Isabelle Jordan

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Famille recomposée et Succession : comment la Médiation Familiale peut-elle vous aider ?

Qui dit famille recomposée dit demi-frère ou demi-sœur. Et le « demi » signifie que l’on n’a pas la même mère ou le même père. Et alors ? Alors, lorsqu’un parent décède, on règle les comptes autour de l’héritage. Et si les épisodes familiaux précédents n’ont pas été « réglés », les conflits éclatent. Voici quelques pistes pour éclairer comment la Médiation Familiale peut aider à sortir d’un conflit familial lors d’une succession dans une famille « recomposée ».

Première étape de cette médiation familiale: “refaire l’histoire”

La première étape consiste à « refaire l’histoire ». Quels sont les « arbres généalogiques » des uns et des autres ? Quelle est l’histoire des demi-frères ou demi-sœurs ? Ont-ils gardé des contacts avec leurs pères ou leurs mères ? Comment s’est passé leur arrivée dans la nouvelle famille ? Quelle est a été la réaction de l’amoureux ou de l’amoureuse de leur parent? Comment s’est passé l’arrivée des enfants de ce nouveau couple?

 

La grande peur des enfants d’un couple passé est que leur nouveau frère ou leur nouvelle sœur « annule et remplace » la famille précédente. Ils ont une peur immense que leur père ou leur mère les aime moins que ce nouvel enfant. Ils conjuguent la peur de l’abandon, la colère contre cette nouveauté ou contre eux-mêmes de ne pas accepter ce nouveau bébé, et la peur d’être rejeté, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la peur de l’abandon, et qui va activer des sentiments d’injustice, justifiés ou pas. Car le nouveau couple constitué par leur parent et le beau-parent aura nécessairement une façon différente d’accueillir un nouvel enfant.

 

Cinquante ans plus tard, quand ces enfants se retrouvent chez leur notaire pour découvrir ce que leur a réservé la succession de leur parent décédé, ce sont toutes ces peurs qui ressurgissent. Avec un mélange de sentiments très enfantins pour tout ce qui n’a pas été « réglé » et de violence très adulte pour revendiquer des compensations aux injustices perçues et intériorisées depuis tant d’années.

 

Un exemple de succession compliquée dans une famille “recomposée”

La Médiation Familiale aborde ces conflits en éclairant, en nommant ce qui a été caché, ce qui n’a pas été dit. Voici l’histoire de deux dames de cinquante ans dont la mère de l’une, le père de l’autre, s’étaient mariés quand elles avaient l’une et l’autre neuf ans. Elles étaient presque « jumelles » en âge. La fille du Monsieur a été complètement rejetée par la nouvelle femme de son père. Au point qu’elle ne pouvait lui rendre visite et séjourner avec lui dans sa nouvelle famille. La fille de la dame a été adoptée (adoption simple) par le Monsieur. Vous imaginez le résultat ? Le sentiment d’injustice ressenti par la première ?  Peut-être aussi de culpabilité car elle a pu croire que c’était « de sa faute ». Quasiment irréductible. On comprend que les discussions chez le notaire autour de leur héritage aient été impossibles.

La Médiation Familiale peut tenter d’éclairer pour l’une comme pour l’autre ce qui s’est passé.

 

Peut-être que le Monsieur avait une peur élevée d’échouer dans son nouveau couple et qu’il voulait tout mettre en œuvre pour faire plaisir à sa nouvelle femme ? Peut-être qu’il a lui-même une histoire familiale qui l’a poussé à prendre en charge cette petite fille pour « réparer » une histoire dans laquelle un père (son père, son grand-père ?) n’avait pas « assumé » sa paternité vis-à-vis d’un enfant? Sans penser que cela pourrait enlever quelque chose à sa première fille.

 

Peut-être que la femme de ce monsieur avait peur qu’il reste en lien avec la mère de sa fille et qu’elle a préféré l’écarter pour éviter ce risque?

 

Ces deux petites filles, quand elles avaient neuf ans, ont été traversées par leurs peurs sans pouvoir donner du sens à tout cela. Pour celle qui a été exclue, son père n’a jamais eu le moindre geste ou le moindre mot de « reconnaissance » et la succession vient réappuyer sur ces sentiments de rejet. La Médiation Familiale peut leur permettre de rendre à leur parent ce qui leur appartient et dont elles n’étaient pas responsables. Et de se parler alors comme deux adultes de cinquante ans.

 

Ce n’est pas facile. Mais c’est très utile. D’abord pour gagner du temps car une discussion « amiable », même douloureuse ou violente, est un processus qui prendra moins de temps que la justice (qui peut prendre jusqu’à dix ans pour régler une succession conflictuelle).  Ensuite parce qu’un conflit consomme de l’énergie et de l’argent, alors qu’un accord volontaire apaisera durablement chacun des protagonistes de cette histoire familiale. On voit chaque jour des réconciliations miraculeuses dans les Cabinets des médiateurs familiaux !