Couples-Médiation : A quoi sert vraiment une médiation lors d’une séparation?
Une séparation, un divorce, nécessitent des prises de décisions rationnelles (concernant entre autres les enfants si l’on en a, l’argent, le patrimoine, etc). Mais une séparation s’accompagne aussi de perturbations émotionnelles parfois puissantes. On parle même de « pics de tension émotionnelle » lors de l’annonce de la séparation, lors de la séparation physique, quand l’autre conjoint s’installe avec quelqu’un d’autre, quand les enfants vivent des évènements importants (ils sont diplômés, ils se marient,…).
Si les conflits sont violents, on rumine, on est anxieux, et parfois, on est tellement sidéré.e que l’on n’arrive même plus à travailler.
Une médiation permet de traiter avec l’aide d’un tiers ces deux aspects : ce qui est rationnel et qui relève de solutions accessibles, que l’on va essayer de définir. Et ce qui est émotionnel et qui relève d’erreurs d’interprétations, ou d’un sentiment de ne pouvoir agir sur la situation, qui nous plongent alternativement dans la colère ou dans la tristesse.
Séparation : les décisions rationnelles
Les décisions rationnelles : en médiation, il ne s’agit pas de défendre ses intérêts (ce que fera très bien un avocat), mais de faire entendre à l’autre pourquoi on a telle ou telle demande, pourquoi on est tellement « accroché.e » à une solution plutôt qu’à une autre. Progressivement, on va pouvoir dessiner des modes d’organisation, des solutions financières, qui sont celles qui nous conviennent le mieux. Ce n’est pas de la négociation, c’est plus subtile. Avec l’aide du médiateur, vous arrivez à déplacer votre point de vue et même parfois, à vous mettre à la place de l’autre. Et ce n’est pas rien.
Séparation : les conséquences émotionnelles
Quant au processus émotionnel, il s’agit de respecter le fait que vous n’en êtes pas forcément au même stade. L’un.e a par exemple mûrement réfléchi, imaginé la séparation depuis des semaines ou des mois. Pendant que l’autre vient de recevoir la nouvelle et n’a parfois rien vu venir. Les états émotionnels de l’un et de l’autre sont différents. Il ne s’agit pas de faire « l’autopsie » du couple. Il s’agit de s’occuper de l’état émotionnel de chacun : comment gérer cette tristesse ? Comment vivre sans le soutien de l’autre ? Comment accepter que nos enfants prennent parti pour l’un.e, contre l’autre ? Peut-on regarder ce qui se passe pour nous sans accuser l’autre ?
Traiter des émotions revient à élaborer (pouvoir regarder, puis dessiner) la séparation émotionnelle, le processus psychique qui va permettre de s’éloigner de l’autre.
Reconstruire notre identité
Nous ne sommes plus les mêmes qu’avant notre rencontre. Nous nous sommes construits un nouveau « Moi » dans cette relation. Quelqu’en soit la durée, nous avons formulé des espérances, des rêves, des projets, des attentes, ensemble. Que nous avons perdus. Qui sommes-nous aujourd’hui, sans l’autre?
Il nous faut calmer nos peurs, notre douleur, notre colère, notre culpabilité, notre honte pour pouvoir nous regarder et redevenir « autonome ». Passer du « nous » au « je ».
Une séparation est traversée comme une perte, et, nous l’avons déjà dit (https://www.mediations-paris.fr/blog/divorce-separation-combien-de-temps-faut-il-pour-sen-remettre ), comme un deuil. Deuil d’autant plus difficile que cette perte résulte d’une décision et que l’autre n’est pas mort.
Il est malheureusement indispensable de regarder ces peurs, ces douleurs, cette colère, cette culpabilité et cette honte pour les adoucir. Vous avez peur de quoi ? Est-ce que cette peur résonne sur une peur beaucoup plus ancienne ? Si oui, laquelle ? Allez regarder.
Résultat
Quand le processus de médiation peut se réaliser, notre vision change. Notre monde intérieur, nos croyances ne pourront plus jamais être les mêmes. Notre rapport au monde non plus. …
A la fin du processus de médiation, si l’on arrive à s’accorder sur les conséquences de notre séparation, on y gagne :
- la fin de nos ruminations, et donc des journées plus paisibles et des nuits reposantes.
- de la sécurité car on peut enfin se projeter dans le futur avec des certitudes. On sait ce qui va se passer. Comment cela va se passer. On n’est plus dans l’attente d’un dénouement et de ses décisions corolaires.
- de la disponibilité car on n’est plus obsédé.e par notre conflit.
- de la liberté car on n’est plus dépendant.e de l’autre (le conflit alimente une sorte de dépendance à l’autre). C’est une légèreté nouvelle. Plus jamais on a le cœur qui s’accélère parce que l’on reçoit un mail, de l’autre (ou de votre avocat).
- de l’espace car progressivement, on pense un peu moins à l’autre.
La fin d’un conflit ouvre une période de re-pos et ce que l’on dit moins souvent, on retrouve aussi de la joie (oui de la joie !). C’est tout ce que l’on peut souhaiter.