Par prudence, je parlerai donc ici de personne « émotionnellement instable ». Mais je sais aussi à quel point il est douloureux de vivre avec ce type de personnalité. Je vous propose donc de vous arrêter sur les signaux d’alerte. Les signes qui peuvent laisser supposer que vous êtes en danger. Ou qu’il est inutile de vous épuiser à tenter d’améliorer une situation qui ne dépend plus de vous, depuis longtemps. Et qu’il faut vous faire aider.

 

L’un des ouvrages les plus intéressants sur le sujet est celui de Joe Navarro sur les Personnalités toxiques (*). Joe Navarro est un ancien profiler du FBI.

Pour son livre, il a d’abord interrogé des « victimes » ayant réellement vécu avec des personnalités dangereuses. Voici tous les mots qu’il a listés (dans son chapitre 2) pour les qualifier :

 

« fâché (énervé), amer, chaotique, collant, se plaignant( râleur-râleuse), confus, contrôlant, critique, cruel, dangereux, trompeur, délirant, déshumanisant, exigeant, dégradant, dénigrant, déroutant, désespéré, destructeur, dépressif, déconnecté, désorganisé, inquiétant, épuisant, faisant des drames, dysfonctionnel, émotif, envieux, imprévisible, exaspérant, explosif, suscitant la peur, effrayant, frustré, frustrant, hystérique, déséquilibré, impossible, impulsif, inapproprié (en décalage avec la situation), incohérent, irrationnel, irritable, irritant, lunatique, malveillant, malin, masochiste, méchant, maussade, morbide, rempli de rage, rancunier, sarcastique, effrayant, en ébullition, étouffant, suicidaire, capricieux, tempétueux, tendu, menaçant, fatiguant, tourmenté, tornade, naufrage, orageux, turbulent, indifférent, rancunnier, impitoyable, malheureux, dérangé, déraisonnable, peu fiable, instable, méfiant, triste, vengeur, vindicatif, violent, instable, remonté. »

 

Joe Navarro précise qu’il ne s’agit pas d’attraper un ou deux termes de cette liste pour « condamner » un individu. Chacun peut un jour être de mauvaise humeur. En revanche, dans la mesure où c’est bien de cette façon qu’ils ont été décrits par leurs « victimes », si votre conjoint-e présente constamment ces formes de comportements, alors oui, vous vivez probablement avec quelqu’un qui a besoin d’aide. Et vous, vous vivez sans aucun doute un enfer.

 

Son instabilité, par exemple, vous entraîne dans une vigilance permanente : quand vous rentrez chez vous le soir, après une journée de travail, vous pouvez passer en une minute d’une situation agréable et affectueuse à une éruption d’injures et de reproches, sans que vous ne compreniez ce qui a été la cause de ce changement brutal. Vous ne pouvez jamais vous détendre. Vous « marchez sur des œufs » tout le temps, juste pour « survivre ». Pire, vous faites tout votre possible pour faire plaisir à l’autre, dans le but d’échapper à ces épisodes ou d’améliorer la situation. Et cela ne fonctionne jamais. Ce n’est jamais assez bien, jamais. Pour l’autre, c’est vous le problème, pas lui.

 

Pourquoi avez-vous été attiré-e par ce personnage ? Pourquoi êtes-vous encore si attaché-e ? Pourquoi restez-vous dans cette situation ? Vous avez sans doute été touché-e par sa vulnérabilité, vous avez peut-être pensé qu’avec toute votre bienveillance, il ou elle allait pouvoir changer. Vous avez généreusement cru que vous pourriez « réparer » quelque chose. Malheureusement, seuls des professionnels formés pour traiter ces cas peuvent éventuellement interagir avec eux. Vous sortirez peut-être traumatisé-e, abîmé-e, de cette relation et il est donc indispensable que vous alliez, vous, chercher une aide psychologique pour vous réparer!

Et si vous êtes victime de violence, appelez le 3919 pour qu’ils vous aident à trouver un abri.

 

Si vous avez un doute, Joe Navarro a aussi listé les 20 « signes » suivants (*). Des comportements et des situations qui, mis bout-à-bout, dessinent un quotidien dont vous n’êtes absolument pas responsable. Et qui vous fait terriblement souffrir.

 

1.    Explose dans des colères noires sans proportion avec les circonstances ou les évènements.

2.    Depuis que vous êtes en couple, vous êtes moins heureuse (heureux), moins sûr de vous et plus inquiet-e.

3.    La meilleure description de votre relation est que ce sont des montagnes russes.

4.    Votre conjoint ne se rend absolument pas compte des conséquences de ses paroles ou de son comportement, que ce soit auprès de ses proches, de sa famille, ou de gens plus éloignés.

5.    Il (ou elle) a parfois des comportements complètement décalés par rapport au contexte social : il (ou elle) va faire un scandale dans un lieu public, ou il va parler de façon familière à quelqu’un qu’il (ou elle) ne connait pas, par exemple.

6.    Il peut s’effondrer, ou se mettre en colère, pour un rien, si un stress minuscule se présente. (On ne compte plus les épisodes observés lorsqu’il ou elle conduit).

7.    Une dispute, une discussion peut durer des heures, ou même des jours, alors qu’elle aurait du s’arrêter au bout de quelques minutes.

8.    Il (ou elle) saisit la moindre occasion pour se déchaîner ou s’en prendre à quelqu’un.

9.    Il (ou elle) se retrouve fréquemment entraîné dans des conflits, des disputes ou même des bagarres physiques.

10. Il (ou elle) n’a aucune barrière et est tout le temps en train de discuter, d’argumenter ou de crier sur les gens, y compris des gens qu’il (ou elle) ne connait pas. Il peut même se disputer avec son médecin.

11.Vous n’êtes jamais détendu-e, sans défense, relax, en présence de cette personne.

12. Les plus proches (vous, ses enfants, sa famille, ses amis) sont tout le temps en train de vérifier « comment ça va » ? De « prendre la température ».

13.Les autres le ou la décrivent comme lunatique, imprévisible et il (ou elle) est connu-e comme capable de briser des objets ou d’en lancer, même quand ce ne sont pas les siens.

14.Vous dit régulièrement qu’il vous pardonne. Mais il (ou elle) ne pardonne jamais et vous « ressert » ses reproches à la moindre dispute, même longtemps après.

15. Est irritable et a un seuil de frustration très bas. Autrement dit : ne supporte pas le « non ». Il faut toujours lui dire « oui ou d’accord ».

16. Est incapable d’empathie, de s’occuper des autres, ou d’affection. Mais il (ou elle) en demande sans arrêt.

17.Vous évitez de lui parler ou de faire certaines choses, de peur de ses réactions. Vous avez peur qu’il (ou elle) vous fasse souffrir.

18.Vous vous sentez piége-é.

19. Cherche à humilier les autres pour les « punir » ou pour se sentir supérieur.

20. Quand il (ou elle) se déchaîne, c’est au-delà de la colère, c’est de la rage. Et parfois, cela fait peur.

 

Pardon pour ce tableau épouvantable. Encore une fois, nous ne sommes pas en train de parler d’épisodes isolés ou ponctuels, qui peuvent arriver à n’importe qui. Si vous reconnaissez dans cette liste plus d’une dizaine d’exemples que vous vivez à répétition, alors oui, vous cohabitez sans doute avec une personne « émotionnellement instable ». Vous avez tous les deux besoin de l’aide de très bons professionnels. Dans votre cas, c’est une question de survie. Vous n’avez aucune obligation à rester dans un rôle de victime qui ne peut que s’aggraver.

 

Et pour ceux qui ont la chance de réaliser ici que leur quotidien est loin de ces descriptions, vous comprendrez pourquoi il est délicat de généraliser ce mot « valise » de « pervers narcissique ». Par respect pour les victimes de ceux ou de celles qui le sont vraiment.

 

 

(*) Dangerous Personalities, Joe Navarro :  « Un ancien Profiler du FBI vous explique comment identifier et comment vous protéger des personnalités dangereuses », Editions Rodale. En anglais. Non traduit.

 

Numéro d’urgence 3919, pour les femmes victimes de violence (et pour leurs enfants, bien sûr).

 

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